Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 25 décembre 2013

DE QUOI MAGGIE DE BLOCK EST-ELLE LE NOM ? (paru dans Marianne Belgique du 15/12/2013)

 Vrai produit politique en devenir ou phénomène passager…

DE QUOI MAGGIE DE BLOCK EST-ELLE LE NOM ?

A sa nomination, ce modèle pour Botero fut injustement la risée de la rue de la Loi. Aujourd’hui, sans correspondre à aucun copié-collé des normes du marketing électoral classique, elle est l’arme massive des libéraux flamands. Puisque l’OpenVLD, “c’est, ah oui, le parti de Maggie De Block”. Celle avec qui la politique ressemble à une téléréalité régionale: avec un beau retour aux valeurs du Nord  (“Werken, niet babbelen”*) et de bons personnages bien carrés.
Question: de quoi Maggie De Block est-elle donc le nom?

La fausse débutante.

1) A coups de formules désarçonnantes (“Ce qui est gai en politique, c’est qu’on peut dire n’importe quoi”, “Je fais mon petit possible”), Maggie De Block aime cultiver un côté néophyte en politique. “Je suis sortie de nulle part”, aime-t-elle répéter. Rien n’est plus faux: lorsqu’elle coupe un ruban inaugural à Merchtem, au Nord de Bruxelles, le bourgmestre n’est autre que son pointu frère Eddy. Et la présidente du CPAS local n’est autre que sa fille Julie. Qui y succèda à son papa, le mari de Maggie, par deux fois échevin. Membre du parti depuis ses 16 ans, c’est du sang politique familial rhésus PVV-VLD qui coule dans les veines bleues du Dr De Block. Et les couloirs complexes du Parlement, elle les connaît comme sa poche depuis 2003 (elle fut Secrétaire de la Chambre), bien avant d’être élue en juin 1999. Sans grande concurrence dans sa circonscription, Mme Tout le Monde y récoltera assurément, en mai 2014, un joli score dans son panier de ménagère revenant du marché. C’est beaucoup moins sûr, ailleurs, pour l’OpenVLD, de moins en moins flamand, toujours si influencé par Guy Verhofstadt, le thatchérien devenu libéral de gauche anti-nationaliste…
De même, lorsque le dandy Alexander De Croo la branche, en 2011, sur la prise de l'Asile, de l'Immigration et de l'Intégration sociale, Maggie fait un peu trop mine d’ignorer tout de ces dossiers. S’il est vrai que, simple parlementaire, elle s’intéressait plutôt au prix des couronnes dentaires ou à l’absentéisme à la Poste, elle n’en posait pas moins nombre de questions tantôt sur la disparition des mineurs des Centres d’Asile ouverts ou tantôt sur le “critère de l’orientation sexuelle pour ce qui est des réfugiés politiques”… Sans assurément connaître tout des arcanes subtiles du secteur, elle ne débarquait pas non plus en terre inconnue. Et, pour la première fois, non controversée , de la droite au centre-gauche au pouvoir.
Elio Di Rupo, interrogé il y a peu sur les renvois de réfugiés, a laissé échapper l’aveu:Ce sont des politiques que la coalition mène pour faire en sorte de ne pas faire éclater le pays.”
Entendez qu’il s’agit avant tout de renforcer l’OpenVLD et autres flamands face à la N-VA. Maggie De Block s’est donc retrouvée servie par des circonstances exceptionnelles: l’autorisation politique d’agir sans être contestée. Elle n’est pas ligotée comme le fut Annemie Turtelboom sous Leterme et Van Rompuy.

La porte fermée aux émotions.

