Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 31 octobre 2012

Le genre de détail qui vous fait douter de toute une analyse politique...

Certains politologues m'étonneront toujours. Je lis l'analyse de Vincent de Coorebyter (CRISP) dans Le Soir et suis quelque peu interloqué à lire ceci: " Bart De Wever avait annoncé une double ambition pour les élections communales: prendre les deux premières villes de Flandre. Il a gagné son pari à Anvers mais il a échoué à Gand". C'est juste pour Anvers, mais sur base de quoi le directeur du CRI SP peut-il affirmer cela pour Gand ? La N-VA n'est pas folle et savait pertinemment bien que Gand, grâce au SPa Daniel Termont, était un fief de gauche quasi imprenable ? Donc, ce que Van Coorebyter affirme je ne l'ai jamais lu, vu ou entendu dans les médias du Nord.(et je ne suis pas trop distrait) et n'a, à mon sens, jamais existé. Le genre de détail forcé qui, du coup, vous fait douter de toute l'analyse.

Psy et passion politique, qu'il s'agisse de s'en prendre à De Wever ou de se faire l'avocat de Léopold III, c'est décidément un bien mauvais mélange...

Le psychiatre Jean-Yves Hayez est, décidément, un personnage... Pour rappel, c'est lui qui s'était fait sévèrement tancer par le Conseil national de l'Ordre des médecins qui avait jugé -et ce n'est pas rien- que ledit psychiatre , professeur à l'UCL, avait "porté atteinte à sa profession" en qualifiant, dans une interview à la presse, le président de la N-VA "d'enfant roi". Sa démarche a été "contraire à plusieurs dispositions du Code de déontologie médicale", estimait le Conseil de l'Ordre, notamment en l'absence "de relation patient avec Monsieur Bart De Wever". Badaboum: dans une "Carte Blanche" au Soir, le dit Jean-Yves Hayez, à nouveau en pleine analyse psy très personnelle, s'en prend cette fois à Frederic Deborsu accusé, entre autres folies livresques, d'être poussé (on cite) " par des conseillers ou commanditaires" qui aimeraient carrément, selon Hayez, "enclencher une seconde question royale". Rien que ça . Et entre autres accusations enfilées comme autant de perles, Hayez de reprocher "l'énorme coup de poing au ventre infligé aux quatre enfants de Philippe et Mathilde". Oui, au ventre. (on note que les problos psy de Delphine Boël, qui ceux-là n'ont rien d'éventuels, n'intéressent guère le psy UCL). Qui, en fin de cette "Carte Blanche", co-écrite avec François Leurquin, donne la clé politique de son humeur dépsytée: " En 1950, lors de la première question royale, une partie du pays avait voulu se débarrasser de Léopold III, à cause de sa supposée traîtrise au pays". Psy et passion politique, qu'il s'agisse de s'en prendre à De Wever ou de se faire l'avocat de Léopold III, c'est décidément un bien mauvais mélange...

dimanche 28 octobre 2012

"On refait le monde" télé (25/10): "Comme si c'était Michèle Martin qui avait écrit "Questions Royales"

Deborsu: ce sont ceux qui en parlent le plus qui ne l'ont pas lu (Controverse)

Débat animé sur la monarchie à Controverse  (28/10/2012)mais dont certains participants n'ont assurément guère fait avancer le principe du libre-examen ("La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un inté
rêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n'est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d'être.")
Si l'excellente Martine Dubuisson (journaliste au Soir), si Josy Dubié (ex-journaliste, ex-sénateur) et l'essayiste Thierry Debels (qui accusera Léopold 2 de pédophilie) avaient préalablement lu l'ouvrage de Frederic Deborsu, il n'en allait étonnamment pas de même d'autres invités. Cela donnait des propos quelque peu...euh... surprenants:
-Armand De Decker: " Je n'ai pas lu le livre. J'ai lu les extraits et ça me suffit. Bien entendu ce livre poursuit des buts politiques." (rires sur le plateau)
-Marc Uyttendaele: " Je n'ai pas lu le livre. Et je n'ai pas envie de le lire. Je n'ai pas envie de cautionner par l'achat de ce livre".
-Pierre-Yves Monette, conseiller honoraire du roi: " Je n'ai pas lu le livre. Je ne l'ai pas trouvé en librairie, et ils ne sont pas en rupture de stock. On y touche à la dignité humaine et à la Convention Européenne des Droits de l'Homme".

