Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

jeudi 23 juin 2011

Les Sextos d’Yves Leterme : l’insoutenable légèreté d’un être…(ou il faut peut-être se souvenir de Christine Keeler)


Cela dégouline, ça gargarisme tout de même d’hypocrisie, le dossier des Sextos d’Yves Leterme.
Hypocrisie  politique (une sorte de “raison d’Etat” de crise qui balayerait, condamnerait tout regard moral, voire simplement sociologique sur l’affaire) ou médiatique. (ça me faisait penser à cet hebdo français ou je lisais un édito vigoureux sur les dérives du dossier DSK, oubliant juste que ledit newsmagazine en était à sa troisième ”Une”  racoleuse sur l’ex-boss du FMI).
Ou encore ce subit rejet de la presse “people” dans les pages desquelles les politiques du Nord (les “BV”) se sont pourtant vautrés depuis des années.
Changement de température depuis les SMS de “Story” ?
La députée Open VLD Fientje Moerman vient de refuser de participer à un  jeu  de VTM, déclinant “le rôle du bouffon de la cour des médias.” 
On mesure ses mots: il est une évidence, et ce n’est pas rien : Yves Leterme ment.
On peut le comprendre: sa mésaventure est parfumée au scénario de “Fatal attraction”, ce film ou l’aventure libertine de Michael Douglas se transformait en un véritable cauchemar dont il ne savait s’extirper, poursuivi par un amour aussi fou que jaloux …
(Au fil du temps, les SMS publiés de Leterme devenaient plus distants: pas le temps, en réunion…)
La communication d’Yves Leterme en devient, du coup, de plus en plus étonnante.
Ce que nul n’a songé à rappeler ces jours derniers, c’est que ce qu’a publié “Story” n’est pas la première vague dérangeante.
Fin novembre 2010, l’autre grand magazine people du Nord, “Dag Allemaal”, avait affiché à sa “Une” ce titre secouant : “ Leterme suivi jusqu’à Londres par une femme qui s’affirme sa maîtresse. Les détails + leur relation”.
Novembre 2010, déjà.
Mais le plus ahurissant –on l’avait écrit ici à l’époque- c’est qu’Yves Leterme avait accepté  de donner au puissant hebdo (groupe Van Thillo) une longue interview assez ahurissante. 
Puisque le Premier Ministre déjà en affaires courantes y acceptait de répondre à quelque…vingt-cinq questions intimistes du journaliste Guy Van Gestel (il disait  connaître le ”trophée” -sic-  mais démentait être parti à Munich en sa compagnie; il précisait qui était exactement à ses côtés dans un Eurostar; où il  avait vraiment dormi à London, etc…)
La réaction du Premier Ministre avait laissé pantois: dans ces cas-là, en communication, il n’est évidemment qu’une règle: se taire. No comment. Motus.
Et surtout ne pas s’auto-justifier en ouvrant, lui-même- oui lui-même- le débat sur sa vie privée.
Et,  pourtant Yves Leterme, échaudé, ne se montre pas moins maladroit aujourd’hui face à “Story” (groupe Sanoma) et aux confessions intimes et vengeresses de Marijke Van Steenberge, déjà sans doute à l’origine, l’an dernier, des premières révélations de “Dag Allemaal”.
Se disant “choqué”, l’homme a choisi, dans sa com’, d’adopter la même ligne mouardée  de défense que celle qui fut tout récemment fatale au démocrate Anthony Weiner aux USA (qui twittait des photos intimes): les SMS seraient faux ou piratés, et le reste inventé à l’avenant. Pour un peu il enverrait, depuis Singapour, des cartes postales très affectueuses à toutes celles qui visitent ses permanences sociales...
