Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

jeudi 23 juin 2011

Les Sextos d’Yves Leterme : l’insoutenable légèreté d’un être…(ou il faut peut-être se souvenir de Christine Keeler)


Cela dégouline, ça gargarisme tout de même d’hypocrisie, le dossier des Sextos d’Yves Leterme.
Hypocrisie  politique (une sorte de “raison d’Etat” de crise qui balayerait, condamnerait tout regard moral, voire simplement sociologique sur l’affaire) ou médiatique. (ça me faisait penser à cet hebdo français ou je lisais un édito vigoureux sur les dérives du dossier DSK, oubliant juste que ledit newsmagazine en était à sa troisième ”Une”  racoleuse sur l’ex-boss du FMI).
Ou encore ce subit rejet de la presse “people” dans les pages desquelles les politiques du Nord (les “BV”) se sont pourtant vautrés depuis des années.
Changement de température depuis les SMS de “Story” ?
La députée Open VLD Fientje Moerman vient de refuser de participer à un  jeu  de VTM, déclinant “le rôle du bouffon de la cour des médias.” 
On mesure ses mots: il est une évidence, et ce n’est pas rien : Yves Leterme ment.
On peut le comprendre: sa mésaventure est parfumée au scénario de “Fatal attraction”, ce film ou l’aventure libertine de Michael Douglas se transformait en un véritable cauchemar dont il ne savait s’extirper, poursuivi par un amour aussi fou que jaloux …
(Au fil du temps, les SMS publiés de Leterme devenaient plus distants: pas le temps, en réunion…)
La communication d’Yves Leterme en devient, du coup, de plus en plus étonnante.
Ce que nul n’a songé à rappeler ces jours derniers, c’est que ce qu’a publié “Story” n’est pas la première vague dérangeante.
Fin novembre 2010, l’autre grand magazine people du Nord, “Dag Allemaal”, avait affiché à sa “Une” ce titre secouant : “ Leterme suivi jusqu’à Londres par une femme qui s’affirme sa maîtresse. Les détails + leur relation”.
Novembre 2010, déjà.
Mais le plus ahurissant –on l’avait écrit ici à l’époque- c’est qu’Yves Leterme avait accepté  de donner au puissant hebdo (groupe Van Thillo) une longue interview assez ahurissante. 
Puisque le Premier Ministre déjà en affaires courantes y acceptait de répondre à quelque…vingt-cinq questions intimistes du journaliste Guy Van Gestel (il disait  connaître le ”trophée” -sic-  mais démentait être parti à Munich en sa compagnie; il précisait qui était exactement à ses côtés dans un Eurostar; où il  avait vraiment dormi à London, etc…)
La réaction du Premier Ministre avait laissé pantois: dans ces cas-là, en communication, il n’est évidemment qu’une règle: se taire. No comment. Motus.
Et surtout ne pas s’auto-justifier en ouvrant, lui-même- oui lui-même- le débat sur sa vie privée.
Et,  pourtant Yves Leterme, échaudé, ne se montre pas moins maladroit aujourd’hui face à “Story” (groupe Sanoma) et aux confessions intimes et vengeresses de Marijke Van Steenberge, déjà sans doute à l’origine, l’an dernier, des premières révélations de “Dag Allemaal”.
Se disant “choqué”, l’homme a choisi, dans sa com’, d’adopter la même ligne mouardée  de défense que celle qui fut tout récemment fatale au démocrate Anthony Weiner aux USA (qui twittait des photos intimes): les SMS seraient faux ou piratés, et le reste inventé à l’avenant. Pour un peu il enverrait, depuis Singapour, des cartes postales très affectueuses à toutes celles qui visitent ses permanences sociales...
