vendredi 24 mai 2013
jeudi 23 mai 2013
Sondage: ne pas confondre "intentions de vote" et prise de pouls politique...
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FLOUS. En technique de sondage, il
ne faut pas confondre ce tableau (Ipsos-Sud Presse) avec un sondage d'
intentions de vote. Ce ne sont pas ici des parts de marché électoral puisqu’on
constate d’un regard que le total n'est pas de 100% mais bien de 150%.
Dans un sondage d'intentions
de vote les personnes interrogées ne peuvent opter que pour un seul choix. Ici,
les personnes interrogées, "en hésitation", ont pu donner un second
choix.
Ce qui est clairement à
l'avantage technique du deuxième parti (entendez, en Wallonie électorale, le
MR) qui peut dès lors se mettre mieux en avant.
Avec un total de 150%, cela
signifie que les personnes interrogées ont opté ici pour un
parti et demi...Pour être plus clair, une personne interrogée sur deux a donc donné deux choix.
On peut donc interpréter ces
chiffres assez flous de multiples façons. (on sent bien que le quotidien a
surtout voulu tester ici l’hypothèse dont on cause partout, à savoir une
coalition PS-MR à la Région Wallonne après les élections régionales de 2014)
Important: il faut se
rappeler que tout parti qui a une personnalité affirmée attire fort d'aucuns et
est rejeté tout aussi vertement par d'autres. On est ainsi aujourd’hui clairement très "pour" ou
"très contre" le PS. De la même manière Ecolo est le parti qui
“énerve” sans doute le plus, avec davantage de détracteurs (sans doute une part
d’effet photovoltaïque) que de supporters. C’est également une formation
politique très clivante.
Un bel exemple de ce flou sont les points attribués au CDH, très très au dessus de
ses réalités électorales. Dans le fond, le parti “centriste” de Benoît Lutgen
est le moins rejeté, mais laisse
aussi les gens somme toute plus indifférents.
Il n’en reste pas moins que
les deux présidents du PS, Paul Magnette (faisant fonction) et Elio Di Rupo (en
congé), peuvent sans doute se poser plus que quelques questions après la
lecture de ces chiffres, tout de même indicatifs du pouls de
l’opinion…
Pour rappel, le dernier Grand
Baromètre Ipsos-RTL TVI, Le Soir donnait, en intentions de votes, le PS à 33,1%, le MR à 22,6%, le CDH à
13,7% et Ecolo à 11,7%.
mardi 21 mai 2013
dimanche 12 mai 2013
jeudi 9 mai 2013
Qui sont ces blogueurs "influents"? Mon débat avec Marcel Sel sous la houlette de Dorian de Meeûs (La Libre du 9/05/2013)
"Être sur les réseaux sociaux et les blogs, cela ne nous fait pas gagner d’argent, ça c’est clair!"
Sur la toile, certains twittos ou blogueurs sont plus suivis que
d’autres… Ils donnent leurs avis, recadrent des débats et partagent des
infos pertinentes ou polémiques. Ils sont ainsi devenus des symboles des
réseaux sociaux. LaLibre.be vous propose un entretien croisé entre Michel Henrion, ancien journaliste, consultant en communication et auteur du blog "Demain, on rase gratis!" et Marcel Sel, ancien rédacteur publicitaire, polémiste et auteur du blog "Un blog de Sel".
Vous êtes tous deux très actifs sur Internet : blogs, chroniques, Twitter, Facebook,… Mais qui êtes-vous dans la vie et quelle est votre expérience ?
Michel Henrion : Mon passé de journaliste a été élargi aux médias et à la communication en général. J’ai été très longtemps journaliste de presse écrite et j’ai travaillé 8 années dans la communication politique pour Guy Spitaels, qui était un ami. Aujourd’hui, j'use de cette expérience médiapolitique comme chroniqueur à RTL-TVI, Bel-RTL ou Marianne Belgique.
Marcel Sel : J’ai commencé en dilettante sur une radio libre comme journaliste. Cette expérience m’a marqué. Après, j’ai fait de la publicité en tant que rédacteur publicitaire. J’ai continué à faire de la communication plus institutionnelle en écrivant pour diverses entreprises.
