Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 10 novembre 2010

Milquet au coeur de la polémique : et voici la troublante interview (audio) de "Joëlle au Congo" vulgarisant l’immigration-asile vers la Belgique …


S’il est un échec du CDH, c’est bien celui de l’ouverture pluraliste qu’il était censée offrir à sa création. Ce que le MR a relativement réussi, le CDH  l’a loupé, le PSC – parti  de la religion catholique- devenant le CDH, c’est à dire un peu le parti de toutes les religions. D’où le recrutement de l’islamiste Mahinur Ozdemir, seule parlementaire voilée d’Europe. D’où la proximité avec les évangélistes et une communauté africaine très croyante. D’où, pour faire court, une ligne politique très imprégnée par le multiculturalisme mais néanmoins très en zigzag. Parce que l’électeur CDH wallon traditionnel n’est pas toujours enthousiasmé par l’interculturalité chère à Joelle Milquet, élue à Bruxelles. Notamment en région rurale, ce qui explique sans aucun  doute le big bigntz intervenu au gouvernement sur l’asile, la Vice-Première ministre Milquet énervant  Laurette Onkelinx et Yves Leterme par son (on cite) “double langage”. C’est que le futur président en viager du CDH, Benoît Lutgen, candidat au maïorat à Bastogne en 2012, est moins enthousiaste localement pour la politique d’asile dès lors qu’elle arrive jusqu’aux casernes vides de Bastogne. (lire à ce sujet l’article de Martin Buxant dans “ La Libre”) Et qu'elle risque de donner, dans la campagne communale, des arguments anti-CDH à l'actuel bourgmestre MR...
On le sait: si les négociations De Wever-Di Rupo & associés en arrivent un jour au point du dossier de l’asile et de l’immigration, ce sera un gros point d’achoppement.
Tout simplement parce qu’il n’existe aucune politique de l’immigration concertée et que ce qui existe est, tout simplement, largement inefficace.
Achoppement en vue parce que c’est un clivage non seulement Nord-Sud ( l’immigration est un sujet bien plus sensible politiquement au Nord) mais bien entendu gauche-droite. Avec d’ailleurs une gauche souvent mal à l’aise et divisée sur le sujet: on vient de le voir avec  les propositions parfois opportunes, parfois délirantes – et faisant souvent la part belle aux revendications religieuses- des Assises de l’Interculturalité et de son Comité de pilotage. (quel jargon…) Un texte qui sera sans doute vite mis dans un tiroir , du moins au Nord du pays, ou on y voit par trop la “patte” électoraliste du CDH et de sa présidente, responsable de ces caucus riches en rebondissements autant qu’en démissions plutôt laïques.
La N-VA de Bart De Wever s’en est d’ailleurs, non sans biscuits, déja prise à plusieurs reprises à Melchior Wathelet , ministre responsable accusé de tolérer sciemment des fraudes dans les dossiers des demandeurs d’asile ou d’avoir, parfois, par trop  bien expliqué les serrures de nos frontières. Quant à Joëlle Milquet, elle est vertement critiquée par Bart De Wever, celui-ci la soupçonnant de cajoler les Congolais de Belgique, qui ne sont d’ailleurs pas pour rien dans certains succès du CDH. (Le pittoresque Berkin Mambaka a contribué en 2006 avec Joëlle Milquet à la progression époustouflante de 300% de la liste CDH à la Ville de Bruxelles. Le cdH y est passé de 3 élus à 11 conseillers communaux…)
A l’heure où la polémique sur l’asile bat donc son plein autour de Joëlle Milquet, on verse donc ici au dossier un élément inédit et quelque peu étonnant. A savoir  l’interview que la  Vice-Première Ministre CDH a donné, le 3 mars dernier, lors de son voyage au Congo, à  la station  "Radio Okapi" créée par la Monusco. En oubliant peut-être que, au jour d’aujourd’hui, l’internet a gommé les distances: et que les discours à géométrie variable y trainent longtemps dans les tuyaux . Où on a déniché cette perle médiatique pour les lecteurs (de plus en plus nombreux, merci! ) de ce blog.
 Interrogée d’abord au micro de la journaliste Thérèse Basubi sur le fait de savoir si c’est réellement difficile d’émigrer du Congo vers notre pays, Joëlle Milquet se transforme limite en prospectus touristique. On cite, mot pour mot :
 “C’est évidemment tout à fait possible d’immigrer en Belgique ! Et d’ailleurs, il y en a beaucoup (de congolais) qui le font dans le cadre légal et c’est évidemment dans ce cadre là qu’il faut organiser l’immigration. On a, par exemple pour 2009, eu 12.000 demandes de visa et, en fait,  75% des demandes ont été acceptées.
Il y a des conditions évidemment qui sont demandées: d’avoir par exemple une prise en charge,
d’avoir par exemple la démonstration par exemple de revenus réguliers...Mais on peut aussi le faire dans le cadre du regroupement famililial: c’est d’ailleurs une des plus grandes possibilités pour un grand nombre de personnes congolaises puisque  nombre de membres de la diaspora sont établis en Belgique . On a quand même, allez, globalement 40.000 congolais qui vivent en Belgique et les regroupements familiaux sont un des éléments souvent les plus importants pour venir. Il y a aussi pas mal d’étudiants qui viennent s’ils ont leur diplôme et qu’ils démontrent qu’il y a une capacité d’inscription et qu’ils peuvent assurer leur subsistance. Donc c’est évidemment possible ! “ ( ndlr : le “par exemple” est ici un tic de langage de la présidente du CDH…)
 Et comme la journaliste  congolaise fait état des difficultés rencontrées par les congolais à l’arrivée en Belgique, Milquet se veut très rassurante :
 “C’est vrai qu’ici, (au Congo), le service répond positivement. Pour une première demande, c’est vrai  qu’ils doivent rendre un avis et que c’est l’Office des Etrangers en Belgique qui donne la décision définitive. Mais, à plus de nonante pour cent des cas, on suit l’avis qui est fait  par le service à Kinshasa…”
 Mais, point plus délicat, que doit faire une ressortissante congolaise qui espère être demandeur d’asile mais doute d’entrer vraiment dans les critères ? 
Joelle Milquet a d’évidence une vision assez ouverte:
 “Imaginons, dit-elle à "Radio Okapi",  une personne (du Congo) : soit elle rentre dans les conditions pour avoir l’asile et elle obtient l’asile. Imaginons qu’elle ne rentre pas dans les conditions pour avoir l’asile, parce que sa vie n’est pas vraiment en danger pour des raisons politiques.Ou parce ce qu’elle vient d’une communauté qui n’est pas, allez, menacée en terme de vie…
Mais, par contre, elle a  peut-être des raisons réelles autres- liées peut-être au fait qu’elle est une femme- de craindre qu’il lui arrive peut-être quelque chose  pour un retour au pays….
Donc, dans ce cas là, on considère que le retour est dangereux et on donne un “statut alternatif.” Qui n’est pas un statut d’asile , précise Milquet, mais qui est un statut où on permet de rester légalement dans le pays (en Belgique) parce qu’on considère que pendant une certaine période le retour au pays est trop dangereux…”
 Information poussée ou racolage pour plaire à l'électorat congolais du CDH ? Pour ceux qui, comme nous, aiment se forger par eux-mêmes une opinion, cliquez ici pour écouter la version audio intégrale de “Zoëlle au Congo”.
Dans le climax actuel, cela plaira beaucoup à Laurette Onkelinx et Yves Leterme, ça, c’est déjà sûr.