Comme quoi, c'est décidément ceux qui en parlent le plus qui ne l'ont pas lu, le Deborsu.
 

lundi 15 octobre 2012

Vague jaune: le déni-oui-oui des partis francophones ou le danger d’un certain formatage des esprits…

 Lorsque sont apparus, dimanche, sur leur télé, les premiers graphiques à colonnes symbolisant graphiquement les résultats d’Anvers et autres villes flamandes genre Alost, certains francophones ont presque manqué d’en avaler leur télécommande de surprise.
C’est que, en 2006, la N-VA n’était qu’un maillon très discret du cartel avec le CD&V d’Yves Leterme.
C’est que, surtout, cela fait dix mois, sinon davantage, que les partis du Gouvernement Papillon tendent à faire presque oublier au wallon, au bruxellois lambda, l’existence de la N-VA. Ou, à tout le moins, à ne pas lui faire mesurer son poids: non pas celui de la Volksunie de jadis- dont on se passait sans difficultés- mais bien celui du premier parti du pays et du premier parti de Flandre. 
Qui, depuis quelques heures, s’est désormais doté d’une armée: celle de tous ces nouveaux mandataires dûment élus. Qui, d’ici le “super Sunday” de juin 2014 (selon la formule consacrée en Flandre, la “mère de toutes les élections”, où on votera fédéral, régional et européen) entendra encore activement pousser plus loin vers ce confédéralisme qui sauverait encore la Belgique. Et dont Di Rupo, dira De Wever,  ne veut même pas me parler.
 Il y a là une sorte de formatage des esprits qui en devient vraiment gênant.
Dimanche soir, sur les plateaux-médias, alors qu’un événement politique considérable venait de se dérouler en Flandre, c’était le festival des oeillères et du déni-oui-oui.
"Je reconnais le succès de la N-VA", arrachait-on au bourgmestre de Mons qui  en oubliait qu’il était avant tout Premier Ministre. ”Il  n’y a pas de lien entre les élections locales et fédérales" finissait-il par lâcher, reprenant son classique élément de langage soudain assez terni.  Thèse reprise en boucle, à l’envi, contre toute réalité, par le président a.i. du PS, Thierry Giet,  et nombre d’autres représentants francophones. (à l’exception d’Olivier Maingain et, pointe des pieds, d’Emily Hoyos)
Motus. Silence des agneaux. Rohypnol politique. 
La volonté de fermer les yeux de certains politiques bruxellois ou wallons ne manque décidément pas d’étonner.
Et quasi personne pour souligner le “Dimanche Noir” des fascistes du Belang, réduits à peau de chagrin jusque dans leur propre fief, cette ville d’Anvers ou vitupère le trio Dewinter, Annemans-Valkeniers (démissionnaire). Quasi personne pour relever que c’est tout de même pas si mal que tous ces électeurs qui votaient pour une extrême droite non-démocratique aient quitté ce camp là, aient franchi le cordon sanitaire pour rejoindre le parti de De Wever,  assurément de droite, mais sans nul doute démocrate.
Non: on préfère laisser planer le doute que Belang et N-VA, ce serait blanc bonnet ou bonnet blanc. Et ce qui me frappe, c’est toujours la stupéfaction de l’homme de la rue francophone lorsqu’il découvre, surtout ces heures-ci, qu’écolos de Groen ou socialistes du SPa (avec des syndicalistes pointus, antifacistes militants et tout) n’hésitent pas un instant à se mettre en cartel où à former des coalitions avec la N-VA. Parce que c’est, tout bonnement, un pion dérangeant mais normal du jeu démocratique en Flandre.
Souvenez-vous: au lendemain du 10 juin 2010, lorsque les politiques francophones découvraient (il n’est pas d’autre terme) la N-VA, De Wever était quasi le type super-sympa. Au fil de la crise des 541 jours, on l’a progressivement diabolisé, jusqu’à en faire un épouvantail , un repoussoir idéal. Christophe Deborsu, désormais journaliste à Vier mais wallon de tripes, n’a pas manqué de liberté d’esprit en disant l’autre jour ce qui est au “Soir”:`
" On peut voir dans l'histoire de De Wever plein de trucs bizarres, mais je suis authentiquement certain que le but de sa vie est de casser le Vlaams Belang et qu'il a réussi. C'est un très grand mérite qu'on doit lui reconnaître". Même si le premier coup a été donné par Patrick Janssens. De Wever est un démocrate pur."
On peut certes en débattre,  (y'a de quoi: l'homme a ses côtés troubles) mais le préjugé de fond est plus gros qu'une maison et trouve toujours preneur dans une opinion qui, généralement, ignore tout de l'autre Communauté. Souvenez-vous de l’enthousiasme qui avait saisi nombre de francophones après les mâles déclarations (à effet purement électoraliste) de l’OpenVLD Patrick Dewael à la Chambre, selon lequel il s’imposait surtout de ne pas s’allier avec la N-VA, quasi assimilé par le député Open VLD  à de l’extrême droite.
Depuis dimanche, les coalitions Open VLD-N-VA ont pourtant fleuri : Overijse, Alken, etc…  A commencer par Courtrai dont Vincent Van Quickenborne deviendra bourgmestre.  Précisément grâce à l’appui de cette même N-VA si décriée par Dewael ou Verhoftstadt.
Oui, on peut certes nuancer la “vague jaune” de la N-VA qui, parfois, en Flandre n’est que vaguelette. Mais oser affirmer que tout cela n’est que clapotis local et que l’atmosphère “qui est bonne, oui, l’atmosphère est bonne” ne changera en rien au 16 rue de la Loi, c’est là politique de l’autruche. Même si, pour l ’heure, les présidents des partis flamands de la coalition semblent garder leur sang-froid.