Henrion : Notre point commun, c’est l’écriture et l’information par l’écrit.
Vous commentez énormément l’actualité, dans quel but ? Informer ou mettre votre grain de sel sur l’actu ?
Henrion : Là, je pense qu’il y a une différence entre Marcel et moi. Marcel est avant tout un polémiste, alors que j’essaie surtout de partager les infos pertinentes qui circulent. La communication a fortement évolué. Souvenez-vous du temps où la création d’un site internet pour une entreprise était une info en soi. Les blogs et la blogosphère ont connu leur moment de gloire vers 2007. Depuis, il y a eu l’émergence des réseaux sociaux, ce qui a provoqué une certaine porosité entre les supports : blogs, Facebook, sites d’infos, Twitter, YouTube, Dailymotion, Flickr et plein d’autres réseaux ou supports de contenus. Mon outil préféré est de loin Twitter, puis Facebook où l’interactivité est très forte. Les blogs sont un peu en déshérence, sauf celui de Marcel qui continue sur sa ligne… Quelqu’un qui ouvre un blog aujourd’hui, je lui souhaite bonne chance pour avoir une audience d’influence.
Justement, ce rôle d’influence… on y vient. Marcel Sel, sur votre blog et sur Twitter, vous êtes souvent donneur de leçon.
Sel : Oui, bien sûr ! (rires) Mais pourquoi vous m’attaquez ?
Je constate simplement que vous être régulièrement critiqué pour votre côté ‘donneur de leçon’.
Sel : Je me vois davantage comme un redresseur de torts, comme Zorro !
Henrion : Pour moi, Marcel est un polémiste. Ce qui est très différent de donneur de leçons. Il suscite et lance le débat.
Vous comprenez que certaines personnes trouvent agaçant que quelqu’un mette son grain de sel ainsi un peu partout ? D’ailleurs, juste avant cette interview vous avez attaqué Destexhe sur Twitter…
Sel : Destexhe n’est-il pas justement un donneur de leçon ? En réalité, ce que je fais, c’est réagir. Je ne donne pas mon avis sur la ponte des canards en Alaska ! Je pars de faits journalistiques qui – de mon point de vue – ne sont pas suffisamment ou pas bien interprétés. Evidemment, quand on donne son point de vue, on donne toujours l’impression de donner des leçons. Quant à mon attaque de Destexhe, il affirmait que les conclusions d’une étude PEW parue dans The Economist sur les musulmans dans le monde étaient « édifiantes ». J’ai attaqué Destexhe, car il a repris des chiffres comme ça. J’ai lu cette étude, ce qu’on y lit démontre qu’il y a des différences fondamentales entres les musulmans de pays divers et parfois voisins sur des questions comme la tolérance à l’homosexualité ou le fait d’imposer la charia à des non-musulmans… Cette étude très intéressante démontre qu’il n’y a pas un seul Islam. Et Destexhe, lui, balance sur Twitter un chiffre sorti de son contexte après avoir lu The Economist. Ca m’a choqué, car l’étude ne dit pas ça !
Henrion : Le monde de l’Internet est en train de faire basculer tous les rapports de notre société. Avec l’évolution des moyens de communication et l’échange des savoirs à la portée de tous, tous les intégrismes vont devenir des dinosaures.
Sel : Je ne le crois pas.
Henrion : Je le pense profondément. La prochaine génération sera métissée par le net dans les opinions et les cultures.
Sel : Les frontières entre les nations se racrapotant, j’ai plutôt le sentiment que les gens se regroupent en tant que laïques, catho-zombies (des non-pratiquants voire athées de culture catholique), musulmans de tel ou tel type ou autre identification…
Henrion : Les communautés virtuelles qui se forment pour défendre ou s’attaquer au transfert de Mme Martin à Malonne, pour défendre Luc Trullemans ou encore à propos de la Fondation Fabiola,… ce sont finalement des communautés très éphémères.
Ils se regroupent puis se retrouveront dans un autre combat virtuel ?
Henrion : Sauf que ce ne sont pas les mêmes… J’ignore quelle sera la prochaine polémique qui attirera autant de monde. Elle sera à n’en pas douter différente, mais elle retombera aussi vite.