Le hic, c’est qu’on attend toujours une plainte d’Yves Leterme pour usurpation d’identité. (le provider pourrait vite fait déterminer si les SMS ont où non été envoyés depuis Brasschaat) Le hic c’est que “Story” ne s’est pas embarqué sans biscuits: et que des cartes postales, des mails, d’autres SMS d’un autre GSM, d’autres détails amusants ou sordides sont dans sa besace, livrés par la jalouse Marijke, la Glenn Close de Brasschaat.
Le hic final c’est que, à peine “Story” sorti de presse, Yves le Gaffeur aurait illico laissé un message très inquiet, montant en mayonnaise, sur le répondeur de son ex. Qui l’a évidemment balancé illico au “Laatste Nieuws”.
Il y a donc mensonge. Mais si on n’est heureusement pas dans la puritaine atmosphère américaine, on n’en est pas moins, à tout le moins en Flandre, dans un pays encore fortement marqué par les valeurs social-chrétiennes.
 Glenn Close de Brasschaat ?
Oh, bien sûr, le monde change mais les vieux réflexes ne sont pas si loin dans la bonbonnière à bien-pensance, même si le CD&V d'aujourd'hui est très différent de feu le CVP .
Le premier divorce de Wilfried Martens fit débat dans son parti et il en subit les conséquences; un brillant président social-chrétien, Johan Van Hecke, démissionna encore en 1996 pour s’être sincèrement épris d’une journaliste qu’il épousa…
Vous croyez vraiment que ce monde là acceptera, digèrera les fantasmes de Leterme, si peu sociaux-chrétiens ?
Ces Sextos, au sein du CD&V, sont une arme cruelle offerte à ses adversaires. Et l’homme  de Ypres ne doit avoir aucune illusion: elle servira. Et pour De Wever, fidèle, épouse dûment catho, c'est aussi tout bonus.
A les relire, les SMS d’Yves Leterme montrent aussi dramatiquement la réalité d’un personnage. Et pas forcément brillante. Avec ses pulsions, ses rancoeurs, ses frustrations, un certain mal être.
Et une totale imprudence qui laisse pantois.
Ce que l’on devine c’est un Premier Ministre, un ex-ministre des Affaires Etrangères, qui papillonne, bilboque, bidougoche, conjugâte, bref drague un peu tout ce qui bougeotte, qui le croise en “amie” sur Facebook ou dans une réception d’ambassade, au Congo au ailleurs…
Christine Keeler
Un angle sexué dont il n’est pas inopportun de se demander ce qu’en pense la Sûreté de l’Etat et surtout tous les autres services secrets qui marquent pour le moins beaucoup d’intérêt pour ce pays. Qui abrite tout à la fois le coeur de l’OTAN et la capitale de cette Europe qu’Yves Leterme vient de présider six longs mois. Dans ses SMS, Yves Leterme cause déjà Tadzjikistan ou Afghanistan. Marijke, qui ne fut que vaguement candidate au ministère des Affaires Etrangères, n’est assurément pas Christine Keeler, la star (car liée à la fois à ce Ministre de la Défense et  à un secrétaire de l'ambassade d'URSS) de la célèbre “affaire Profumo” qui, dans les années ’60, ébranla toute la Grande-Bretagne, forçant le chaud du valseur John Profumo à démissionner. (il avait menti, lourd péché en politique britannique) Une photo gênante, on ne sait jamais ce que ça peut provoquer.
C’est donc tout de même  une putain de bonne question que de se demander ce qu’un homme léger peut raconter, une fois sur dodo à ressorts.