LE PIEGE FISCAL
 On sait bien que, dès les divers paquets de la réforme de l’Etat bouclés, le CD&V aura toutes les envies de claquer la porte, ayant engrangé ce qui l’intéressait.  (d’où l’astuce du Premier Ministre : procéder par phases, pour tenir autant que faire se peut les sociaux-chrétiens flamands de Wouter Beke)
Grave problème de communication:  on ne voit plus, ni le CD&V, ni surtout l’Open VLD, se suicider et accepter  pour ce qui est du budget, quelque taxation supplémentaire. Qui serait illico critiquée par De Wever, dont c'est devenu le thème majeur.  Tandis qu’à l’inverse, SPA et PS seront sous la pression non négligeable du PVDA et du PTB, dont l’émergence - il est vrai dans des endroits stratégiquement très ciblés par l’extrème-gauche- n’est tout de même pas anodine.
On peut certes se raconter des histoires en contenant ces élections communales à un niveau local.   
Par contre, on peut difficilement nier que  les élections provinciales ressemblent fort un test national. Dans ce cas, les socialistes sont en méforme et la N-VA encore un peu plus forte qu’en 2010.

vendredi 12 octobre 2012

Ma "Carte Blanche" au "Soir": Petites et grandes tendances du cru électoral 2012

C’est de la tristitude, cette campagne communale: la pêche aux voix s’est faite désenchantée, mettant en scène des ombres politiques presque interchangeables avec leurs phrases toutes faites, ikéatées sur la sécurité ou la mobilité.
La faute aux partis, dont les slogans nationaux convenus, sans force, lissés pour le grand marais des indécis, ne sont même plus mémorisés. La faute aux listes, ou les politisés se camouflent souvent désormais derrière des appellations masquées. (“Ensemble pour le Renouveau de l’Avenir”, ce genre). La politique devrait être un grand chantier animé: on est dans l’atone, juste médiatiquement animé par la “comédie démocratique” des candidats décalés. Entendez se lâchant sur les réseaux sociaux pour y gagner un zeste de notoriété locale. Symptome accessoire non point d’une quelconque décadence,  mais d’un certaine folklore updaté et surtout d’une transition de communication ne heurtant que des modèles déjà évanouis.
C’est qu’il est, question marketing politique, un peu perdu le candidat blanchi sous le harnais communal. Son monde n’est plus du tout celui de 2006, une éternité. Coincé qu’il est entre le plafonnement de ses dépenses, le retrécissement de l’affichage, la difficulté à composer des listes plausibles tant les idéologies ne parviennent plus à recruter, les flyers parfois mal vus et à peine lus, les marchés absurdes aux meutes de candidats rivaux et des réseaux sociaux quasi imposés mais qu’il ne maîtrise pas.  Tentative de décryptage des bonus-malus de cette campagne. Avec une double ligne de force paradoxale: les multiples influences de l’internet connectif et, paradoxalement, le grand retour au plus basic un temps passé de mode: le porte à porte.

