D’aucuns jouent à des jeux de plus en plus dangereux.
Le constat doit être posé: à force de vouloir, plus ou moins ouvertement, “isoler la N-VA”, c’est souvent l’inverse qui finit par se produire, au Parlement ou dans l’opinion.
Il n’y a pas que Bart De Wever à se raser le matin devant le miroir rassurant de ses 27 sièges à la Chambre: sans ses 26 sièges gagnés aux déjà préhistoriques élections de juin 2010, (des résultats jamais démocratiquement traduits en influence gouvernementale) le PS serait bien moins assuré de son devenir. Avec Benoît Lutgen à la présidence du CDH et Charles Michel à celle du MR, le Bd de l’Empereur n’aura, c’est le western politique normal, qu’une relative police d’assurance: ses résultats électoraux.
On le voit bien : c’est déjà Elio Di Rupo qui doit pour le moins ramer pour maintenir ses corréligionnaires du SPa dans le jeu de ce qui serait plutôt la mission d'un informateur (définir les partis d'une coalition).
C’est surtout le fait que, dans cette évolution insidieuse qui a débouché sur un gouvernement hybride, sans pleine autorité, sans majorité stable au Parlement, les seuls textes qui parviennent à être adoptés sont pour le moins photographiés au centre-droit.
On l’a vu, entre autres, avec le durcissement du regroupement familial, on en a une vision encore bien plus spectaculaire avec la proposition de loi sur l’amnistie. (qui n’aurait, c’est clair, probablement pas passé la rampe avec une majorité fixe) Et on n’est pas au bout des surprises du genre, notamment pour ce qui de la politique d’asile.
La N-VA l’a dit: elle est, à l'instar de la mission du formateur, “libre comme l’oiseau” et, en démarchant patiemment parlementaire par parlementaire, à commencer par ceux du Belang, en arrive à faire la différence par des majorités qui isolent plutôt la gauche parlementaire, rouge ou groenverte.
La désignation du Palais est tombée dès lors qu’ Elio Di Rupo fut assuré, lundi, de n’avoir pas à mener de campagne interne pour sa réélection sans concurrence à la présidence du PS (après 12 ans, rejoignant ainsi dans la durée cet autre bourgmestre de Mons-président socialiste que fut Léo Collard): mais cela ne signifie pas que ses troupes lui laisseront pour autant une grande marge de manoeuvre, surtout sur le socio-économique ou l'homme annoncé presque du sang et des larmes.
Tout politique qui entend s’élever s’isole, vieille règle de vie. Mais l'isolement est aussi le pire des conseillers.