2) Maggie De Block est-elle une personnalité à la volonté aussi réelle que son physique de femme forte? Assurément pas pour elle-même: si elle assume et use de son physique affectif et  “maternellement” freudien , la contradiction entre son métier de médecin et son obésité est la question qu’elle fuit toujours obstinément à l’aide de l’une ou l’autre pirouette. Tactique de fuite qui chasse aussi apparemment, dans son métier, toutes les émotions qui pourraient flouter sa grande mission politique. Comme si elle avait décidé de fermer sa porte aux sentiments en ne se raccrochant qu’à des textes administratifs arides: ceux de la législation belge, de l’Europe ou de l’ONU. Ainsi, pour ce qui est de son dossier le plus délicat (les réfugiés afghans et leurs enfants, scolarisés et parfois nés en Belgique) de son refus obstiné de se rendre perso en Afghanistan. Surtout ne pas se retrouver à “voir”, de ses yeux voir, la réalité d’un terrain promis au retour des lois talibanes. Toujours se retrancher derrière les avis incontestés et incontestables de ses administrations et n’user point trop de son pouvoir discrétionnaire, comme si elle était Secrétaire générale d’administration, pas de ces ministres fous de politiques qui, au delà de leurs défauts, ont une flamme dans le regard.
On peut donc lire tout à la fois Gabriel Garcia Màrquez et adopter l’attitude d’un célèbre préfet de Judée.
La jovialité de Maggie De Block est un piège, un roc, allez, disons-le, un bloc sur lequel se fracassent toute question exprimant un doute. Tous ceux qui croisent le fer avec elle, qui contestent ou cherchent simplement à mieux établir le bilan réel de ses actions, se rejoignent assez: Maggie-la-libérale-sociale se veut sourde. Elle refuse le débat, elle ponce-pilate, fuit la discussion, déteste la contradiction, n’aime guère qu’on soulève des questions dérangeantes, répugne régulièrement à fournir des chiffres et statistiques précises, préférant qu’on lui “fasse confiance”. Car la réalité du terrain, fait de milliers de réfugiés aussi clandestins que discrets, diffère pour le moins de ses statistiques tellement en baisse. Qui lui ont permis -coup de maître en com’ pour démontrer àla Flandre qu’elle était vraiment la “bonne gestionnaire”- de se permettre de reverser 90 millions d’€ à l’Etat. Quitte à rogner aussi au passage des budgets sur une autre de ses attributions: l’aide aux SDF. Alors que les infrastructures d’accueil pleurent chroniquement, manque de moyens.
Une sympathisante de la cause des afghans, pas du genre militante excitée à propager portnawak, se dit toujours estomaquée par la réponse que lui aurait faite Maggie lorsqu’elle a essayé de dialoguer. Ça aurait donné à peu près ceci :
- Mais vous savez, ils ont froid dans cette église du Béguinage ! (le lieu ou les afghans ont trouvé refuge à Bruxelles)
- C'est la faute du prêtre, il n'avait qu'à pas les accueillir…
Humour made in Merchtem. D’autant plus troublant que De Block ne veut pas non plus être vue comme une “Dame de Fer” qu’elle n’est pas. 

Le frère bourgmestre et flamingant

3) Il est d’autres sujets que Maggie déteste: ceux qu’elle maîtrise mal. Car- et c’est ici qu’il faut relativiser sa popularité toute récente- Maggie n’est pas, comme on dit, un “animal politique”. Elle doit précisément son succès du moment à n’apparaître qu’efficace et peu politicienne.
C’est le piège qui peut se refermer sur elle. Si elle est populaire, l’OpenVLD ne l’est guère. Et les départs vers la N-VA (le dernier en date étant carrément celui de l’ancien colistier de Gwendolyn Rutten à Louvain) n’arrangent pas le tableau. D’où la tentation de la mettre fortement en avant d’ici mai 2014.  
Tiens, avez-vous jamais entendu Maggie De Block, qui habite pourtant dans la périphérie de Bruxelles, s’exprimer sur le communautaire?
Or, sur le sujet, son frère Eddy, son bourgmestre, est plutôt du genre agité. C’est Eddie De Block qui refusait d’organiser des élections si BHV n’était pas scindé. C’est Eddie le frérot qui  avait essayé de faire interdire l’usage de toute autre langue que le néerlandais dans les écoles de la commune: autant d’ailleurs entre parents et enseignants qu’entre enfants. C’est encore Eddy De Block qui avait décrété l’interdiction des panneaux et affichages des marchands ambulants du marché local en d'autres langues que le néerlandais (ce fut cassé par le Gouvernement flamand)
Avez-vous ouï Maggie De Block causer fiscalité, économique, budget? Après avoir présidé le dernier congrès des libéraux flamands –celui ou Gwendolyn Rutten s’est excusée pour les mesures fiscales adoptées par les libéraux- Maggie fit sourire toute la Flandre en n’arrivant à formuler aucune réponse à la question toute bête d’un journaliste: “Combien ça coûte?”. (2) Euh. Et interrogée l’autre week-end par Pascal Vrebos sur le fameux “Bonus de liquidation des entreprises” (qui passera de 10% à …25%, cauchemar de nombreux indépendants en fin de carrière) disons pudiquement que sa réponse flottante, constellée d’hésitations, n’était guère convaincante.
Bref, dans un débat face à un Kris Peeters où à un Bart De Wever- dont les assises de popularité sont toutes autres- on demande à voir.
Les femmes en politique sont toujours soupconnées du péché de séduction. Tout le battage médiatique qui a inventé, amplifié le personnage hors-normes de Maggie, créé le hype, a ses évidentes limites. Le marketing de la “nouvelle modestie”, le mythe de la “femme normale” venue s’asseoir quasi par hasard rue de la Loi retombera aussi. Dura lex sed lex, aussi en médiapolitique.

