Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mardi 27 décembre 2011

13 lignes, la compil papier: le grand retour de l’art perdu du “billetiste”.

Le “billet” de presse, c’est un peu comme les étrennes du facteur: une tradition qui se perd. (ceci est ma ligne N° 1, intro)
Jadis, tous les journaux se devaient d’avoir un billetiste. Exercice drôlement ardu. (ligne 2 en hommage à Escarpit, Sarraute, Frossard…)
Ca doit être drôle, moqueur, aigu, brillant, meurtrier parfois. Court surtout. (ligne 3, cahier des charges)
Un jour, sur Twitter, j’ai redécouvert un remake nouvômédia du genre. (ligne 4 pour geek)
C’était signé @13lignes, soit onze de plus que le recordman (Hervé Le Tellier, du Monde, se limitait carrément à deux phrases) (ligne 5 pour Guinness Book) )
J’avoue: j’ai pensé, un brin sceptique,“Allez, bonne chance, l’ami !” tant c’est la distance qui est toujours la plus dure à tenir dans ce métier là. (ligne 6, carrément pédante, genre teintée  à l’encre d’expérience)
Et puis, Hugo Poliart (c’est le pilote de lignes) m’a dézingué, épaté. (ligne 7 élogieuse à souhait, et je ne le connais pas, c’est dire…)
C’est que sa ligne de départ, celle qui s’est formée dans son esprit curieux, est toujours décalée, pic et pic et colégrammée. (ligne 8, l’oeil en flash)
Freud aurait considéré @13lignes comme  comme un "Witzeur", (ça le fait, ça, non ?) jouant de l'effet de surprise sur l'Autre (ligne 9 assez psy)
Aveu: il m’est arrivé d’envier un peu cette tournure d’esprit, ces cellules grises qui font la colle magique qui vous scotche. (ligne 10, jalouse)
Aveu bis: cette étrange alchimie artisanale m’a  parfois fait vraiment pleurer de rire (et c’est rare) en lisant l’Hugo (ligne 10 bis, pensée pour Victor)
Oh, bien sûr, certains jours, ça sent un peu le mec dans le Lustucru de nos 24 heures chrono à tous et qui doit satisfaire coûte que coûte ses followers, mais jamais la ligne n’est sous la flottaison (ligne 11, positiviste).
En tout cas, les Editions Caira viennent de joliment (bravo au graphiste) publier une compil-papier de 3263 lignes (13 x 251 pour les Nuls et pour 15€) (ligne  12, info-service à souhait)
Dans le fond, oui, 13 lignes c’est bien suffisant pour résumer la situation: un très bon bouquin.