Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

lundi 31 mai 2010

LES TROUBLES DE L’ELECTION(31)/ ANALYSE DES “CLIPS” DE CAMPAGNE : POURQUOI L’EXERCICE EST SI DIFFICILE ET LE CRU 2010 PEU REUSSI…

Pour un parti politique, les “clips” de campagne font partie des devoirs obligés.
Et sont tout sauf à négliger, vu leur excellente heure de diffusion, classiquement proche des Journaux télévisés.
Dans l’histoire du marketing politique, ces petits films ont peu à peu succédé, dans les années ‘80, aux poussiéreuses tribunes électorales concédées et enregistrées dans un studio déshérité de la RTBF.
Ou l’on voyait un responsable de parti placer son discours soporifique entre une plante verte, un bureau Meurop et un simili-journaliste aux questions très impertinentes. (Genre, “quelle action fabuleuse Votre Grandeur compte-t-elle mener pour “… (ici, prendre un quelconque marronnier électoral : l’emploi, les indépendants, la sécurité, l’agriculture, la bien entendu ferme défense des francophones…)
Le genre est ardu et délicat: faut scénariser des thèmes pas évidents (relire les marronniers) qui dépassent l’entendement pour tout professionnel publicitaire lambda, faire de la belle image et –c’est la clé absolue du genre- créer, musique aidant, une émotion, à tout le moins un petit emballement du coeur.
Ce qui suppose du talent à pas mal de niveaux, une distance par rapport au militantisme qui fait rage dans les structures de chaque parti ainsi que de ne pas trop lésiner sur le budget.
D’autant plus qu’au jour d’aujourd’hui, ces “clips” (le mot consacré est né du phénomène des clips musicaux et de la mode MTV…) servent à propagander la bonne parole et la belle image sur le Net , WebTV et autres sites youtubés…
Donc, au fil des élections, on a vraiment vu de tout. Du bon, du moins bon, du foirage total, de l’Eurovisionnesque politique ou juste du très simple parfois miraculeusement, s'il y a une bonne idée, efficace.
Avec, en toile de fond pour le président de parti du moment, toujours un choix de base redoutable : va—il ou non, dans cet espace -qui parfois l’ennuie plus qu’il ne l’arrange - placer d’autres candidats de son parti ? Et si c’est son choix, lesquels ? Des femmes bien sûr, mais après ? Dangereux de faire plaisir à M. Coussi mais déplaisir à M. Coussa?
Comme le disait Alain Mathot dans les  coulisses d’un bal pour pensionnés : ” Mon père m’a toujours dit : ne pas danse avec l’une, sinon tu dois danser avec toutes…"
Un risque évité, pour ce cru 2010, par le PS et Ecolo (qui ne font apparaître aucun candidat), mesuré par le CDH (dont les chefs de file sont assez évidents) mais plus clairement pris par le président des clans du MR, ce style de film panorama-des-candidats étant il est vrai une tradition, un grand classique de la communication libérale depuis des lustres.

AU MR, les nominés chargés de placer les diverses “garanties du respect” aux côtés de Reynders devant le Perron sont donc, pour les férus du décryptage des influences au bd de la Toison d’Or, la dauphine Sabine Laruelle (devant une ferme avec vachequirit, un collier dûment bleuté autour du cou), Pierre-Yves Jeholet (sans toque de cuisinier), Philippe Collard (carrément devant un… tank pour parler sécurité), Olivier Chastel, Dominique Tilmans (en foulard très zoutant sous le vent…), la liégeoise Kattrin Jadin, Armand De Decker (double passage, rien n’est innocent…) Fatoumata Sidibe, Corinne de Permentier (de loin la plus jolie robe fleurie),Willy Borsus, Richard Miller (dont la chemise ignore le célèbre fer à repasser Calor)  Charles Michel et papa, “un homme d’Etat” (c’est le slogan dégainé par Louis, double passage visuel itou) voulant faire “respecter les pouvoirs du Roi”. On notera qu’Olivier Maingain n’y fait, pour le FDF, qu’un seul passage, d’ailleurs assez discret. (faut regarder le clip MR-FDF : physiquement, le bourgmestre de Woluwé pourrait nous jouer un assez bon Léon Morin )
Mais si c’est donc assez pro, si chaque arrondissement se sentira représenté, c’est là pourtant du “ clip” sans grande âme. On parle enseignement devant une école, du Roi devant le Palais Royal, et le reste des mises en situation convenues à l’avenant. C’est de la pub “meubles Mahieu”: du vrai de chez vrai, du brut de pomme, des images fortes pour électeurs catalogués un peu trop crédules.

AU CDH, cette fois, on a par contre mis les grands moyens.
Une idée, de la très belle image et, derrière, un réalisateur qui connaît assurément son métier.
Avec de beaux effets floutés quasi hamiltoniens et, surtout, des personnalités politiques très bien dirigées dans leur jeu d’acteur momentané.`
Regardez “le "clip" CDH  et suivez tous les regards inmanquablement perdus dans la profonde réflexion, comme s’ils venaient tous juste de lire d’une traite la biographie de Proust revisitée hard par Michel Onfray.)
Le hic c’est qu’avec le très joli visuel Cédéhache, on n’est plus vraiment dans la communication politique mais dans un téléfilm vraiment, vraiment too much.
Un authentique feuilleton avec tous les personnages stéréotypés du genre : le grand père qui rassure avec le prof Delperée remuant ses souvenirs de prof constitutionnel dans son dynamique transat ; Melchior Wathelet en séducteur gentil dessinant main dans la main avec la charmante Sylvie Roberti ( là, on se demande sur le coup s’ils se sont bien rendus compte qu’ils tournaient en fait dans une pub pour Meetic… ), Benoît Lutgen en chemise blanche, jeune premier et mâle décideur à la voix grave. C’est bien fichu mais trop c’est trop: l’image, la musiquette romantique tristounette pianotée, la voix off qui se fait mièvre, c’est vraiment de la saga feuilleton télé d’été, ça.
Et s’il n’y avait la grosse faute de rythme des enfantins dessins très neuneus, (dans le genre sentimental, l’aurait plutôt fallu du joli fusain, non ?) et le petit discours endeuillé de Joelle Milquet (comme si elle nous annonçait le triste décès de sa Belgique), on se croirait littéralement dans “Amouuuur, gloire et beauté”. (on prend juste cet exemple un peu démodé pour être sûr que Francis Delperée nous comprenne…)

AU PS, là, bingo, bongo, on vire carrément au tirage de la Loterie Nationale. Avec un flot ininterrompu de boules rouges qui dégringolent sur notre écran jusqu’à l’indigestion visuelle.
Un déluge ininterrompu d’images toutes faites en boîte et de slogans parfois boiteux. Là, ça sent les bouts de ficelle. Là, çà fait très film de pub pour PME qui aurait pas vraiment les moyens. Bref, de l’assez grosse pub sloganique à l’ancienne, qui vire carrément kitsch à force de taper en surimpression des formules-clé au lettrage menhirien sur le ciel de la Grand Place de Bruxelles, le cours de Meuse ou encore la botte de paille de l’agriculteur un brin demeuré à l’âge de la pierre pas Marshall 2.0 verdache du tout, moi pas être au courant par Rudi…
Et on vous passe ( “parce que nous aimons vibrer”) ces supposés jeunes wallons faisant plateau-télé-jupiler affublés de chapiats juste légérement grotesques. ( çà tiendra p’t’être juste la route lors des finales de la Coupe du Monde de foot, mais…)
Et on atteint le sublime kitschissime lorsqu’en finale, c’est un soleil PS rougeoyant à l’instar du drapeau japonais qui vient vous illuminer de mille rayons.
Impérial, vraiment.

-CHEZ ECOLO, là, dans un tout autre genre, c’est finalement encore pire puisqu’il n’y a même plus de contenu politique. Du moins dans la video momentanément affichée par Ecolo en attendant, dit-on, le "clip" officiel. (on leur rappelle qu'on vote dans 13 jours...)
Regardez le "clip" : c’est néant.
On sait juste au moins à quoi sert Jean-Claude Defossé  égaré jusqu'à l'ennui chez les Verts, lui qui se fait pour le moins discret -c’est un bel euphémisme- au Parlement bruxellois.
Juste à jouer de son image si ancrée dans la mémoire des belges pour nous refaire une petite mise en scène-promenade dans Mini-Europe, à l’instar de ce qu’il nous mitonnait dans “Question à la Une” ou “ Les grands travaux zinutiles”.
Et si c’était subliminal ? Et si ce petit film discret, où Ecolo n’apparaît vraiment qu’à travers un bulletin de vote glissé in fine par Defossé dans une urne bricolo-ecolo, était précisément monté juste pour égarer encore un chouia, le temps d’un scrutin, le télespectateur ? Info politique ratée ou intox calculée et assez culottée-pyjama ?

dimanche 30 mai 2010

LES TROUBLES DE L’ELECTION (30)/ DEBAT DES FRANCOPHONES A LA VRT: L’IGUANE ET LE CAMELEON (petite analyse gestuelle bilingue)



C’est parfois le plus intéressant dans un débat politique, la gestuelle de communication.
Et Bart De Wever, face à Didier Reynders à la VRT, m’a fait penser à un iguane.
Qui observe, patiente, et tout à coup, place la phrase qui désarçonne.
Oui, un iguane, avec son curieux sourire, le corps immobile mais ses yeux très mobiles, son côté animal à sang froid.
Bart De Wever, les mains dûment croisées pendant tout le face à face, légèrement incliné en avant sur la table du studio VRT,  pesant de tout son poids.
Certes, on le sent parfois un brin irrité intérieurement.
Tourner autour du pot comme le président du MR, on sent que ce n’est pas son truc. Lui, c’est du terre à terre, du massif, du flamand sûr de lui, finalement encore plus que Didier Reynders, ce qui n’est déjà pas triste.
Regardez l’émission sur le site de la VRT: certes, Reynders ne manque évidemment pas d’assurance, mais celui qui s’agite, qui fait voleter ses mains en tous sens, qui finalement débat “en défense” même s’il parle davantage, c’est le président du MR. Pendant que Bart De Wever le regarde, c’en est presque incongru, avec son air de dire mais-qu’est-ce-que-tu-dis-encore-mon-petit-garçon…


