Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

samedi 23 octobre 2010

Politique et people : Joëlle Milquet veut séduire la Flandre en balançant ses hauts-talons pour la séance-photo de “ Nina”…


Quelles sont les limites du people à ne pas franchir par une personnalité politique ?
Si une part est assurément positive (l’électeur  peut mieux comprendre les multiples facettes de la personnalité pour laquelle il vote) quand cela vire-t-il négatif ? Au détriment même du “politique”, cet art si mal considéré aujourd’hui …
Le débat, qui fut récemment agité par Michel Daerden ( sa mise en scène romaine avec sa fille Aurore) ou Jean-Michel Javaux (ses confessions sex, drogue et rock’n  roll) vient de ressurgir de par le “coup media” de Joëlle Milquet.
Qui vient de s’adjuger rien de moins que la “cover” du magazine flamand “Nina”, le supplément hebdo du plus grand tirage de la presse flamande, “ Het Laatste Nieuws”.
A l’instar de ses collègues présidents de partis francophones, celle qui préside encore aux destinées du CDH ne récolte aucune voix en Flandre.
Donc, l’objectif ici est clairement de modifier une image telle qu’on la perçoit au Nord : celle de “Madame Non”. Et, de fait, le magazine présente Joëlle Milquet “ comme on ne l’a jamais vue” et sous une accroche de couverture  théoriquement  peu racoleuse (Vicepremier Joëlle Milquet).
Car si le titre est aussi gai qu’une “Une” du “ Moniteur Belge”, il est assorti d’une déjà étonnante première photo : Joëlle Milquet posant à califourchon sur une chaise, tailleur camel et pieds chaussés de lacets dits à la tropézienne. Des hauts-talons que Joelle envoie illico valdinguer en pages intérieures pour poser cette fois, en double page, les pieds nus, grosse montre d’homme au poignet, dans un élégant tailleur devenu gris chic…
Au total, huit  clichés photoshootés par le talentueux Wim Van Genachte selon tous les critères du reportage photographique de mode, maquillage et éclairages subtils à l’appui, la présidente du CDH se prêtant au jeu de la garde robe bcbg, sautant du costume féminisé au  gros pull-manteau-tricot sur fond d’Eglise, si,si, en lointain…
Un reportage proche des moeurs des médias du Nord (ou les personnalités politiques acceptent aisément de jouer au “ Bekende Vlamingen”) mais encore éloigné du ressenti francophone. 
Certes, on a vu déjà, de par le passé, des politiques bien de chez nous se prêter à des séances-photo pour le moins parfois incongrues, mais assurément pas dans une telle période de crise. Ou l’homme de la rue aspire plutôt à du sérieux et du sens des responsabilités. Ici, c'est clairement la période choisie pour ce photo-reportage qui peut faire problème. Et on s'étonne que nul, au sein du premier cercle de Milquet, ne lui ait dit "stop".
Joëlle Milquet doit pourtant avoir eu conscience du danger puisqu’elle prend soin de préciser  en substance, dans l'interview, qu’elle avait quelque réticence et “qu’elle ne voulait point trop s’exposer” .
Je fais de la politique. Point”, martèle-t-elle avant  de se découvrir les petons et d’ôter ses élégantes chaussures lacées, style (pour les connaisseurs) des célébrissimes marques Rondini et K Jacques
Bizarre: il y a comme une curieuse contradiction de communication entre l'interview, très banale somme toute, assez contrôlée, et un reportage-photo délire en total décalage. De fait – le magazine “Nina” étant positionné très lifestyle féminin- Joelle Milquet y parle abondamment (avec raison) du “terrible monde macho” qu’est la politique, n’apprécie guère qu’Yves Leterme ait  accepté une biquette surnommée “Joëlle” (“ Moi, je n’appellerais jamais un chien Bart ! “) et précise à l’occasion qu’elle a d’ailleurs craqué pour un deuxième bichon ( après Laïka, cinq ans, c’est Luna qui fait la joie de ses enfants, la “priorité de sa vie” : Clara (8), Sacha (11), Laura (16) et Raphael (18)).
Lesquels, grâce à la crise politique, ont d’ailleurs pu voir bien plus que de coutume leur maman: qui a fait elle-même les achats d’une rentrée scolaire “parfaite”, leurs cahiers n’ayant jamais été aussi parfaitement recouverts…
Joelle, adepte du fitness et de la natation, ne souffre par ailleurs, confie-t-elle au lecteur du Nord, d’aucun problème d’insomnie. Par contre, la voici pas très à l'aise avec son âge : "Cela me déprime un peu, avoue-t-elle. Je dis toujours que j'ai le même âge qu'Obama et que je suis plus jeune que Madonna..."
Une révélation au passage : la présidente du CDH n’oublie jamais la date-anniversaire de Didier Reynders (le 6 août) et ce même si elle est en vacances à cette date !
Si elle apprécie Pieter De Crem, Wouter Beke, Inge Vervotte et Herman Van Rompuy (ben oui, la famille social-chrétienne, ça existe toujours ), Joëlle Milquet nous livre son petit hit-parade perso quant à l’homme politique “le plus craquant” de la rue de la Loi.  
 Si elle juge que Kris Peters a du charme, de même que Stefaan DeClerck “à sa manière”, c’est vers les libéraux flamands que se tourne Joëlle: à savoir les beaux garçons que sont, à ses yeux, Matthias De Clercq et –surtout- Alexander De Croo, “qui aurait pu être acteur".
Quand on vous le disait, que ce n’était décidément pas la semaine de Paul Magnette.



MILQUET, PIEDS NUS EN PERIODE DE CRISE (VIDEO de "SANS LANGUE DE BOIS")