Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

vendredi 2 septembre 2011

Le canon à mépris du “Bartland” vexe tellement l’opinion du Sud que Maingain en vire soudain symbole sauce Happart…


Quel est le plus ancien des présidents de parti après l’exit de Joëlle Milquet et son bail de 12 ans ?
Elio Di Rupo ? (12 ans itou)
Z’y êtes pas: ce président installé depuis bientôt… seize ans et à qui aucune ambition volontariste ne semble jamais vouloir réellement disputer son siège*, c’est Olivier Maingain, qui succéda en octobre 1995 à la tête du FDF à Georges Clerfayt, le papa à Bernard de Schaerbeek. (11 ans de leadership)
C’est dire si l’homme amaranté en a vu des couleurs et des négociations mûres ou pas mûres, dont le fiasco des négos de la période “orange bleue”. Ou il croisa, des mois durant, un certain Bart De Wever, tout juste élu en deuxième position d’une liste CD&V-NVA menée par…Inge Vervotte.
C’est dire si l’avocat, devenu parlementaire à 31 ans, fait quelque part partie des “meubles politiques”, ayant pris depuis lurette le pli psychologique qui sauve de ne pas trop se soucier d’être apprécié ou vilipendé selon les uns ou les autres.
Une équipe de trois députés: toutes les ambiguités de l'alliance avec les libéraux.
Avec le bonus politique (meilleur score BHV en 2010 avec 62.988 voix de préférence) que donne souvent la constance, surtout si celle-ci est supportée par une tête de liste presque imposée aux purs libéraux bruxellois du MR.
Mais voici soudain un étrange phénomène médiapolitique: que cet homme-là, qui a traîné ses guêtres  dans moult négociations ou abords sans que ça fasse du foin, sans que ça dérange réellement grand monde, change soudain de statut et fasse subitement polémique.
Cela vire suspense: le bourgmestre  MR de Woluwé-St-Lambert  pourra-t-il siéger, oui ou non, autour de la table lorsque le formateur essaiera de béhachever mieux que Verhofstadt, Dehaene ou Leterme ? 
Cela vire même bizarre puisque le Nord  en arrivé, dans sa fixette, à contester subitement  jusqu’à cette règle d’or qui veut que chaque parti choisisse évidemment librement sa délégation.
C’est que Bart De Wever- si mythiquement diabolisé par l’opinion francophone- s’étant mis out, une certaine opinion flamande –qui diabolise tout aussi gravos le président du FDF- voudrait tant instaurer un parallélisme de la mise en quarantaine.
Conséquence: tout comme Bart gagne des points  au “Bartland” lorsqu’un Ecolo mal inspiré le traite de “parasite”, voici qu’ Olivier Maingain se hisse ces temps-ci au statut inattendu de “symbole” politique du combat anti-flamand, empruntant un peu les habits que José Happart avait un temps revêtus dans les années ’80, Fouron aidant.
C’est que  l’opinion du Sud a évolué bien plus rapidement que les négociateurs, fixés, obnubilés par la quête désespérée d’un accord.
Car le climat parfois pour le moins douteux du “Bartland”, ou d’aucuns géographient la Wallonie à l’instar de la Grèce, ou on ne voit au Sud que des “junkies” accros au profitariat, fainéantant de concert avec des myriades de faux handicapés, ça touche à des ressorts vitaux de la psychologie humaine: la fierté, l’amour propre.
Et génère ce besoin d’entendre quelqu’un dire leur fait aux flamands, de leur en remontrer, bref de leur river le clou, voire de leur rentrer dans le chou.
Et puisque la demande reste sans grande réponse du côté des sachems officiels de parti, si préoccupés par le souci "de ne pas envenimer les choses", de ne pas poser de gestes ou de mots dangereux “pour l’avenir”,  d'éviter les plateaux télé, voici que le bon vieux “provocateur Maingain” remplit subitement et utilement ce besoin, ce manque.
Oh, bien sûr, le wallon s’en tape souvent un peu le coquillard des communes de la périphérie qui ne lui apparaissent pas comme étant vraiment son problo. Oh, bien sûr, le français un brin pincé du président du FDF n’est pas trop sa tasse de pékèt. (l’implantation du FDF en Wallonie fait d’ailleurs toujours un peu bricolo…)
Peu importe: ce qui lui plaît au wallon, au francophone excédé et pas forcément FDF, c’est que quelqu’un y aille à la sulfateuse, à la tronçonneuse. Bref, réagisse fortement aux agressions du Nord.

Il faut d'ailleurs relever combien Maingain, sur les plateaux de télé, a presque adopté la même gestuelle que l’ami Bart: mains croisées, impavide,  sûr de son discours, fut-il répétitif.
De Wever a choisi depuis longtemps le regard fixe; Maingain lève plutôt les yeux au plafond ou vers ses chaussures. Tous deux indifférents en tout cas aux attaques qui glissent sur leur carapace comme pluie sur plume de canard.
Mais le résultat est kif: c’est du rentre-dedans.
Pour le MR de Charles Michel, où tout n’est certes pas décanté mais où l’on se concerte bien plus qu’on ne le pense, c’est là une carte intéressante dans cet objectif à peine dissimulé d’apparaître comme “le meilleur parti de la défense des francophones”, suivez déjà les petites pancartes "Fédération Wallonie-Bruxelles."
Le PS, jadis, utilisa ainsi habilement José Happart, aussi à gauche qu’une portière de voiture anglaise. Non sans devoir gérer les multiples exigences sinueuses du combattant fouronnais.
Les relations FDF-libéraux étant tout sauf simples, l’aura subite de Maingain, “l’idéaliste francophonissime”, a, pour le MR, itou ses défauts et ses qualités , selon que l’on privilégie pouvoir ou parti.
Les hommes-symbole, c’est joli, mais c’est compliqué…



NB: * Le seul à s’y essayer, fut un jour le “régionaliste” Didier Gosuin qui annonça sa candidature mais finit par y renoncer, Maingain "le communautariste" étant alors réélu avec 79,9% des voix.