-Un autre vrai gamin, c’est Georges Gilkinet, le député Ecolo de Namur. Qui en était d’ailleurs tout rougissant d’avoir  grimpé en mayonnaise en néerlandant carrément devant les télespectateurs flamands qu’il n’y avait pas de “Front francophone”. On a vu (photo ci-contre de ce grand moment) Reynders en sursauter physiquement, comme s’il entendait une craie crisser sur un tableau, tant le cliché de cette unité francophone pourtant à grandes éclipses est installé dans la langue de bois phosphorescente francophone.
On parle ensemble, nous les francophones, mais ce n’est pas un Front… euh… vous comprenez parce que le mot Front, ça fait bien trop penser à la guerre…” a bredouillé le député Ecolo pour s’expliquer. En montrant bien ainsi que sa sortie de com' niagaresque (pour se différencier, devant le public du Nord, du Front Démocratique des Francophones, le diabolisé FDF), il la pensait sans bien la peser politiquement. Cela dit, on en arrive à se demander si la fameuse entente communautaire entre Verts du Nord et du Sud, si matraquée en communication par tout représentant Ecolo en campagne, ne s’explique pas tout bonnement par des problèmes de mauvaise traduction :-). Car si les trois autres représentants francophones se débrouillaient plutôt prou en neerlandais, Gilisket, s’il connaît les mots du vocabulaire, avait bien du mal à les prononcer correctement, avec un tellement mauvais accent qu’on a vu souvent des points d’interrogation flotter dans le studio de la VRT.
Dans cet exercice inutile de communication, Paul Magnette fut, à notre avis, le meilleur : à l’aise, rapide dans son débit, bref celui qui faisait le moins d’efforts. Melchior Wathelet Jr se débrouillait très bien, plaçant les petits mots qui fluidifient un discours.
Didier Reynders, bon bilingue, a les moins bonnes intonations, n’articule pas toujours top son “ Gouden Poort” et souffre d’ un accent plutôt francophone…
Nous, on adorerait que les wallons et les bruxellois francophones puissent comprendre chaque jour le Journalparleur ou Télévisé de Flandre : il nous est avis que cela leur ouvrirait fortement les écoutilles.
( “les francophones sont frappés de surdité par rapport à la Flandre” expliquait fort bien, et en français lui, le politique Pierre Verjans)
Mais on réagit assez mal à cet exercice de communication politique et diplomatique -regardez-comme-je-suis-désormais-un-bon-francophone-qui-a-fait-l’effort-de-bien-causer-le-flamand, démarche qui est surtout le symptome d’un certain “ chagrin de la Belgique”.
En fait, comme dans tout séminaire ou pow-wow bien conçu, il n’y a rien de plus horripilant, de plus agaçant que d’entendre des gens qui essaient de parler, de penser correctement dans une autre langue que la leur et qui n’y arrivent pas. Ou  malaisément.
A ce titre, l’autre grand débat communautaire de ce dimanche, le débat très précis, formidablement fouillé sur les vrais enjeux des pré-pensions et pensions (notamment celle des militaires et des… parlementaires “qui prennent eux aussi leur pension trop tôt”, dixit Onkelinx, très sérieuse !) , organisé par la chaîne Canal Z, était parfait : chacun dans sa langue. Avec toutes les nuances que la politique sérieuse impose.http://is.gd/cwD3u
Mais la langue de bois est, elle, universelle et totalement bilingue. Donc, le débat à la VRT ne nous aura frappé que par deux autres éléments à relever:
- Le ton communautaire hyper-modéré et évidemment voulu du président du MR, d'ailleurs depuis accusé de "double langage" puisqu'on  en arrivait effectivement à se demander s’il connaissait encore Olivier Maingain, de la succursale FDF.
- Que, tour à tour, et de plus en plus clairement dans leur com ', les partis francophones font sentir leur parfum de solution à BHV : adios l’élargissement territorial si ça se passe bien avec le Nord mais un “pacte linguistique” permettant à chaque communauté de financer des activités culturelles de l’autre côté de la frontière linguistique. Mais sans exagérer à placé en substance Didier Reynders, “tout de même pas à Anvers…”
Car si Bart De Wever est un iguane, Didier Reynders lui, tient de plus en plus, dans sa communication protéiforme, du caméléon, car :
- comment affirmer devant la Flandre que le MR est finalement tout disposé à négocier avec la NVA, parti nationaliste mais démocratique, tandis quOlivier Maingain,vice-président du même MR, incandescente le même jour en déclarant que si la NVA ne renonce pas au confédéralisme, (autant demander à la NVA de se gicler la cervelle…) il n’y aura “ même pas de négociations institutionnelles”.
- comment continuer à défendre l'idée d'une circonscription fédérale après avoir sciemment tué  (pas tout seul il est vrai) l'idée d'un grand débat télévisé tout aussi fédéral ?
- et comment justifier ce refus, because le facho Belang, alors qu’à la VRT, un représentant du  même fâcheux Belang causait… dans le même studio... à quelques mètres à peine du président du MR ?
Sans doute avec la réponse-type de Reynders, celle qu’il a placé répétitivement toute l’émission de la VRT:
"Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd, Ik heb altijd gezegd "

samedi 29 mai 2010

LES TROUBLES DE L'ELECTION(29)/ WEB-TELES DES PARTIS : DEMANDEZ LE FOIE GRAS POELE DU MR…

Ca fait un bout de temps déjà que nos partis ont pris peu ou prou le pli de jouer à faire de la télé, de tenter de transformer de la com’ politique en information sans journalistes, plaçant plus ou moins bien sur le Net une kyrielle de videos peu ou prou militantes … Le MR, le PS et le CDH affichent ainsi depuis lurette leur “Web-TV” sur le net avec un succès, euh, pour le moins mitigé. Forcément, c’est tellement à sens unique, tellement gardavousé, tellement institutionnel, tellement contrôlé, que les mirettes vous en tombent vite. (1)
Même si les militants qui réalisent ces Web-TV font donc de louables efforts, s’intéressant par exemple -mais toujours respectueusement- sur les loisirs de Charles Picqué, amateur d’arts fantastiques et qui lit effectivement plus volontiers des livres de son bouquiniste favori que ses dossiers, ajouteraient certaines mauvaises langues.
Dans le fond, c’est surtout un moyen de faire plaisir aux militants se reconnaissant dans un événement auxquels ils ont participé ou à certains politiques qui croient parfois naïvement que d’être filmé ainsi par une caméra, c’est presque comme de passer sur la RTBF ou RTL-TVI.
Il m’arrive quant à moi (oui, je sais, c’est presque pervers) d’y jeter régulièrement un oeil, juste pour ce plaisir subtil d’y dénicher une perle kitsch. Sur la MR-TV, on eut droit ainsi un temps (avant que la video ne soit gommée en urgence), à cette formidable interview de Christine Defraigne, un brin joyeuse sur la Foire de Liège, qui se lâchait à parler de son joli “poil au pet…” Authentique.
Et quelle video est actuellement, croyez-vous, sur cette même MRTV, la plus vue, en pleine campagne électorale?
Didier Reynders lançant sa “Garantie du respect” ?
Z’y êtes pas du tout !
La video-vedette, la video-star, celle qui atteint 973 vues (29/05) c’est… la recette du foie gras poêlé par Pierre-Yves Jeholet, porte-parole du MR et député wallon très reyndersien.http://is.gd/cuNcU Lequel, affublé d’une toque de chef Paul Bocusée, joue donc, lui, à “Cuisine TV”. Et vous détaille donc, poêle à l’appui, comment allier cidre et cassonnade. Ou, la serviette jetée sur l’épaule, comment marier chevreuil et frometon de Herve.
Tiens, vous n’auriez pas un Alka-Seltzer ? Moi, la politique en pyjama, en djellabah ou en toque toc, je digère toujours pas trop…
---
(1): Dans le genre, à tout prendre, je préfère encore la fausse “télé” du candidat bruxellois Rachid Madrane (PS), qui syndique simplement gentiment ces jours-ci à son profit toute une série de videos youtubées (Miss Bruxelles, le chant du Belang à la Chambre…) pour tenter de placer sur le Net son profil et ses idées, sans trop chercher à bourrer le mou. C’est en tout cas plus proche de la mentalité des internautes. http://is.gd/cuNfW

vendredi 28 mai 2010

LES TROUBLES DE L’ELECTION (28)/ QUAND DAERDEN ET GERKENS IGNORENT TOUT DU MONTANT DU MINIMEX R.I.S. (725,79 euros/mois)


Dans les débats électoraux à la RTBF, il y a deux classes.(comme dans les trains chers au MR François Belot qui à force de fréquenter les joyeux patrons de la SNCB a fini par choper leur communication). Dans les négociations plus ou moins voilées avec les partis, on compose les équipes de soirée- celles promises à un audimat variable mais très confortable- et les équipes de jour, sorte de lot de consolation pour candidats qu’il-convient-tout-de-même-de-placer-quelque-part…
Et comme le JT de 13 heures c’est un peu tout de même celui des pensionnés, c’est tout naturellement qu’on y a retrouvé le ministre ad hoc Michel Daerden- cravaté rouge puisque dans le stupide code couleur PS- face à une Muriel Gerkens, chemisier vert (et curieuse bague soucoupe volante) puisque dans le non moins stupide code couleur Ecolo.( afficher la couleur de leur parti, ils croient tous que c’est le top du top comme communication...)
Olivier Maroy fond-de-trainte et fait tout ce qu’il peut pour rendre ça (tu parles d’un “Duel”…) un peu farce (figurez-vous qu'on a retrouvé un scrabble dans le magasin aux accessoires de Reyers) mais ça fait tout de même un peu Zéphir, les célèbres pantoufles qui font dormir…
Même le seul dossier d’actualité, celui qui agite et divise désormais  les politiques de Flandre, entendez celui de la pré-pension très anticipée (because les départs à …52 ans chez Carrefour), tourne vite au ton du documentaire sur la sculpture des éponges.
Ben oui, constate Gerkens, ça doit rester le “recours ultime” mais comprenez “vu la situation…
Ben oui, renchérit Daerden,  “on ne fera pas l’impasse d’une réflexion”, bien entendu “ à l’avenir…
Et pour assurer le sien, le ministre des trous, à la gestuelle toujours très animée, de racoler local et liégeois en reprochant à l’écolo d’avoir “bloqué la liaison autoroutière Cerexhe-Beaufays…”, dernier maillon manquant du ring liégeois. C’est qu’il n’y a pas d’occasion médiatique à rater lorsqu’il s’agit de maintenir, face au jeune Alain Mathot qui- aurait- pu- tout- de- même- un -peu- attendre, son triomphe de popularité . 
Ce que “Papa” appelle sa “crédibilité”, car “si je pousse la liste moi je ne prendrai pas ma pension: je donnerai l’exemple” (de prolongement de carrière) annonce Daerden.
Dans ce ronron gentleman agrémenté, même le sujet NV-A ne soulève aucune polémique.
 “ Je crains fort qu’on ne doive discuter avec eux” concède Gerkens, en faisant mine de maugréer.
Je vois mal comment ne pas les mettre autour de la table”, constate réalistement Daerden qui, en homme de chiffres, sait que la NVA va peser demain son bataillon de députés.
Un homme de chiffres qui se plantera pourtant grave graaave sur une de ces questions “combien çà coûte “ qui tétanisent toujours la communication des hommes politiques. (qui alignent les fiches leur rappelant le prix de l’essence, du lait et accessoirement  du gigot d’agneau).
A la question “Quel est le montant du Minimex , entendez le Revenu d’Intégration Sociale) “, Daerden tapa “euh…900 euros” un peu au hasard, Gerkens se plantant itou avec “800 euros”.
La bonne réponse, celle que des électeurs vivent chaque mois au quotidien, c’est 725,79 euros.
Ca a fait un peu tâche.
Comme s’est exclamé un jour naïvement un autre ministre, Philippe Courard, “mais moi, je ne saurais pas vivre avec ça !”.
Eh bien, si.

