Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 1 décembre 2010

Sexus Politicus Belgicus: l’étonnante interview intime d’ Yves Leterme (l’autre “plan B”)

Yves Leterme vient de donner une longue interview.
Pour le moins ahurissante. Parce que si le Premier Ministre d’affaires courantes accepte de répondre à quelque…vingt-cinq questions, c’est pour préciser qui était exactement à ses côtés dans l’Eurostar qui l’amenait ou le ramenait de Londres; où il y a vraiment dormi les 22 et 23 novembre et se prendre un peu les pieds dans le tapis quant à savoir si ce lundi britannique là était jour de “visite officielle” ou non…
Je suis droit dans mes bottes “ martèle l’homme d’Ypres. “ Non, non” au plan B affirme en substance Leterme. “ B” n’ayant rien ici de politique mais étant l’initiale du prénom de celle qui affirme- cela fait la “Une” de l’hebdo flamand à grand tirage “Dag Allemaal”- avoir conquis le coeur de “son trophée”.
L’hebdo, prudemment ou malicieusement, titre, sous-titre, sur-titre ainsi son dossier:
Obsédée maladivement par Yves Leterme ? Leterme suivi jusqu’à Londres par une femme qui s’affirme sa maîtresse. Les détails + leur relation”.
Publication de caniveau pas vraiment étouffée par le mauvais goût ?
Pas si vite: l’info a en effet été relayée par certains quotidiens flamands. Et Yves Leterme a donc accepté, de manière stupéfiante, de répondre à Guy Van Gestel (du “Dag Allemaal”) sur des aspects très intimes (il dit connaître B mais dément être parti à Munich en sa compagnie, etc…)
Ensuite, tout lecteur francophone de ce blog doit toujours se rappeler que le climat au Nord du pays est bien plus pudibond qu’au Sud. Où, un peu comme en France, on se fiche un peu du fait que le pouvoir politique ait des conséquences parfois très aphrodisiaques. Alors qu’en Flandre un autre grand leader des sociaux-chrétiens flamands, Johan Van Hecke, démissionna en 1996 dix jours avant d’être triomphalement réélu à la présidence du CVP. Cela simplement parce que l’homme craignait des articles sur sa liaison extra-conjugale avec Els De Temmerman, journaliste spécialisée en politique africaine.
Et d’Afrique, il est d’ailleurs question dans ce “plan B “ particulier puisqu’on y évoque à nouveau ce curieux "tweet" d’Yves Leterme en visite au Congo, lors des cérémonies du 50e anniversaire de l'indépendance.
Not at all. Want to learn to know you. You to ?" ("Pas du tout. Envie d'apprendre à vous connaître. Vous aussi ?"), avait twitté publiquement le Premier, oubliant d’utiliser par inadvertance la fonction privée “Direct Message”. 140 signes au parfum de drague qui furent rapidement effacés pour être suivis d’un autre "tweet' indiquant qu'il s'agissait d'un "malentendu". Selon Leterme, le message ne devait être qu'un simple SMS adressé à un homme croisé lors d'une réception. "Ce doit être la chaleur" avait lancé Leterme, alors que B répondait parallèlement “ Leuk” (chouette) sur Facebook. ( le message ambigu lui aurait été destiné.)
Alors, affabulatrice obsédée ? Mythomane obsédée par le Facebook de Leterme ? Si c’est le cas, c’est assurément un cauchemar, comme d’autres politiques en ont vécu. Puisque B, qui n’est “pas du genre froid aux yeux” selon des proches très prolixes, affirme avoir dormi au Lambermont, accompagné l’homme d’Ypres au tournoi Kim Clisters-Serena Williams (et y avoir été présentée “comme sa nièce”) et, entre autres détails nauséeux , détenir des photos de ses rencontres avec Yveke. Qui l’aurait séduite en lui balançant, à l’instar de Jean Gabin : “ T’as de beaux yeux, tu sais”.
On en restera là du récit. Qu’on n’aurait sans doute pas relevé si le Premier Ministre lui-même n’avait consenti à s’abaisser ainsi mediatiquement. Allez, vous imaginez un instant Didier Reynders, Melchior Wathelet ou Laurette Onkelinx accepter, au 16 rue de la Loi, un zeste de début de soupçon de question sur ce genre de sujet ?
Wilfried Martens, qui a eu une vie sentimentale à rebondissements, disait du CVP-CD&V qu’il était le parti de l'hypocrisie: “On ne divorçait pas, on ne se remariait pas, on avait une amie.“
Tiens, si vous relisez ses “ Mémoires”, celles-ci en deviennent d’ailleurs aujourd’hui drôlatiques. Surtout le chapitre ou l’ancien Premier Ministre se déchaînait et crachait encore toutes ses dents contre Miet Smet, le premier divorce (mal vu) de Wilfried Martens lui ayant fait perdre sa tête de liste à l’Europe.
Au CVP, des individus cyniques supposaient que ma jeune épouse, écrivait-il en 1999, n’apprécierait pas de me voir passer une semaine par mois à Strasbourg avec Miet Smet. Certains ajoutaient même que je détenais des lettres de Miet Smet compromettantes pour certains gros bonnets du CVP”.
Ah oui, pour conclure ce Sexus Politicus Belgicus*, juste un détail : Wilfried Martens et Miet Smet se sont mariés le 27 septembre 2008.





* Sexus Politicus: best-seller sur la séduction dans le microcosme politique français.