Sel : On retrouve tout de même souvent les mêmes commentateurs sur les réseaux. Il y a une cohérence dans leur engagement et sur Trullemans, il y avait un bouton qu’il fallait percer…
L’ampleur des polémiques telles que la Fondation Fabiola ou Trullemans, vous les voyez venir ?
Henrion : Absolument pas. Personne n’aurait imaginé que ces polémiques allaient prendre une telle ampleur, y compris sur les réseaux sociaux. Cela aurait pu s’arrêter à ses excuses, si Trullemans n‘avait pas réitéré ses propos dans la presse. Il se passe parfois des choses qui sont difficiles à comprendre, d’autant que la monarchie est généralement très respectée en Belgique.
Sel : Quand j’ai vu que Trullemans était viré dans l’heure, je me suis dit « ouille, ça va être violent »! Une grande partie des réseaux attend les débats et le sujet du débat à venir. Je constate que mes chroniques sur l’islamophobie « éventuelle » sont les plus lus. On a clairement un vrai problème de société entre – je vais parler comme Destexhe – les blancs qui se font insulter dans la rue et les bruns qui subissent un délit de faciès. Un problème que personne n’a encore osé attaquer sérieusement au niveau politique. La société est totalement déboussolée…
Henrion : J’hésite souvent à poster un article sur l’islam, car je sais que cela va entraîner des centaines de commentaires à modérer.
Sur LaLibre.be, on n’avait jamais connu un tel tsunami de commentaires avec la polémique Trullemans. On a à plusieurs reprises été contraint de les suspendre, le temps d’un retour à la normale…
Sel : Il y a partout une radicalisation des commentaires. Je passe plus de temps à modérer les commentaires qu’à rédiger des articles.
Henrion : C’est parce qu’on est passé d’une presse unidirectionnelle à une presse du « J’aime » interactive. Tout mon plaisir réside dans la recherche d’une pépite virale d’information. C’est un peu le journalisme d’information qui devient un journalisme de communication… Avec le problème que pose la modération des articles, qui est un gros souci pour les groupes de presse et nos pages Facebook.
Sel : La modération est particulièrement compliquée. Parfois, je reste plusieurs minutes devant une phrase pour savoir si je dois le modérer ou pas…
Certains internautes sont organisés pour polluer les commentaires ?
Sel et Henrion : Oui !
Sel : Des groupes, comme le Vlaams Belang, s’organisent pour occuper les forums des sites d’information. Mais à côté de cela, il y a des organisations spontanées de militants de causes particulières.
Henrion : Internet permet ainsi le retour d’une presse d’opinion.
Sel : Mais je n’aime pas l’opinion partisane, en revanche, je pense que les journalistes devraient plus souvent commenter avec une opinion sincère, mobile,…
On dit de vous que vous faites partie des blogueurs les plus influents de Belgique, par le nombre de personnes qui vous suivent. Vous avez l’impression d’être influents ?
Henrion : Mon but est d’informer. L’influence est relative, mais réelle. Mais l’influence est limitée à 15-20 personnes actives sur Twitter ou sur des blogs.
Vous êtes très souvent sur Twitter ou sur votre blog… du réveil au coucher. Cela a-t-il eu un impact sur votre vie privée et sociale ?
Henrion : Oui. C’est chronophage d’être sur Twitter. On a le gsm, la tablette, l’ordinateur… Je commence ma journée avec Twitter et la finis avec elle.
Sel : Faire l’amour avec Twitter, ce n’est pas top ! J’évite à table…
Vous avez parfois des reproches d’amis ou autres ?
Sel : Oui.
Henrion : Parfois.
Vous ne craignez pas l’overdose ?
Henrion : Cela peut arriver. D’ailleurs, dès que je suis en vacances, on m’interpelle pour savoir si « tout va bien ? ».
Sel : Quand je prends un peu de recul, j’ai parfois comme un manque, un besoin de faire des relations virtuelles.
Financièrement, ça rapporte d’être un blogueur actif ?
Sel : Non, c’est de la notoriété, cela fait partie de la construction de notre image. Après, on vend des livres, des chroniques, des analyses,… Mais tout cela ne rémunère pas du tout le travail fait sur le blog.