jeudi 27 mai 2010

LES TROUBLES DE L’ELECTION (27)/ DEBAT MILQUET-DE CLERCK : LE SABLE N’EST PAS ENCORE TRES CHAUD…

Pour son débat avec Stefaan De Clerck (RTBF- Cap 2010), Joelle Milquet avait donc choisi de porter une saharienne multipoches couleur très sable, genre aviatrice égarée en plein désert Saharien…
Or, tout méhariste vous le confirmera, le plus difficile dans le désert, c’est de trouver la sortie.
Et là, ce débat nous a confirmé encore un peu plus que l’oasis politique était loin d’être en vue.
Car si la présidente du CDH se contenterait, par exemple, d’un “cadre”d’accord Nord-Sud pour former fissa un gouvernement, le CD&V lui ne veut pas de si peu et entend obtenir des “garanties” et une “base commune” jurée-crachée tant sur le socio-économique que le communautaire.
Car si la présidente du CDH tord les mots pour pouvoir dire que “ la vision de Stefaan reste dans le fédéralisme actuel” , ledit Stefaan rappelle, tuuut, tuuut, que c’est son parti qui a le premier largué les amarres du Confédéralisme (en 2001) et que “même si c’est un concept que vous rejetez, il faudra le faire”…
Car si la présidente du CDH, après avoir “actualisé” la devise nationale, fait d’évidents efforts et n’a “pas de problèmes à transférer des compétences” ( on a appris, tiens, que douze avaient été déjà débattues, dont, dixit Milquet, les loyers, les implantations commerciales et la mobilité), on est d’évidence encore loin de l’amour que le CD&V porte désormais à la Belgique “d’une manière différente”.
Car si la présidente du CDH place, sans grande conviction, son souci de “rapatrier dans une région bilingue”, les francophones découlant “d’un compromis boiteux de 1963 qui est une erreur sociologique”(on dit bonjour à Arthur Gilson ?), son ami social-chrétien du Nord hausse les épaules et dit évidemment “ ne pas discuter de la frontière linguistique” car, m’enfin, “on ne discute plus d’un concept dépassé”.
Et “ madame Non” de s’entendre subtilement zouzouiller qu’il faut savoir se mettre à table “avec un oui”.
Un brin perdue dès lors dans le désert de l’incompréhension, Joelle en saharienne (pour info, c’était le vêtement fétiche d’Yves Sainnt-Laurent car ni chemise, ni veste) place alors sa demande alternative pour la scission de BHV, celle qui flotte dans l’air et qu’on retrouve aussi dans le programme Ecolo, celle d’ “une coopération entre Communautés”, sans mur de Berlin culturel.
Bref, le désert, c’est plein de grains de sables pas encore très chauds. Et ça crissera ferme dès le 13 juin au soir, ou on sait qu’il n’y aura déjà qu’un seul gagnant en Flandre ( la NV-A sera , ça c’est déjà booké, la seule formation à progresser) tandis que les socialistes sont déjà, eux, assurés d’être in-con-tour-na-bles.
Et combien de partis faudra-t-il mettre d’accord, outre ces deux partis sociaux-chrétiens là qui font ce qu’ils peuvent pour faire famille, pour tricoter la majorité des deux tiers qu’appelle le “ New Deal” belge ?
Allez, le futur gouvernement ne s’annonce pas volle petrol: même dans le désert.

MINI-TROUBLES (26):QUAND UN TOUR-OPERATOR LANCE UN SITE ELECTORAL INCIVIQUE…


Ici, on aime beaucoup la pub, mais il y a des jours où on se demande vraiment à quoi sert vraiment le fameux JEP ? ( Jury d’Ethique Publicitaire) A l’heure ou plein d’associations citoyennes –selon la formule consacrée- se décarcassent pour inciter l’électeur à ne pas bouder le 13 juin, voici qu’un grand tour opérateur lance, avec une joyeuse inconscience ou un grand cynisme, le site
Dont le principe est simpliste : vous faites une bête simili-campagne sur ledit site et si vous décrochez un max de votes (votre famille, vos  amis de Facebook, ce genre...) vous vous taillez en Crète ét échappez aux élections.
Le texte racoleur du site est on ne peut plus explicite : “ Le 13 juin, nous retournons une fois de plus aux urnes. Plutôt envie d’être à l’étranger ce jour-là ? Hé bien, c’est possible ! “.
Beurk.

nb : le low-cost Ryanair s'attend à pas mal de sièges vides autour du même 13 juin. Là, le ticket acheté pour n'importe ou à condition qu'il soit à un prix très light, justifiera pour d'aucuns l'impossibilité d'être assesseur ou autre.


mercredi 26 mai 2010

LES TROUBLES DE L’ELECTION ( 25) / DEBAT RTBF NORD-SUD : QUAND LE PSB RESSUSCITE…


C’est à  un débat certes un brin soporifique mais assurément historique que nous a convié la RTBF pour sa deuxième rencontre Nord/Sud. Pensez donc: voila-t-y pas que le PSB est ressuscité et qu’on ne nous en disait rien. Les mânes des “ Rode Leeuwen” en sont tous retournés. Et la charte de Quaregnon, précieux parchemin wallon, va bientôt pouvoir faire bientôt une pieuse tournée des Flandres.
De fait, ce supposé face à face tenait plutôt du côte à côte, comme au bon vieux temps du PSB unitaire. Avec un formidable jeu de passe-sirop entre la présidente du SPa, Caroline Gennez,(35) et le président du PS, Elio Ri Rupo (59). Et que je dise que “ je suis d’accord avec Elio”, et que je te promette “une réforme de prospérité * pour les citoyens*, et que “ ce que dit Caroline est fondamentaaal *”. Le volontarisme des mots, c’est toujours bien.
Plus sérieusement, au delà des formules boîte à musique électorale et de ficelles assez exaspérantes à force (ah, faut penser à placer la journée de la sclérose en plaques…)  une communication très sciemment presque commune, avec un objectif politique assez évident dans le flou mou pour l’après 13 juin: doter la Belgique d’une “nouvelle architecture”*. Et accessoirement, ça mange pas de pain, faire évoluer le Sénat puisque Caroline Gennez s’y est ennuyée pendant un an “et que ça n’a pas de sens”.
Le hic, c’est que pour réussir, en com, ce genre de numéro d’équilibrisme politique au but évident (se montrer tous deux positifs vis à vis de l'opinion), mieux vaut de nos jours (le PSB s’est disloqué en 1978) ne pas aborder les petits sujets mineurs qui fâchent, le genre BHV. Donc, on ne sait toujours pas ce que le PS, à l’instar exactly des autres partis francophones, propose de précis et de détaillé pour la réforme de l’Etat versus brullonie. 
Votez, on verra bien après, nous communique-t-on.
"Qu’il y ait des matières qui reviennent aux régions lors de la rénovation du pays, c’est normal”, a juste lancé Di Rupo. Quelles matières ? La politique des grandes villes, à titre d'exemple ? Mystère et motus boule de gomme stable et peu loquace.
Rarement campagne électorale aura-t-elle connu, tous partis francophones confondus, des discours de com aussi fuyants prononcés par autant de virtuoses de l’esquive, en noeud-pap, en pyjama ou en djellabah. Johanne Montay, pourtant douée pour le dynamitage de langue de bois, devra forcer encore sur la dose de nitro. Tout au plus a-t-on compris que le joli stylo  d’Elio Di Rupo, celui qui a “tenu la plume des positions francophones, c’est vous dire” ne s’en tiendra à l’élargissement de Bruxelles qu’en cas de “niet” flamand aux “solutions concrètes”. 
`Dans le discours politique aucune locution n’est jamais neutre ni innocente: donc lorsque Elio Di Rupo “comprend” Annemie Turtelboom d’avoir déjà fait envoyer des convocations en neerlandais dans les communes à facilités, nous on “comprend” qu’il y a une démarche très politique qui n’enthousiasmera pas forcément tous les frontistes francophones réunis jadis autour du stylo joli d’Elio Di Rupo. Aurait-on omis de nous rappeler quelque chose ? Ah oui, que c’est le PSB qui donna au pays son dernier Premier ministre wallon. Qui n’était pas très bilingue.

* Dico des Mots-Clés de cette élections 2010, à ressasser sans cesse.

