Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

lundi 20 décembre 2010

Bart un chouia moins populaire: de la fragilité de la “ Liste De Wever” ( parfois aussi appelée N-VA)

La N-VA présentera ses voeux à Anvers le 22 janvier dans un hangar géant. Le ministre Geert Bourgeois n'y jouera plus les DJ comme l'an dernier mais Bart De Wever y sera assurément la star de la soirée pour son année de triomphe romain.
Durable ou éphémère ?
 Dicton N-VA: à la Nouvelle-Année, si tu manges une gaufre, t'auras la frite...

Car qui se souvient encore, par exemple, de la folle popularité en Flandre de Marc Verwilghen, ce dérivé  VLD de la “ Commission Dutroux” ? Qui, aujourd’hui, s’il coule encore des jours confortables comme vice-président du Sénat, n’est même plus cité dans les personnalités à nominer du baromètre politique RTL-TVI/ La Libre.
Le zapping électoral est tendance en Flandre, bousculant fissa tant les partis (pour ceux qui l’auraient oublié, on rappelle juste que le VLD était le premier parti du Nord en 2003) que ses grands hommes d’un moment, du populiste socialiste Steve Stevaert à Jean-Marie Dedecker, patron d’un éphémère parti-savon...
C’est pourquoi si Bart De Wever (-6) et Elio Di Rupo (-7) perdent tous en popularité dans la dernière livraison dudit sondage-baromètre, le second a sous doute bien moins à s’en soucier que le premier. Parce que la N-VA c’est plutôt et avant tout la “Liste DeWever” pour près de la moitié (43%) de son électorat de juin. Conséquence directe: contrairement au PS, qui fonctionne sur un réseau historiquement bien implanté et peut changer de Président sans grand souci, la N-VA est un parti fragile. Puisque son succès dépend pour moitié d’un seul homme. A la merci du moindre accroc: erreur politique ou gastronomique.( "Ma vie se résume à des salles de réunions et des sandwichs")
C’est ce que De Wever a parfaitement compris lui qui, comme le SPa et l’OpenVLD a acheté à TNS-Media une étude sur le comportement de l’électorat flamand.(publiée par l’hebdo Knack). D’ou son souci de structurer déjà sa campagne communale de 2012 en s'alliant à terme au CD&V, de doter le parti nationaliste de têtes de liste connues (à l’instar de Siegfried Bracke, l’ex-présentateur débauché à la VRT étant candidat-bourgmestre en 2012 à Gand) et de mettre en avant le problème de l’asile ou ses promesses socio-économiques. Histoire d’intéresser et de conserver tous les nouveaux électeurs venus en masse de tous les autres partis (y compris du SPa et de Groen) et qui, à 70%, n’entendent pas jouer les jusqu’au boutistes pour l’indépendance future de la Flandre.
Ce sont ces nombreux électeurs néerlandophones qui ont simplement chargé un parti nationaliste et indépendantiste d’obtenir des  francophones la scission de BHV et, enfin, une vraie sixième grande réforme institutionnelle.

Ce qui est donc très intéressant, dans le dernier baromètre RTL-Libre, même en tenant compte des larges marges d’erreur, c’est que la N-VA ne progresse plus et que son leader, lui, patine, sinon décline perso un chouia. Or, ce qu’a démontré cette étude TNS-Media, c’est que l’engouement pour la “Liste DeWever” était potentiellement bien plus important que ses 26,7% de juin en Flandre. Que plein d’électeurs du Belang, du SPa , de DeDecker ou du CD&V de Marianne Thysen ont hésité, jusqu’au dernier moment, à voter N-VA. S’ils l’avaient fait, le total se serait établi à …46,9%.
Depuis les mois ont passé et certains “sons” politiques nouveaux apparaissent. L’ électorat OpenVLD a largement (72%) pardonné à Alexander De Croo d’avoir déclenché la crise sur BHV et semble avoir donné un nouveau déclic aux bleus flamands…Groen s’est taillé, au fil des négociations, un  joli costume, un p’tit loden vert de crédibilité dont Wouter Van Besien manquait jusqu’ici. Et Vande Lanotte a redonné des couleurs de sérieux à un SPa jugé trop gauchisant.
Donc, son potentiel de développement, Bart ne peut le retrouver, si l’on devait revoter, qu’avec un très, très bon point de chute politique. Ou une alliance de type “ Forza Flandria”.
S’il apparaît toujours comme une solution, il peut être conforté.
S’il apparaît, par une erreur tactique, comme l’obstacle à une solution, il risque un sérieux revers électoral.( Herman De Croo, de l'OpenVLD, prédit marseillaisement qu'il lui resterait...un cinquième de ses troupes)
Il est, en cas d'élections, en tout cas une grande question sans réponse claire: l’objectif indépendantiste à très long terme de la N-VA est-il en véritable décalage avec cet électorat qui aurait utilisé De Wever pour casser le front francophone des "demandeurs de rien" ?  Ou est-ce que la vision de l’avenir  de la Flandre affichée par la N-VA fait  déjà l’objet d’un consensus que la dynamique à l’œuvre rendrait explicite ... 
On comprend donc mieux pourquoi Bart ne dort que 5 heures par nuit. Peut-être
pense-t-il même déjà parfois que son résultat de juin, c'est comme un oranger sous le ciel irlandais, celui qu'on ne reverra peut-être jamais…



 Pour les Communales, la première image d' une campagne d'un nationalisme propre: en plaçant le curseur juste entre le trop grand radicalisme du Belang et le centrisme décevant du CD&V...