Henrion : Ce n’est pas fait pour gagner de l’argent, ça c’est clair !
Entretien: @ddemeeus
Vous êtes tous deux très actifs sur Internet : blogs, chroniques, Twitter, Facebook,… Mais qui êtes-vous dans la vie et quelle est votre expérience ?
Michel Henrion : Mon passé de journaliste a été élargi aux médias et à la communication en général. J’ai été très longtemps journaliste de presse écrite et j’ai travaillé 8 années dans la communication politique pour Guy Spitaels, qui était un ami. Aujourd’hui, j'use de cette expérience médiapolitique comme chroniqueur à RTL-TVI, Bel-RTL ou Marianne Belgique.
Marcel Sel : J’ai commencé en dilettante sur une radio libre comme journaliste. Cette expérience m’a marqué. Après, j’ai fait de la publicité en tant que rédacteur publicitaire. J’ai continué à faire de la communication plus institutionnelle en écrivant pour diverses entreprises.
Henrion : Notre point commun, c’est l’écriture et l’information par l’écrit.
Vous commentez énormément l’actualité, dans quel but ? Informer ou mettre votre grain de sel sur l’actu ?
Henrion : Là, je pense qu’il y a une différence entre Marcel et moi. Marcel est avant tout un polémiste, alors que j’essaie surtout de partager les infos pertinentes qui circulent. La communication a fortement évolué. Souvenez-vous du temps où la création d’un site internet pour une entreprise était une info en soi. Les blogs et la blogosphère ont connu leur moment de gloire vers 2007. Depuis, il y a eu l’émergence des réseaux sociaux, ce qui a provoqué une certaine porosité entre les supports : blogs, Facebook, sites d’infos, Twitter, YouTube, Dailymotion, Flickr et plein d’autres réseaux ou supports de contenus. Mon outil préféré est de loin Twitter, puis Facebook où l’interactivité est très forte. Les blogs sont un peu en déshérence, sauf celui de Marcel qui continue sur sa ligne… Quelqu’un qui ouvre un blog aujourd’hui, je lui souhaite bonne chance pour avoir une audience d’influence.
Justement, ce rôle d’influence… on y vient. Marcel Sel, sur votre blog et sur Twitter, vous êtes souvent donneur de leçon.
Sel : Oui, bien sûr ! (rires) Mais pourquoi vous m’attaquez ?
Je constate simplement que vous être régulièrement critiqué pour votre côté ‘donneur de leçon’.
Sel : Je me vois davantage comme un redresseur de torts, comme Zorro !
Henrion : Pour moi, Marcel est un polémiste. Ce qui est très différent de donneur de leçons. Il suscite et lance le débat.
Vous comprenez que certaines personnes trouvent agaçant que quelqu’un mette son grain de sel ainsi un peu partout ? D’ailleurs, juste avant cette interview vous avez attaqué Destexhe sur Twitter…
Sel : Destexhe n’est-il pas justement un donneur de leçon ? En réalité, ce que je fais, c’est réagir. Je ne donne pas mon avis sur la ponte des canards en Alaska ! Je pars de faits journalistiques qui – de mon point de vue – ne sont pas suffisamment ou pas bien interprétés. Evidemment, quand on donne son point de vue, on donne toujours l’impression de donner des leçons. Quant à mon attaque de Destexhe, il affirmait que les conclusions d’une étude PEW parue dans The Economist sur les musulmans dans le monde étaient « édifiantes ». J’ai attaqué Destexhe, car il a repris des chiffres comme ça. J’ai lu cette étude, ce qu’on y lit démontre qu’il y a des différences fondamentales entres les musulmans de pays divers et parfois voisins sur des questions comme la tolérance à l’homosexualité ou le fait d’imposer la charia à des non-musulmans… Cette étude très intéressante démontre qu’il n’y a pas un seul Islam. Et Destexhe, lui, balance sur Twitter un chiffre sorti de son contexte après avoir lu The Economist. Ca m’a choqué, car l’étude ne dit pas ça !