MINI-TROUBLES DE L'ELECTION (24)/ BART EST PARTOUT

- On adore cette phrase de l'économiste wallon Michel Quévit au "Soir", à propos de Bart De Wever : 
" C'est comme si je disais à ma femme : il faut divorcer si on veut continuer à vivre ensemble".
- On est  d'ailleurs vraiment étonné qu’on s’en étonne, du succès de Bart ! D’ailleurs, parti comme ce l’est, ce sera peut-être encore davantage que les 25% ou 26% annoncés, sans surprise réelle, en Flandre pour De Wever et sa NV-A. (sondage TNS-Dimarso non publié mais qui fuite de partout) Car, on le sait, avec ces courtes élections anticipées, la campagne n’en est encore qu’à son démarrage et le phénomène pourrait mécaniquement encore s’amplifier. Parce que Bart, attaqué de partout, se retrouve en position de victime. Parce que les 800.000 déçus d’Yves Leterme n’ont pas fini de se chercher un autre héraut pour la cause flamande.
- Selon Steven Samyn (Standaard), ces sondages confidentiels réservent d’autres hoquets, avec, dit-on, à la deuxième place en popularité, la p'tite Inge Vervotte, la grande alliée et protégée d’Yves Leterme, Marianne Thysen n’apparaissant qu’à …la neuvième place. FrankVandenbroucke, si peu apprécié de la présidence du SPa, serait troisième juste devant BrunoTobback et Johan Vande Lanotte . Suivent, dit-on, Alexander De Croo ( 7ème et un VLD pas du tout récompensé) et un Yves Leterme (8ème) en chute…
- Donc, à l’heure ou du côté francophone, on commence enfin vivement à s’intéresser à la presque incontournable NV-A ( tout le monde veut bien désormais discuter le bout de gras institutionnel avec Bart, sauf le CDH qui ne le dit pas, vu que ça colle pas trop avec son slogan de Leopold Ier) et à découvrir son programme , on citera ces propos du journaliste Carl Huybrechts (ex-VRT) à Sud-Presse :
Bart De Wever est un légaliste.Il n’est pas considéré comme un extrémiste : rien à voir avec le Belang”. C’est, selon Huybrechts, un homme même “plutôt à gauche”. “Attention, pas un gauchiste, mais plutôt parce qu’iil a un sens social, qu’il veut s’occuper des gens”.
- En attendant donc le 13 juin, la NV-A amuse son public. En relevant par exemple (26/05) la nomination, en février dernier, par le CDH Benoit Cerexhe, de deux inspecteurs full-time pour «la surveillance, l'enquête et les constatations de violation de la législation sur la politique agricole dans la Région de Bruxelles-Capitale" (21 sites agricoles)

LES TROUBLES DE L’ELECTION (23)/ LES PROPOS DU DOCTEUR G, SYMPTOME D’UNE CAMPAGNE PAS DU TOUT BANALE


Perso, je ne crois pas du tout, comme le veut un bizarre et convenu refrain médiatique, que cette campagne électorale précipitée serait morne, banale et sans intérêt pour l’opinion.
Sinon, la presse quotidienne ne verrait pas ses ventes remonter sensiblement. Sinon, le débat Di Rupo-Reynders n’aurait pas totalisé près de 700.000 télespectateurs.
Perso, je prends aussi le pari que le taux d’abstention du 13 juin ne sera pas du tout la cata annoncée par le même refrain médiatique.
Perso, je crois au contraire volontiers que ces élections anticipées marquent un évident tournant dans l’évolution des esprits.
D’ailleurs, devinette, qui vient donc de déclarer :
Des décrets comme le "Wooncode" sont des mesures d'exclusion de type raciste, et c'est écrit! Tous ces écrits font froid dans le dos. Comme Mein Kampf aurait dû alerter l'opinion internationale. Tout était écrit !”
D’ailleurs qui rajoute :
Ça peut aller loin, ce genre de logique. Ça peut aller jusqu'à une logique de sous-citoyens. C'est là que ça rejoint la logique du IIIe Reich.”
D’ailleurs, qui s’interroge : “Est-ce que, comme les Juifs dans les années 1930, je ne dois pas me dire: il est temps de quitter ?”
Bien évidemment que ce n’est pas Olivier Maingain, qui a, quoique certains en disent, un habile sens de la mesure. Non, celui qui compare ici certaines pratiques flamandes avec celles de l'occupation allemande, leur trouvant des “parallèles”, c’est Philippe Geluck, le papa du “ Chat”. Un unitariste convaincu qui s’affiche aujourd’hui quasi francophone séparatiste dans une interview pas piquée des hannetons wallons à “ TéléMoustique” (26-05).
Bon, autant je pense que les humoristes jouent un rôle crucial en démocratie- parce qu’avec l’humour on peut porter un message plus loin, parce qu’ils peuvent se permettre de dire des choses très différemment des journalistes- autant je doute lorsque l’humoriste se prend soudain très, trop au sérieux.
C’est d'ailleurs un phénomène de communication de l’air du temps de l’époque.  En France par exemple, Stephane Guillon, Bruno Gaccio, Alévêque, Jean-Marie Bigard, sont autant d’humoristes à qui les médias donnent une très grande légitimité pour parler de politique. Fuite parfois en avant vers le néant politique. (Bigard sur le 11 septembre…) Curieuse époque ou un commentaire de Laurent Gerra sur la crise de l’Euro en est curieusement arrivé à peser plus lourd que celui d’un philosophe…
Chez nous, Philippe Geluck avait d’ailleurs déjà fait fort dans l’affaire Dutroux, dénonçant des réseaux de la honte et de la Haute, le tout assorti de rien de moins que le contrôle de la presse par le secret d’Etat. C'est son droit. Et on n’attachera donc pas plus d’importance que cela à son interview. 
C’est son opinion de citoyen. Ce n’est pas un grand événement.
Sauf à noter que si le Docteur G, alias Geluck, en arrive à ausculter et à dire qu’une Belgique composée de Bruxelles, de la Wallonie et des communes à facilités, ce serait peut-être mieux tout compte fait que le boxon actuel, c’est tout de même le signe d’une évolution très accélérée des esprits francophones.
Et les chats, c’est bien connu, ça fait vite des petits.


mardi 25 mai 2010

MINI-TROUBLES DE L’ELECTION (22)/ REYNDERS ET MAGNETTE, LA BATAILLE DU SIRTAKI (et autres notes du solfège de la com)

- Communication boomerang : Tiens, Paul Magnette (PS), désormais promu doublure électorale mordante d’Elio Di Rupo, a trouvé le slogan jusqu’ici le plus vachard de la campagne :
“ Le MR, c’est le scénario grec”.
C’est toujours bizarre, la communication. Allez savoir : c’est peut-être tout bonnement David Coppi, du “Soir”, qui s’est gratté le cerveau pour, en écoutant Magnette disserter d’un peu de tout, de Fitoussi à Badiou, trouver un titre un peu sexy, un peu sirtaki, pour l’interview.
Mais la phrase qu’on retiendra du carolo -“ Le MR, c’est le scénario grec” - c’est simple, ça fait peur, ça pousse le bouchon un peu loin, ça en fait s’étrangler certains de stupeur, mais c’est diablement efficace.
C’est simple: on dirait presque une formule assassine du Reynders de la campagne électorale 2007. Et ça fait, en com’, pour le PS, un bien meilleur slogan que l’ennuyaaable emploi duraaable…`
Faut dire que Didjé, qui a décidément parfois un caractère provo incorrigible, a commencé les gamineries avec son “ bain de sang social” en Grèce et Espagne. Allusion transparente à la célèbre petite phrase gore placée par Di Rupo en 2009. Cela aurait pu passer pour un clin d’oeil impertinent mais Reynders ne cesse depuis de marteler la formule, en faisant un réel thème de campagne pour le MR. Sabine Laruelle, un peu fâchée avec la grammaire sur la RTBF, y allait à son tour d’un : “Le PS a mené en Espagne, au Portugal, au Royaume Uni, des bains de sang social…”
Le retour de bâton de berger grec était donc prévisible.
- Communication par défaut: Tiens, à 20 jours du scrutin, toujours pas de sondage perspicologue publié ? Curieux.
- Communication à contresens: Tiens, Sarah Turine, qui timiditait d’évidence à la tribune du congrès Ecolo, se mélange un peu les pinceaux. On ne peut pas qualifier le débat Didjé-Elio d’être kif “rouge-bleu ou bleu-rouge” et, trois paragraphes plus loin, sur le communautaire, s’écrier : “ A la provocation, nous opposerons le respect”.
Car reprendre le “mot-clé” (respect) du MR, Sarah, ça fait très “bleu-vert ou vert-bleu”…
- Communication ça déchire grave: Tiens, un scoop journalistique de première force dans “ Le Soir” : les pensionnaires nonagénaires des maisons de repos de Charleroi ou de Gand se soucient comme d’un tire-bouchon à pédale de la réforme de l’Etat. Après les 1830 manifestants de la marche belgicaine, voici une autre photo pour conforter le moral du slogan naphtaline de Joelle Milquet. Oui, il est des lieux joyeux ou l’ “Union fait encore la force” et ou le CDH devrait d’urgence intervenir. Pour répondre à la principale préoccupation de ces électeurs-là : les nouvelles règles de la Région Wallonne en matière de couches-culottes .
- Communication judiciaire: Tiens, à travers le “printemps des perquisitions”, un fac-similé du “Soir” nous apprend (car il est reproduit en grand pour les lecteurs des maisons de repos) que Marc Uyttendaele est avocat de la Ville de Mons.
-Communication de folie bancaire
: Tiens, on se demande si Jean-Luc Dehaene, fils de psychiatre, comprend la double page pub quadricoûteuse de sa banque Dexia (cfr presse quot’ de ce 25/05) sur fond maritime, avec un casting ou l’on croirait reconnaître Me Hissel.
On récite juste, texto, pour le plaisir, le slogan pondu par de formidables communicateurs:
“ C’est quoi plus tard ? Quelque chose qui arrive ? Ou un projet qui vous anime ? Est-ce “on verra bien” ? Ou “on s’y voit bien” ?
BHV fait plus simple.
- Communication par les sentiments: Tiens, Paul-Henry Gendebien (RWF) concurrence dangereusement Didier Reynders dans la pêche à l’électeur par l’hameçon des impôts.
“Si vous disposez d'un petit revenu, a-t-il précisé dans un “chat internet” à “La Libre”, vous risquez d'échapper totalement à l'impôt direct. Si vous disposez d'un revenu moyen, la différence pourrait aller jusqu'à 40% d'impôt directs à payer en moins.” Autres avantages épinglés par la communication du rattachiste: taxe de circulation moins élevée, facture de téléphone et d'électricité moins lourde, prix à la consommation inférieurs de 12% en moyenne en France par rapport à la Belgique."
- Communication du jour “demain on rase gratis” : Tiens, Sabine Laruelle (MR) veut une réforme fiscale “évidente”de quatre milliards d’euros.(Matin-Première, RTBF)
- Communication subliminale : Tiens, le fond d’écran Tweeter de Paul Magnette, en passe d’être surnommé à vie le Dr House de Charleroi, est tapissé de “ Oui! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Ouiiiii !

lundi 24 mai 2010

LES TROUBLES DE L'ELECTION (21)/ BART DE WEVER ET LES PETITS SILENCES ENTRE PARTIS FRANCOPHONES…(sur les vrais enjeux)