L’asile et l’immigration, problématiques sensibles

4) C’est la première fois que les dossiers de l’asile et de l’immigration sont, dans ce pays, quelque peu traités dans l’esprit du “Bastion Européen” qui se constitue peu à peu et où la Méditerranée devient, dramatiquement, un cimetière. 
Maggie profite grandement de cette magie du commencement. Qui fait appliquer des règles, dans un domaine ou c’était, à tort où à raison, rarement le cas. En version plus sociale, “open mind”, elle répond ainsi à cette même angoisse migratoire qu’ un Sarkozy a tant utilisée pendant son quinquennat. Cette problématique là est très sensible en Flandre, après un passé jugé “bien trop laxiste”. Lorsque ce contexte s’affaiblira, l’effet s’estompera.
Et ne pas s’y tromper: lorsqu’elle se proclame sans cesse“Sévère mais juste”, De Block n’est pas loin de recycler les campagnes électorales qui, jadis, firent gagner les socialistes flamands de Louis Tobback. Qui proclamait itou la nécessité d’attitudes très fermes pour sauver la Sécurité Sociale.
Dans le fond, c’est sans doute ce côté strict, efficace, cette énergie à se montrer “bonne gestionnaire”, parfois jusqu’à l’absurde ou l’injuste, qui sera la meilleure carte pour l’avenir de Maggie De Block, future ministre qui sera toujours plus technocrate que généraliste de la politique.
Reste à voir si, responsable par exemple de la SNCB, elle pourrait être aussi populaire en faisant en sorte que les trains arrivent enfin à l’heure. C’est qu’un CEO public, ça se croit désormais supérieur à un(e) ministre. C’est qu’un cheminot en colère, dans l’histoire sociale belge, ça ne se laisse pas reconduire aussi facilement qu’un réfugié.


Michel HENRION.

(1)“Travailler, ne pas bavarder”
(2) Le flop de Maggie, qui a fait sourire toute la Flandre, en vidéo : http://deredactie.be/cm/vrtnieuws/videozone/Gezien%2Bop%2Btv%253F/1.1771845


Le basket-ball, ça se joue en éthique: Johan Vande Lanotte et Electrawinds. (Chronique Marianne Belgique du 15/12/13)

 
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Au Parlement, on a vu souvent des entrepreneurs se muer en politiques. Désormais, on y croise aussi des politiques qui mutent entrepreneurs. Pour le goût du pouvoir. Ou celui de l’argent. C’est que les rémunérations hyperboliques des CEO publics ou des cadres de la finance ont fait naturellement saliver d’aucuns, n’ayant pour vivre que leurs indemnités d’élus. Dont on découvre, aux hasards de l’actu, que certains ont constitué par exemple une mini-société de “conseil”: qui n’a généralement qu’un ou deux clients, genre intercommunale ou société publique. Tout comme d’autres- fréquemment des avocats élus- monnaient leur entregent et leurs carnets d’adresse. Or, si le pouvoir a ses délices, il a aussi ses poisons. Et les “affaires”, en politique, c’est un mal fulgurant. Il frappe ces temps-ci, comme un ouragan, le Vice-Premier Ministre Johan Vande Lanotte, l’homme fort du SPa, celui qu’on a surnommé “l’Empereur d’Ostende”. Bruno Tobback, le président des socialistes flamands, a beau dire sans rire “que Vande Lanotte avait fait plus pour cette ville que Léopold 2”, le coup est rude. Il s’y occupe, il est vrai, de tout, le passionné de basket-ball: de son club (sponsorisé par Telindus, d’où deux ans d’enquête du Parquet), du port (qu’il présida), de la mer (l’homme s’est fait désigner aussi Ministre de la Mer du Nord) et même du vent qui court. Ce vent qu’Electrawinds a capté dans ses filets de société d’énergie verte (éolien, biomasse, solaire), ceux-ci pêchant au fil des années des dizaines de millions d’euros publics. Et peu importe que Vande Lanotte en fut encore ou non le Président en titre: son nom suffisait à décrocher les lignes de crédit jusqu’au jour ou le système pyramidal Electrawinds a forcément chaviré.
Vous souvenez-vous, au moment de la fermeture de Ford-Genk, du discours de niveau 9 sur l’échelle de l’émotion, de la députée flamande Meyrame Kitir (issue du site limbourgeois) suppliant que l’on fasse quelque chose pour sauver l’usine historique? On fit peu: mais Electrawinds engrangea, elle, encore plein de millions d’euros: 152 au total.
Mal pris, car ce qui n’est pas illégal n’est pas forcément acceptable, car borderline du conflit d’intérêts, l’homme a lancé sa défense: ce n’est évidemment pas un hasard sir Freya Vanden Bossche a proposé soudain de média-clinquantes mesures anti-cumul auxquelles Vande Lanotte souscrit illico presto. Alors que ce qu’on reproche à Vande Lanotte n’a rien à voir avec les cumuls. C’est la vieille technique du contrefeu: “ If you can’t convince them, confuse them”.
On vous passe les péripéties du dossier: car ça n’ira pas beaucoup plus loin. D’autant plus que tous les rouages publics, pour le moins très politisés, qui ont alimenté l’entreprise foireuse en argent frais impliquent tous les autres partis, y compris la N-VA.(via le fondateur d’Electrawinds)
La Reine Fabiola a finalement eu moins de chance, avec sa Fondation, que Johan Vande Lanotte:
Fons Pereos, non plus, n’avait rien d’illégal. Cela manquait juste d’éthique élémentaire, comme les habitudes prises par  ce drogué de pouvoir qu’est Vande Lanotte qui vient de faire nommer, comme CEO surprise de la SNCB, son propre successeur à la Présidence d’Electrawinds, M. Jo Cornu.
Tiens, tout juste avant la débâcle publique. Tout comme juste avant le désastre de la Sabena, lorsque Vande Lanotte, déjà un brin léger, s’était fait rouler dans la farine par Swissair.
Johan Vande Lanotte, ce fou de basket, nous ferait plutôt penser à Lance Armstrong. Là aussi, tout le monde savait plus ou moins ce qui se passait mais nul ne voulait vraiment le voir. Parce qu’on intimidait (Vande Lanotte menace de procès, se fâche sur une journaliste de Terzake-VRT), parce qu’on rassurait. Ainsi la belle image de Johan Vande Lanotte se détricote-t-elle en Flandre à coups d’accrocs douteux, mais l’Empereur d’Ostende n’est pas encore nu.
C’est le destin de nombre de politiques. Qui se croient intouchables jusqu’au détail de trop, au tour de passe-passe de trop. Et il n’est dès lors d’autre issue que la retraite. Et la présidence du club de basket local. Ou là, on joue en éthique.