ON SE PINCE MAIS, EN 2006, LES RESEAUX SOCIAUX N’EXISTAIENT PAS

Le politique doit s’adapter à toute allure. On ne photographie pas assez que lors du précédent scrutin communal d’octobre 2006, les réseaux sociaux, entendez surtout Facebook et Twitter, n’existaient tout simplement pas. (Facebook s’est ouvert à tous en septembre 2006 et Twitter était plus que balbutiant).
Le “buzz” viral était encore dans l’éprouvette. Et l’affiche au slogan un peu snul, le propos excessif d’un candidat, tout cela existait déjà depuis longtemps mais amusait rarement plus loin que les pages locales des quotidiens. Le candidat attrape-voix existait itou: mais le commerçant populaire, l’animateur de la vie locale ou la Miss Bisou du cru ne se faisait pas encore son cinéma sur YouTube.
Et l’échevin ambitieux, faute de pouvoir être invité à la vraie télé, ne l’avait pas encore fait venir à lui en en singeant les procédés. L’imprimeur local, lui, n’était pas encore déprimé: et pouvait vendre ses imprimés au prix fort au client très occasionnel qu’est le candidat aux communales. Qui, depuis -encore et toujours le Net- a découvert les prix en chute des imprimeries en ligne. (pour un solide paquet de cinq cents affiches-vitrine (60x40 cm), le candidat n’a guère plus qu’à sortir…130€ de sa poche)
On ne gagne pas (encore) une élection communale avec ces diaboliques réseaux sociaux si peu aimés des politiques. Mais ne pas y être est désormais génant, carrément old. Si peu aimés parce qu’ils en ont peur; si peu aimés parce que mettant à mal la présomption d’incompétence de l’électeur lambda, (en quelques coups de clic, celui-ci peut désormais en savoir presque autant sur le Cwatup wallon que le notable élu…); si peu aimés parce que le connectif bouscule les lourdeurs administratives, source de multiples pouvoirs. Combien de communes poussent-elles réellement l’administration en ligne? On n’oserait se passer du site informatif mais
les e-Services, les aides au citoyen en ligne piétinent.
Le Net a donc vécu, pour ce scrutin, un usage électoral de transition, encore par trop bricolé, tantôt sous-estimé, malmené, surestimé ou mal utilisé par les “analphabètes” des réseaux sociaux. (le candidat qui croit qu’avoir mis son tract papier en ligne fait délirer les foules ou qu’un tweet posté touche illico autant de fans que Lady Gaga…)
On peut penser qu’en 2018, tous ces candidats qui savent si bien animer leur bal, distribuer des poignées de mains aux commerçants, donner des bisous aux vieilles dames dans les maisons de repos, couper plein de rubans inauguraux et autres ficelles du métier auront enfin trouvé le temps de maîtriser -surtout par eux-mêmes, avec engagement perso et affectif- les  règles et surtout l’atmosphère, atmosphère de ces formidables outils. Qui, en théorie, sont le rêve de tout politique: être en contact direct avec l’électeur, susciter des opinions directes, des débats autour de problèmes locaux…Bref, de la saine démocratie participative.
Bien plus authentique que ces fausses consultations populaires, très tendance en 2012, où l’on bidonne un questionnaire censer ”décider ensemble de notre ville”. Vieille ficelle de com’ qui postule que la réponse paraisse venir de l’électeur alors que celle-ci est déjà scellée, tantôt par l’administration, tantôt par les forces installées.



