Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 19 octobre 2011

Lobby Awards 2011 de la com’: l’étrange pudeur des politiques à admettre leurs stratégies de séduction


C’est assez étonnant : la séduction est inhérente à la politique. 
Et pourtant rares sont ceux qui, rue de la Loi, sont prêts à admettre, à avouer que c’est pour eux, tantôt une stratégie, tantôt carrément un état d’aguet permanent.
C’est que séduire- c’est à dire aujourd’hui recourir à la communication politique- ça vous a toujours un côté péjoratif, de dégradation de la chose publique. Qui s’opposerait à la supposée “noblesse de la politique”. Laquelle ne passerait forcément que par la force des convictions, de la raison, des arguments hélas parfois soporifiques.
La réalité est que l’un ne va pas sans l’autre, et ce depuis la nuit des temps.
En ces temps ou l’image est reine (la métamorphose de François Hollande en étant le témoin du moment), il faut sans cesse répéter que le succès politique relève de divers mécanismes complexes, souvent mystérieux, sinon miraculeux.
D’un étrange cocktail qui fait que communiquer avec toutes les ficelles des esbrouffeurs de la com’ ne suffit aucunement à garantir quelque succès politique (ils font d’ailleurs souvent pire que mieux, tuant l’authenticité-atout de leur victime…).
Et qu’à l’inverse, l’homme aux convictions fortes ne peut non plus, désormais, se passer des stratégies de la séduction.
On y pensait en découvrant le “cru 2011” des “Lobby Awards” de la communication politique (on lira le palmarès ci-dessous) qui, mine de rien, fait somme toute très vite et très bien le “tri” pour ce qui est de la faune de notre microcosme politique (généralement inconnue au delà de 150 km à vol d’oiseau).
D’un côté les grands fauves  (le matois Di Rupo cette fois devant le rugissant De Wever; Reynders, Javaux, Vande Lanotte, Onkelinx), de l’autre les espoirs peu ou prou convaincants ou encore parfois par trop sous-estimés (Ch. Michel, Benoît Lutgen, Paul Magnette, Wouter Beke) .
Et les plus grands ne sont pas à l’abri d’une erreur de “markétisation” aux ficelles par trop ficelées. Oh, ce n’est qu’un détail mais –selon la formule agaçante en vogue à la rue de la Loi- “le diable se cache dans les détails”.
Tiens, au passage, a-t-on ainsi assez perçu, du côté francophone, qu’Elio Di Rupo (Numero Uno au classement général, premier pour la “compétence”, deuxième en “talent médiatique”), avait été assez mal perçu au Nord avec son cadeau ( l’énorme lapin Noukie) “plus que ringard”, “un cadeau-cauchemar comme on en faisait en Flandre il y a 20 ans”, à Nette Beke.
(zavez remarqué: Alexander et Wouter ont donc conçu leur progéniture entre les deux démissions de Johan Vande Lanotte, en janvier dernier)
Didier Reynders, en remontée (3ème) (photo Stanley David de Lossy)
Une chose est de se débrouiller honnêtement en néerlandais; autre chose est de percevoir les moeurs, les sensibilités de l’époque en Flandre.
Observons aussi un instant Bart De Wever (n°1 l’an dernier au classement général de ces “Lobby” et toujours, en 2011, en tête pour ce qui est de la “cohérence” et du “talent médiatique”).
Voici le type même du politique qui joue, en communication, sur l’identification à l’électeur, sur l’adaptation momentanée à chaque catégorie sociale de la Flandre. 
Bart a bien lu Cicéron et a fichtrement bien adapté l’antique formule magique: puisqu’il est comme le bon flamand, le bon flamand croira en lui. (d’autant plus que le nationalisme séduit en promettant toujours un avenir meilleur mais forcément lointain).
Je n’arrête pas de lire ou d’entendre, ces dernières semaines, moult savants commentaires m’expliquant à l’envi “que Bart De Wever et la N-VA ne seraient plus très bons”, que “Bart a loupé le coche de l’histoire” et autres prédictions catastrophiques pour le grand gagnant des "Lobby Awards" d' il y a un an.
Las, c’est oublier un peu vite une règle politique qui veut qu’un parti (ici, la N-VA) peut aussi bénéficier des jugements négatifs portés sur les autres. 
Et que le CD&V de Wouter Beke (qui ne peut prendre une décision ferme sans devoir en référer à Kris Peeters) et que l’OpenVLD d’Alexander De Croo (au caractère léger autant qu’imprévisible) sont à tout le moins en méforme, sinon en voie d’être lâchés ou punis par une partie de leur électorat qui n’avale plus forcément ce que lui vendent les élites.
Dans ce climat bizarre, comme si la Flandre était émotionnellement déchirée, on ne peut constater qu’une chose: c’est que, jusqu’à nouvel ordre, sondage après sondage, ça plane toujours pour De Wever et que le “Bartland” se porte bien. Dernier coup de sonde en date à Anvers, fief il est vrai de De Wever, où la N-VA se voit carrément pronostiquée d’une trentaine de pour cent aux prochaines communales tandis que le CD&V s’effondrerait à… 4%.
Ce qui ramène toujours à une très bonne question:
dans l’optique de son seul intérêt de parti, l’erreur du CD&V n’a-t-elle pas été, non pas d’inventer le cartel CD&V-N-VA, mais bien de le défaire ?

Laurette Onkelinx avec Paul Grosjean (Lobby)(photo Stanley David de Lossy)





TOP 10






Pts
1
Elio Di Rupo
155
2
Bart De Wever
134
3
Didier Reynders
66
4
Olivier Maingain
61
5
Jean-Michel Javaux
48
         6
Johan Vande Lanotte
42
7
Paul Magnette
34
8
Laurette Onkelinx
29
9
Karl-Heinz Lambertz
27
10
Charles Michel
14

Melchior Wathelet
14
TOP 3 par dimension


Pts

Compétence


Elio Di Rupo
45

Didier Reynders
30

Johan Vande Lanotte
24

Cohérence


Bart De Wever
38

Elio Di Rupo
26

Olivier Maingain
25

Réactivité


Olivier Maingain
26

Elio Di Rupo
20

Bart De Wever
14

Talent médiatique


Bart De Wever
49

Elio Di Rupo
32

Paul Magnette
14

Forme


Elio Di Rupo
32

Bart De Wever
28

Jean-Michel Javaux
23