Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mardi 17 août 2010

La "Grosse fatigue" de Bart De Wever: de la santé en politique....


Mon Docteur m’a dit : mon garçon, si tu continues à vivre de la sorte, je ne te donne plus dix ans à vivre…
La confession est de ce grand amateur de fricadelle au curry et de frites-mayonnaise-slurp qu’est Bart Albert Liliane (si,si) De Wever, seulement 40 ans en décembre prochain. Mais qui n’en a pas moins connu ces dernières heures, pour reprendre le titre du film de Michel Blanc, une“ grosse fatigue”. Comme quoi “trop is te veel”, même pour l’impavide leader de la NV-A qui, sans doute plus encore que les autres négociateurs de l’actuelle “secret story” communautaire, n’a guère vraiment dormi – parfois guère plus que deux heures- depuis la dissolution des Chambres, le 6 mai du déjà lointain printemps.
On ne le répétera jamais assez: le métier de politique demande une santé de fer. Non seulement physique, mais aussi psychique.
Car, à peine élu, le parlementaire vit déjà dans l’angoisse de l’élection suivante. Qui arrive si vite, qui sera là déjà demain.
Et l’homme aura peur: des jeunes loups qui rêvent déjà de lui succéder, d’un ressac électoral de sa formation… C’est comme ça qu’il en arrive parfois trop souvent à boire le coup de trop qui calme l’angoisse. Ou à se gaver de benzodiazepines.
Ou à opter finement pour un changement d’assemblée: un Parlement Régional, garanti cinq ans, est souvent plus rassurant qu’un fédéral aléatoire, soumis parfois à la stratégie légère d’un juvénile président de parti…….
Et, dans toute formation, les lois de la nature politique feront rapidement un tri, lassant ou écartant, selon les niveaux de pouvoir, ceux qui ne supportent pas la tournée des kermesses, des fancy-fairs et autres noces d’or, qui n’encaissent pas les réunions sans fin ou sans grand intérêt, qui supportent mal de bousculer sans cesse leur vie de famille… Ceux qui n’ont pas ce goût du pouvoir, et surtout cette sorte d’entraînement aux interminables négociations politiques nocturnes qui fait les meilleurs négociateurs. Les grands fauves. Ceux qui traîneront volontairement sur des points, organiseront fatigue et lassitude, pour, presque à l’aube, arracher l’accord ou la dernière concession.
Ceux qui ont cette mystérieuse adrénaline du combat politique qui fait tenir et supporter toutes les fatigues.
Ceux qui savent qu'un politique ne peut en aucun cas montrer ses faiblesses, sous peine d'être aussitôt jugé affaibli, diminué- bref presque bon à être remplacé- par les siens. Qu'il doit cacher son bulletin de santé, faire en sorte qu'on ne parle surtout pas de la maladie si elle le frappe...
Bart De Wever n’est assurément pas un politique comme les autres: et ses attitudes avaient plutôt jusqu’ici déconcerté, rompant avec bien des usages.
Mais le voila pourtant à son tour désormais embarqué dans ces très interminables négociations nocturnes qui font décidément le charme de la démocratie belge, et ce en déficit d’experts et sous la pression latente des jusqu’au boutistes de son parti.Y’a mieux pour la tension nerveuse et l'apaisement de son toubib de Berchem.
Bart De Wever, qui est hanté par l’incroyable échec d’Yves Leterme, le précédent héros des Flandres (après Steve Stevaert), doit sans nul doute avoir aussi en mémoire qu’Yves Leterme , dans sa folie très personnelle, se retrouvait jadis à la table d’autres négociations, doté, oui, d’un baxter.