Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

vendredi 3 août 2012

Comment Bart De Wever explique le "problème belge" à Heidelberg: "Nous, les flamands, sommes fatigués d’être les allemands de la Belgique”

Bart De Wever a donné une conférence à l'Université d'Heidelberg, en Allemagne, le pays qui lui sert souvent de modèle quand il n'y prend pas quelque vacances. Au delà des thèses N-VA, c'est intéressant d'observer le discours, pas anodin, du président de la N-VA lorsqu'il parle devant un public étranger. (traduction libre, reflétant et résumant le sens des propos). Extraits choisis:


 “-Il existe une méfiance institutionnalisée de la politique allemande, ce qu’on appelle le le mythe Sonderweg. La politique allemande n'est pas jugée sur ses mérites, mais sur des considérations morales. (...) Un Allemand se doit d’être discrédité, parce qu'il est allemand, comme s’il y avait une sombre puissance incontrolable qui se manifesterait tôt ou tard. Cela porte un nom. C'est ce qu'on appelle le racisme, un racisme latent maintenu par le biais des clichés culturels."
-"L'Euro a été un somnifère qui a permis nombre de dérapage dans les pays du Sud. Les racines profondes de cette crise, c’est la création irresponsable de la dette dans ces pays là. Mais, lorsque Angela Merkel tente de clarifier ce point dans les débats européens, elle ne reçoit qu’une condamnation en termes moraux…Or, la solidarité se doit d’être une compensation pour les réformes nécessaires mais souvent douloureuses. Sinon, on crée une culture de la dépendance: et c'est comme donner de la morphine à un patient en phase terminale."
-"Les euro-obligations ne seront jamais, dit De Wever, une solution ."

-"Tout comme l'Allemagne -qui possède, depuis la réunification, une expérience dans l'intégration d'une devise faible à une monnaie forte et dans les transferts- la Flandre a beaucoup d’expérience d’un mécanisme de solidarité sans responsabilisation."
-"Aujourd'hui la Belgique n'est plus une démocratie. Il y a en Belgique, une démocratie flamande et une démocratie francophone. Chacune de ces deux démocraties a ses propres partis, ses propres médias, son propre consensus social et politique et, de par la fédéralisation, ses propres institutions politiques."
-"La Belgique est une conférence diplomatique permanente entre deux états. En ce sens, la Belgique est similaire à l’Union Européenne."
-"En Belgique, c’est ce que nous appelons le “fédéralisme chéquier”. La Belgique est une union de transferts dans laquelle la démocratie flamande contribue de manière excessive à la Fédération, notamment à travers la sécurité sociale et par le financement de la Dette nationale. Mais aussi à travers les provinces, la Flandre paie le prix des transferts."
-"En résumé, dit De Wever, la Flandre est un contributeur net au gouvernement fédéral, et la Communauté française de Belgique un bénéficiaire net."

-"Mais la vérité a aussi ses droits, poursuit De Wever devant son auditoire allemand. Selon une enquête de la VUB , il n'y a jamais eu de transferts financiers de laWallonie vers la Flandre. Même à l'apogée de la pauvreté en Flandre - à la fin du 19ème siècle - il y avait tout au contraire un flux financier de la Flandre vers la Wallonie. C'était à cause de la nature de la fiscalité, qui n'avait pas encore adaptée à une société industrielle et en était restée à une économie agraire.L’argent des taxes prélevées en Flandre a ainsi été investi dans le développement du charbon wallon et de la sidérurgie wallonne."(...) Pour les besoins de l'expansion de l'industrie sidérurgique wallonne, la Flandre s’est économiquement effondrée, victime de  la concurrence des céréales françaises et de la laine anglaise. Le résultat fut une migration massive des Flamands vers l'Amérique, en Allemagne, mais, ironiquement, également vers le bassin wallon alors en plein essor industriel ."
-"Je rappelle cela, dit De Wever, sans ressentiment ni amertume. Le souhait flamand de plus d'autonomie n'est pas motivé par un ressentiment historique pour la “souffrance infligée" à la Flandre.  Ce n'est pas une réaction à la domination culturelle des francophones dans le passé.
La Flandre est aujourd'hui relativement forte et a le devoir moral de faire preuve de solidarité avec ses voisins. L’égoïsme de groupe ne devrait jamais être un motif."
-"De même que l'Allemagne a une obligation morale d'être solidaire, compte tenu de l'histoire et de sa richesse, la Flandre a, elle aussi,  une obligation morale d'être solidaire, compte tenu de l'histoire et sa richesse."
 -"Si on me demande pourquoi c’est si compliqué, l'Allemagne en Europe, je réponds toujours la même chose: 
"Parce que l'Allemagne n'a pas pour vocation d’être la Flandre de l’Europe.”
 Chaque flamand comprend cela illico. 
Et pourquoi la Flandre veut-elle plus d'autonomie ? Parce nous, les flamands, sommes fatigués d’être les Allemands de la Belgique…”
-“Cela ne signifie pas que la Flandre ne doit pas faire preuve de solidarité avec la Belgique francophone. Cela signifie que nous devons organiser la solidarité d'une manière efficace. Tout comme l'attitude de l’Allemagne en Europe ne signifie pas que l'Allemagne ne veut pas être solidaire.”