Henrion : Le monde de l’Internet est en train de faire basculer tous les rapports de notre société. Avec l’évolution des moyens de communication et l’échange des savoirs à la portée de tous, tous les intégrismes vont devenir des dinosaures.
Sel : Je ne le crois pas.
Henrion : Je le pense profondément. La prochaine génération sera métissée par le net dans les opinions et les cultures.
Sel : Les frontières entre les nations se racrapotant, j’ai plutôt le sentiment que les gens se regroupent en tant que laïques, catho-zombies (des non-pratiquants voire athées de culture catholique), musulmans de tel ou tel type ou autre identification…
Henrion : Les communautés virtuelles qui se forment pour défendre ou s’attaquer au transfert de Mme Martin à Malonne, pour défendre Luc Trullemans ou encore à propos de la Fondation Fabiola,… ce sont finalement des communautés très éphémères.
Ils se regroupent puis se retrouveront dans un autre combat virtuel ?
Henrion : Sauf que ce ne sont pas les mêmes… J’ignore quelle sera la prochaine polémique qui attirera autant de monde. Elle sera à n’en pas douter différente, mais elle retombera aussi vite.
Sel : On retrouve tout de même souvent les mêmes commentateurs sur les réseaux. Il y a une cohérence dans leur engagement et sur Trullemans, il y avait un bouton qu’il fallait percer…
L’ampleur des polémiques telles que la Fondation Fabiola ou Trullemans, vous les voyez venir ?
Henrion : Absolument pas. Personne n’aurait imaginé que ces polémiques allaient prendre une telle ampleur, y compris sur les réseaux sociaux. Cela aurait pu s’arrêter à ses excuses, si Trullemans n‘avait pas réitéré ses propos dans la presse. Il se passe parfois des choses qui sont difficiles à comprendre, d’autant que la monarchie est généralement très respectée en Belgique.
Sel : Quand j’ai vu que Trullemans était viré dans l’heure, je me suis dit « ouille, ça va être violent »! Une grande partie des réseaux attend les débats et le sujet du débat à venir. Je constate que mes chroniques sur l’islamophobie « éventuelle » sont les plus lus. On a clairement un vrai problème de société entre – je vais parler comme Destexhe – les blancs qui se font insulter dans la rue et les bruns qui subissent un délit de faciès. Un problème que personne n’a encore osé attaquer sérieusement au niveau politique. La société est totalement déboussolée…
Henrion : J’hésite souvent à poster un article sur l’islam, car je sais que cela va entraîner des centaines de commentaires à modérer.
Sur LaLibre.be, on n’avait jamais connu un tel tsunami de commentaires avec la polémique Trullemans. On a à plusieurs reprises été contraint de les suspendre, le temps d’un retour à la normale…
Sel : Il y a partout une radicalisation des commentaires. Je passe plus de temps à modérer les commentaires qu’à rédiger des articles.
Henrion : C’est parce qu’on est passé d’une presse unidirectionnelle à une presse du « J’aime » interactive. Tout mon plaisir réside dans la recherche d’une pépite virale d’information. C’est un peu le journalisme d’information qui devient un journalisme de communication… Avec le problème que pose la modération des articles, qui est un gros souci pour les groupes de presse et nos pages Facebook.
Sel : La modération est particulièrement compliquée. Parfois, je reste plusieurs minutes devant une phrase pour savoir si je dois le modérer ou pas…
Certains internautes sont organisés pour polluer les commentaires ?
Sel et Henrion : Oui !
Sel : Des groupes, comme le Vlaams Belang, s’organisent pour occuper les forums des sites d’information. Mais à côté de cela, il y a des organisations spontanées de militants de causes particulières.
Henrion : Internet permet ainsi le retour d’une presse d’opinion.
Sel : Mais je n’aime pas l’opinion partisane, en revanche, je pense que les journalistes devraient plus souvent commenter avec une opinion sincère, mobile,…
On dit de vous que vous faites partie des blogueurs les plus influents de Belgique, par le nombre de personnes qui vous suivent. Vous avez l’impression d’être influents ?
Henrion : Mon but est d’informer. L’influence est relative, mais réelle. Mais l’influence est limitée à 15-20 personnes actives sur Twitter ou sur des blogs.