LA CREVASSE DU VIRTUEL


Slogans décalés: rien de bien neuf...
Bien sûr, la multiplication des candidats aux affiches ou vidéos décalées a parfois navré. Car, parfois, un chouia trop loin. C’est d’ailleurs pour une belle part une spécificité très belge: en clair, l’héritage de feu Michel Daerden. Une sorte d’autorisation au portnawak, à la facétie empathique, à l’humour, voire au grotesque. Avec l’espoir lotto de faire le buzz sur You Tube ou Dailymotion. Une spécificité belge électorale quasiment surréaliste: on a  aussi voté cette année en France ou aux Pays-Bas. Mais les chasseurs de tracts surréalistes n’y ont fait, comparativement, qu’une assez maigre moisson.
Mais le cortège des pleureurs , la cohorte des dinosaures grognons ne comprend guère que cette approche est souvent simplement autre que celle des générations précédentes.
La crevasse entre familiers et allergiques du virtuel est si large qu’on ne la mesure que peu.
C’est pour ça qu’il faut observer avec intérêt comment les jeunes candidats se jouent de la Toile, n’habitant plus, en fait, le même espace que d’autres candidats de la même commune. Le candidat a muté: tous ces jeunes des listes sont aussi le fruit de la culture de l’internet. Ils sont eux-mêmes, de leur génération, de celle qui rit  de Sacha Baron Cohen ou d’une parodie de rap et capte la politique d’un regard n’excluant pas le clin d’oeil.
Ce sont les enfants d’une mutation ou tout sera à réinventer, le collectif laissant la place au connectif.Ce sont ceux-là même qui, arrivés dans un conseil communal, dans un Collège, feront basculer le trop ancien monde. Un cas: à Jemeppe-sur-Sambre, c’est toujours un candidat-bourgmestre de 79 ans qui s’adjuge  l’échevinat de la “communication extérieure”, internet compris. On doute, malgré tout notre respect pour l’expérience, que ce soit lui qui pense un jour à streamer en direct les réunions du Conseil Communal, à permettre de réserver en ligne les bouquins de la Bibliothèque publique du coin, bref à accompagner le basculement du connectif.
Le seul hic, c’est que toutes ces farfeluteries ont par trop gommé l’aspect globalement positif de ces centaines de vidéos de candidats. Souvent trop longues, ou trop soporifiques, mais qui sont bien plus regardées qu’on ne le croit. Et permettent lorsqu’elles sont réussies, ça arrive,  de découvrir une personnalité et de mieux décider de son choix électoral. Un clic qui vit, c’est bien mieux qu’une affiche.

AFFICHES A PRIX CASSE, SMART HABILLEES ET MAGAZINES…

L’affiche qui, précisément, connaît une double mutation. D’abord parce que l’imprimerie en ligne a cassé les prix. Ensuite parce que la prohibition des grands formats (pas plus de 4m2) et de l’affichage sauvage, largement éradiqué, ont conduit les candidats à faire la quête aux terrains privés, aux fenêtres de sympathisants ou vitrines de commerçants, à inventer des oeuvres quasi para-artistiques. La tendance, c’est donc l’affiche ambulante. Non plus tant la remorque usée par les scrutins mais la multiplication des voitures “tunées”, habillées d’un décor électoral. (400€ HTVA pour une Smart) Phénomène d’ailleurs étrange que cette floraison soudaine soudain de Smart tunées dans nos rues. Simple: elles sont souvent louées à 550€/mois.
Mais c’est moins l’affiche qui compte que l’effet multiplicateur de  l’unité de campagne, à condition que chaque candidat décline enfin un même code graphique.
Le tract, le dépliant électoral  (dire “flyer” en 2012) souffre, lui aussi, même si c’est le seul imprimé à pouvoir franchir légalement toutes les boites aux lettres  Souvent mal lu. Souvent peu lu. Phénomène troublant: se contentant souvent de présenter les bobines des candidats assorties de quelques phrase passe-partout sur la sécurité ou la mobilité. Aussitôt lu, vous ne savez même plus de quel parti il s’agit. Pour ce qui est du programme, là on trouve l’internet très utile. On s’en débarrasse vite fait sur un site ad hoc sur lequel nul ne se précipitera.
Le réflexe n’est pas stupide: aux élections communales, on ne vote pas vraiment pour un programme. On vote souvent pour ce que l’on voit sous ses yeux. Du matériel. Du concret. Tout ce qui a un impact sur la vie quotidienne. (installations sportives, salle polyvalente, pistes cyclables, ce genre).
Autre mutation: pour rendre la prose politique moins ennuyeuse, la présenter dans un “magazine” ressemblant comme deux gouttes d’eau à ceux des librairies. Anvers en est le laboratoire avec le magazine “Patrick” (Janssens) ou le mag’ “Meyrem”(Almaci-Groen!). Ce n’est qu’un début: continuons le maga. On reverra ça souvent en 2014.