Le hic, c’est qu’on attend toujours une plainte d’Yves Leterme pour usurpation d’identité. (le provider pourrait vite fait déterminer si les SMS ont où non été envoyés depuis Brasschaat) Le hic c’est que “Story” ne s’est pas embarqué sans biscuits: et que des cartes postales, des mails, d’autres SMS d’un autre GSM, d’autres détails amusants ou sordides sont dans sa besace, livrés par la jalouse Marijke, la Glenn Close de Brasschaat.
Le hic final c’est que, à peine “Story” sorti de presse, Yves le Gaffeur aurait illico laissé un message très inquiet, montant en mayonnaise, sur le répondeur de son ex. Qui l’a évidemment balancé illico au “Laatste Nieuws”.
Il y a donc mensonge. Mais si on n’est heureusement pas dans la puritaine atmosphère américaine, on n’en est pas moins, à tout le moins en Flandre, dans un pays encore fortement marqué par les valeurs social-chrétiennes.
 Glenn Close de Brasschaat ?
Oh, bien sûr, le monde change mais les vieux réflexes ne sont pas si loin dans la bonbonnière à bien-pensance, même si le CD&V d'aujourd'hui est très différent de feu le CVP .
Le premier divorce de Wilfried Martens fit débat dans son parti et il en subit les conséquences; un brillant président social-chrétien, Johan Van Hecke, démissionna encore en 1996 pour s’être sincèrement épris d’une journaliste qu’il épousa…
Vous croyez vraiment que ce monde là acceptera, digèrera les fantasmes de Leterme, si peu sociaux-chrétiens ?
Ces Sextos, au sein du CD&V, sont une arme cruelle offerte à ses adversaires. Et l’homme  de Ypres ne doit avoir aucune illusion: elle servira. Et pour De Wever, fidèle, épouse dûment catho, c'est aussi tout bonus.
A les relire, les SMS d’Yves Leterme montrent aussi dramatiquement la réalité d’un personnage. Et pas forcément brillante. Avec ses pulsions, ses rancoeurs, ses frustrations, un certain mal être.
Et une totale imprudence qui laisse pantois.
Ce que l’on devine c’est un Premier Ministre, un ex-ministre des Affaires Etrangères, qui papillonne, bilboque, bidougoche, conjugâte, bref drague un peu tout ce qui bougeotte, qui le croise en “amie” sur Facebook ou dans une réception d’ambassade, au Congo au ailleurs…
Christine Keeler
Un angle sexué dont il n’est pas inopportun de se demander ce qu’en pense la Sûreté de l’Etat et surtout tous les autres services secrets qui marquent pour le moins beaucoup d’intérêt pour ce pays. Qui abrite tout à la fois le coeur de l’OTAN et la capitale de cette Europe qu’Yves Leterme vient de présider six longs mois. Dans ses SMS, Yves Leterme cause déjà Tadzjikistan ou Afghanistan. Marijke, qui ne fut que vaguement candidate au ministère des Affaires Etrangères, n’est assurément pas Christine Keeler, la star (car liée à la fois à ce Ministre de la Défense et  à un secrétaire de l'ambassade d'URSS) de la célèbre “affaire Profumo” qui, dans les années ’60, ébranla toute la Grande-Bretagne, forçant le chaud du valseur John Profumo à démissionner. (il avait menti, lourd péché en politique britannique) Une photo gênante, on ne sait jamais ce que ça peut provoquer.
C’est donc tout de même  une putain de bonne question que de se demander ce qu’un homme léger peut raconter, une fois sur dodo à ressorts.

Update : Steve Stevaert, ex-star politique SPa de Flandre- qui fut encore plus populaire que Bart De Wever- est tombé, apprend-on, dans le piège amoureux d'une "séductrice marocaine" et s'est retrouvé victime d'une tentative criminelle  chantage et d'une extorsion de fonds, sextapes apparemment à l'appui. L'homme fort du Limbourg a  porté plainte  au parquet contre ce qui pourrait être une "organisation criminelle". Cela conforme qu'à force de séduire, certains hommes politiques se montrent bien imprudents et prennent bien des risques (chantage , espionnage, etc...)