Joelle Milquet n’a, dans le fond, qu’un seul véritable allié en Flandre: Vital Haeghebaert, un original aux allures un brin clochard, qui a déposé une liste dont l'acronyme est son prénom et signifie Vrijheid (Liberté), Intimiteit (Intimité), Thuis (à la maison), Arbeid (Travail) et Liefde (Amour). Mais dont le programmeke unitariste et belgicain est le seul à coller tip et top au slogan “ L’Union fait la force” du CDH. Une approche qui, comme le rappelait l’autre soir Steven Samyn du “Standaard” au micro de Fred Cauderlier, est totalement marginale en Flandre.
Si l’avenir politique de Vital est donc hautement utopique, celui de Bart De Wever, le président de la NVA, est florissant, puisqu’il relaie le décevant Yves Leterme dans le rôle de grand leader populaire du Nord du pays.
Un historien redoutable que je surveille attentivement depuis lurette –cette fixette psypolitique n’allant pas sans susciter parfois quelque moquerie chez mes amis de “Sans langue de bois” (Bel-RTL)- ne fut-ce que parce que la ligne dure mais cohérente de son parti présentable autant que responsable depuis qu’il se positionne de plus en plus au centre (la NVA participe au gouvernement flamand) fait s’évaporer progressivement le Vlaams Belang et fragilise l’Etat CD&V. Aujourd’hui représenté par la modérée Marianne Thysen (qui passe son temps à tenter de faire dire à De Wever s’il est ou non séparatiste), un brin menacée d’être vite renvoyée aux poires par son aile dure si sa stratégie oraisonfunèbre le 13 juin..
Mais le mérite tout récent de Bart De Wever, c’est, au travers du congrès de la NVA et de l’interview décapante accordée à “La Libre” (19/05), d’avoir soudain révélé aux électeurs francophones que leurs partis leur parlaient d’un peu de tout –ils en arriveraient à meubler en débattant du talent de Apichatpong Weerasethakul…- mais les amenaient par le bout du nez dans une campagne électorale très déconnectée des réalités.
Non seulement à travers leur communication pour ce qui est de l’économique et du social (le mot “prospérité”, si riche en promesses induites, si presque incongru, est bizarrement top mode : “Vers une nouvelle prospérité” pour Ecolo, “Fédéralisme de prospérité” pour le PS…) où les analyses un peu rudes du Bureau du Plan sont quasi gommées du débat, presque balayées d’un revers de tract, histoire de ne pas déplaire à l’électeur. Pour rappel, l’effet boule de neige, réenclenché depuis 2009, ferait repasser la dette publique au-dessus de 100% du PIB dès 2011, la hausse du chômage serait au maximum en 2012 (+ 128.000) et il y aura un gros sacré paquet de milliards à saquer d’ici 2015.Même si, pour d'aucuns,la chute de l'euro, qui dopera les exportations belges, est un élément finalement plus positif qu'on ne le présente...
Même processus pour ce qui est du communautaire: alors que Bart De Wever, qui communique au Sud sans grand double langage, appelle un chat un chat, alors qu’il rappelle que la Flandre avance étape par étape- tous partis confondus même s'il y a de très sensibles nuances- les leaders francophones contournent ou esquivent toutes les questions précises sur ce qu’ils demanderont, eux, ou régionaliseront, eux, demain pour “rénover l’Etat”. Etant entendu à les en croire que, cela fait, les problèmes communautaires seront censés être une fois de plus définitivement derrière nous…
“Il ne faut surtout pas provoquer du côté francophone, car ce serait favoriser les extrêmes au Nord…” a communiqué dimanche Elio Di Rupo, martelant qu’il fallait faire“confiance aux progressistes de Flandre” pour un accord raisonnable. Un coup d’oeil aux chiffres de Spa et Groen rappelle le poids des dits progressistes : 22% à peine. (15,27% pour le Spa et 6,77 pour Groen aux régionales 2009).
On-nous-dit-rien-on-nous-cache-un-peu-de-tout-parce qu’il faudrait préalablement attendre que tombent, le 13 juin au soir, les choix des flamands.
Sous-entendu, la NVA sera-t-elle portée par une vaguelette ou un tsunami ?
Sous-entendu, le CD&V, si raisonnable, si partisan d’une Belgique itou stable que celle du slogan PS, sera-t-elle peu ou prou punie, peu ou prou confortée ou déstabilisée ? Et dans ce jeu, aucune porte n’est fermée: Bart De Wever affiche sa volonté de scission de la Sécurité Sociale – ce qui signifie la fin de toute solidarité nationale – mais on ne lui claquera pas déjà la porte au nez : on ne sait jamais.
Des propos de Bart De Wever curieusement bien reçus par pas mal de francophones :
c’est que la clarté de son discours, qui tranche par rapport à la communication de mignardises des partis francophones, passe bien. Et qu’on ne serait pas surpris si des francophones de Bruxelles-Hal-Vilvorde, atteints d’une sorte de syndrome électoral de Stockholm, votaient NVA…
Comme le disait avec raison le politologue Pierre Verjans, la NVA, fut-elle “très exigeante”, pourrait être “un partenaire de négociation amical” . Qui, de plus, ne s’opposerait pas à un Premier francophone et qui, en outre, a chassé déjà les libéraux du gouvernement flamand…

Très étrange situation en tout cas: comment l’électeur francophone peut-il choisir pour quel parti il va voter si les leaders francophones ne disent presque rien du concret de la rigueur à venir et annoncent tous attendre les résultats du 13 juin en Flandre pour préciser la position qu'ils prendront…

MINI-TROUBLES(20)/: UN POLITIQUE DOIT-IL ETRE BRONZE EN CAMPAGNE ? (même s’il habite à la campagne…)

- Communication par l’UV: bon, bien entendu qu’ils font un max de marchés au grand air, bien entendu qu’il fait plein soleil, bien entendu que certains bossent leurs dossiers de campagne dans leur maison à la campagne itou, mais certains de nos candidats politiques sont si bronzés ( Modrikamen) si hâlés, ( y’a que Wathelet Jr à faire coup de soleil) sur les plateaux télé, que ça laisse rêveur, non ? Trop pâlot, ça le fait tristounet. Trop bronzé, ça le fait dilettante.
- Communication meteorologique : les tweets de Didier Reynders sont une rude concurrence pour l’ IRM. On cite : “Soleil toujours !”, “Belle journée”,” Coucher de soleil superbe”,” Sous le soleil de Herve.”, Belle campagne sous le soleil !”,” Bon après-midi sous le soleil ! “Le soleil commence à nous arriver “. Ca, c’est de la gamberge nouveau media qui part en mayonnaise restée au soleil.
- Communication à usage linguistique régional : l’usage du mot “ Dikkenek” par Laurette Onkelinx.(RTL) C’est évidemment plus adapté que “djondu” pour attraper des voix à Bruxelles.
- Communication par la garde-robe. En hiver, André Flahaut porte une écharpe rouge. Aux beaux jours, une cravate rouge. On ignore encore la couleur de sa djellabah.
- Communication à côté de la plaque : les petits partis invités quand même par la RTBF usent leur mini-temps de parole ( Gendebien, Modrikamen) à se plaindre de n’en avoir pas davantage, ceci sans aucune chance. Au foldingue !
- Communication d’ego méprisant: “ Les petits partis ont le droit d’exister” (le MR Alain Destexhe à la RTBF)
- Communication d’expérience : difficile pour Paul Magnette, Melchior Wathelet Jr et Jacky Morael de faire le poids face à un Didier Reynders dans un débat sur les banques (RTL- Controverse) : douze années aux Finances, ça donne un gramophone redoutable.
- Communication joueur de billard : “ Mme Milquet conteste ces chiffres ! “ (Elio Di Rupo,(RTBF) mettant ainsi en doute par la bande, sans lui-même y toucher, les prévisions du Bureau du Plan)`

dimanche 23 mai 2010

LES TROUBLES DE L’ELECTION(19) / DE LA COMMUNICATION POLITIQUE APRES UNE PERQUISITION : LE RETOUR AU CLASSIQUE ?

C’est assurément un des problèmes les plus tangeants à traiter en communication : comment un politique doit-il réagir face à une perquisition ou une inculpation qui le touche, directement ou indirectement ? Les techniques sont multiples: faire le gros dos, contre-attaquer et crier au complot, laisser les déclarations aux avocats, organiser une conférence de presse pour dire “sa vérité”, faire appel aux alliés (Laurette Onkelinx hier à propos d’Alain Mathot : “Il y a eu une lettre anonyme, il y a plus de 600 jours, et c’est juste avant les élections qu’on fait ça. Franchement, il y a quelque chose qui ne va pas"), banaliser l’événement, l’annoncer soi-même ( technique Modrikamen, le président du PP révélant lui-même son inculpation pour faux, usage de faux et blanchiment) confier le dossier à une quelconque instance morale, en rajouter crânement une couche… ( le célèbre “Allez vous faire foutre avec l’éthique” de Richard Fournaux). Chacune avec son efficacité de communication relative car, quand le mal est fait, on ne peut, en cette société de haute médiatisation, que tenter de l’atténuer. Cette fois, avec les récentes perquisitions de Liège et Mons, on a vu, fait notable, deux Procureurs Généraux (Mons et Liège)sortir de leur réserve et ramener eux-mêmes à des proportions légales un effet médiatique délicat à 20 jours d’un scrutin législatif. "Chaque fois qu'un homme politique est concerné, on en fait une publicité absolument éhontée et donc, c'est ce phénomène-là que je dénonce. On peut causer un tort considérable aux personnes qui sont concernées et qui ne le méritent pas" a déclaré notamment le liégeois Cédric Visart de Bocarmé qui a décidé mâlement de faire rechercher la fuite trahissant le “secret professionnel”. N’était-ce pourtant pas déjà à Liège que, jadis, un autre Procureur s’était exclamé : “ Les fuites, c’est fini, fi-ni !”
Louable souci donc mais qui équivaut à rêver éveillé debout si l’on sait le ramdam que toute descente du genre produit dans des bureaux ou lorsqu’on connaît les relations souvent très étroites entre journalistes judiciaires (j’en fus, il y a lurette) et policiers …
L’élément-clé d’appréciation est en fait assez cynique. La bonne question est : mais quel est le climax politique du moment ? Y aura-t-il volonté d’utilisation ou non ?
En 2007, Didier Reynders et le MR avaient littéralement fait campagne électorale en pilonnant jour après jour au napalm bleu tous les legos judiciaires de l’affaire de la “Carolo”. En 2010, le MR ne pipe plus un mot, plus une syllabe, sur ce thème politico-judiciaire et place même, en deuxième position sur sa liste bruxelloise, Corinne de Permentier, pourtant récemment inculpée de faux en écriture par fonctionnaire, usage de faux, escroquerie et prise d'intérêt. “ Légèrement inculpée” a justifié Armand De Decker, confondant cet acte juridique avec la cuisson barbecue.
Il est vrai que la sympathique De Permentier est une machine à voix et que le MR en a aujourd’hui besoin comme jamais, ne fut-ce que pour faire contrepoids interne face à l’efficacité bruxelloise du parti-frère FDF.
Une chose est certaine, c’est que l'ingénieuse “solution-tampon de la soupape ", c’est à dire celle de la Commission d’Ethique interne au parti concerné, est en passe de faire vraiment long feu. La Commission de concertation et d'arbitrage du MR, dans l’affaire Fournaux, a eu bien du mal à faire passer pour un “pas de côté” la décision du bourgmestre de Dinant de se mettre en congé de ses fonctions internes au MR et au MCC, ce qui pesait presque aussi lourd que si on lui avait confisqué sa carte “Happy Days"…
Et on attend toujours les conclusions, dans la controverse autour des activités contestées du clan Daerden, des travaux se “déroulant à leur rythme”, du Comité d’Ethique du PS.
Il est vrai que ce genre de Comité moral interne coince plus un Président de parti qu’il ne l’aide. Mettez-vous un instant à sa place :
- soit il blanchit impeccablement le membre mis en cause et risque d’être bien embêté, accusé d’avoir couvert l’intéressé, si celui-ci se retrouve soudain en prison ou renvoyé devant un tribunal…
- soit il se fait accusateur, prend une sanction forcément “exemplaire”, crée d’inévitables remous internes et risque d’être très embêté si la justice, mieux informée, décide qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat…

