“-Il existe une méfiance institutionnalisée de la politique
allemande, ce qu’on appelle le le mythe Sonderweg. La politique allemande n'est
pas jugée sur ses mérites, mais sur des considérations morales. (...) Un Allemand se
doit d’être discrédité, parce qu'il est allemand, comme s’il y avait une sombre
puissance incontrolable qui se manifesterait tôt ou tard. Cela porte un nom.
C'est ce qu'on appelle le racisme, un racisme latent maintenu par le biais des
clichés culturels."
-"L'Euro a été un somnifère qui a permis nombre de dérapage
dans les pays du Sud. Les racines profondes de cette crise, c’est la création
irresponsable de la dette dans ces pays là. Mais, lorsque Angela Merkel tente
de clarifier ce point dans les débats européens, elle ne reçoit qu’une condamnation
en termes moraux…Or, la solidarité se doit d’être une compensation pour les
réformes nécessaires mais souvent douloureuses. Sinon, on crée une culture de
la dépendance: et c'est comme donner de la morphine à un patient en phase
terminale."
-"Les euro-obligations ne seront jamais, dit De Wever, une
solution ."
-"Tout comme l'Allemagne -qui possède, depuis la
réunification, une expérience dans l'intégration d'une devise faible à une
monnaie forte et dans les transferts- la Flandre a beaucoup d’expérience d’un
mécanisme de solidarité sans responsabilisation."
-"Aujourd'hui la Belgique n'est plus une démocratie. Il y a en
Belgique, une démocratie flamande et une démocratie francophone. Chacune de ces
deux démocraties a ses propres partis, ses propres médias, son propre consensus
social et politique et, de par la fédéralisation, ses propres institutions
politiques."
-"La Belgique est une conférence diplomatique permanente entre
deux états. En ce sens, la Belgique est similaire à l’Union Européenne."
-"En Belgique, c’est ce que nous appelons le “fédéralisme
chéquier”. La Belgique est une union de transferts dans laquelle la démocratie
flamande contribue de manière excessive à la Fédération, notamment à travers la
sécurité sociale et par le financement de la Dette nationale. Mais aussi à
travers les provinces, la Flandre paie le prix des transferts."
-"En résumé, dit De Wever, la Flandre est un contributeur net
au gouvernement fédéral, et la Communauté française de Belgique un bénéficiaire
net."
-"Mais la vérité a aussi ses droits, poursuit De Wever devant son auditoire allemand. Selon une enquête de la
VUB , il n'y a jamais eu de transferts financiers de laWallonie vers la
Flandre. Même à l'apogée de la pauvreté en Flandre - à la fin du 19ème siècle -
il y avait tout au contraire un flux financier de la Flandre vers la Wallonie.
C'était à cause de la nature de la fiscalité, qui n'avait pas encore adaptée à
une société industrielle et en était restée à une économie agraire.L’argent des taxes prélevées en Flandre a ainsi été investi
dans le développement du charbon wallon et de la sidérurgie wallonne."(...) Pour les besoins de l'expansion de l'industrie sidérurgique
wallonne, la Flandre s’est économiquement effondrée, victime de la concurrence des céréales françaises
et de la laine anglaise. Le résultat fut une migration massive des Flamands
vers l'Amérique, en Allemagne, mais, ironiquement, également vers le bassin
wallon alors en plein essor industriel ."
-"Je rappelle cela, dit De Wever, sans ressentiment ni
amertume. Le souhait flamand de plus d'autonomie n'est pas motivé par un ressentiment
historique pour la “souffrance infligée" à la Flandre. Ce n'est pas une réaction à la
domination culturelle des francophones dans le passé.
La Flandre est aujourd'hui relativement forte et a le devoir
moral de faire preuve de solidarité avec ses voisins. L’égoïsme de groupe ne
devrait jamais être un motif."
-"De même que l'Allemagne a une obligation morale d'être
solidaire, compte tenu de l'histoire et de sa richesse, la Flandre a, elle
aussi, une obligation morale
d'être solidaire, compte tenu de l'histoire et sa richesse."
-"Si on me demande pourquoi c’est si compliqué, l'Allemagne en
Europe, je réponds toujours la même chose:
"Parce que l'Allemagne n'a pas pour
vocation d’être la Flandre de l’Europe.”
Chaque flamand comprend cela illico.
Et pourquoi la Flandre
veut-elle plus d'autonomie ? Parce nous, les flamands, sommes fatigués d’être
les Allemands de la Belgique…”
-“Cela ne signifie pas que la Flandre ne doit
pas faire preuve de solidarité avec la Belgique francophone. Cela signifie que
nous devons organiser la solidarité d'une manière efficace. Tout comme
l'attitude de l’Allemagne en Europe ne signifie pas que l'Allemagne ne veut pas
être solidaire.”