Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

vendredi 24 septembre 2010

Tandis que les “ennemis politiques” font du trompe l’oeil d’optimisme, Laurette Onkelinx a-t-elle dévoilé la botte secrète du PS ?


En Flandre, c’est le procès de l’année: Els Clottemans a-t-elle, par amour et jalousie, coupé les sangles du parachute de sa rivale au même prénom, Els Van Doren ?
On pousse le bouchon jusqu’à l’absurde le plus total, mais en Francophonie, dans le climax actuel, il ne faudrait qu’un banal hoax pour faire accroire à d’aucuns que, somme toute,  Bart De Wever doit bien y être aussi quelque part pour quelque chose, puisqu’il descend déjà en torche la formation fédérale.
Trève de plaisanterie: c’est un sujet passionnant que celui de la construction de l’opinion, qui passe souvent par une certaine manipulation médiatique  plus ou moins consciente.
Car ce sont évidemment les médias qui choisissent de mettre en avant tel ou tel sujet,  initiant le sujet de conversation de l’homme de la rue. On ne dit évidemment plus aux gens ce qu’il faut penser, mais simplement ce à quoi il faut penser chaque jour qui passe.
Humour Twitter: jusqu'à quelle case ira-t-on ?
Donc, lorsque presque tous les medias francophones s’emparent de la fameuse Tribune Libre de Bart De Wever sur le mythe de la réalité de la collaboration 40-45 en Wallonie, donc lorsque divers politiques francophones en remettent une couche simpliste en s’indignant d’office tour à tour puisque c’est l’air du jour (pour d’aucuns, on met sa main au feu que c’est même sans l’avoir lue), l’opinion réagit en chaîne. Cumulant soudain son ressenti plus ou moins réellement informé avec d’autres, plus ou moins fondés: les ancêtres douteux de Bart (comme si on était responsable des opinions de son grand-père), les humiliations verbales de Bart à l’adresse des francophones, celles-là politiquement bien réelles puisque tout nationalisme a besoin d’un bouc émissaire…
Ils sont décidément loin, ces lendemains d’élections du 10 juin, ou, dans l’euphorie d’un “grand accord”, l’infréquentable Bart De Wever était devenu soudain un bon nounours tout doudou avant, ces temps derniers, de revirer “Ennemi public N°1” , voire carrément presque semi-nazi pour certains gros démagogues .
Les francophones, et singulièrement le PS, se tirent-ils une balle dans le pied en noircissant régulièrement à chaque crisette, et très tactiquement, la N-VA et son leader  toujours charismatique ? `
( et qui pèserait désormais 35%  des voix selon un sondage non publié)
Le jeu est très subtil en communication: répétons que pour son opinion publique – cela vaut pour Elio comme pour Bart- il faut toujours apparaître comme ouvert, positif,  vraiment optimiiiiiiste, afficher sa foi en une solution (qui dépend évidemment toujours de la “bonne volonté” de l’autre), montrer qu’on fait tout-son-possible, et surtout ne pas apparaître comme responsable de tout éventuel échec.
Ce feuilleton de soap-politique se joue depuis des semaines et les scénaristes semblent ne pas s’en lasser, concevant même  des réconciliations photographiques aussi bien conçues que de façade.
Mais s’est-on vraiment bien aperçu qu’on avait  pourtant dépassé un seuil de tolérance politique ? Qu’on ne débat, qu’on ne diverge plus entre adversaires ou opposants politiques, mais bien entre “ennemis politiques” ? ( selon la formule-choc de com’ du pourtant peu guerrier Charles Picqué)
Dans un tel climat qui permet de travailler , même ainsi  stratégiquement repeint par Elio Di Rupo aux couleurs d'un vague optimisme, peut-il sortir quelque chose de solide du caucus de “ Haut Niveau” ( dit aussi rue de la Loi groupe “Tia Hellebaut”) ? Cela tiendrait carrément du miracle même si ceux qui sont autour de la table sont d’une autre génération que celle qui a installé toute la plomberie institutionnelle en tuyaux de consensus par trop coudés.
La méthode de négociation de Di Rupo doit changer. Cela n'a aucun sens de continuer  à suivre des voies qui portent déja en elles les germes d'un futur conflit communautaire :il n'y a pas de valeur ajoutée “, pessimistait jeudi Hendrik Vuye, prof de droit constitutionnel à Namur et conseiller influent de la N-VA.(ce qui ne plait pas à tout le monde aux Facultés)
Et si cet horizon là se dégageait, on oublie par trop souvent qu’il faudrait encore négocier tout l’économique et le social et accessoirement… 22 milliards de rigueur ou d’austérité. Et la, un nouveau miracle s’imposera itou.Puisque la Voka, l’organisation patronale flamande (17 500 entreprises)  le “vrai patron” de Bart De Wever à l’en croire, vient d’opter pour une ligne hyperlibérale: gel des salaires en 2011 et un seul saut d’index en 2012. Rien que ça.
Donc, une question: et si l’opinion flamande, déja quelque peu ahurie par la dynamique ” vivement chacun chez soi” qui surgit soudain dans une Wallonie faisant progressivement son deuil de “ l’Union qui ne fait plus la force”, n’était pas au bout de ses surprises?
Pour moi, les mots les plus importants de la semaine ne sont évidemment pas ceux du billet de Bart De Wever… Mais ceux qu’a lâché, mine de rien, Laurette Onkelinx
 On cite, on reproduit, mot à mot:
Il y aurait quelque chose à faire de nécessaire: une consultation populaire, en Belgique. Si la négociation échoue, il faut demander aux gens ce qu'ils pensent de l'avenir, comment ils le voient. C'est très important pour toutes les régions du pays et pour tout le monde. Pendant la négociation, j'ai remarqué que certains néerlandophones estiment que Bruxelles ne peut pas exister comme région à part entière. Or je pense que Bruxelles appartient à celles et ceux qui y vivent, aux Bruxellois. Donc, si les négociations se poursuivent, avant le plan B, il faudra une grande consultation populaire".

