Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

lundi 6 mai 2013

Ma "Balise médiapolitique" pour Marianne Belgique (27 avril): iMagnette et autres: ces politiques qui jettent le soupçon sur les outils de la révolution du savoir.


iMagnette. C’est le surnom moqueur du nouveau bourgmestre carolo depuis que celui-ci défend, à coups d’arguments pas toujours adroits (“L’iPhone n’est pas le plus cher” (1) ”C’est une haine des classes vis à vis de Charleroi”, l’achat contesté de smartphones pommés pour les cadres de la Métropole.
Dans le même style, à Andenne, le bourgmestre Eerdekens avait lâché, pour un même objet du désir, “qu’il ne ne fallait pas avoir le comportement d’un SDF” tandis qu’ à Schaerbeek, le bourgmestre Clerfayt avait argué qu’il avait déjà disposé -à la préhistoire- d’un “Palm” et que, somme toute, il n’avait pas de voiture de fonction comme les privilégiés de la Ville de Bruxelles. Na.
De fait, ce genre de polémique naît des édiles eux-mêmes, qui, de par leur méconnaissance du monde numérique, construisent le soupçon .
C’est que ces politiques soudain tenants des nouveaux outils mobiles, ne semblent alors les désirer que pour leur seul confort personnel et s’en désintéresser dès lors qu’il s’agit de ce qu’ils pourraient apporter à leurs concitoyens.
On compte toujours sur les mains les trop rares villes qui ont investi dans une Application pour smartphone, histoire d’informer et conseiller habitants du cru ou voyageurs de passage.
On ne capte toujours pas qu’on peut, toujours en développant une simple “app”, résoudre bien des demandes administratives, faire diminuer les files devant les guichets…
Car si on entend surtout les contradicteurs se jeter des prix d’ Iphone à la tête (de fait, ça se discute : des smartphones à 150€ permettent aussi bien “de consulter, selon la formule de Magnette, ses mails à distance”), on regrette de ne pas entendre davantage ces bourgmestres là défendre sans faiblesse un projet moderne, notamment l’achat de tablettes numériques. Et pas qu’avec le seul propos qu’en doter tout un conseil communal permet d’évidence des économies folles en photocopies désuettes. Argument juste mais qui passe au bleu le fait majeur que, demain, la tablette numérique devra investir les écoles dont ils ont la responsabilité.
Si contents à l’idée de jeter un oeil sur leur ego-Facebook mobile, nos élus semblent encore ignorer que c’est tout l’enseignement qui  va vivre une révolution. Que le savoir est devenu collectif et connecté. Et que le monde de l’enseignement actuel – ces salles de classe, ces bibliothèques, ces campus coûteux- forment un monde qui sera bientôt tout autre. Demain, la tablette sera le manuel scolaire universel remplissant les cartables de tout le savoir du monde. Seuls quelques trop rares responsables s’en sont aperçus: à Bruxelles-Ville (120 tablettes dans les écoles), à Blegny, à Bressoux, à Ans, à Ciney et quelques autres à avoir compris qu’il fallait un peu sortir de l’âge de la pierre…
Au lieu de se justifier, d’être gênés, de ne voir dans leur joli matériel design qu’un ixième avantage en nature, nos responsables politiques feraient bien de prendre conscience qu’après le passage de l’oral à l’écrit, de l’écrit à Gutenberg, la mutation des nouvelles technologies du savoir est un enjeu vital. Et enthousiasmant, s’ils le comprenaient mieux.


Michel HENRION.

(699 €)