Update : Steve Stevaert, ex-star politique SPa de Flandre- qui fut encore plus populaire que Bart De Wever- est tombé, apprend-on, dans le piège amoureux d'une "séductrice marocaine" et s'est retrouvé victime d'une tentative criminelle  chantage et d'une extorsion de fonds, sextapes apparemment à l'appui. L'homme fort du Limbourg a  porté plainte  au parquet contre ce qui pourrait être une "organisation criminelle". Cela conforme qu'à force de séduire, certains hommes politiques se montrent bien imprudents et prennent bien des risques (chantage , espionnage, etc...)





mardi 21 juin 2011

Le MR, un conglomérat hétéroclite qui ne se porte au mieux qu’avec un leader musclé… (l’ enjeu derrière la guerre des boutons bleus)


Tiens, une question: demandez-vous un instant quels seraient les thèmes, les slogans  des partis dans d’éventuelles élections d’automne qui seraient aussi inédites que dramatiques ?
Eh bien, c’est assez évident : au Nord, nul doute que Bart De Wever inciterait son “peuple “ à lui donner la force d’imposer cette fois, par un lourd rouleau-compresseur électoral, le “confédéralisme”-ou davantage- à ces maudits wallons qui n’ont encore rien compris.
Charles Michel : un casque bleu au MR ?
A l’inverse, je prends le pari  (et c’est ce que, comme communicateur, je lui conseillerais) que le PS mènerait une campagne musclée sur un seul thème fort.
A savoir que pour faire face au nationalisme et à la politique éco-soc de droite  (c'est le core-business de la gauche) musclée de la N-VA, il faut faire du PS le rempart, le bouclier protecteur (autre core-business  socialo) qui, seul, pourra lui tenir tête. (ici, fond sonore de tambours et trompettes).
Bref, on aurait droit à un choc des titans politico-médiatique, dans un climat sans nul doute enfiévré, entre les deux grands leaders déjà confortés, les autres partis jouant peu ou prou, dans un tel climat, les utilités menacées de sérieux coups dans l’aile, voire d’évanescence...
L’histoire électorale l’a démontrée: si un scrutin se déroule sans grands enjeux, juste quelques divergences d’ajustements socio-économiques,  les mouvements de voix n’ont généralement rien de très secouant. Par contre, si des élections se déroulent dans un climat très émotionnel, c’est à dire souvent communautaire, les déplacements de vote peuvent être secouants…
Ne la sentez-vous pas progressivement monter, vous, chez l’homme de la rue wallon ou francophone, cette vive allergie populaire à Bart De Wever et à sa nationaliste N-VA ? 
Une colère, un ralbol pas toujours bien informé, presque irraisonné, parfois même jusqu’à verser dans 
l’ injuste ou l’excès, mais qui vient du ventre, mais qui  imprègne peu à peu, mois de crise après mois de mouise, petite phrase méprisante de Bart après petite phrase qui se veut drolatique (“Il y a des médicaments qui peuvent aider Maingain, mais je ne suis pas médecin")  le Sud du pays. Le corps francophone doit être allergique à l'air puisqu'il le recrache désormais dès qu'il en avale chargé de par trop de N-VA…(hormis la petite frange de l’opinion droitière qui rêve d’une N-VA wallonne)
                        
Charles Michel, distrait, emporté par d’autres objectifs ou jeux du palais des vents MR, a dû se mettre ses boules Quiès dans les narines. 
Car il n’a apparemment pas capté cette sourde irritation vis à vis du national-populisme flamand, qui flanque désormais la gerbe à de nombreux électeurs démocrates de tous horizons.
Résultat: boxon au MR avec un Maingain, qui a du nez, du culot à stupéfier ses correligionnaires et de l’arcade souricière.
Et qui balance depuis des heures un tapis de bombes médiatiques, quadrillant la zone cible de la Toison d’Or, de manière à raser systématiquement tout ce qui s'y trouve de contact possible avec la N-VA, ce parti  qui est , à l'en croire,” l’équivalent d’Umberto Bossi en Italie ou de feu Jorg Haider en Autriche.” (mazette, rien que ça: Jérome Jamin (ULg) estime ainsi que "comparer De Wever à Haider ou à Bosi, cela ne tient pas une seconde, limite "escroquerie intellectuelle")
Mais, pour ce qui est de prendre le pouls de l'homme de la rue, Maingain hume plutôt bien. Pour de nombreux wallons ou bruxellois, De Wever n'est rien moins qu'un "nazi camouflé" et toute discussion nuancée en devient carrément impossible.



LA BOURDE DE LA TOISON D'OR

Oh, point de doute: le FDF a toujours besoin pour l’heure d’un vrai relais en Wallonie et cela se terminera, une fois de plus, entre le fébrile Olivier Maingain et les libéraux de Charles Michel par un assez hypocrite armistice de plus, sans doute au nom des “principes fondamentaux” du MR, sans cesse martelés dans sa com’ par l’inamovible président du FDF (putain, 15 ans…). On n’en pensera certes pas moins mais on affichera les formes médiatiques de rebibochage qu’il convient, des fois qu’on revoterait à l’automne.

