Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

lundi 6 mai 2013

Ma "Balise médiapolitique" de Marianne Belgique (13/04): 16, rue de la Loi, l’Agence sans risques…


 Les “Baromètres politiques”, ces sondages d’opinion si chers aux médias, sont assez d’accord sur un point. Avec une cote de bulletin variant peu ou prou autour des cinq points sur dix, c’est une constante: le gouvernement Di Rupo n’est ni vraiment impopulaire, ni franchement populaire.
Ce qui postule un comportement quasi automatique: sans forte popularité, de grands changements politiques sont toujours improbables. Logique: les partis de toute coalition sans popularité forte ont tendance à prêter plus d’attention aux groupes de pression dont ils sont proches. D’autant plus à l’approche d’élections. L’update budgétaire, sans mesures très marquantes, en est le témoin: des semaines de conclave pour une panoplie sans risques. Jusqu’au prochain épisode puisque, à part des budgets, que font-ils d’autre au fédéral ?
C’est qu’Elio Di Rupo, en bon politique non sans charisme empathique, applique aussi à la lettre une règle absolue de la com’ de tout Premier Ministre hypra-rodé. Lorsqu’il y a risque d’impopularité, ne jamais donner l’impression de l’action personnelle. D’où son usage si fréquent du mot “Nous”. Qui, selon que les circonstances soient positives ou négatives, est parfois tout bénéfice sans  postuler pour autant, dans le cas inverse, un risque d’impopularité sur sa seule pomme de chef de file d’une sexipartite aux idéologies si contradictoires.
“Nous veillons à un équilibre entre économies à réaliser et recettes qui n'entrave pas le fragile redressement” a-t-il ainsi lancé pour résumer l’ajustement budgétaire.
“Nous règlons les problèmes”, “Nous restaurons la confiance”, “Nous faisons mieux qu’ailleurs” sont  le sirop de trompe d’Eustache de cette ligne qui applique les directives de la Commission Européenne tout en affirmant se mettre à la place des gens. Avec le hic que,  plus on gratte des milliards, plus il faut puiser dans le stock des mots-écrans pour relativiser des réalités souvent cruelles dans la vraie vie.
La com’ du Premier Ministre se veut  de fait au dessus de la mêlée. Avec, hormis l’assez confidentiel rituel parlementaire du jeudi, un minimum de risques de confrontation. Juste de temps à autre, si les circonstances s’y prêtent, un “road trip” réglé au millimètre des plateaux télé de toutes les chaînes. Une sorte de “communication gouvernementale” ambulante puisque les questions, fussent-elles très journalistiques et incisives, ne déclenchent jamais que de mêmes réponses nourries aux invariables éléments de langage OGM. Bref, une gestion d’image obsédée par l’évitement du risque politique (la “bombe ACW”) ou médiatique. Cela fonctionne plutôt bien d’ailleurs, sauf  lors de cette récente tentative de dribbler les médias traditionnels en skypant avec des citoyens lambda baptisés “cobayes de la nouvelle technologie” (sic) et en diffusant les réponses d’ “appelez-moi-Elio” sur You Tube. Résultat vérifié après un mois de mise en ligne: rikiki. Quelques centaines de visions s’additionnant pour totaliser moins qu’un court-métrage finlandoche sur la Trois. T’as des vidéos de proximité supposée, mais t’as pas de spectateurs. Pour faire le buzzz, on a vu mieux, n’est-ce pas Nabilla ?

Michel Henrion.