Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

dimanche 8 septembre 2013

Ma "Balise médiapolitique" dans Marianne Belgique (31/07/2013) : La fable des Diables Rouges.



La fable des Diables Rouges



Elio Di Rupo a un point commun avec le Grand Jojo, alias Jules Vanobbergen: il table aussi beaucoup sur le Mundial pour se refaire. Dans le montage narratif de communication qu’on construit ces temps-ci au 16 rue de la Loi, l’engouement pour les Diables Rouges serait un chapitre-clé du conte populaire ou la vilaine sorcière N-VA perdrait toute magie. Ce qu’on appelle le Good News Show des partis de la majorité, ce chapelet d’arguments destiné à démontrer que De Wever a tout faux et que la Belgique fonctionne et resterait efficace.

De fait, c’est dans le sport que la pérennité de nations supposées en voie d’évanescence rebondit souvent avec de vuvulezants affects. Comme si, à l’heure de l’Europe, seul le sport pouvait encore rallumer un patriotisme terne. Mais c’est toujours là passion très momentanée. C’est, à l’analyse, un pur produit de l’émotion qui n’a guère à voir avec le pouvoir, donc avec la politique. C’est qu’il y a comme un nationalisme ordinaire, celui qui est omniprésent dans la vie quotidienne du belge. Celui-ci est attaché au paysage de sa Sécurité Sociale; il l’est, tout aussi banalement, aux Diables Rouges. Cela n’a guère à voir avec des choix politiques. Les Diables Rouges comme joker électoral, c’est une fable.

L’affection, en Flandre, pour les Diables, tient quasi exclusivement de la séduction d’une équipe talentueuse et, surtout, à leurs récents exploits sportifs. N’en déplaise à ceux qui tablent que onze joueurs courant derrière un ballon peuvent influencer diablement un résultat électoral.

La communication de la N-VA surgit souvent là où on ne l’attend pas. Subtile ou tordue selon les avis, mais souvent imparable, car jamais à la sauce aigrie.

Lors du délicat avènement du Roi Philippe, les républicains flamands avaient déjà veillé a prendre du recul,  ne critiquant que la fonction et jamais l’homme Philippe, malgré ses failles. Objectif: éviter l’extrémisme, une image qui serait paradoxalement par trop anti-belge.

Pour les Rode Duivels, les nationalistes ont opté kif pour une stratégie d’au-dessus de la mêlée.

“Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions applaudir une équipe nationale représentant les diverses communautés” a lâché l’autre jour Bart De Wever, définissant ainsi la doctrine et l’élément de langage à tenir par ses cadres.

Ce n’est donc pas demain la veille que la N-VA se fera les griffes sur ce symbole belge qu’est l’équipe de Vincent Kompany, au risque alors de lui donner un rôle quasi politique.

En mai 2014, ce sont davantage des personnages (Di Rupo vs De Wever) qui s’affronteront, bien plus que des partis. Et De Wever n’a nullement l’intention de se faire piéger dans une élection qui se transformerait en quasi référendum pour ou contre la Belgique, qu’il perdrait inévitablement.

De Wever marche sur des oeufs: il sait que la plus large part de son électorat composite, s’il est allergique au “système belge”, à “l’inefficacité du bric à brac “ du gouvernement Di Rupo, n’en rejette pas pour autant une incertaine Belgique.

Le flamand qui votera N-VA en mai 2014 sera pragmatique, comme d’habitude: pour une autre fiscalité, une autre immigration, pour un confédéralisme qui permettrait à la Flandre d’être plus prospère/ou égoïste, pour maîtriser elle-même sa compétivité (ben oui, l’industrie est en Flandre, le coût salarial est jugé comme laissant les wallons trop indifférents)… Bref, pour ses intérêts.

Or, De Wever se méfie- sauf lorsque ça l’arrange- de l’irrationnel, de l’émotionnel comme de la peste. Donc, on supportera là aussi, fut-ce mollement, les Diables Rouges, ce qui ne manque pas d’un certain sel par rapport à l’habituelle vision des “deux démocraties”…. Et le Grand Jojo pourra agiter en toute indifférence politique ses cariocas, et son “drapeau belge qui seul peut sauver la Belgique”. Samba!



Michel HENRION

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