Il n’en demeure pas moins un grand mystère: comme la N-VA est incontournable dans la formation,  il n’est somme toute que normal que de la rencontrer. (“ Oui, a fonflonné Maingain, on peut se mettre à table avec eux, mais pour leur dire clairement les choses.”)
 Mais quelle mouche, bourde bleue a diable piqué le nouveau président du MR que de convier Bart De Wever à le rencontrer "discrètement" dans son propre bâtiment, si symbolique, de l’avenue de la Toison d’Or ? Et surtout , sauf l'on nous tord la vérité, de ne pas en informer le  partenaire FDF ?
Sans apparemment réfléchir plus avant quant aux conséquences psychopolitiques de ce symbole ?
Le “Déjeuner chez Bruneau” , premier contact “en douce” entre MR et N-VA,  déjà théoriquement opaque et caché au FDF, avait déjà eu des conséquences médiatiques montées en meringue; fait fulminer des naseaux ledit Maingain (étonnamment jamais au courant de rien dans son propre parti) et collé un dossard de “ouh, le vilain traître d’opéra “ à un  Didier Reynders pas encore putsché de sa présidence par le “groupe Renaissance” des Michel …
N’ayez aucun doute: dans tout débat, même pas préelectoral, ce “Déjeuner chez Bruneau” –symbole marketing, à tort ou à raison, d’une connivence N-VA-MR serait revenu longtemps, fut-il un brin usé, comme ”élément de langage”. Martelé par PS, CDH ou Ecolo…
Et, à peine cette image d’Epinal se floue-t-elle dans la mémoire collective (l’époque médiatique vire scattato) ne voila-t-y pas que le successeur de Reynders  prolonge ledit déjeuner maudit en offrant encore le café à Bart.
Bref, celui-là même qui pour conquérir son mandat bleu et amadouer un FDF plus porté vers son rival Bacquelaine, avait juré tenir la N-VA à l’écart, vire casaque. Curieux, pour un jeune président censé “rassembler “ le MR et le remettre en ordre de marche “cohérent et uni.”
Double sparadrap médiatique qui collera pour longtemps au MR: qui va payer par mensualités, après l’actuelle campagne de com’ au canon d’Olivier Maingain contre le flirt Michel-N-VA, l’addition de  tous ces flirts où on ne sait qui séduit l'autre.
Bien sûr, tout cela est complexe, byzantin et jeux de couloirs. Il est clair que, mettant à profit l’affaiblissement d’un Didier Reynders qu’il soutint, le FDF a acquis, au sein du MR, une influence politique forte, pas forcément proportionnelle à son poids électoral. (Un des bingo décrochés par Maingain étant l’alternance totale des places sur la liste MR de la capitale aux dernières législatives).

Le FDF, objectivement un petit parti, a d’ailleurs ce curieux talent inexpliqué d’influer peu ou prou, au delà du MR, sur tous les autres partis francophones, imbibant curieusement jusqu’au PS ou au CDH, Joëlle Milquet en arrivant à s’apparenter, que dis-je s’amaranter parfois davantage que le dit Front Démocratique Francophone.

Dans la famille Michel, on n’a en fait  jamais caché cette volonté de remettre, au sein du MR, le poisson-pilote FDF à sa juste place. (mieux considéré cependant que ce parti de carnaval qu’est le MCC). En cas d’accord BHV avec appui MR-  une idée qui n'enthousiasme  guère les pensées sous-jacentes d'Olivier Maingain- le schéma était d’ailleurs prêt: les députés FDF n’auraient qu’à s’abstenir.

C’est très étrange: la feuille de route du nouveau président du MR était théoriquement simplissime.
Bénéficiant de l’état de grâce de l’exit-Reynders (chez les libéraux, c’est une tradition: on y est toujours vilipendié à l’extrême après avoir été adulé à l’excès), il se lui suffisait de renouer des contacts apaisés avec les autres partis (Reynders se laissait parfois un chouia aller à  l’ad hominem) et, comme cela s’impose lorsqu’un président est élu d’une tête, de refaire l’unité, fut-elle décor pour tournage cinecitté. Avec des belles phrases tété et éculées du style "le temps est à la mobilisation et à l'union sans faille" (ici, remettez un p'tit coup de tambours et trompettes)

Las, si on comprend que Charles Michel ait voulu prendre tactiquement ses distances vis à vis du PS, s’écarter pour ne point apparaître une succursale de Di Rupo, fallait-il à ce point, par le “ton”, rappeler le Charles Michel excessif qui, jeune ministre wallon, se mit tellement à dos ses collègues PS qu’il fut pour beaucoup dans la rupture du pacte secret MR-PS à la Région wallonne ? Di Rupo se retrouvant même mis en minorité par la réaction négative de ses propres troupes , avec pour conséquence la fin de la stratégie qui mettre les sociaux-chrétiens ad vitam aeternam dans l’opposition…
Back to the future de l’agressivité, c'est une arme  qui vous explose parfois dans les mains en politique.
Las, fallait-il, à peine après l’avoir réintégré, déjà malmener le Front des francophones et ce après s’être plaint si longtemps d’en avoir été écarté par les partis de l’Olivier ?
Charles Michel, pour ses premiers pas présidentiels, donne subtilement l’impression étonnante de se les prendre dans le tapis. Faisant sourire sous cape ceux qui, derrière un Bacquelaine qui avait soigneusement choisi de s’abstenir à la réunion Michel-Bart, s’opposaient à sa prise de présidence.