Vous êtes très souvent sur Twitter ou sur votre blog… du réveil au coucher. Cela a-t-il eu un impact sur votre vie privée et sociale ?
Henrion : Oui. C’est chronophage d’être sur Twitter. On a le gsm, la tablette, l’ordinateur… Je commence ma journée avec Twitter et la finis avec elle.
Sel : Faire l’amour avec Twitter, ce n’est pas top ! J’évite à table…
Vous avez parfois des reproches d’amis ou autres ?
Sel : Oui.
Henrion : Parfois.
Vous ne craignez pas l’overdose ?
Henrion : Cela peut arriver. D’ailleurs, dès que je suis en vacances, on m’interpelle pour savoir si « tout va bien ? ».
Sel : Quand je prends un peu de recul, j’ai parfois comme un manque, un besoin de faire des relations virtuelles.
Financièrement, ça rapporte d’être un blogueur actif ?
Sel : Non, c’est de la notoriété, cela fait partie de la construction de notre image. Après, on vend des livres, des chroniques, des analyses,… Mais tout cela ne rémunère pas du tout le travail fait sur le blog.
Henrion : Ce n’est pas fait pour gagner de l’argent, ça c’est clair !
Entretien: @ddemeeus
lundi 6 mai 2013
Ma "Balise médiapolitique" pour Marianne Belgique (27 avril): iMagnette et autres: ces politiques qui jettent le soupçon sur les outils de la révolution du savoir.
iMagnette. C’est le surnom
moqueur du nouveau bourgmestre carolo depuis que celui-ci défend, à coups
d’arguments pas toujours adroits (“L’iPhone n’est pas le plus cher” (1) ”C’est
une haine des classes vis à vis de Charleroi”, l’achat contesté de smartphones
pommés pour les cadres de la Métropole.
Dans le même style, à
Andenne, le bourgmestre Eerdekens avait lâché, pour un même objet du désir,
“qu’il ne ne fallait pas avoir le comportement d’un SDF” tandis qu’ à
Schaerbeek, le bourgmestre Clerfayt avait argué qu’il avait déjà disposé -à la
préhistoire- d’un “Palm” et que, somme toute, il n’avait pas de voiture de
fonction comme les privilégiés de la Ville de Bruxelles. Na.
De fait, ce genre de
polémique naît des édiles eux-mêmes, qui, de par leur méconnaissance du monde
numérique, construisent le soupçon .
C’est que ces politiques
soudain tenants des nouveaux outils mobiles, ne semblent alors les désirer que
pour leur seul confort personnel et s’en désintéresser dès lors qu’il s’agit de
ce qu’ils pourraient apporter à leurs concitoyens.
On compte toujours sur les
mains les trop rares villes qui ont investi dans une Application pour smartphone,
histoire d’informer et conseiller habitants du cru ou voyageurs de passage.
On ne capte toujours pas
qu’on peut, toujours en développant une simple “app”, résoudre bien des
demandes administratives, faire diminuer les files devant les guichets…
Car si on entend surtout les
contradicteurs se jeter des prix d’ Iphone à la tête (de fait, ça se discute :
des smartphones à 150€ permettent aussi bien “de consulter, selon la formule de
Magnette, ses mails à distance”), on regrette de ne pas entendre davantage ces
bourgmestres là défendre sans faiblesse un projet moderne, notamment l’achat de
tablettes numériques. Et pas qu’avec le seul propos qu’en doter tout un conseil
communal permet d’évidence des économies folles en photocopies désuettes.
Argument juste mais qui passe au bleu le fait majeur que, demain, la tablette
numérique devra investir les écoles dont ils ont la responsabilité.