Voila pourquoi, il n’est finalement, en cette matière délicate, qu’une communication certes un peu cynique, certes vieille comme le monde, mais la seule un peu efficace et raisonnable pour une formation politique. Prononcer encore et encore le classique des classiques: “ Laissons faire la Justice !”

samedi 22 mai 2010

LES TROUBLES DE L'ELECTION (18)/LE BUZZ DU PARTI DES AMATEURS DE KICKER: POURQUOI ON AURAIT TORT DE SOUS-ESTIMER CES CONJONCTIONS LA…

Ce fut le buzzz de la semaine, parfois ridiculisé sans réfléchir. Une petite saga au sirop de bavardage dévoilant l’hypothèse d’une plate forme politique commune qui verrait s’unissonner les plus ou moins juvéniles Charles Michel (1975) Melchior Wathelet Jr (1977), Marcel Cheron (un vieux de 1957) et Jean-Michel Javaux (1967), sans oublier, pour pimpanter ce panaché universel ratissant de gauche à droite, l'hypothèse de blabla avec Rudi Demotte (1963)… Un nouveau parti baptisé par d’aucuns le “ parti Kicker” ( parce que certains de ces protagonistes en ont joué une partie lors de l’émission-cadeau de la RTBF consacrée à Michel Daerden…) ou le “RHD” (Renaissance humaniste durable) et évoquant, de très loin, le phénomène Kadima, du nom de ce parti apparu subitement sur la scène politique israélienne, et réunissant des gens aussi différents que Tzipi Livni , ex-Likoud de droite, Shimon Peres, ex-socialiste Avoda ou Ehud Olmert, itou droite ex-Likoud… Kadima a conquis un électorat important en un temps record se voulant un parti centriste, « pragmatique et non idéologique ».
Mais la Belgique n’est pas Israël avec ses moeurs politiques très spécifiques.
Terrorisés, les grands hommes cités ont hurlé à la fiction, jurant leurs grands dieux qu’ils ne se croisaient que pour nouer des scoubidous-troulalalaïtou.
Les journalistes de “ La Libre”, en réplique, leur ont rappelé qu’ils n’avaient pas la berlue puisque déjeûner il y eut, héhé, avec témoins, dans un certain resto de la rue de la Régence…Et Rudy Aernoudt, l’homme qui sème la zizanie partout ou il passe, de confirmer wéwé qu’il était zévidemment au courant et que, dans le fond, çà plaisait fort à son ordinateur à cheveux et qu’il pourrait s’y retrouver….
Bref, une bulle de savon aussitôt éclatée. Mais qui n’en est pas moins bien plus qu’une bulle de savon.
Car, si ce parti est effectivement un peu scoubidou farceur, ce buzzz est très significatif du désir inconscient d’un peu d’air neuf dans la culture politique et de colalition qui règle la politique au Sud du Pays (au Nord, le choix – ou l’émiettement, c’est selon- est désormais total, les trois familles traditionnelles devant compter avec la NVA, le Belang, la liste Dedecker et Groen…)
Car une chose est sûre : oui, Javaux, Michel Jr, Wathelet Jr, sont de la même strate politique, s’entendent fort bien, déjeunent ensemble rue de la Régence ou ailleurs et , oui, oui, il leur est arrivé de rêver ensemble …
De reprendre somme, dans une autre combinazione, le vieux rêve raté de Gerard Deprez qui, en poussant à une fusion entre sociaux-chétiens et libéraux, voulait arithmétiquement mettre pour longtemps les socialos dans l’opposition.
On ne saura jamais tout à fait ce qui s'est exactement passé : mais il s'est passé quelque chose.
Même si aucun des pros de la politique cités ne prendra jamais un risque du genre (repartir de zéro dans un parti au succès forcément aléatoire…) puisque leur carrière est déjà superbement menée.
Jean-Michel Javaux, président d’Ecolo, futur Ministre d’Etat –pyjama ou pas- a le goût du pouvoir pour longtemps et s’emparera un jour ou l’autre d’un solide portefeuille ministériel.
Charles Michel, dans un prochain tour du manège MR, sera bien évidemment un jour président du MR. Et Melchior Wathelet, comme papa, présidera of course le CDH ou vicepremierira un futur gouvernement…
C’est presque déjà écrit.
La seule chose qu’il faut donc retenir de tout ceci, et qui est tout sauf anodin, c’est qu’un jour, à leurs futurs postes de grand pouvoir, lorsqu’il s’agira de négocier de nouvelles alliances, d’autres coalitions, ces excellentes relations humaines conduiront évidemment ces hommes-là à penser à travailler ensemble. Si les chiffres (combien de divisions ?) et les événements le permettent.

jeudi 20 mai 2010

LES TROUBLES DE L'ELECTION (17)/ Décryptage des trucs et ficelles d’un débat : pourquoi mon détecteur à “langue de bois” a beaucoup clignoté… (Reynders-Di Rupo)

En communication politique électorale, mieux vaut, quitte à risquer de susciter l’ennui des télespectateurs-auditeurs, s’en tenir à des généralités et à une présentation un peu administrative de son message.
Le message édulcoré, c’est bien plus prudent qu’un langage trop engagé,qui postule le risque de l’impopularité.
Ce fut donc, jeudi soir, à RTL, entre Didier Reynders et Elio Di Rupo arbitrés par Laurent Haulotte, un échange feutré, modéré, peu tranché, bref très politiquement correct. Et sans doute un brin convenu en coulisses entre “hommes d’Etat”.
Etrange aussi, car s’il y avait sans doute en communication une volonté d‘éviter l’image de francophones en bisbille, on s’est un peu pincé à voir les deux leaders PS et MR vivre comme dans une bulle, comme s’ils ignoraient tout de l’ ”autre campagne”, celle qui se passe au Nord du pays, et qui est très, très communautaire… Car la Flandre prépare son sursaut radical et peut-être nationaliste à coups de mots boulet-de-canon et veut de toute façon, outre BHV, une forme forte de confédéralisme.
Bref, du lourd jaune et noir, tandis qu’en face les anciens “demandeurs de rien” prennent une posture attentiste ( “ Laissons d’abord la Flandre s’exprimer”) mais parlent curieusement de “renforcer le fédéral “ (Reynders) ou proposent, comme mâle contenu pour la future réforme de l’Etat, des miettes sur les invalides, la jeunesse, voire, comme Laurette Onkelinx l’autre jour, la régionalisation de la lutte contre l’alcool ou le tabac qui ne manquera assurément pas d’enthousiasmer Kris Peeters ou Bart De Wever…
Difficile, en communication, de produire réponses plus floues et plus édulcorées sur leurs positions à l’approche de la grande négociation communautaire qui s’annonce.

Ce fut un peu kif pour le sujet aujourd’hui le plus périlleux, le plus redoutable pour tout homme politique : la crise économique, des banques et de l’Euro.
Car là on ne peut pas éluder : le wallon ou le bruxellois les zyeutant devant son poste ne comprendrait pas.
Donc, on en parle mais on enjolive ou on passe sous silence la situation, histoire d’éviter toute impopularité (pas un mot mercredi soir sur les 42 milliards d’euros à trouver d’ici 2015), voire toute panique.
C’est un vieux truc de com et de salive politique : on pose le constat, genre “ la crise est grave et elle a des conséquences…” puis on ajoute vite, fissa, un grand MAIS…
Exemple classique - la grande ficelle actuelle d’ailleurs de Joelle Milquet- on dira : “ Oui, le chômage monte MAIS la Belgique est moins touchée que ses voisins sur ceci ou cela…” ( au vu des derniers chiffres, c’est le chômage qui vire plutôt durable, pas l’emploi…)
Et, comme Didier Reynders, au poste-clé des Finances dans la crise monétaire, on se fait valoir, genre : “ Vous voyez, moi je ne dors pas la nuit, vous pouvez donc compter sur moi…”
Et on puise à tout va dans le stock des formules qui servent à atténuer les réalités trop cruelles, trop dures, trop brutales tout en bottant en touche. Elio Di Rupo place son “ La rigueur, oui, l’austérité non” (asticieuse ouverture de parapluie, non ?) et , comme lendemain plus rose, doit se contenter de promettre qu’on ne touchera ni à l’index ni, ce qui est déjà plus difficile à assurer, à la pension à 65 ans…
Jadis, le français Pierre Mendes-France disait “que le premier devoir des hommes politiques, c’était la vérité. De ne pas ruser, de ne pas dissimuler les difficultés.”
Jeudi soir, mon détecteur de langue de bois n’a curieusement pas cessé de clignoter. Et que je te place un peu de “storystelling” aussi, cette technique de communication venue des Etats-Unis et abondamment utilisée par Nicolas Sarkozy, ou, pour faire passer son message, l’homme politique se doit de raconter une historiette plus ou moins véridique. (un bon fait divers, çà aide au thème sécuritaire…) Et que je te place aussi le “coup de la métaphore” (“imaginons que la Belgique, Madame, Monsieur, soit un couple, un peu comme vous…”), qui fait appel à un soi-disant bon sens mais qui ne signifie évidemment rien en elle-même.
Et que j’enjolive, que je peaudechamoise soudain au détour d’une phrase de mon clinquant slogan de campagne (“ Garantie du respect” ou “ Pays stable”) pour que vous vous rappeliez bien mon concept le 13 juin. Et surtout que je place, les “inserts sonores”, entendez les formules-choc préparées et répétées avec mes collaborateurs.
Et surtout tous les mots-clés supposés toucher un segment électoral. Sur ce plan, jeudi soir, là ou Di Rupo se contentait d’égréner un chapelet fraude-fiscale-emploi-spéculation-gardiensdelapaix (oubliant son récurrent contrôle des prix) Didier Reynders a veillé à remplir tout son album Panini électoral, plaçant au passage toutes ses vignettes à collecte de voix : allez, oups, un p’tit mot pour les handicapés, les indépendants harcelés, les horecistes à la TVA allégée, les pensionnés modestes condamnés à Aldi ou Lidl, les maladeurs chroniques, les troustrous des routes wallonnes, la sécurité ouhfaismoipeur, même un coup d’émotion pour les marcheurs de Joe Van Holsbeek ( cristallisation des craintes sécuritaires de la population) sans oublier un couplet sur les charges sociales des travailleurs. Il est vrai qu’en com politique, un libéral parlera toujours de “charges sociales- c’est à dire un poids qu’il faut alléger- tandis qu’un communicateur de gauche parlera toujours de “cotisations sociales”.
Oui, oui, en politique, les mots sont vraiment des armes.