Charles Michel apparaît pour l’heure comme un vaticinateur.
On l’a vu, à la télé, le visage tendu, affirmer “qu’il prenait acte de l’absence du FDF” au traditionnel Bureau du MR du lundi. Discours par trop vaporisateur médiatique puisque gonflant finalement encore- mais s’en rend-il compte ou est-ce le but ? - l’ampleur de la dissension interne…Et Gérard Deprez, qui a ses propres raisons cachées, de dénoncer celles qu'il prête lui-même à Maingain. Pénible.

 Mais il n’y a pas que ce flirt, électoralement dangereux, avec Bart De Wever qui fait problème chez nombre de MR. Pour des raisons qui tiennent assurément au vieux rêve d’une “alliance des droites” et à une stratégie électorale, voici que le nouveau président du MR surprend aussi son monde avec un virage très net, très accentué vers la droite.
 Comme si on avait déjà jeté aux orties le pourtant tout récent Manifeste doctrinal du MR, un texte baptisé “ Mieux pour tous” et souvent présenté à l’époque par les analystes comme un relatif “virage à gauche”, basé sur “ l'humanisme au coeur du message libéral depuis sa fondation”. Pour Didier Reynders, il s’agissait ainsi de se dresser clairement “contre la gauche conservatrice ou un populisme dangereux".
Comme ce populisme nationaliste de la N-VA qui aujourd’hui permet à Olivier Maingain d’en rajouter une couche de moraline qui fera que les choses ne seront plus jamais comment avant au sein du MR et même au delà.
Au PS, plus à l’écoute de la base populaire, on sait bien que l’image de la N-VA ne cesse d’apparaître, dans l’opinion wallonne, comme de plus en plus négative au fil des mois: jusqu’à perturber électoralement ceux qui feraient alliance avec ce qui apparaît à d’aucuns comme un parti de “nouvelle droite”.
Et après les sorties sans appel de Maingain- désormais malin patron d’un double FDF, le puissant bruxellois et le mini-wallon assurant ses arrières- on ne voit plus guère le MR, sauf à se scinder avant BHV, s’entretenir encore de façon privilégiée avec De Wever.

Il faut toujours rappeler que le MR n’est pas un parti au sens propre. C’est une coalition de trois mouvements politiques avec bien  plus que des nuances: un conglomérat fait d’adhésions successives, de ralliements hétéroclites, d’ajouts de candidats médiatiques et faiseurs de voix, débauchés dans les télés ou le foot…
Cela marche fort lorsque le Président est puissant, presque autocratique: comme un Jean Gol ou un Louis Michel, souverains absolus.( le champion du genre fut, Omer Vanaudenhove, l’ancien fondateur du PLP décidant seul d’une participation gouvernementale sans même un congrès de parti…)
Cela foire lorsque le pouvoir présidentiel se fragilise: le tandem Ducarme-Duquesne, par exemple.
Quel sera le modèle de présidence de Charles Michel ? Les jours qui viennent
photographieront pour longtemps la réponse, tant l’attaque du FDF et de certains MR
est contestataire d’une autorité toute fraîche. Qui est le vrai enjeu de cette guerre des boutons bleus qui vire à la schizophrénie désenchantée.
Tiens, il est une interview flamande  passée assez inaperçue: celle ou Didier Reynders, “fils spirituel et politique” de Jean Gol, n’excluait pas – genre on ne sait jamais- de revenir un jour pousser la manette des gaz pour reprendre les rênes du MR après un fiasco. 
Tiens, juste le parcours-bis qu’avait réalisé jadis un certain  Jean Gol…