DEPENSES ELECTORALES: 2010 TOUJOURS PAS CONTROLE

La Twizzy de Destexhe: véhicule personnel ou publicitaire ?
Forcément, tout ça coûte bonbon. Et les législations successives de contrôle des dépenses électorales ont vieilli. Accrochez-vous: pour ce qui est de l’internet, la loi empoussiérée en est toujours à causer des dépenses afférentes à la création d'applications internet  (les jeunes politiques pourront updater la loi qui ne cause nullement d’apps Iphone )
Et l’on triche toujours beaucoup. Plus ou moins discrètement, plus ou moins audacieusement, les seuls ennuis des candidats ne pouvant découler que d’une plainte. Les déclarations de campagne oublieront  parfois des collections entières de timbres, feront passer au bleu nombre de banderoles, omettront le contrat de pub “au clic” sur Facebook ou qu’une Twizzy électrique -qui joue voiture purement publicitaire- devrait en fait être déclarée pour 33% de son coût.
Pourquoi se gêner ? Les procédures disciplinaires sont ici régionales, mais sait-on que le rapport commun Chambre-Sénat de la très discrète Commission de Controle des Dépenses Electorales n’a toujours pas publié son rapport sur les abus relevés lors des législatives fédérales …de juin 2010, soit plus de deux ans après le scrutin.

LE VISUEL QUI FAIT JOLI FACE A L’EFFIGIE-PROGRAMME


Il y a toujours, en 2012, ce fossé entre marketing et politique.  Qui  ne comprennent encore souvent pas grand chose l’un à l’autre. Lorsqu’on a inventé la limitation des dépenses électorales, cela postulait en quelque sorte que les partis, désormais financés par l’Etat, investiraient dès lors, à l’instar de n’importe quelle marque, dans des campagnes intermédiaires… C’est toujours aussi rare. Et c’est idiot puisque c’est quand le paysage politique est vide que les esprits peuvent être  le mieux sensibilisés. Et qu’on peut alors se permettre de dépenser moins en périodes électorales.
Cette année, du côté francophone, on s’est contenté de pré-campagnes d’image, sympathiques, faisant joli, mais ne rappelant pas instanément le parti qui casquait financièrement les affiches. C’est que le visuel, lorsqu’il est  non spécifique, (un visage, un enfant…) pose vite un problème d’identification. Le genre qui est plus un décor qu’un argumentaire.
En Flandre, la N-VA (le parti le plus riche du pays) a fait tout le contraire, affichant partout, comme un drapeau, l’effigie à l’impact certain de Bart De Wever, devenant ainsi programme à lui tout seul. Cela postule une prise de risque (Elio di Rupo, malgré sa popularité, ne s’y est jamais risqué comme Président du PS, pas plus que Didier Reynders jadis au MR) mais l’impact est certain, surtout assorti d’un slogan de type quasi présidentiel .“La force du changement”, ce n’est pas trop polémique et en tout cas, porteur d’engagement ou d’espoir. (surtout assorti d’un étonnant régime du chef de file).
Petit jeu: pouvez-vous, de mémoire, citer à l’inverse un seul des slogans “nationaux des partis francophones ?  Euh ? Ben non. Tout slogan postule une phrase simple, évocatrice, aisée à mémoriser.
La règle est simple: tout ce qui est long est rejeté. Si c’est jugé trop fort, c’est que c’est problablement un bon slogan.
Lorsque le CDH proclame, “L’humanisme au coeur des politiques locales”, lorsque Ecolo (qui tenait pourtant une très bonne accroche avec sa “société de l’épuisement”)  se rabat sur  “Avec vous pour des solutions durables”, ça ne casse pas trois pattes à un canard bio. Et ceux du PS (“Votre quotidien, notre combat” et du MR “L’avenir ça se travaille”), pour plus dynamiques qu’ils soient ne laisseront pas non plus une grande trace dans l’histoire de la com politique….