mercredi 19 mai 2010

LES TROUBLES DE L'ELECTION (16)/ CE QU'IL NE FAUT JAMAIS CROIRE DANS LES PROPOS D'UN POLITIQUE (Grand Débat Di Rupo-Reynders RTL-TVI à 19H40)


A quelques heures du grand débat Didier Reynders-Elio Di Rupo, à 19h40 sur RTL-TVI  http://w1p.fr/2459 et dès 19 H sur Bel-RTL (”Sans langue de bois” http://w1p.fr/2460), ça fébrile sec. Perso, on ne croit guère au ton baston Mortal Kombat ni à un remake des duels peints à l’hémoglobine des précédents scrutins. Ce sera plutôt, parions-nous, un grand moment du jeu du chat et de la souris, chacun cherchant plutôt à miauler maxi.
D’abord, parce que le président du MR est tenu par le slogan dont on l’a doté. “ La garantie du respect”, ça ne permet plus vraiment l’attaque sous la ceinture.
Ensuite parce que rien n’est plus pareil : en 2009, on votait régional et Reynders, auréolé par son incontestablement  historique mais momentané exploit de 2007 ( être devenu le premier parti wallon) rêvait de virer sec sans ménagement Di Rupo tant en Wallonie qu’à Bruxelles. En 2010, il s’agit d’élections fédérales découlant de la chute d’un gouvernement ou les deux partis rivaux ont, bon gré mal gré, travaillé côte à côte. Donc, leurs leaders sont à minima tenus d’en défendre un bilan, comme on dit en com’ dans ces cas-là, “globalement positif”.
Elio di Rupo, sauvé d’extrême justesse par sa baraka, a fait taire les ambitieux, prépare Magnette à sa succession et se rêve à nouveau parfois Premier Ministre. Didier Reynders, lui, est désormais considéré par une bonne part de ses “amis” du MR comme une catastrophe de communication, surtout de par son agressivité souvent inutile. Et Reynders, qui quittera  donc sous peu la présidence du MR avec une popularité plutôt en capilotade, a donc sans doute un sérieux besoin de se ménager des appuis pour sa reconversion dans un climat politique incertain. On se souviendra d’un autre ancien Ministre des Finances, Philippe Maystadt qui, bien que le parti qu’il avait présidé ait été renvoyé dans l’opposition, fut nommé et évacué en 2000 vers la Banque Européenne d’Investissement (BEI) avec l’appui de la coalition Arc-en-Ciel de l’époque.…
Et , à lire les déclarations apéritives de ce grand débat, on se dit que décrypter la langue de bois impose vraiment de rappeler deux règles absolues :
1) ne jamais croire les ténors politiques qui, comme Di Rupo lorsqu’on évoque l’hypothèse du 16 rue de la Loi, réfutent toute ambition et refusent de parler de leur futur…
La formule  de modestie, jetée en pâture aux medias, genre “ Je ne suis candidat à rien “ dissimule souvent une vive impatience…
2) ne jamais croire non plus les ténors politiques qui, comme Reynders, parlent de leur désir de “faire autre chose”…
La stratégie de la tentation d’une autre vie est  une vieille ficelle employée systématiquement par tous les grands formats politiques. Le désintéressement, genre “le pouvoir n’est pas une fin en soi”, est une posture on ne peut plus huile de parlotes.
 Car c’est bien connu : l’homme politique, de gauche ou de droite, se bat toujours pour des “convictions”, pour “l’intérêt général”  et “contre les dogmatismes”.
Ceux de son opposant d’un soir, sous les caméras de la télé, évidemment.

MINI-TROUBLES (15)/ "Y'A PAS PIRE POLITIQUE" DU JOUR

- L'avocat Mischaël Modrikamen (Parti Populaire) à Bel-RTL ce 18/05 : " Ca m'en touche une sans faire vibrer l'autre...".

mardi 18 mai 2010

TROUBLES DE L’ELECTION (14) : JAVAUX INDUSTRIALISE LE “DEVOILEMENT DE SOI” (du “pipolitisme” en pyjama…)

“ Dès que je rentre, même s’il est 16 H, je me mets en pyjama, c’est ma tenue préférée” a donc confié Jean-Michel Javaux au plus tabloïdé de nos quotidiens. (la “DH”)
Après son coming-out catho, après son coming-out monarchiste, voici le coming-out pipolisant.
Oui, le co-président d’Ecolo adore “Voici”, “Closer”,”Gala”, bref les magazines qui lui font dire : “ J’adore ça, dès qu’il y a un potin, ça m’intéresse”.
Et on comprend mieux pourquoi, l’autre matin, en entendant le revenant Olivier Deleuze marteler de la mâle et forte langue verte en radio, on trouvait que le moustachu énergétique avait pris un solide coup de vieux, presque carrément ringard comme style de leader Ecolo…
Oh, certains s’indigneront sans nul doute de ces aveux “sexe, drogue et rock’n’roll” (on gage que Jean-Mi a dû tout de même être surpris à découvrir comment ses propos ont été gonflés à l’helium mediatique…) et pas que des amateurs de chats ( “dont l’urine sent très mauvais”) ou de cuisine bio végétarienne. ( “deux fois par semaine, hamburger, fricadelle et viandelle avec un gros paquet de frites”). On en connaît, au sein d’Ecolo, qui auront avalé à nouveau cette lecture de travers et critiqueront ce “nivellement du débat politique par le bas”.
Il ne faut pas exagérer : avec Javaux, on est loin du Sarkoberlusconisme, hé ! Et de Georges Clooney aussi d’ailleurs, quoiqu’en écrive la “DH”, d’évidence farceuse.
Mais ce n’est évidemment pas par hasard si Jean-Michel Javaux utilise à outrance le “dévoilement de soi”, le “dévoilement du soi”, plutôt bien orchestré. Ce gaillard là, qui adore jouer parfois à l’ahuri, sait pertinemment bien qu’Ecolo, pour grandir, avait besoin d’une certaine personnalisation du pouvoir.
Jean-Michel Javaux est un utilisateur subtil de la nouvelle langue de bois politique, celle du naturel fabriqué, de la répartie ironique ou de l'autodérision soigneusement élaborée...
La “pipolitique”, qui se répand à chaque élection davantage, répond, qu’on l’apprécie ou non, à une demande de renouvellement des symboles de l’action politique… Car la "peopolisation", c’est aussi, mine de rien, expliquer plus en détails que d’habitude qui sont les candidats pour lesquels on vote.
Car l’homme politique est ressenti comme bien plus proche si on le découvre au travers de ses défauts, de ses habitudes domestiques ou de sa vie familiale avec “ mon amoureuse” (C’est le gimmick sans cesse ressassé de Javaux . “ J’ai dû louer une chambre d’hôtel loin de mon amoureuse”, plaçait-il encore un poil lourdement lors des négociations BHV)
Mais le jeu est sur le fil : il n'y a que peu de place, pour l’homme de la rue, entre le sentiment de proximité et celui d'oisiveté. Surtout si l’on avoue se mettre en pyjama à quatre heures de l’après-midi…

