Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 4 juin 2014

En Flandre, une surprise verte ? (chronique de M Belgique du 9/05/14)



En Flandre, une surprise verte?
 Les élections peuvent parfois se révéler des machines infernales pour les partis au pouvoir, pour les politologues par trop oracles, les experts trop gonflés de leurs analyses académiques ou de leur importance. C’est que le corps électoral sait parfois , par le vote qu’il a entre les mains, déstabiliser les plans de campagne supposés les mieux pliés. Un des plus beaux cas de figure est la chute en 2007, contre toutes attentes sondagières, de l’Open VLD de Verhofstadt, soudain ramené à 790.000 voix contre plus d’un million de suffrages quatre ans auparavant…
On ne cesse de photographier, chez les francophones, l’attirance vers les communistes du PTB ou la droite extrême du PP.
On a moins relevé, au Nord, la montée discrète des écolos flamands de Groen qui- malgré une campagne sans grand génie, sans vraie stratégie pour se muer en formation de gauche ambitieuse- pourraient cependant créer une surprise en Flandre le 25 mai. Et Groen devenir peut-être le troisième parti flamand, devant même les socialistes en méforme du SPa. Ce qui serait un événement marquant.
Il se dit souvent qu’Anvers est, en quelque sorte, la “boule de cristal”, le laboratoire électoral de la Flandre. Que ce qui s’y passe politiquement laisse présager l’évolution qui percolera ensuite dans la Flandre toute entière.
C’est, de fait, là qu’a d’abord germé le Vlaamse Blok-Belang avant  de contaminer la Flandre entière et, désormais, de s’y effondrer.
C’est là qu’est né le PVDA (appellation du PTB unitariste au Nord), aujourd’hui au pouvoir dans le district de Borgerhout. C’est là que l’OpenVLD, même avec Maggie, est déjà quasi insignifiant.  Et c’est évidemment dans la Métropole que Bart De Wever est devenu bourgmestre.
Dans un récent sondage de la Gazet van Antwerpen/Profacts, passé inaperçu au Sud parce que scrutant uniquement la province d’Anvers, la tendance est claire, au delà de la marge d’erreur. Groen, qui se trainait depuis lurette à 7% et des poussières, bondit désormais à 13%, devant les socialistes de Tobback Junior.
C’est, en quelque sorte, un phénomène comparable à la N-VA, dont la crédibilité lui permet de s’adjuger les “déçus droitiers” du CD&V, de l’Open VLD et, bien entendu, du Belang. Le parti de Wouter van Besien est, à l’instar de la N-VA, tout à la fois anti-système et dans le système (appui à la réforme de l’Etat)
Groen, c’est la formation qui peut attirer les jeunes mais aussi les déçus de la gauche traditionnelle, un peu à l’instar des communistes du PTB au Sud. Wouter van Besien, le président des Verts flamands, vise aussi systématiquement les électeurs désenchantés proches du Mouvement Ouvrier chrétien, ceux qui ne se retrouvent pas forcément dans la ligne de Kris Peeters.  Mais ce ne sera jamais une razzia: la proximité entre syndicalistes chrétiens et CD&V est une tradition solide (Koen Geens, actuel ministre des Finances, était auparavant l’avocat de l’ACW chrétien) et le CD&V devra juste veiller à “gauchir” un brin son discours.
De là à penser qu’une tripartite (CD&V, OpenVLD, SPa élargie aux Verts de Groen portés à plus de 10%) pourrait mettre la N-VA dans l’opposition au Parlement flamand, il y a loin de la coupe aux lèvres. C’est que, sur plein de dossiers purement flamands (la liaison Oosterweel, ce projet qui doit boucler le ring périphérique anversois ou la réforme de l’enseignement) les écologistes de Groen ont pris des positions diamétralement opposées aux autres partis du Nord.
Si la N-VA atteint les 30%, ce qui devrait être les cas sauf gaffe mémorable, on ne voit pas ce qui l’empêcherait donc d’être à nouveau au pouvoir en Flandre. Avec juste une forte question subsidiaire: s’adjugera-t-elle ou non la Ministre-Présidence qui plait tant au CD&V Kris Peeters?

Michel HENRION.