Michel HENRION


vendredi 13 décembre 2013

L’Open N-VA (chronique parue dans Marianne Belgique du 30/11/13)



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C’est un passage à la N-VA qui n’a guère fait parler de lui au Sud du pays, hormis dans le microcosme. Celui de Johan Van Overtveldt, économiste réputé et plume emblématique de l’hebdo financier Trends, version flamande traditionnellement pointue.
C’est un autre passage à la N-VA qui n’a pas plus fait causer de lui versus francophone: celui de la députée OpenVLD Annick De Ridder, qui, “en conscience”,  ne se reconnaît plus dans le libéralisme-marketing des “leading ladies” libérales (le trio Rutten-De Block-Turtelboom).
Ce sont pourtant là deux épisodes significatifs d’une très bonne question: où se trouvent désormais les libéraux en Flandre?
Le Grand Baromètre l’a montré: en jetant sur papier son Confédéralisme radical (soutenu par 41% des flamands, chiffre vraiment interpellant), Bart De Wever a lancé une sacrée “balle magique” qui n’a pas fini de rebondir d’ici le 25 mai 2014. Un projet qui a cependant son handicap: un certain manque de crédibilité du volet socio-économique, ressenti souvent comme pas trop arrimé.
Du coup, Bart sort de son chapeau le “lapin blanc” Johan Van Overtveldt, sans doute le plus joli animal du genre de toute l’histoire politique flamande. Parce que l’homme, nimbé de sa réputation d’expert vedette,  valide et donne, par son ralliement,  du crédit à tout ce que la N-VA dit sur un socio-économique qui se communautarise vitesse VV prime. Parce que médiatique, bon débatteur- aussi futur ministre en puissance- l’ex-rédac chef de Trends incarne pile poil l’électorat que De Wever entend précisément capter. Ces entrepreneurs flamands qui ne sont pas forcément nationalistes mais qui ralbolent des “solutions à la belge”. Qui enragent devant les blocages –aux allures de “mini BHV”- de l’équipe Di Rupo pour ce qui est du coût salarial et de la compétitivité. La N-VA, dans sa quête confédéraliste, recherche l’appui des milieux économiques et financiers. (53% des indépendants de Flandre souhaiteraient déjà la N-VA au pouvoir, loin devant l’Open VLD à un maigre 19%)
Le “lapin blanc” Van Overtveldlt pourrait donc inciter, d’autres acteurs économiques à rejoindre le terrier N-VA.
Le pragmatique professeur Van Overtveltd eût pu choisir de s’engager au sein de l’Open VLD.
Surprise: son libéralisme économique le conduit à la N-VA, dont il bonifie illico l’image.
C’est donc le moment ou jamais pour De Wever de convaincre les libéraux de virer N-VA. Et son grand congrès de fin janvier 2014 pourrait, qui sait, se comparer demain au bigbang qui transforma jadis le PVV en VLD triomphant.  Il est vrai que, à l’instar d’un De Wever, Verhofstadt était idéologue.
Aujourd’hui, Gwendolyn Rutten fait plutôt dans la forme, le marketing et l’optimisme Dr Coué : pas de vrai renouveau idéologique. On y fait plutôt le pari d’attirer par son discours de moins en moins flamand, de moins en moins libéral au sens doctrinal du terme, de nouveaux électeurs. Cela ne va pas donc sans remous entre la base et le top OpenVLD.  A son élection à la présidence, quoique soutenue par tous les apparatchiks bleus, Gwendolyn Rutten avait déjà dû encaisser le score contestataire (40%) de son challenger, le peu connu Egbert Lachaert. Cette fois, c’est un déluge de “lettres ouvertes” et autres réactions cinglantes (les Jong VLD ont été les fers de lance de la contestation interne, aussi bien maîtrisée par Maggie qu’un rétif afghan) qui montrent qu’un certain nombre de libéraux flamands ne flonflonnent plus avec ces éternelles promesses, utopiques dans le contexte belge.
Gwendolyn Rutten peut certes compter sur tous ceux qui sont OpenVLD avant d’être libéraux, sur tous ceux qui ont une réelle aversion pour le nationalisme, sur tous ceux qui ont trop ou trop peu d’ambitions. Mais bien d’autres feront comme Van Overtveldt ou la députée Annick De Ridder. Et opteront pour le libéralisme sauce N-VA.
Avec Mega Maggie, Annemie et Gwendolyn, les libéraux flamands ne sont plus les seuls à pouvoir se targuer de l’ ”étiquette libérale”: surtout pour ce qui est du socio-économique. 
Leur cauchemar de demain, c’est l’Open N-VA.