Cela, c’est vraiment du new-sound. Qu’un Jean-Maurice Dehousse, qui ne pèse presque plus rien, le dise, c’est presque de l’ordre du folklore tant la “consultation populaire” ne fait pas partie de la pensée socialo classique… Mais que la Vice-Première PS porte soudain cette hypothèse- développée  parallèlement par son époux, le consitutionnaliste Marc Uyttendaele- cela veut simplement dire qu’in petto, son Président soupèse l’hypothèse plus souvent qu’en se coiffant.
Bien sûr, au PS, il existe la pratique des "sorties isolées". Mais ici, ce n'est pas une idée de petite importance. On peut vraiment subodorer que, ce jour-là, au delà de la musculation, Laurette Onkelinx , un des membres-clé du "G8" socialiste, a peut-être dévoilé la botte secrète du PS. Qui éloignerait ainsi la région bruxelloise des appétits flamands, qui dribblerait les libéraux sur leur propre terrain du referendum, qui coincerait indirectement la NV-A, qui répondrait avec popularité à une attente très forte du “ bon sens” de l’homme de la rue (qui ignore généralement que le Constitution belge ne le permet théoriquement pas), qui correspondrait à l’évolution des mentalités francophones et à la nouvelle étonnante dynamique ( “ Ben oui, allon-z-y puisque les flamands ne veulent plus de la solidarité…”) qui se développe au Sud.
Un  coup qui reste encore de l’ordre de l’hypothèse, mais qui, si l’impasse était irrémédiable, pourrait se révéler joli à jouer.
Comme quoi, le belge retournera peut-être aux urnes: mais pas forcément pour réélire un autre Parlement.

Collignon (Christophe) embraie à son tour sur le référendum

Ce 27 septembre, Christophe Collignon, le député-sénateur (si...) régionaliste d'Amay, a embrayé, confirmant à son tour à la RTBF  que l'idée de la consultation populaire est plus que dans l'air au PS:
"Je pense, a-t-il dit à "Matin-Première", que les citoyens se demandent de quoi sera fait demain et peut-être que si on veut envisager une Fédération Wallonie-Bruxelles, si la Belgique n'existe plus demain, il faudra d'abord demander l'avis aux gens, l'avis aux Bruxellois, l'avis aux Wallons. Il faudra aussi voir si techniquement, c'est faisable. Parce que je rappelle quand même qu'à Bruxelles, il y a une minorité flamande, il y a aussi des Institutions Européennes, il faudra voir si tout cela est techniquement faisable. Mais là, on est dans un schéma de fiction qui n'est pas la priorité à l'heure actuelle, même si je pense qu'il faudra à terme, pouvoir préparer une sortie de la Belgique."