mardi 14 juin 2011

Les secrets de Bart De Wever: clés pour l’âme d’un homme à tiroirs…


Son stylo, Marcel Sel le dégoupille. Car c’est un polémiste.
Qui défouraille, qui tac-taque, qui tac-tâcle, qui déloque, qui démousse, qui démorpionne, qui désale, qui dénoyaute, qui dépantalonne, qui débartifie voire qui défie son meilleur ennemi, celui qui le fait écrire jusqu’à pas d’heure: le nationalisme.
Ce qui- par les temps de crise qui courent- synonyme illico N-VA, premier parti d’un pays que Bart De Wever tachycardise depuis un an.
Las, il existe des secrets de patrie comme il est des secrets de famille. Et l’essai-document très politique (“Les secrets de Bart De Wever”) que Marcel Sel vient de publier chez Véronique de Montfort et ses “Editions de l’Arbre” ne plait d’évidence déjà pas à tout le monde. Ce n’est évidemment pas surprenant au Nord, ou l’entrelacs que noue “la grande cause” flamande entre partis, est parfois carrément insaissisable.
Caroline Gennez, la présidente du SPa, l’exprimait assez bien il y a peu en lâchant:
 “ Dans la famille socialiste, Di Rupo est mon neveu. Mais dans la famille flamande, Bart De Wever –aussi conservateur soit-il- est mon petit-neveu…”.
Au Sud, c’est un paradoxe: alors que l’auteur est belge de chez tripes de belge, voilou que Marcel Sel dérange bizarrement par trop les Belgicains à oeillères; ceux qui se refusent à voir ce qui se passe vraiment au Nord, à admettre qu’un Herman Van Rompuy ou même qu’un Vande Lanotte, sous leurs dehors plus policés, ont parfois des stratégies de “système belgo-flamand” tout aussi crues qu’un De Wever, somme toute bien moins toursiveux.
Il n’est pas inutile de rappeler que le “Walen Buiten économique” (le refus flamand d’aider à la restructuration de la sidérurgie wallonne) fut en son temps porté par les sociaux-chrétiens du Nord…
Marcel Sel dérange et embarrasse itou, pour leur communication, des wallons et francophones moins naïfs: tant qu’on se parle, il faut tout de même que la N-VA reste, pour l’électeur du Sud, dans les limites politiquement présentables. 
Les fréquentations douteuses et soulignées d’un Jan Jambon, d’évidence futur ministre N-VA en cas d’accord ou de “coalition des droites”, ça le fait pas trop. Ni chez Bruneau ni rue de la Loi.

LE SEL CEREBOS

Lorsqu’on se prénomme Marcel, c’est sans doute prédestiné qu’on se mouille le maillot (de corps).
A ce point là, c’est étonnant: même avec l’habitude, même en connaissant l’oiseau Cerebos, le blog de Marcel Sel me laisse encore fréquemment pantois.
L’”ascenseur” de mon écran d’ordi y dispute souvent l’ascension des tours Petronas. J’ai connu, dans mes diverses vies journalistiques, bien des Ponson du Terrail, bien des “pisseurs de copie” au sens non-péjoratif...
Mais une telle effrénégance, c’est chose rare.
Cet homme là relève, fouille, constate, s’indigne, s’échevèle, enquête, turlupine, redonde, googlelise, mephistophise, lacrymogène et lacrymorigène, youtubise, festivale les jeux de mots, polémique par milliers, que dis-je, millions de signes.
Et ne lâche en tout cas jamais les baskets de tout un d’aucun qui s’écarte de sa ligne de fracture analytique: voyons qui est démocrate et qui ne l’est point, fut-ce momentanément.
