Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

dimanche 30 mai 2010

LES TROUBLES DE L’ELECTION (30)/ DEBAT DES FRANCOPHONES A LA VRT: L’IGUANE ET LE CAMELEON (petite analyse gestuelle bilingue)



C’est parfois le plus intéressant dans un débat politique, la gestuelle de communication.
Et Bart De Wever, face à Didier Reynders à la VRT, m’a fait penser à un iguane.
Qui observe, patiente, et tout à coup, place la phrase qui désarçonne.
Oui, un iguane, avec son curieux sourire, le corps immobile mais ses yeux très mobiles, son côté animal à sang froid.
Bart De Wever, les mains dûment croisées pendant tout le face à face, légèrement incliné en avant sur la table du studio VRT,  pesant de tout son poids.
Certes, on le sent parfois un brin irrité intérieurement.
Tourner autour du pot comme le président du MR, on sent que ce n’est pas son truc. Lui, c’est du terre à terre, du massif, du flamand sûr de lui, finalement encore plus que Didier Reynders, ce qui n’est déjà pas triste.
Regardez l’émission sur le site de la VRT: certes, Reynders ne manque évidemment pas d’assurance, mais celui qui s’agite, qui fait voleter ses mains en tous sens, qui finalement débat “en défense” même s’il parle davantage, c’est le président du MR. Pendant que Bart De Wever le regarde, c’en est presque incongru, avec son air de dire mais-qu’est-ce-que-tu-dis-encore-mon-petit-garçon…


-Un autre vrai gamin, c’est Georges Gilkinet, le député Ecolo de Namur. Qui en était d’ailleurs tout rougissant d’avoir  grimpé en mayonnaise en néerlandant carrément devant les télespectateurs flamands qu’il n’y avait pas de “Front francophone”. On a vu (photo ci-contre de ce grand moment) Reynders en sursauter physiquement, comme s’il entendait une craie crisser sur un tableau, tant le cliché de cette unité francophone pourtant à grandes éclipses est installé dans la langue de bois phosphorescente francophone.
On parle ensemble, nous les francophones, mais ce n’est pas un Front… euh… vous comprenez parce que le mot Front, ça fait bien trop penser à la guerre…” a bredouillé le député Ecolo pour s’expliquer. En montrant bien ainsi que sa sortie de com' niagaresque (pour se différencier, devant le public du Nord, du Front Démocratique des Francophones, le diabolisé FDF), il la pensait sans bien la peser politiquement. Cela dit, on en arrive à se demander si la fameuse entente communautaire entre Verts du Nord et du Sud, si matraquée en communication par tout représentant Ecolo en campagne, ne s’explique pas tout bonnement par des problèmes de mauvaise traduction :-). Car si les trois autres représentants francophones se débrouillaient plutôt prou en neerlandais, Gilisket, s’il connaît les mots du vocabulaire, avait bien du mal à les prononcer correctement, avec un tellement mauvais accent qu’on a vu souvent des points d’interrogation flotter dans le studio de la VRT.
Dans cet exercice inutile de communication, Paul Magnette fut, à notre avis, le meilleur : à l’aise, rapide dans son débit, bref celui qui faisait le moins d’efforts. Melchior Wathelet Jr se débrouillait très bien, plaçant les petits mots qui fluidifient un discours.
Didier Reynders, bon bilingue, a les moins bonnes intonations, n’articule pas toujours top son “ Gouden Poort” et souffre d’ un accent plutôt francophone…
Nous, on adorerait que les wallons et les bruxellois francophones puissent comprendre chaque jour le Journalparleur ou Télévisé de Flandre : il nous est avis que cela leur ouvrirait fortement les écoutilles.
( “les francophones sont frappés de surdité par rapport à la Flandre” expliquait fort bien, et en français lui, le politique Pierre Verjans)
Mais on réagit assez mal à cet exercice de communication politique et diplomatique -regardez-comme-je-suis-désormais-un-bon-francophone-qui-a-fait-l’effort-de-bien-causer-le-flamand, démarche qui est surtout le symptome d’un certain “ chagrin de la Belgique”.
En fait, comme dans tout séminaire ou pow-wow bien conçu, il n’y a rien de plus horripilant, de plus agaçant que d’entendre des gens qui essaient de parler, de penser correctement dans une autre langue que la leur et qui n’y arrivent pas. Ou  malaisément.
A ce titre, l’autre grand débat communautaire de ce dimanche, le débat très précis, formidablement fouillé sur les vrais enjeux des pré-pensions et pensions (notamment celle des militaires et des… parlementaires “qui prennent eux aussi leur pension trop tôt”, dixit Onkelinx, très sérieuse !) , organisé par la chaîne Canal Z, était parfait : chacun dans sa langue. Avec toutes les nuances que la politique sérieuse impose.http://is.gd/cwD3u
Mais la langue de bois est, elle, universelle et totalement bilingue. Donc, le débat à la VRT ne nous aura frappé que par deux autres éléments à relever:
- Le ton communautaire hyper-modéré et évidemment voulu du président du MR, d'ailleurs depuis accusé de "double langage" puisqu'on  en arrivait effectivement à se demander s’il connaissait encore Olivier Maingain, de la succursale FDF.
- Que, tour à tour, et de plus en plus clairement dans leur com ', les partis francophones font sentir leur parfum de solution à BHV : adios l’élargissement territorial si ça se passe bien avec le Nord mais un “pacte linguistique” permettant à chaque communauté de financer des activités culturelles de l’autre côté de la frontière linguistique. Mais sans exagérer à placé en substance Didier Reynders, “tout de même pas à Anvers…”
Car si Bart De Wever est un iguane, Didier Reynders lui, tient de plus en plus, dans sa communication protéiforme, du caméléon, car :
- comment affirmer devant la Flandre que le MR est finalement tout disposé à négocier avec la NVA, parti nationaliste mais démocratique, tandis quOlivier Maingain,vice-président du même MR, incandescente le même jour en déclarant que si la NVA ne renonce pas au confédéralisme, (autant demander à la NVA de se gicler la cervelle…) il n’y aura “ même pas de négociations institutionnelles”.
- comment continuer à défendre l'idée d'une circonscription fédérale après avoir sciemment tué  (pas tout seul il est vrai) l'idée d'un grand débat télévisé tout aussi fédéral ?
- et comment justifier ce refus, because le facho Belang, alors qu’à la VRT, un représentant du  même fâcheux Belang causait… dans le même studio... à quelques mètres à peine du président du MR ?
Sans doute avec la réponse-type de Reynders, celle qu’il a placé répétitivement toute l’émission de la VRT:
"Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd "