Mais pourquoi diable, pour ces élections Communales cru 2012, cette dérive, ce déferlement de vidéos ou d’affiches dites “décalées”, entendez se démarquant parfois jusqu’au grotesque des codes électoraux classiques?
L’explication était déjà
présente dans l’ouvrage de François de Groiseilliez qui, en 1846, avait publié
“ L’art de devenir député et même ministre par un oisif qui n’est ni l’un ni
l’autre”. Lequel opuscule expliquait déjà que tout candidat se devait d’abord
conquérir une notoriété et, donc, ne pas hésiter à surprendre pour capter tous
les regards. Tout le monde, écrivait le lettré politisé, s’écriera : “ Voilà un homme bien
absurde! Mais le nom de l’homme absurde est cité dans tous les journaux et
remplit au moins la moitié d’une colonne”. (source C. Delporte)
Les technologies ont pour le
moins évolué, mais le principe n’a pas changé d’un iota.
Le candidat se doit de ne pas
passer inaperçu, faire en sorte qu’on parle de lui. Et poste aujourd’hui sur
YouTube ou sur sa page Facebook ce qu’il imagine pouvoir faire le buzz. (avec
l’exemple de Michel Daerden en tête)
Ce qui nous offre ce kitsch
rafraîchissant, joyeux bouquet de photoshopages primaires ou de scénarios incongrus… Et, comme les politiques
découvrent toujours les modes avec quelque décalage, cette vague de “lip dubs”
(plusieurs personnes chantant une chanson par « doublage sur les lèvres »). Dont
le principal avantage, pas mince, est de permettre l’apparition à l’écran dailyémotionné de
toute une équipe plus ou moins à l’aise (c’est le CDH de Woluwé-St-Pierre qui
a, dans le genre, poussé le bouchon un peu loin en intégrant dans leur joyeuse
farandole une candidate sous respirateur artificiel…)
Au moins ces petits candidats auront-ils
effectivement une petite chance, hautement aléatoire, d’être vus. Et si les
candidats ainsi portés par l’incongru concilient cela avec un programme, des
réunions ou ils peuvent expliciter un programme plus sérieux, ça peut
fonctionner. Si.
Car, sur le Net, il n’est
qu’une certitude: les pages, les vidéos officielles des partis, celles qui ont
dû passer par la multi-approbation de filtres plus conformistes les uns que les
autres, celles où le candidat assermenté et rayonnant s’imagine qu’il est quasi
sur TF1, cela, ça ne fonctionne absolument pas.
Comme quoi le bide de campagne
n’est pas toujours où on croit le voir.