- “Elle a les yeux revolver, elle a le regard qui tue.
- Elle a tiré la première…” (Marc Lavoine, chanteur)
Inopinée, anticipée, cette campagne électorale sera brève de chez brève. Et, dans l’art du positionnement, Joelle Milquet a donc dégainé la première. Pole position électorale.
D’une part en décidant, perso (1) et non sans un certain culot, après avoir kidnappé jadis le mot “humanisme”, de rapter cette fois notre poussiéreuse devise nationale “ L’Union fait la force” (qui est d’ailleurs itou celle des haïtiens et des bulgares…).
Ca, c’est d’évidence assez bien joué, Joelle.
D’abord parce qu’être le premier sur la balle, c’est théoriquement jamais mauvais. Sauf qu’il faut se méfier, en avançant aussi vite dans une période de réaction populaire aussi anti-politique, de tout effet boomerang .
Ensuite, astuce peu connue, parce qu’en cas d’élections anticipées, les dépenses électorales ne sont limitées et comptabilisées, hé,hé, que le jour ou le “Moniteur” convoquera les Collèges électoraux…
Le hic, c’est qu’à vouloir propagander vite fait sur le gaz, le CDH a quelque peu déjà cramé les détails…
On passe sur le fait d’avoir un peu jouetté à çà-ne-mange-pas-de-pain avec l’effet Télévie (site RTL Info) mais c’était quoi , hein, dites, cette navrance d’insertion-presse publiée tous quotidiens francophones ? Z’auraient pas pu confier cela à un graphiste, fut-il débutant ou petit-neveu du décorateur du bâtiment si kitschissime de la rue des Deux-Eglises ?
Tenez, s’il n’y avait pas eu le craboutcha noir-jaune-rouge, mon oeil aurait presque confondu avec une annonce notariale…
Bizarre l’humanisme qui ignore l’humanisation de sa com et son principal atout électoral, à savoir “ Madame Non”, si formidable image qu’en Flandre on parle désormais de “Milquetisering”. (
C’est que, malgré la crise de la pub et les ristournes des éditeurs aux abois, çà coûte toujours bonbon, l’espace pub dans la presse quot. Mais quand on voit çà, la manière dont on a maltraité, sous-utilisé un texte par ailleurs pas mal pondu, on se dit que le CDH aurait pt’être bien mieux fait de donner ses sous à l’Unicef.
LES RISQUES D’UN SLOGAN INACHEVE
En communication, le slogan, c’est un peu l’arme fatale : çà doit accrocher, résumer et, si possible, rallier… C’est un choix difficile : non seulement le slogan se doit-il d’être simple, facile à retenir mais encore doit-il être crédible…Il doit parler à l’oreille et à l’oeil et toucher, par l’humour , la réflexion ou l’émotion, jusqu’à l’inconscient de l’électeur.
C’est un choix également particulièrement ardu en ces lieux particulièrement peu ouverts à la communication originale que sont les partis politiques . Y’a les techniciens qui vous feraient diffuser un slogan de trois pages (histoire de tout bien mettre du programme) (2), y’a les beaux esprits purs et durs qui refusent encore un honteux glissement du politique vers le commercial ( comme si les deux mondes n’échangeaient pas leurs codes depuis lurette…), y’a les flatteurs pour qui ce que la (le) président(e) pense touche forcément au génie communicationnel, y’a – le pire !-
Ces projets de com soumis à une assemblée de mandataires ou autres militants à oeillères : croyez-moi d’expérience, alors, c’est toujours le projet le plus plat, le plus banal, le plus mou qui est plébiscité au détriment de celui qui a du rythme, de l’humour, qui peut se mettre à vivre sa propre vie et vous assurer éventuellement un bonus auprès de l’opinion…( lorsque je m’occupais des campagnes électorales du PS, j’ai pu faire passer le “ C’est le retour du coeur” ou le fameux“ Ce sera dur, mais les wallons s’en sortiront” mais j’ai dû aussi me résigner, après moult palabres, à un longuet et incertain “ Sans les socialistes, l’Europe risque de ne pas être rose pour tout le monde”, aussitôt lu, on baîlle, aussitôt oublié…)
Alors, quid de ce “slogan” du CDH ? ( notez qu’on préfère y parler de “devise” de campagne, histoire de moins incommoder ceux qui considèrent que “L’Union fait la force” appartient à tous les belges…)
L’idée com de base n’était pas idiote.
Joelle Milquet, dans une trop longue video mal éclairée (sans doute le cameraman n’avait-il qu’une bougie planète humaniste…) s’en explique d’ailleurs fort bien sur le site unioniste CDH Pour elle, le concept reste moderne et réhabilite la solidarité sociale, touchant notamment aussi à la “diversité” et “aux personnes d’origine étrangère qui sont également belges.
Las, le concept 2010 en est resté à 1910, aux temps des magasins de l'Union Economique. Il n’a pas été poursuivi, parachevé jusqu’ou il le fallait.
C’est à dire arriver à détourner la formule classique pour engendrer les sens nouveaux souhaités et assez bien pensés par Milquet.
Bref, à la grosse louche, le CDH aurait mieux fait de proclamer ce qu’il dit en fait réellement : à savoir qu’une Belgique moderne lui garderait sa force, à ce pays…
Ben, allez, à pouf, un truc du genre : "Demain, une nouvelle union pour retrouver notre force"...
Ben, allez, à pouf, un truc du genre : "Demain, une nouvelle union pour retrouver notre force"...
C’est, dans le fond, le plus grand reproche que l’on peut faire à ce slogan: exciter, mine de rien, le belgicanisme des esprits francophones au lieu de les préparer à ce qui va, inéluctablement maintenant, arriver demain.
(1) “ Le CDH n’a pas choisi innocemment cette devise. Et c’est la N° 1 du parti, Joelle Milquet,
qui l’a choisi. C’est un choix qui lui revient” ( Michel Konen, officiellement du CDH, à Pascal
Vrebos.)
Vrebos.)
(2) Le slogan que le PS a affiché en ce 1er mai est itou un bel exemple de truc confus : “Un pays stable, des emplois durables”, kezaco comme association aussi plate que de l'eau d'un décor du Musée Grévin ?
BACK TO THE FUTURE : comme un simple retour , au CDH, au marketing nostalgique et tricolore de la Belgique de papa : avec ce réel chef d'oeuvre graphique que fut cette célèbre affiche d'Henri Simonet et celles des libéraux d'antan, bien avant l'intégration du FDF...
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