TRIPORTEUR ET MEGAPHONE, LE RETOUR
"Thé Dansant" (en Fr) pour la N-VA


Dans ce fouillis de l’évolution électorale- dont le but est toujours le même, occuper l’espace -, se dégagent en fait deux tendances : le basculement vers un monde plus connectif  et le retour à la proximité physique.
A pied, à vélo, en triporteur, le porte à porte s’impose , dans l’arsenal de campagne, comme l’arme électorale-très physique- à nouveau la plus efficace. Oh, ici comme souvent, le candidat se berce parfois d’illusions: le rapport direct ne conduit pas forcément à voter pour le candidat qui va à la rencontre.
En Wallonie, le PS a déjà maintes fois tiré profit de la technique du porte à porte. A Woluwé St Lambert, on a vu Olivier Maingain recourir au déconcertant mégaphone, mais si utile dans un contexte très urbain ou les relations interpersonnelles sont quasi inexistantes entre candidats et habitants. En Flandre, la N-VA, qui s’appuie sur tout le militantisme de la défunte Volksunie, ne jure que par la proximité. Depuis des mois, cela sature d’apéritifs, de dîners spaghetti, de barbecues, de Vlaamsebieravond ou de soirées Lotto, voire (en français) de “Thé Dansant”… Proximité et militantisme, mots-clé.
En Flandre, tous les partis ont ressuscité le porte à porte.  Un art délicat qui a ses règles (outre celle d’éviter les morsures de chiens): entre 17H30 et 19H30, avant les séries télé,  entretien entre 30” et 3’ maxi dans un échange très cadré. Si on est bourgmestre, on pacifie, on note les micro-décisions à prendre,  on met son statut en avant, comme un sésame. Si on est de l’opposition, on mobilise, on disqualifie l’adversaire, on tente de générer de l’engagement.
Bref, dans les deux cas, essayer par la discussion de rationaliser l’imprévisibilité du suffrage universel.
Ainsi évolue, en ce cru 2012, la com’ électorale à la belge: on cliquera de plus en plus sur des claviers pour faire campagne et on appuiera de plus en plus à la sonnette de chaque électeur.

Michel HENRION
La "Maison Meunier", limite oeuvre d'art (Mons)
 

lundi 8 octobre 2012

Pourquoi De Wever et Janssens sont dans un mouchoir, mais on ne sait lequel va pleurer: tentative de vulgarisation de sondages pas si contradictoires que ça…

 
La Bataille d’Anvers s’annonçait passionnante. Elle l’est. Car, même si la N-VA paraît avoir un avantage, celui-ci serait ténu. Et, si on analyse les sondages en fonction des marges d’erreur, on peut considérer que les De Wever et Janssens seraient vraiment dans un mouchoir. Mais on ne sait lequel va pleurer.
Il y a, au premier abord, de quoi être déconcerté. Ce 5/10, la VRT et le Standaard publiaient un sondage d’un institut à bonne réputation (TNS Média) donnant, à Anvers, 10% d’avance à la NVA de Bart De Wever (37,2%) sur la liste de Patrick Janssens. (27,7%) (800 sondés du 3 au 29 septembre avec une marge d’erreur de 3,5%.)
Mais, oups, ce dernier samedi (6/10) voila-t-y pas que la Gazet van Antwerpen publie un tout autre sondage de l’Institut Dedicated plaçant, lui, les deux ténors anversois quasi en photo finish. Soit 31,9% pour la N-VA, 31,1% pour le cartel SPa-CD&V. (603 anversois(e)s sondés par téléphone du 24 au 29 septembre avec une marge d’erreur de 4% maxi)
Comment est-ce possible ? Et qui croire ?
En technique de sondage, il n’y a pas de “meilleure méthode”: chacune a ses avantages et ses défauts. Mais, dans la hiérarchie de la fiabilité, le sondage électoral  “face to face” (le sondé discutant avec un enquêteur fiable) vaut mieux que le sondage par téléphone qui, lui-même, passe pour être plus fiable que le recours à un sondage internet.
C’est que le sondage internet a ses caractéristiques et ses biais:
-d’aucuns le remplissent n’importe comment juste pour gagner points ou cadeaux promis. (coffret Bongo, ce genre) D’aucuns, les habitués,  évitent dès le départ les choix multiples dont ils apprennent vite qu’ils  multiplient les sous-questionnaires et prolongent pas d’un peu la durée de l’exercice (jusqu’à 30’ parfois)
Surtout, le sondage par panel internet est anonyme. Avec son clavier comme seul interlocuteur, le sondé internet décide seul.  Et, du coup, a plus vite une opinion assez tranchée. C’est un électeur qui est plus souvent “très contre” ou “très pour”. Ce sont donc fréquemment des avis plus “extrémistes”. Avantage: les personnes interrogées voient les questions sur l’écran:  c’est mieux plutôt que d’écouter.
Autre léger biais: le sondage par internet ignotre les électeurs les plus âgés. (20% des belges n’ont pas de connexion)  Et tous les belges ne sont pas encore à l’aise avec les médias informatiques. 
Vous en connaissez assurément, dans votre entourage, de ces gens qui –même s’ils n’ont que la cinquantaine- sont déjà largués ou répugnent à l’ordinateur… (certains sondages Internet sont assortis, à cet effet, d’un complément par téléphone)
En technique de sondages, la méthode c’est assurément le “face à face” physique. Mais qui, en quantitatif (c’est à dire ce qu’il faut pour des sondages d’intentions de vote) se fait de plus en plus rare. Parce que c’est chérot peau des fesses. 
Et cette technique là non plus n’est pas sans défauts. L’enquêteur, s’il se promène dans les rues aux heures de bureau, ne récoltera souvent au mieux que l’avis d’inactifs (retraités, femmes au foyer…) S’il est mal encadré, mal payé, l’enquêteur peut aussi faire rédiger les réponses dans sa famille ou, pire, seul sur une table du café du coin, avec un bic multicouleurs……