Mais, de ce désarçonnant maelstrom, se dégage un regard: souvent politiquement juste. Même si, tenaillé au corps par son affect belge, on sent bien que l’auteur est turlupiné à tirer les conclusions logiques de ses propres analyses…(“Nous n’aurions que le choix de rompre l’Union avec la Flandre identitaire que Bart de Wever conçoit sous nos yeux”…)
Ne pas confondre. Le blogger Marcel Sel n’est pas Marcel Sel l’essayiste: le premier en fait des tonnes et des tonnes avec son minerai, le second passe au tamis et en tire plutôt des pépites.
 “Walen Buiten”, son premier vrai livre, était déjà un bouquin  limpide et très enlevé, vulgarisant agréablement les folles intransigeances linguistiques et flamingantes de certains.
 Les 400 pages  de ces “Secrets de Bart De Wever” sentent le papier frais mais aussi l’évolution personnelle: indigné par l’intolérance linguistique, le pseudonymé Marcel Sel a d’évidence- le triomphe de Bart De Wever aidant- élargi son champ de vision et de combat, scrutant désormais les dangers du nationalisme versus N-VA. Toujours avec ce style peu académique ne résistant pas à virer un peu farce… (“Quand Brel se rebrelle…”)
Ce n’est pas du journalisme d’investigation au sens premier du terme: on n’apprendra donc ici rien de plus sur les étranges contacts récurrents entre Bart De Wever  et Koen Blyweert, ce sulfureux lobbyiste déjà présent au célèbre “Déjeûner chez Bruneau”.
Marcel Sel s’est plutôt attaché à faire apparaître tous les ressorts, tous les réseaux (parfois fort sombres), toutes les figures controversées, toutes les polarisations voulues (contre les intellectuels, contre les wallons…), tous les charismes de Bart De Wever toutes les stratégies de propagande  qui expliquent  le succès de la N-VA, “ ce Vlaams Belang sans le racisme” à en croire Bert Anciaux.(au dernier congrès de la mort qui tue de la Volksunie). 
C’est truffé de détails, de piments et de mises en relation tantôt évidentes, tantôt un chouia tordues du bras pour en remettre une couche dans le raisonnement. (Le Front National, ce n’est nullement du nationalisme wallon…) On entre ici, de plain pied, dans le monde complexe des forces du “mouvement flamand” ou les molécules de l’air qu’on y respire sont d’évidence très différentes, y compris pour les poumons du SPa ou des Verts de Groen…
En fait, l’auteur pose surtout une big question: faut-il croire au Bart De Wever qu’on nous vend ?  Pourquoi De Wever répète-t-il à ce point sans cesse qu’il est “démocrate”, qu’il n’est pas “révolutionnaire”, qu’il est “conservateur” ?
Dessin de Vanmol dans Knack
Est-il l’héritier d’un “nationalisme démocratique” qui reste à inventer ? se demande l’auteur.  Ou, pour faire plus court, est-il un adepte masqué de la “Nouvelle Droite” ?  celle qui apparaît un peu partout en Europe. Celle qui a abandonné les oripeaux de l’extrême-droite à  Le Pen ou au Belang avec pour stratégie de “s’immiscer au sein même du discours démocrate “ ? Seul le temps qui passe confirmera la réponse : comme disait l’autre, chaque âme est à elle seule une société secrète…
Marcel Sel instaure en tout cas une intéressante grille de lecture. Qu’on pourra vérifier longtemps puisque, en ne promettant qu’un lointain et utopique ”paradis flamand “, le nationaliste-populiste Bart De Wever n’est jamais en rien tenu par ce qui se passe au court terme.
Après les “demandeurs de rien”, les “responsables de rien”…