LES TROUBLES DE L'ELECTION (13)/ LE SLOGAN PS : EN COM, UNE ERREUR ORIGINALE VAUT TOUJOURS MIEUX QU'UNE VERITE BANALE

C’est étrange : le PS a sans doute le plus banal de chez banal des slogans mais il va redevenir le 13 juin le premier en Wallonie.
Quand on a découvert, le 1er mai, cette petite phrase clouéecollée sur le pupitre d’Elio Di Rupo - “ Un pays stable - des emplois durables”- on s’est dit que c’était là une phrase un peu passe-partout ad hoc 1er mai, le genre de truc qui fait plaisir aux militants, qui s’affiche un temps pour l’occasion et qui s’oublie aussitôt les drapeaux roulés pour un an.
Ben non, c’était déja le choix définitif pour toute la campagne.
Et c'est somme toute dans la lignée du déjà plus percutant mais déjà par trop longuet : “ Nos actions profitent à tous, nos valeurs ne sont pas cotées en Bourse”. Perso, en sachant pertinemment que faire adopter un slogan par des responsables politiques est toute une aventure, on enthousiasme pas trop pour ce genre de formules à tiroirs : un-pays-stable-des-emplois-durables…
En communication, ça ne donne jamais grand chose de nectar plus ultra, ça engendre plutôt des courts-circuits, l’accouplement des concepts.
Je connais bien les couloirs du Bd de l’Empereur: et j’imagine déjà le caucus. Untel dit qu’il faut abso-lu-ment parler de stabilité puisque les gens sont inquiets pour la Belgiiiique, un autre en rajoute et dit qu’il faut évidemment aborder le thème vitaaaaaal de l’emploi, un troisième, genre peu ou prou Claude Eerdekens, est irrité par la concurrence des Zécolos et insiste pour qu’on n’oublie pas d’être un peu vert et surtout duraaaable… Et un quatrième rappelle qu’il faudra penser à coincer ouais Reynders avec la grande fraude fiscale… Quant au cinquième, il est toujours vexé parce qu’on lui a refusé d’ajouter un mot pour les agriculteurs. Ou la FN. Ou les colombophiles de la paix.
Voila pourquoi votre fille est muette et pourquoi ce slogan, dont nul ne peut évidemment contester les louables objectifs, ne laissera guère de trace dans l’histoire de la com’ politique en Belgique.
C’est un peu comme les questions au concours Miss Belgique : genre “ Zêtes pour ou contre la cruauté envers les animaux ? “
Un slogan, ça doit frapper, toucher.
C’est quelque part un genre littéraire: c’est pas loin de la comptine, c’est presque de la poésie.
Cela doit sauter à l’oeil et à l’oreille, s’apparenter à l’esprit et à l’inconscient.
Il sera, s’il est bon, véhiculé, répercuté, moqué, déformé.
Il doit en fait, s’il est bon, pouvoir presque vivre sa propre vie.
Un slogan plat ne fait, bien sûr, jamais perdre de voix à aucun parti: il empêche juste d’en grapiller en sympathique périphérie…
En la matière, une erreur originale vaut toujours mieux qu'une vérité banale.
Sur le site très développé du PS – sur ce point, le PS est un des partis qui ont le plus investi dans la com internet…- on pouvait il y a peu découvrir et voter pour classer une kyrielle de phrases idéalistes et généreuses destinées à commémorer les 125 ans du dit parti socialiste. C’était sympa, mais aucune n’était clairement utilisable pour une campagne.
C’est que le militant, quel que soit le parti, a souvent des oeillères et ne comprend guère que le but même de la communication, surtout en période électorale, c’est d’élargir sa base. Et que là, le dico des progressistes ne suffit plus à faire mouche. Cette constatation vaut itou pour les socialos flamands, centrés davantage sur l’action sociale (la question des pensions “mal gérées par Daerden” est leur cheval de bataille), et dont le slogan “Samen vooruit”, entendez “Ensemble en avant” (grrr,encore le mot ensemble…) est encore bien plus plattekeis.
Le PS, en se recentrant sur des valeurs très socialistes, en axant sa com sur la contestation du pouvoir économique, vise à faire le plein de son core business mais n’élargit guère son terrain électoral. Et ce qui frappe aussi, dans la communication électorale du PS, c’est qu’elle se garde plutôt désormais, au delà de la rassurante formule “un pays stable”, de mettre en avant ses revendications pour ce qui est du combat francophone et wallon. Je lisais (17/05), dans la “Dernière Heure”, une interview de Laurette Onkelinx ou elle lâchait : “ André Cools était un fédéraliste convaincu et le fédéralisme approfondi vers lequel nous nous dirigeons lui conviendrait sûrement”. Approfondi comment ? Dans le programme électoral du PS, un document très fouillé de 169 pages - puisque le parti d’Elio Di Rupo a de très loin le meilleur Centre d’Etudes politique francophone- on ne trouve en effet que… trois pages rappelant les positions communes francophones et définissant plus ou moins le concept flou du “fédéralisme de prospérité” .
Or le PS a toujours eu, en communication, deux fers au feu plus ou moins rougis selon les circonstances: protéger socialement l’homme de la rue (le traditionnel “bouclier” socialiste, habilement plus brandi que jamais en 2009 et 2010 avec la
crise) et rester en pointe du combat wallon et francophone fut-ce pour n’être “demandeur de rien”. Pour l’heure, le coq du PS s’est fait, en communication, quelque peu discret. Au grand dam de sa tendance régionaliste wallonne, fut-elle assez atone. Au risque, en stratégie de com, de revitaminer un brin le MR, quelque part tout de même aussi le parti d'Olivier Maingain.
Et chacun sait que la maison est un peu à l'envers lorsque la poule chante soudain plus haut que le coq.

lundi 17 mai 2010

MINI-TROUBLES (12) : "Y'A PAS PIRE POLITIQUE" DU JOUR

- Bien curieuse boutade ce lundi (17/05) à Bel-Rtl de Benoît Lutgen, futur président du CDH :
" "Quand il ( O.Maingain) est revenu dans son camion de fruits et légumes de Marrakech pour faire des déclarations..."
Subliminal, non ?

TROUBLES DE L'ELECTION (11) / MR-FDF : UN SLOGAN PRO ET PSY QUI NE COLLE PAS AVEC SES CHEFS…(analyse de “ La garantie du respect”)



“L'intelligence n'est pas une garantie de bonne pensée. Elle ne garantit ni de l'erreur, ni des autres faiblesses humaines… [le réalisateur Jean-Michel Ribes]


C’est étrange, la vie politique: avec “ La garantie du respect”, le MR a sans doute, sur papier, le meilleur des slogans de cette campagne. Mais celui-ci ne l’empêchera pas de perdre les élections.
Oui, le MR s’est doté d’un excellent slogan, si si.
Oui, la déclinaison de sa campagne est pour l’heure plutôt très bien fichue, avec d’excellents photos  plutôt affectives et d’assez bons textes déclinant intelligemment ce thème de “la garantie du respect” pour les agriculteurs , (“Quand on aime la terre, on respecte ceux qui la travaillent”) les pensionnés, (“ Respecter nos aînés, c’est leur assurer une bonne pension”, histoire de chasser sur l'électorat PS) les insécurisés ( “ Je veux qu’on respecte mon droit de sortir sans avoir peur”, avec d’un peu trop jeunes ados bleuettes … ) ou les indépendants-travailleurs en bleu copyright MR de travail (“J’aime mon métier, je veux qu’on respecte le revenu de mon travail”)(manque juste un échantillon de restaurateur, histoire de rappeler la baisse TVA…)

Oui, c’est pro.
Oui, c’est propre.
Oui, c’est plutôt du bon boulot pub. Ca vise assez bien la cible libérale (avec le mot “ garantie”, on a presque l’impression qu’il s’agit d’un taux d’intérêt garanti du Ministère des Finances, d’un Fonds de garantie des dépôts, voire d’une "garantie avec respect"  prolongée jusqu'à 5 ans chez Mediamarkt ou autre…) et ça élargit l’électorat potentiel avec la notion très psy, très développement personnel, de “respect”. Qui n’a pas envie, effectivement, affectivement, au plus profond de soi, d’être respecté ?
Un mot émotionnel qui, ici, a en outre l’avantage de servir à tout : même et peut-être surtout à exiger des flamands le respect du droit des gens sur le territoire de la Flandre…
Le hic, c’est que le mot “respect”, ça ne loctite p’t’être pas glu glu top à l’image de Reynders ou du diabolisé Olivier Maingain…
Comme disait le philosophe, si vous voulez être respecté, commencez par être respectable et, en outre, assez costaud pour imposer le respect.
Respecter les autres est très difficile pour d’aucuns dans la mesure où, dans la majorité des cas, ils estiment avoir raison et pensent que leur façon de se comporter est quasi irréprochable.
A escopetter si violemment Elio di Rupo ou à Joelle Milquet, bien au delà des normes de la “politiétiquette”, à tant le prendre de haut,  à tant humilier – au sens psy du terme, c’est à dire être placé contre son gré et souvent de façon profondément douloureuse dans une situation qui est nettement inférieure à ce que vous, vous pensez mériter – Reynders ne suscite pas vraiment, à tort ou à raison, l’image d’un homme “respectueux” des autres.

Donc, un bon, un très bon slogan mais qui, porté par la personnalité de l’actuel Président du MR, souffre clairement d’un biais de crédibilité.
Il y aurait d’ailleurs assurément un roman stendhalien à écrire sur le très étrange destin de Didier Reynders qui, aux précédentes législatives, avait réussi l’impensable exploit de rafler au PS la place de premier parti de Wallonie, devenant le phare lumineux de la pensée du libéralisme gagnant.
Une victoire incontestablement historique mais qui se déglinguera dans les péripéties de l’interminable crise dite de “l’orange bleue”, s’effritera dans un cumul déraisonnable, s’engluera dans les oeillères de l’ego et d’un entourage par trop domestique, se délitera dans le bigntz Fortis et s’évanouira dans l’incroyable crise de zizanie interne du MR, parti salle de bal des plus folles rivalités et des ambitions percutantes du bulbe.
Certes, la vie politique, c’est de la cruauté pure.
Certes, la vie politique est faite de descente aux enfers et parfois de rétablissements miraculeux.
Certes, c’est peut-être dramatiquement injuste, mais chacun observe que pour l’heure, par un revirement médiatique boomerang dû largement à son comportement humain, le grand vainqueur de 2007 en arrive aujourd’hui à presque chkoumouner  son mouvement.
Alors, ce goût pour la communication politique clinquante autant que dépassée, ces images de congrès à l’américaine version fête au Camping 2, ce numéro éculé du leader bleu rassemblant yeah yeah on-va-gagner-regardez-comme-on-est beaux-zé-dynamiques ses troupes bleues star academiantes sur la scène, bizarrement, çà ne passe plus. Plus du tout. C’est plus l’époque, hé. Ca sonne tout faux, en com. Tout faux cul interne aussi.
Le chef va s’effacer après ces législatives: il y a été contraint : il l’a promis: il s’interroge bien sûr et navigue bien entendu pour son avenir perso. En changeant de ton,
en ne provoquant plus trop ( il ne résiste cependant pas au plaisir de publier un Tweet sur le "bain social des socialistes en Europe du Sud"), en  tentant de renouer tant bien que mal des liens politiques malmenés.
Mais en attendant, car il a ça dans le sang, car il n’est jamais aussi bon que quand il est contesté,  il essaie de prouver qu’il est encore fortiche à défaut d’être fort. Car, en politique, on assassine encore plus vite celui qui se laisse aller au doute, à la faiblesse.
Donc, Didier Reynders joue, c’est assez malin, ça peut lui sauver des meubles, un de ses seuls atouts possibles : se montrer davantage francophonissime (on n’a pas dit “wallon”) que les autres partis du Sud, tantôt mous, tantôt attentistes, tantôt lâches, tantôt dans la science-fiction belgicaine (à peine plus, pour rappel, que 1830 manifestants dimanche…) pour ce qui est du communautaire et de la réforme de l’état.

Donc, malgré les tensions suscitées au MR par l’expansion du FDF en Wallonie, Reynders table sur le discours francophone ferme, et il est vrai assez cohérent, d’Olivier Maingain pour, radicalisation flamande et menaces sur Bruxelles et périphérie aidant, (ci-contre une affiche du FDF d'antan, lorsque la sociologie de Bruxelles était très différente...) décrocher une belle victoire  (qui sera en fait celle du FDF) dans la capitale. Et peut-être, en Wallonie, récolter les voix de ceux qui sont déçus de voir le PS ranger par trop le coq wallon au magasin aux accessoires…

De quoi peut-être limiter, pour le MR, la chute de 2010 après le triomphe de 2007.
Comme quoi il n'y a pas grand-chose dans cette vie qui soit vraiment garanti.
Surtout si on oublie de lire les petits caractères en bas de page politique.