Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 26 octobre 2011

L'affiche très bucolique du CD&V pour s'attribuer les lauriers BHV.

Cette étrange affiche est signée du CD&V. Et encartée ce mercredi (26/10) dans les journaux flamands. Faites attention: regardez comme elle nous montre un paysage excessivement bucolique: comme si la notion même de ville faisait un peu peur à ses initiateurs ... 
C'est mitterrandien en diable, avec l'inévitable église dans le paysage. (et un "AUB" pas très lisible graphiquement.)
Le but est simplissime: montrer  en Flandre que le parti de Wouter Beke a réalisé le très ancien objectif du Mouvement flamand.
"Il a fallu du temps et du courage, dit le CD&V. Le courage de ne pas rester à côté, car il est difficile d'oser négocier. Mais le résultat est là ", gna, gna.  Bref, BHV, c'est grâce à nous".
Le hic, c'est que ça manque un peu de force. On voit bien l'idée de l'agence de pub: " On va associer BHV à AUB" (Alstublieft). Ce qui veut dire "voici" (ce qu'on dit quand on offre quelque chose à une personne sur un plateau d'argent...) mais  signifie aussi "s'il vous plait "en néerlandais . ("Stop met roken aub", arrêtez de fumer svp.)
Bref, pas très couillu. Bref, très CD&V.

Les miscellanées de crise de Bart De Wever (“Elio Di Rupo nous avait proposé de laisser tomber le CD&V “)


Les médias francophones n'ont relayé qu'une faible partie de la très longue interview commune accordée cette semaine par Bart De Wever et Liesbeth Homans (proche sénatrice N-VA) à l'hebdo "Humo".
L'interview est pourtant fort intéressante, De Wever y donnant longuement (6 pages) sa version de la crise en sautant d’un sujet à l’autre, comme s’il s’agissait de rédiger des “Miscellanées de la crise”, et ce depuis sa toute première rencontre avec Elio Di Rupo à Vollezele.
( Payottenland)
Citations synthétisées (je les ai d’abord diffusées sous forme de tweets):

- "Il faut savoir qu'après le rejet par Beke de la note de Vande Lanotte, Elio Di Rupo nous a proposé de laisser tomber le CD&V".
-"Il y a de flagrants mensonges. (d'Alexander De Croo) J'étais malade dans le lit qu'on m'a aménagé à la N-VA mais j'avais bien envoyé un SMS négatif à De Croo et Beke."
"On amène A. De Croo à bord et la première chose qu’il fait, c’est nous débarquer ». Et d’ajouter : « Dans le cas du CD&V, cela me laisse un goût encore un peu plus amer. Vous devez vous rendre compte du nombre de fois que le PS nous a mis sous pression pour laisser tomber le CD&V ». 
-"Di Rupo est un "seigneur" et un "marchandeur de charme". A notre toute première rencontre, il m'a dit: "Bart, il y aura des choses énormes!"
-“ Di Rupo, lorsque je l’ai vu pour le première fois, m’avait apporté un cadeau: un livre sur Mons. J’étais embêté, je n’avais rien, moi… La fois suivante, je lui ai  donc apporté quelque chose ayant trait à Constantin Meunier, un artiste du Hainaut…”
-"La vision de la réforme de l’Etat de Bart expliquée à Elio à Vollezele. « J’avais l’impression que chaque mot était comme un coup de tonnerre pour Di Rupo. Après un quart d’heure, il était comme abasourdi. C’est une image que je ne suis pas près d’oublier »

LE NEERLANDAIS D'ELIO

-"Le faible néerlandais de Di Rupo conduit parfois à des situations absurdes. J’ai un jour demandé à Elio si un texte envoyé n'était pas sous l’influence de Joëlle Milquet.
Un SMS d’Elio m’a répondu:"Joëlle is hier buitenlands aan", voulant traduire en fait: "Elle est étrangère à cela"…
-"Ma femme de ménage est nigériane. Elle est en Belgique depuis deux ans mais elle parle mieux le néerlandais qu'Elio ."
-"On ne peut pas vendre une sacoche avenue Louise sans être bilingue, mais on peut devenir Premier Ministre sans bien parler le néerlandais !".
" Ce sont ceux qui veulent garder la Belgique qui sont à peine audibles en néerlandais. Onkelinx, Milquet et Di Rupo n'y arrivent pas" (ne le peuvent pas)
-"Quid lorsque la future génération de politiques flamands ne parlera plus le français ? Tout le monde un Assimil pour l'anglais ? A un moment, on va se réveiller dans un film de la Panthère Rose…
-"Moi, en 2007, pour mes cours de français à Limont, j'ai eu un exercice où je devais appeler l'Office du tourisme à Liège. Et j'ai dit: " Bonjour ! c’est Bart De Wever à l’appareil Je voudrais venir pour une croisade" (au lieu de.. croisière). (…) "Je serai le dernier à sourire donc d’un francophone qui fait fait une faute en néerlandais. “

