En voila une approche qu’elle est intéressante… En utilisant l’arme de l’humour, en adoptant le très inattendu slogan “ Nous restons ouvert(s) pendant les transformations”, le parti Ecolo vient de se la jouer vraiment fort.Et en déconcertera assurément plus d’un en cette période de graaaave crise institutionnelle ou, en agitant tantôt l’instabilité, tantôt le drapeau belche, les autres partis ont, somme toute, adopté plutôt le registre de la peur.
C’est plus important qu’on ne le pense souvent, le choix d’un ton.
Surtout s’il détonne quelque peu dans la communication politique, tellement policée aujourd’hui, histoire de ne surtout jamais provoquer de rejet chez l’électeur…
En jouant ce slogan surprise, Ecolo déconcerte mais montre surtout l’intérêt qu’il y a à utiliser un procédé d’attention humoristique dans un contexte politique.
A l’heure ou les parodies des politiques connaissent un succès évident (“ Votez pour moi” sur Bel-RTL, les Guignols de l’Info, TV-Belgiek…), pourquoi diable ces mêmes politiques ne pourraient-ils pas, à leur tour, faire un peu d’humour ?
Surtout en cette période ou le francophone lambda, crise BHV aidant, n’est plus vraiment enthousiasmé vu les faibles capacités des politiques à imposer de convaincants idéaux de société…
Bien vu donc d’utiliser l’humour, plus value largement utilisée jadis ( zyeutez ci-contre cette ancienne affiche du Parti Socialiste) et par trop délaissée aujourd’hui en com’ politique. Alors que faire sourire est très efficace, peut être encore plus en période de crise.
Surtout que cet humour vert ci est finalement très belge, totalement insolite, voire, si on y réfléchit un peu plus, totalement décalé jusqu’au surréalisme.
Ce “ Nous restons ouvert pendant les transformations”, Achille Chavée ou Louis Scutenaire ne l’auraient assurément pas démenti. Et l’humour est d’autant plus un excellent produit belge qu’on sait qu’il est assez parfait, ponctuellement, pour séduire les indécis…
Bon, alors, c’est clair que l’humour, ce n’est pas toujours facile à manier. Si la démarche concoctée par l’agence Troy mérite un top, son application appelle un bémol.
Sans doute un chouia trop intello : assurément un risque de n’être pas toujours bien lu ni bien compris…Et ce n'est pas un slogan d'action : juste un truc affectif pour la marque Ecolo.
Dans le même temps, Ecolo, chez qui l'affichage est toujours plus discret, reste cohérent et fidèle à sa communication pot de peinture verdoyante de toujours.
Souvenez-vous de “Quand c’est vert, on avance” ou du plus récent bof ” Il est temps de passer dans le vert”.
Cette fois, le vert – un repère évidemment fastoche pour l’électeur- s’est un peu compliqué en se mettant “ ouvert “.
Un mot évidemment porteur et qui, ici, se place assez bien puisque le parti de Jean-Michel Javaux ne rate pas une occasion de po-si-ti-ver, prêt à monter au niveau fédéral pour appuyer la future grande réforme de l’Etat dans un concert relatif avec son homologue Groen.
Relatif parce qu’Ecolo et Jean-Michel Javaux poussent sur ce plan fort le bouchon en essayant sans cesse, dans leur communication grand public ( ou Jean-Mi affectionne de jouer un peu à l’ahuri), de faire accroire que tout roule ma poule entre écologistes du Sud et du Nord.
C’est gommer un peu vite que, à l’instar des autres partis flamands, les écolos groenlandais sont très fortement influencés, sinon percolés par la diaspora de l’ex-Volksunie.
Avec, dans ses ténors, Geert Lambert de l’ex mini parti Spirit, celui-là même qui, avec ses lunettes vertes, avait fait précisément capoter in extremis l’accord sur BHV quasi tressé en 2005.
Un leader de Groen auquel un autre ex-VU, à savoir Bart De Wever (NVA), téléphone régulièrement “pour attirer son attention sur tel ou tel aspect".
Comme la flamandisation de l’inspection des écoles de la périphérie, dûment votée par les si gentils mêmes groenlandais.
Et le député européen vert Bart Staes, autre figure de proue des Verts flamands, adorait , il y a quelques années, brûler les drapeaux belges.
Histoire de pousser aux transformations.