Michel HENRION

Le suicide des Télétubbies (la faiblesse de la gauche en Flandre) (Chronique de Marianne Belgique)



C’est une photo qui tourne sur les réseaux sociaux: celle de Bruno Tobback, président des socialistes flamands (SP.a), posant people et relax sur le ponton de son joli voilier. Erreur médiapolitique évidente. Qui renforce son image de “fils à papa”  (Louis Tobback, lui-même président des années nonante) et fait penser, sinon à la gauche caviar, à tout le moins à la gauche babord-sardine-à-l’huile
Pas malin. Pas bon pour un parti qui, malgré un vague relooking idéologique s’ouvrant à la liberté économique, aurait –si l’on croit les sondages- perdu encore bien des plumes électorales. A tel point que toutes les “gauches” confondues (SP.a, Groen, PVDA+) ne pèseraient plus qu’un bon 21%  au Nord du pays.
“Avec la N-VA, la Flandre a viré à droite” entend-on souvent comme antienne, versus francophone.
Vite dit. Car l’électeur qui affectionne aujourd’hui Bart De Wever est souvent celui-là même qui, il y a dix ans, votait pour « Steve Stunt » (« Steve tour de force »), entendez Steve Stevaert (qui s’adjugeait 600.000 voix de préference) Avant que ce président du SP.a n’abandonne la politique pour se lancer dans les affaires et tuer son image dans des épisodes foireux, avec ou sans sextape.
Vite dit. Car il est des nationalistes flamands au coeur à gauche qui votent momentanément N-VA, parce qu’elle leur apparaît comme le véhicule politique le plus direct pour conduire la Flandre à l’autonomie. L’exemple le plus connu est celui de Jef Turfs, ancien président du défunt Parti Communiste belge.
Vite dit: car la curiosité anatomique de la Flandre actuelle, c’est que la main qu’elle affectionne désormais, ce n’est ni la gauche, ni la droite, c’est plutôt tout simplement celle qui lui montre le chemin de l’efficacité.
Ce n’est pas la Flandre qui a tant changé: c’est l’environnement. L’effondrement de “l’Etat CVP” et surtout l’éclatement de la bulle économique qui permettait à Steve Stevaert de faire pousser les arbres jusqu’au ciel et d’offrir les transports en commun gratos…
Aujourd’hui, le storystelling qui plait en Flandre, c’est l’adaptation à la nouvelle donne de l’économie de crise. Il convient de “responsabiliser”, de “réformer”, de “restructurer” la Belgique, quasi à l’instar d’une entreprise. C’est pour ça que le discours d’un Bart De Wever fonctionne si bien en Flandre: c’est souvent ressenti comme assez peu idéologique et plutôt comme de la bonne gestion de temps de crise. C’est cela, la crise de la gauche en Flandre.
Pour les socialistes flamands, il est loin le temps ou triomphaient ceux qu’on appelait les “4 Télétubbies”, du nom de cette série pour très jeunes enfants mettant en scène les aventures de quatre personnages très colorés. A savoir  le quatuor Steve Stevaert, Patrick Janssens, Frank Vandenbroucke et Johan Vande Lanotte. Tous médiatiques, populaires, proches des flamands qui, richesse économique aidant, leur faisaient confiance.
L’emblématique Steve Stevaert évaporé, Vande Lanotte n’a cessé d’user son parti. Battu par Leterme et Verhofstadt, il propulsera une incertaine Caroline Gennez, quasi inconnue, comme successeur. Laquelle laissera comme seul souvenir d’avoir eu la riche idée d’écarter Frank Vandenbroucke, et de le renvoyer à l’Université. Quant à Patrick Janssens, son seul titre est d’être désormais l’ex-bourgmestre d’Anvers, celui battu par De Wever.
Aujourd’hui, le SP.a, sous l’influence du dernier des Télétubbies, Johan Vande Lanotte, ne donne plus que l’image d’un parti juste accro au pouvoir. Sans même prendre encore la peine de camoufler ça derrière l’un ou l’autre récit idéologique.
L’incroyable feuilleton de la nomination du CEO de la SNCB en est le témoin: Vande Lanotte, le “ministre des nominations” n’entendait y nommer qu’amie proche ou, en désespoir de cause, proche ami.
C’est le système belge qui est la police d’assurance du SP.a. Tant que le PS est fort en Wallonie, il est presque sûr de boire le pouvoir rose. Jusqu’à devenir aussi paresseux et maladroit que Tinky Winky. Ce n’est pas tant la Flandre qui a viré à droite: juste les Télétubbies qui se sont suicidés. Avec une grande efficacité.