Et, enfin, De Wever,  sibyllin, sur l'avenir de son parti et indirectement le sien:
"Il y a peu de choses plus importantes qu'Anvers sauf cette question, plus importante qu'Anvers..." Comme quoi Bart De Wever, bourgmestre d'Anvers, ce n'est pas encore fait: parce que, sans son homme providentiel, que deviendrait le "parti De Wever" ?
- Et, finale sûre d'elle de De Wever : "Les partis traditionnels sont tombés de 80% à 45%. L'histoire ne changera pas de direction. "Our day will come".

dimanche 23 octobre 2011

Les "Francs Tireurs" (RTL-TVI) du 23/10: les histrions d'une sotte pipolisation ( Louis Michel, Melchior Wathelet, Philippe Courard; Jean-Marc Nollet)

 Je suis de ceux qui, ceux qui me font le plaisir de me lire sur ce blog le savent, n'ont aucun préjugé vis à vis d'une certaine dose de "pipolisation".
En 2011, l'électeur a envie et a le droit de connaître un peu mieux l'homme politique pour lequel il vote...
Tout est évidemment question, en communication réfléchie, de mesure et de climat ambiant de la société qu'on est censé représenter.
Donc lorsqu'on a découvert les vidéos de "Sud-Presse" (joli coup média) où certains de nos politiques  acceptaient de se mélanger à des personnalités diverses (Jacques Mercier, Kroll, Scoriels, etc...) pour se déguiser en... personnages de Tintin, on s'est pincé au sang.
`On s'est dit: "Mais dans quel monde clos vivent-ils, nos politiques?" ( Melchior Wathelet, censé être en première ligne pour les dix milliards à trouver pour le budget 2012; Philippe Courard; Jean-Marc Nollet...) (cliquez sur les noms pour voir les vidéos)
Comment ne pas se rendre compte que, loin de servir leur image (au nom de l'argument ressassé : "faut bien être sympathique"), c'est totalement désastreux cata en communication.
On croit rêver: Dexia est un drame financier qui risque de plomber la prospérité relative de la Belgique; Arcelor-Metal, SNCB et plein d'entreprises moins en vue liquident des milliers d'emplois; les prix de l'électricité et du gaz électrocutent le pouvoir d'achat; le problème des demandeurs d'asile n'est qu'un immense boxon hautement exploité (à juste titre) par la N-VA (huit ministres concernés) et voici que des élus trouvent le moment opportun pour se comporter comme des histrions.
Carrément imbéciles autant que sots.
Imaginez-vous Alain Juppé se déguisant en Obelix ?
Croyez-vous que Bart De Wever se laisserait aller, lui, à une telle, oui il n'est pas d'autre mot, indignité politique?
Le ridicule ne tue pas:  mais il est des moments où l'on désespère vraiment des hommes politiques.

(mon coup de gueule de Franc-Tireur sur la vidéo bachibouzouk de Louis Michel en Capitaine Haddock est vers la 23ème minute de la séquence...)

 
Une vidéo à découvrir sur www.rtl.be



mercredi 19 octobre 2011

Lobby Awards 2011 de la com’: l’étrange pudeur des politiques à admettre leurs stratégies de séduction