Le téléphone permet, lui, davantage de contrôler que le Net: il y a un interlocuteur au bout du fil . Et donc, contrairement à l’internet, le sondé ose moins répondre n’importe quoi. (on peut penser que le vote Vlaams Belang, à Anvers, n'est d'ailleurs pas toujours avoué...) A condition de mixer lignes fixes et GSM, le sondage par téléphone offre donc beaucoup d’avantages: à commencer par le fait que tout le monde l’a.

Le hic, c’est qu’ il se fait que les deux sondages réalisés à Anvers ont été précisémlent réalisés par téléphone, donc avec une certaine fiabilité, même si l’on ignore des normes internes aux Instituts: la qualité des échantillons (très important), la similitude ou non des questions  posées, le nombre exact de répondants contactés… Il faut aussi toujours regarder les sondages avec les yeux des "marges d'erreur" (3,5% à 50% au maximum dans le sondage TNS, 4 %  au maximum dans le Dedicated ici au maximum) qui peuvent tirer un résultat vers le haut ou vers le bas.

Donc, chez TNS (3,2% à 30%), la N-VA  oscille entre 34,0% et 40,4%.
Donc, chez Dedicated, (3,7% à 30%) la N-VA varie entre  28,2% et 35,6%.
Donc, le cartel de Janssens oscille, chez TNS, entre 24,5% et 30,9%.
Donc, le cartel de Janssens varie, chez Dedicated, de 27,4% à 34,8%.

C’est un brin complexe, on le reconnaît. Mais, même si ça peut surprendre, on peut considérer que de Wever et Janssens fluctuent dans des zones qui se chevauchent parfois.
Il faudrait des grands moyens et un échantillon touchant aux limites des études pour les départager: (10.000 personnes pour aboutir à 1% de marge d’erreur !)

Mais il reste un indice très intéressant: les dates. Si TNS a étalé ses coups de fil du 3 au 29 septembre avec un gros paquet, nous disent-ils, de 350 sondés vers la fin), Dedicated les a passés dans un délai plus bref et surtout plus frais: du 24 au 29 septembre, au moment ou Patrick Janssens, homme de pub, déployait sa campagne dans une stratégie de courte durée autant qu’ intense.
D’ou cette interrogation: Janssens serait-il en train de réussir son sprint, pari impensable?  A nuancer, puisque le précédent sondage de Dedicated sur Anvers donnait déjà, en gros, les… mêmes résultats.
Les sondages ne votent pas, ce sont les gens qui votent.

Michel HENRION.


vendredi 5 octobre 2012

Y'a pas à dire, pour le CDH, Twitter est toujours "un truc de teenager"...

Le mur Soochat (qui analyse les messages partagés à travers les médias sociaux) a analysé le hashtag #Be1410 et les citations des partis sur Twitter.

jeudi 4 octobre 2012

Il y a bien les "Fournisseurs de la Cour", pourquoi pas les "Leveranciers van Bart" ?

Le détail qui tue: la doublure du manteau de Bart De Wever a été griffée et dédiée par son créateur (un tailleur anversois qui a créé le relooking vestimentaire du président de la N-VA) à l'instar d'une plaque commémorative. (Nieuwsblad)