Si contents à l’idée de jeter
un oeil sur leur ego-Facebook mobile, nos élus semblent encore ignorer que
c’est tout l’enseignement qui va
vivre une révolution. Que le savoir est devenu collectif et connecté. Et que le
monde de l’enseignement actuel – ces salles de classe, ces bibliothèques, ces
campus coûteux- forment un monde qui sera bientôt tout autre. Demain, la
tablette sera le manuel scolaire universel remplissant les cartables de tout le
savoir du monde. Seuls quelques trop rares responsables s’en sont aperçus: à
Bruxelles-Ville (120 tablettes dans les écoles), à Blegny, à Bressoux, à Ans, à
Ciney et quelques autres à avoir compris qu’il fallait un peu sortir de l’âge
de la pierre…
Au lieu de se justifier,
d’être gênés, de ne voir dans leur joli matériel design qu’un ixième avantage
en nature, nos responsables politiques feraient bien de prendre conscience
qu’après le passage de l’oral à l’écrit, de l’écrit à Gutenberg, la mutation
des nouvelles technologies du savoir est un enjeu vital. Et enthousiasmant,
s’ils le comprenaient mieux.
Michel HENRION.
(699 €)
Ma "Balise médiapolitique" de Marianne Belgique (13/04): 16, rue de la Loi, l’Agence sans risques…
Les “Baromètres politiques”,
ces sondages d’opinion si chers aux médias, sont assez d’accord sur un point.
Avec une cote de bulletin variant peu ou prou autour des cinq points sur dix,
c’est une constante: le gouvernement Di Rupo n’est ni vraiment impopulaire, ni
franchement populaire.
Ce qui postule un
comportement quasi automatique: sans forte popularité, de grands changements
politiques sont toujours improbables. Logique: les partis de toute coalition
sans popularité forte ont tendance à prêter plus d’attention aux groupes de
pression dont ils sont proches. D’autant plus à l’approche d’élections.
L’update budgétaire, sans mesures très marquantes, en est le témoin: des
semaines de conclave pour une panoplie sans risques. Jusqu’au prochain épisode
puisque, à part des budgets, que font-ils d’autre au fédéral ?
C’est qu’Elio Di Rupo, en bon
politique non sans charisme empathique, applique aussi à la lettre une règle
absolue de la com’ de tout Premier Ministre hypra-rodé. Lorsqu’il y a risque
d’impopularité, ne jamais donner l’impression de l’action personnelle. D’où son
usage si fréquent du mot “Nous”.
Qui, selon que les circonstances soient positives ou négatives, est parfois
tout bénéfice sans postuler pour
autant, dans le cas inverse, un risque d’impopularité sur sa seule pomme de
chef de file d’une sexipartite aux idéologies si contradictoires.
“Nous veillons à un équilibre entre économies à réaliser et
recettes qui n'entrave pas le fragile redressement” a-t-il ainsi lancé pour
résumer l’ajustement budgétaire.
“Nous règlons les problèmes”, “Nous restaurons la confiance”, “Nous faisons mieux qu’ailleurs” sont le sirop de trompe d’Eustache de cette
ligne qui applique les directives de la Commission Européenne tout en affirmant
se mettre à la place des gens. Avec le hic que, plus on gratte des milliards, plus il faut puiser dans le
stock des mots-écrans pour relativiser des réalités souvent cruelles dans la
vraie vie.
La com’ du Premier Ministre
se veut de fait au dessus de la
mêlée. Avec, hormis l’assez confidentiel rituel parlementaire du jeudi, un
minimum de risques de confrontation. Juste de temps à autre, si les
circonstances s’y prêtent, un “road trip” réglé au millimètre des plateaux télé de toutes les chaînes. Une sorte
de “communication gouvernementale” ambulante puisque les questions,
fussent-elles très journalistiques et incisives, ne déclenchent jamais que de
mêmes réponses nourries aux invariables éléments de langage OGM. Bref, une
gestion d’image obsédée par l’évitement du risque politique (la “bombe ACW”) ou
médiatique. Cela fonctionne plutôt bien d’ailleurs, sauf lors de cette récente tentative de
dribbler les médias traditionnels en skypant avec des citoyens lambda baptisés
“cobayes de la nouvelle technologie” (sic) et en diffusant les réponses d’
“appelez-moi-Elio” sur You Tube. Résultat vérifié après un mois de mise en
ligne: rikiki. Quelques centaines de visions s’additionnant pour totaliser
moins qu’un court-métrage finlandoche sur la Trois. T’as des vidéos de
proximité supposée, mais t’as pas de spectateurs. Pour faire le buzzz, on a vu
mieux, n’est-ce pas Nabilla ?
Michel Henrion.
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