---------
“Les secrets de Bart De Wever”, par Marcel Sel. Document aux “Editions de l’Arbre”. 21,90 €

dimanche 12 juin 2011

"Sans langue de bois" télé (12/06): le symbole des deux photos de Bart et Elio...

 Chaque détail prend de la valeur lorsque plus rien n'a de sens: après un an, les médias ne recensent que deux photos de De Wever et Di Rupo. Un lourd symbole, cette absence inouie d’images des leaders intouchables. C’est le bruit de la polarisation
Chaque détail prend de la valeur lorsque plus rien n’a de sens: le seul cadeau de Bart à Elio, ce fut, il y a un an, le DVD de Michael Collins, le film de Neil Jordan.
Michael O' Collins, nationaliste irlandais, remarquable organisateur, détestant l’amateurisme, personnage incontournable. Il faut faire attention aux petites choses.



dimanche 5 juin 2011

Comment la bactérie de l’intolérance a rendu patraque l’image de la N-VA: le premier vrai faux pas de com’ de Bart De Wever …

La N-VA, patraque de la "bactérie de l'intolérance" ...


La toute nouvelle star médiatique de la N-VA peut replier son parachute: l’avocat Vic Van Aelst  ne figurera finalement pas sur la liste pour les élections communales d’Anvers de 2012. Sanction habillée autant subtilement que faire se peut.
Ce qui ne serait qu’une info passagère si elle n’était aussi le révélateur-revirement d’un premier sérieux faux pas, d’une solide erreur de jugement et de casting de Bart De Wever. Obligé de renoncer ainsi à une stratégie voulue et classique  de ratissage de tous les segments électoraux mais qui, subitement, lui échappait dangereusement. Jusqu’à choquer nombre de flamands, les diviser et porter même un préjudice d’image ternissant son propre parti.
Vic Van Aelst, c’est pourtant un peu l’ombre portée de De Wever.
On prend le pari que Bart pense largement- il l’a d’ailleurs exprimé- une grande partie du fond de la pensée de l’avocat, non parfois dénué d’un relatif parfum de vérité.
Logique: c’est en gros le même ADN dans la chaîne historique du nationalisme flamand.
Avec la différence pas mince que, roi de l’ambiguïté pesée et de la com’ calculée, De Wever soit n’en pipe mot, soit use d’autres formules nettement moins enragées.
Bart De Wever, en recrutant Van Aelst, savait évidemment pertinemment qui était l’oiseau-avocat, avec son discours terriblement vieux, terriblement antédiluvien, basé sur de vieillotes rancoeurs linguistiques à tout le moins à l’opposé du “nationalisme décomplexé” et “moderne” qui est la recette du succès de la N-VA.
Mais ça ne mangeait pas de pain, fut-il moisi ou rassis, dans la future grande bataille électorale historique d’Anvers (Bart De Wever espère détrôner en 2012 l’éternel maïorat socialiste) que d’afficher l’avocat-vedette de l’ “affaire Clottemans”, histoire aussi de séduire l’électorat tellement clé du Belang. ( pour rappel, 33,5% des voix en 2006 )
Las, si la stratégie fédérale de la N-VA est clairement désormais celle du “compost politicien”- entendez laisser pourrir les choses puisqu’on ne croit plus à un accord – Vic Van Aelst lui,  a dérapé en se laissant aller au ton fumier. La N-VA, face à la controverse incontrôlée, s’est d’abord tortillée jésuitiquement, oubliant que l’argument “ Van Aelst dit au fond ce que les flamands pensent” était dangereusement proche de ce slogan du Belang qui proclamait : “Nous disons ce que vous pensez “…
Puis, surprise, ça a remué non seulement dans les rangs de  la N-VA, mais ce sont les puissants éditorialistes flamands qui ont embrayé, dans leur propre approche moraline, rangeant assez clairement Van Aelst- il n’est pas d’autre résumé- dans la catégorie des cons. Bref, Van Aelst a réussi à diviser non seulement la Flandre, mais même la N-VA.
Or, Bart ne peut se permettre d’ avoir la presse flamande trop critique, ni pour ce qui est du devenir de la N-VA, ni pour ce qui est du très délicat combat électoral d’Anvers.
Après un revirement habile, déplaçant le jeu vers la notion d'injustice, mais pas très médiatisé de Bart De Wever , c’est donc la très influente chef de groupe au Sénat, Liesbeth Homans, qui a sifflé le hors-jeu médiatique pour Van Aelst. Désormais plus casserole qu’atout, désormais prié de plutôt la boucler, pour autant que ce membre pas ordinaire de la N-VA le puisse désormais…
Le  "damage control" a été enclenché rapidement. Mais jusqu’à quel point la bactérie de l’intolérance, qui écolique, qui infecte tous les propos de Vic Van Aelst, rendra-t-elle patraque l’image de la N-VA ?
Ce qui est sûr c’est que gaffe médiatique de Bart il y a eu, démontrant que le “grand écart”  n’est pas toujours facile et que continuer à assécher le Belang d’extrême droite en s’en tenant à une ligne droitère mais non-xénophobe (une exception pour un parti nationaliste en Europe) est un sérieux numéro de fildefériste. La gestion des transfuges du Belang, qui sont censés faire d’abord un “stage comme indépendant”  avant de rallier le parti de Bart, ne sera pas sans risque. Le mouvement est en route: ainsi l’ex-Belang, le parlementaire Karim Van Overmeire, “impressionné par la grande fermeté de la N-VA au niveau fédéral”, est-il déjà  officiellement en “collaboration” avec les leaders N-VA d’Alost…
Bart: un atterrissage difficile à Anvers ( GVA)
Comment Bart va-t-il s’y prendre pour, à Anvers, débaucher les électeurs du Belang ?
Il pourra certes leur vendre électoralement la perspective l’indépendance de la Flandre, mais les électeurs xénophobes  de Berchem ou Deurne resteront d’évidence au Belang…
Ce qui est sûr c’est qu’on n’a peut-être pas encore assez mesuré, au Sud, combien l’enjeu communal  de la Métropole (ou Van Aelst faisait partie du scénario) pèse de plus en plus sur la situation fédérale. Car y signer un accord avec le CD&V n’y serait pas neutre. 
Car aboutir à un accord fédéral avec un PS si diabolisé par le Belang, ce n’est assurément pas le meilleur des filets (d’Anvers) électoraux pour Bart.