C’est assez étonnant : la séduction est inhérente à la politique. 
Et pourtant rares sont ceux qui, rue de la Loi, sont prêts à admettre, à avouer que c’est pour eux, tantôt une stratégie, tantôt carrément un état d’aguet permanent.
C’est que séduire- c’est à dire aujourd’hui recourir à la communication politique- ça vous a toujours un côté péjoratif, de dégradation de la chose publique. Qui s’opposerait à la supposée “noblesse de la politique”. Laquelle ne passerait forcément que par la force des convictions, de la raison, des arguments hélas parfois soporifiques.
La réalité est que l’un ne va pas sans l’autre, et ce depuis la nuit des temps.
En ces temps ou l’image est reine (la métamorphose de François Hollande en étant le témoin du moment), il faut sans cesse répéter que le succès politique relève de divers mécanismes complexes, souvent mystérieux, sinon miraculeux.
D’un étrange cocktail qui fait que communiquer avec toutes les ficelles des esbrouffeurs de la com’ ne suffit aucunement à garantir quelque succès politique (ils font d’ailleurs souvent pire que mieux, tuant l’authenticité-atout de leur victime…).
Et qu’à l’inverse, l’homme aux convictions fortes ne peut non plus, désormais, se passer des stratégies de la séduction.
On y pensait en découvrant le “cru 2011” des “Lobby Awards” de la communication politique (on lira le palmarès ci-dessous) qui, mine de rien, fait somme toute très vite et très bien le “tri” pour ce qui est de la faune de notre microcosme politique (généralement inconnue au delà de 150 km à vol d’oiseau).
D’un côté les grands fauves  (le matois Di Rupo cette fois devant le rugissant De Wever; Reynders, Javaux, Vande Lanotte, Onkelinx), de l’autre les espoirs peu ou prou convaincants ou encore parfois par trop sous-estimés (Ch. Michel, Benoît Lutgen, Paul Magnette, Wouter Beke) .
Et les plus grands ne sont pas à l’abri d’une erreur de “markétisation” aux ficelles par trop ficelées. Oh, ce n’est qu’un détail mais –selon la formule agaçante en vogue à la rue de la Loi- “le diable se cache dans les détails”.
Tiens, au passage, a-t-on ainsi assez perçu, du côté francophone, qu’Elio Di Rupo (Numero Uno au classement général, premier pour la “compétence”, deuxième en “talent médiatique”), avait été assez mal perçu au Nord avec son cadeau ( l’énorme lapin Noukie) “plus que ringard”, “un cadeau-cauchemar comme on en faisait en Flandre il y a 20 ans”, à Nette Beke.
(zavez remarqué: Alexander et Wouter ont donc conçu leur progéniture entre les deux démissions de Johan Vande Lanotte, en janvier dernier)
Didier Reynders, en remontée (3ème) (photo Stanley David de Lossy)
Une chose est de se débrouiller honnêtement en néerlandais; autre chose est de percevoir les moeurs, les sensibilités de l’époque en Flandre.
Observons aussi un instant Bart De Wever (n°1 l’an dernier au classement général de ces “Lobby” et toujours, en 2011, en tête pour ce qui est de la “cohérence” et du “talent médiatique”).
Voici le type même du politique qui joue, en communication, sur l’identification à l’électeur, sur l’adaptation momentanée à chaque catégorie sociale de la Flandre. 
Bart a bien lu Cicéron et a fichtrement bien adapté l’antique formule magique: puisqu’il est comme le bon flamand, le bon flamand croira en lui. (d’autant plus que le nationalisme séduit en promettant toujours un avenir meilleur mais forcément lointain).
Je n’arrête pas de lire ou d’entendre, ces dernières semaines, moult savants commentaires m’expliquant à l’envi “que Bart De Wever et la N-VA ne seraient plus très bons”, que “Bart a loupé le coche de l’histoire” et autres prédictions catastrophiques pour le grand gagnant des "Lobby Awards" d' il y a un an.
Las, c’est oublier un peu vite une règle politique qui veut qu’un parti (ici, la N-VA) peut aussi bénéficier des jugements négatifs portés sur les autres. 
Et que le CD&V de Wouter Beke (qui ne peut prendre une décision ferme sans devoir en référer à Kris Peeters) et que l’OpenVLD d’Alexander De Croo (au caractère léger autant qu’imprévisible) sont à tout le moins en méforme, sinon en voie d’être lâchés ou punis par une partie de leur électorat qui n’avale plus forcément ce que lui vendent les élites.
Dans ce climat bizarre, comme si la Flandre était émotionnellement déchirée, on ne peut constater qu’une chose: c’est que, jusqu’à nouvel ordre, sondage après sondage, ça plane toujours pour De Wever et que le “Bartland” se porte bien. Dernier coup de sonde en date à Anvers, fief il est vrai de De Wever, où la N-VA se voit carrément pronostiquée d’une trentaine de pour cent aux prochaines communales tandis que le CD&V s’effondrerait à… 4%.
Ce qui ramène toujours à une très bonne question:
dans l’optique de son seul intérêt de parti, l’erreur du CD&V n’a-t-elle pas été, non pas d’inventer le cartel CD&V-N-VA, mais bien de le défaire ?

Laurette Onkelinx avec Paul Grosjean (Lobby)(photo Stanley David de Lossy)





TOP 10






Pts
1
Elio Di Rupo
155
2
Bart De Wever
134
3
Didier Reynders
66
4
Olivier Maingain
61
5
Jean-Michel Javaux
48
         6
Johan Vande Lanotte
42
7
Paul Magnette
34
8
Laurette Onkelinx
29
9
Karl-Heinz Lambertz
27
10
Charles Michel
14

Melchior Wathelet
14
TOP 3 par dimension


Pts

Compétence


Elio Di Rupo
45

Didier Reynders
30

Johan Vande Lanotte
24

Cohérence


Bart De Wever
38

Elio Di Rupo
26

Olivier Maingain
25

Réactivité


Olivier Maingain
26

Elio Di Rupo
20

Bart De Wever
14

Talent médiatique


Bart De Wever
49

Elio Di Rupo
32

Paul Magnette
14

Forme


Elio Di Rupo
32

Bart De Wever
28

Jean-Michel Javaux
23