Michel HENRION.

Le transformisme en politique: quand Elio Di Rupo était confédéraliste (chronique de Marianne Belgique du 16/11/13)


 “ Le confédéralisme, c’est un mot-valise”, lâchait il y a peu
Paul Magnette, président ff du PS,  à RTL-TVI. De fait, puisque dans la grande consigne empoussiérée où l’on remise les mots politiques d’opportunité, on peut archéologiser et dénicher un orateur qui, dans une session extraordinaire de la Chambre, l’après-midi du 14 mai 1988, se référait à l’auteur de la célèbre “Lettre au Roi” de 1912 .
“ Comme l’affirmait Jules Destrée, nous devons faire face à une grande réalité: il n’y a pas de Belge, c’est à dire que la Belgique est un Etat politique, qu’elle n’est pas une nationalité“
“La fusion des Flamands et des Wallons, artificiellement opérée en 1831, s’est avérée, au fil du temps un mélange hétérogène, parfois explosif. Et il est vain de souhaiter son maintien”.
En revanche,  poursuivait l’orateur- un certain Elio Di Rupo- l’avènement d’une Belgique fédérale ou confédérale à édifier de façon équilibrée et stable répondrait aux aspirations des deux Communautés, et chacune pourrait y tirer profit efficacement de sa différence culturelle et économique”. Vous avez bien lu: “fédérale ou confédérale”. Mais le Premier Ministre d’aujourd’hui se profilait déjà puisqu’il ajoutait cette phrase qu’il pourra tout aussi bien placer à l’envi dans la campagne électorale du printemps prochain: “ L’accord de gouvernement constitue une des dernières chances de ne pas diviser notre pays de manière anarchique”.
Qu’un politique endosse des rôles différents au fil de sa carrière, défende des opinions évolutives, rien que de plus normal.  En 1988, c’était encore l’époque du carrousel fouronnais et la Région de Bruxelles-Capitale n’avait même pas mis en place ses organes législatif et exécutif. C’est dire.
Non, le phénomène intéressant en marketing politique, c’est la rapidité avec lequel l’élu d’aujourd’hui se doit d’être flexible, adaptable. Comme l’a si bien relevé l’analyste français Christian Salmon,  “la versatilité n’est plus un défaut, ni une preuve d’opportunisme. Bien au contraire, elle est  exigée de l’homme politique qui doit se reconfigurer sans cesse pour capter l’attention”.
C’est au Nord, ou tout tourne autour du mot “confédéralisme”, que le phénomène est le plus frappant. La N-VA a mis brutalement au clair ce que ça signifiait pour elle (scindons tout, sauf ce qui est trop complexe) mais, transformisme immédiat, le discours que De Wever fait percoler est d’un engagement un brin mollasson pour ce qui est de sa concrétisation…
C’est, mine de rien, la main tendue au CD&V de Kris Peeters et à son “confédéralisme positif”, entendez surtout flou. Adaptation encore: on ne se distancie nullement du confédéralisme: on le met juste un temps dans le bon vieux frigo ronronnant trouble qui a si souvent servi à Martens, Dehaene ou Leterme. On y va, mais à un rythme moins rapide. A ce petit jeu du caméléon, c’est l’OpenVLD de Gwendolyn Rutten qui  fait le plus fort en jouant carrément l’amnésie collective. Pour un peu, on y attribuerait désormais ce point (adopté en 2002 par 128 voix contre 122) aux seuls méfaits de l’attirance d’un bar de congrès.  On y votera bientôt pour essayer de gommer le mot confédéralisme du programme bleu et y mettre en avant le “fédéralisme de coopération”. Un concept tellement coopérant qu’il postule aussi de légers détails comme la fin de la parité au gouvernement fédéral ou l’étouffoir de la sonnette d’alarme si chère aux francophones.
Mine de rien, le transformisme en  politique, tient souvent du fildeférisme. Il faudra décidément bien du talent au CD&V pour expliquer le subtil distingo entre son confédéralisme positif et celui de DeWever. Il faudra carrément du génie à l’OpenVLD  pour faire comprendre pourquoi le confédéralisme dont il ne veut plus était, au fond, bien meilleur que le confédéralisme de la N-VA.
Les conseils d’Arturo Brachetti sont les bienvenus.


