C’est à un débat certes un brin soporifique mais assurément historique que nous a convié la RTBF pour sa deuxième rencontre Nord/Sud. Pensez donc: voila-t-y pas que le PSB est ressuscité et qu’on ne nous en disait rien. Les mânes des “ Rode Leeuwen” en sont tous retournés. Et la charte de Quaregnon, précieux parchemin wallon, va bientôt pouvoir faire bientôt une pieuse tournée des Flandres.
De fait, ce supposé face à face tenait plutôt du côte à côte, comme au bon vieux temps du PSB unitaire. Avec un formidable jeu de passe-sirop entre la présidente du SPa, Caroline Gennez,(35) et le président du PS, Elio Ri Rupo (59). Et que je dise que “ je suis d’accord avec Elio”, et que je te promette “une réforme de prospérité * pour les citoyens*, et que “ ce que dit Caroline est fondamentaaal *”. Le volontarisme des mots, c’est toujours bien.
Plus sérieusement, au delà des formules boîte à musique électorale et de ficelles assez exaspérantes à force (ah, faut penser à placer la journée de la sclérose en plaques…) une communication très sciemment presque commune, avec un objectif politique assez évident dans le flou mou pour l’après 13 juin: doter la Belgique d’une “nouvelle architecture”*. Et accessoirement, ça mange pas de pain, faire évoluer le Sénat puisque Caroline Gennez s’y est ennuyée pendant un an “et que ça n’a pas de sens”.
Le hic, c’est que pour réussir, en com, ce genre de numéro d’équilibrisme politique au but évident (se montrer tous deux positifs vis à vis de l'opinion), mieux vaut de nos jours (le PSB s’est disloqué en 1978) ne pas aborder les petits sujets mineurs qui fâchent, le genre BHV. Donc, on ne sait toujours pas ce que le PS, à l’instar exactly des autres partis francophones, propose de précis et de détaillé pour la réforme de l’Etat versus brullonie.
Votez, on verra bien après, nous communique-t-on.
"Qu’il y ait des matières qui reviennent aux régions lors de la rénovation du pays, c’est normal”, a juste lancé Di Rupo. Quelles matières ? La politique des grandes villes, à titre d'exemple ? Mystère et motus boule de gomme stable et peu loquace.
Rarement campagne électorale aura-t-elle connu, tous partis francophones confondus, des discours de com aussi fuyants prononcés par autant de virtuoses de l’esquive, en noeud-pap, en pyjama ou en djellabah. Johanne Montay, pourtant douée pour le dynamitage de langue de bois, devra forcer encore sur la dose de nitro. Tout au plus a-t-on compris que le joli stylo d’Elio Di Rupo, celui qui a “tenu la plume des positions francophones, c’est vous dire” ne s’en tiendra à l’élargissement de Bruxelles qu’en cas de “niet” flamand aux “solutions concrètes”.
`Dans le discours politique aucune locution n’est jamais neutre ni innocente: donc lorsque Elio Di Rupo “comprend” Annemie Turtelboom d’avoir déjà fait envoyer des convocations en neerlandais dans les communes à facilités, nous on “comprend” qu’il y a une démarche très politique qui n’enthousiasmera pas forcément tous les frontistes francophones réunis jadis autour du stylo joli d’Elio Di Rupo. Aurait-on omis de nous rappeler quelque chose ? Ah oui, que c’est le PSB qui donna au pays son dernier Premier ministre wallon. Qui n’était pas très bilingue.
* Dico des Mots-Clés de cette élections 2010, à ressasser sans cesse.