Michel HENRION

Le pavois trompeur de Maggie De Block (chronique dans Marianne Belgique du 2/11/13)



La rue de la Loi a sa légende urbaine: après Tindemans, Steve Stevaert, Guy Verhofstadt, Yves Leterme, toutes ces idoles à date de péremption politique rapide, voici que serait venu le tour d’idolâtrer Maggie De Block, celle qui démoderait Bart De Wever. Ce président d’une N-VA déjà si secouée par le revirement irrité des médias flamands à son endroit, de ces rédacs chefs désormais à la recherche de la Nouvelle Star, d’un nouveau storytelling politique à vendre. A preuve, nous serine-t-on, l’irrésistible ascension de Maggie De Block, jusqu’à se glisser récemment en deuxième place sur la pavois des sondages en Flandre, juste entre Kris Peeters et Bart.
Las, la popularité, c’est un peu comme les parfums: il en est qui tiennent, d’autres bien plus légers, faits de senteurs de saisons…
C’est l’évidence: avec Maggie De Block, on est à mille lieux du culte de la personnalité suscité par un De Wever. On est plutôt dans l’histoire singulière d’une médecin entrée en politique et subitement très appréciée parce qu’elle soigne, sans prétention ni émotions apparentes, la santé électorale des libéraux du Nord. En faisant le ménage dans le secteur ô combien hypersensible en Flandre de l’asile et de l’immigration. L’homme de la rue flamand, N-VA ou Belang aidant, n’y voyait que du laxisme: l’atypique “Maggie” y fait donc son “petit possible” puisqu’elle a les mains libres. Elle n’a d’yeux que pour ses propres dossiers, ne se répand pas sans cesse dans les médias et, surtout, expulse régulièrement tout en fermant quasi toutes les portes, 
Et lorsqu’Alexandre De Croo lui abandonne le crachoir au Conseil des Ministres, c’est curieusement un personnage enjoué qui fait jovialement passer, quasi gaiement, des dossiers inflexibles qui, souvent, cachent les pires des drames humains. Sur lesquels l’équipe Di Rupo ferme plutôt les yeux puisque- cynisme politique oblige- la raison d’Etat convient d’aider les partis flamands de la majorité à contrer la N-VA. Et ce même s’il est plus que douteux que l’Open VLD puisse, en 2014, transformer en voix la popularité de Maggie.  Dont la force de conviction est d’ailleurs plutôt unilatérale. Ne pas trop compter sur Maggie Coeur de Bouillon pour convaincre la Flandre du bien-fondé de certaines complexités- afghanes ou lampedusiennes- qui ne plairaient guère à l’électeur de son coin.
C’est, en com’ politique, l’exemple-type du marketing du pseudo bon sens.
“Je ne puis tout de même pas aller enquêter moi-même en Afghanistan” a-t-elle ainsi lâché l’autre jour après le décès du jeune Aref. Bref, pas trop de raisonnements ni de considérations compliquées: vive le sens commun du flamand lambda. Le “bon sens” -celui qui est supposé naturel ou pragmatique- c’est la force de l’évidence pour Maggie, cette “ménagère qui revient du marché avec des dossiers dans son cabas”. Pour nombre de belges, “les politiques pensent trop alors qu’ils feraient mieux d’agir”: c’est là tout le secret du bouillon politique de Maggie. Même si le recours martelé au bon sens est souvent aussi un total renoncement à la pensée.
Ne pas s’illusionner: Maggie De Block n’est en rien l’impératrice de Flandre capable de succéder à un De Wever bien vivant.
Son succès, ce n’est pas une irrésistible ascension voulue: c’est une conjonction entre une politique forte d’attributions sensibles et une vraie force de travail. Que De Block se retrouve demain dans un département plus traditionnel et on prend le pari que cette popularité ne sera plus aussi hype. Oh, peut-être sera-t-elle un jour hissée à la présidence de l’OpenVLD: mais, autre phénomène, on sait aussi combien les présidents de parti flamands ne sont plus vraiment désormais ceux qui pèsent et comptent…

Michel HENRION

La “Nouvelle Belgitude”, pensée magique. (chronique dans Marianne Belgique du 19/10/13)


Aujourd’hui, la com’ politique n’a plus pour but de pondre de jolis slogans, ni même de narrer de belles histoires. Les illusionnistes du métier visent désormais, mine de rien, à “envoûter” les esprits. Il convient donc, plus que jamais, de se méfier des incantations abracadramédiatiquement assommées comme autant de vérités. Ainsi du climat de pensée magique autour de la “Nouvelle Belgitude”.
Cinq éléments de réflexion:
1) Une des clés fortes de compréhension de ce pays est qu’il n’a guère de mémoire collective commune. La Flandre, fut-elle prospère, se vit  toujours avec un historique sentiment collectif de frustration vis à vis des francophones, même si ceux-ci sont vus plus comme gaspilleurs-profiteurs que dominants. Les francophones, eux, vivent encore avec l’image subliminale de la riche Wallonie d’antan, si généreuse pour le Nord, et réclamant dès lors le maintien de la solidarité interpersonnelle si chère à Di Rupo. (1)
2)  Ce sont ces mémoires collectives si différentes qui  nous ont donné une identité commune si vague, presque proche de l’indifférence. Fait récurrent: seul le sport éveille aléatoirement un sentiment émotionnel d’appartenance nationale. Il en fut ainsi, jadis, pour Eddy Merckx. Plus récemment quand Justine Henin et Clijsters raquetaient le tennis mondial, quand Tia Hellebaut et Kim Gevaert trustaient des médailles d’or aux JO, quand les frères Borlée couraient presque aussi vite que ne roulait Philippe Gilbert…A chaque fois, les drapeaux se dépoussiéraient. A chaque fois, le “sentiment belche” était momentanément plus prononcé.
3) La belgitude, c’est un peu comme le soleil en Belgique: ça va, ça vient mais on ne peut le capturer guère plus qu’un moment.
Le football, par sa force rayonnante parfois délirante, photosynthèse encore bien davantage les esprits. D’autant plus que des agences de com’ veillent à viralement assurer le “hype”. Sans parler de ceux pour qui cette belgitude est souvent fond de commerce: médias, sponsors, politiques, artistes (Daan, Arno, Axelle Red, Stromae…)
4)En bon historien nationaliste féru de Tijl Uylenspiegel, De Wever connaît toute la force de ce passé traumatique. Qui influe toujours le flamand lambda bien plus qu’un résultat de match. Pour parler clair, même s’il assure le service minimum, De Wever se fout du foot.
N’aimant pas trop le sport (hormis le badminton, ou il excella) sa stratégie n’accorde guère d’importance au Mundial. Car il sait, à l’instar de Kris Peeters, que la N-VA a plus à gagner avec la compétitivité de l’industrie de Flandre qu’avec celle des Diables.
5)On fait grand cas en com’, au 16 rue de la Loi, du sondage selon lequel le Premier Ministre serait bien vu de 6 flamands sur 10. Le léger hic, c’est qu’à l’analyse détaillée, ce soutien ne se traduit en aucun bonus pour les partis flamands de l’équipe Di Rupo, qui restent kif à leur niveau de 2010. Si la N-VA connaît un recul psychologique grave -qui va forcer De Wever à délaisser Anvers pour redevenir davantage Président de parti - c’est Groen et PVDA+ qui en bénéficient.
L’explication est que, longtemps perçu au Nord comme un quasi personnage de bande dessinée sans grande crédibilité -son néerlandais hésitant rappelant en outre que la classe dominante de jadis ne parlait que le français- Di Rupo a réussi, peu à peu, à changer cette image en Flandre.
Le Nord s’est habitué au personnage d’opéra, à ce style si déconcertant pour un flamand. Après l’avoir longtemps toléré, il l’a accepté. Di Rupo n’apparait plus comme un politique différent jusqu’à l’étrange. 
Pour pas mal de flamands, c’est devenu simplement “Elio”. Un Premier Ministre qui s’est un peu transformé en mascotte. Comme celles qu’on crée -à Rio, ce sera le tatou Fuleco- pour populariser un Mundial de foot.


Michel HENRION.

(1) Lire à ce propos “Un Etat, deux mémoires collectives” (Editions Mardaga)