“ Dès que je rentre, même s’il est 16 H, je me mets en pyjama, c’est ma tenue préférée” a donc confié Jean-Michel Javaux au plus tabloïdé de nos quotidiens. (la “DH”)
Après son coming-out catho, après son coming-out monarchiste, voici le coming-out pipolisant.
Oui, le co-président d’Ecolo adore “Voici”, “Closer”,”Gala”, bref les magazines qui lui font dire : “ J’adore ça, dès qu’il y a un potin, ça m’intéresse”.
Et on comprend mieux pourquoi, l’autre matin, en entendant le revenant Olivier Deleuze marteler de la mâle et forte langue verte en radio, on trouvait que le moustachu énergétique avait pris un solide coup de vieux, presque carrément ringard comme style de leader Ecolo…
Oh, certains s’indigneront sans nul doute de ces aveux “sexe, drogue et rock’n’roll” (on gage que Jean-Mi a dû tout de même être surpris à découvrir comment ses propos ont été gonflés à l’helium mediatique…) et pas que des amateurs de chats ( “dont l’urine sent très mauvais”) ou de cuisine bio végétarienne. ( “deux fois par semaine, hamburger, fricadelle et viandelle avec un gros paquet de frites”). On en connaît, au sein d’Ecolo, qui auront avalé à nouveau cette lecture de travers et critiqueront ce “nivellement du débat politique par le bas”.
Il ne faut pas exagérer : avec Javaux, on est loin du Sarkoberlusconisme, hé ! Et de Georges Clooney aussi d’ailleurs, quoiqu’en écrive la “DH”, d’évidence farceuse.
Mais ce n’est évidemment pas par hasard si Jean-Michel Javaux utilise à outrance le “dévoilement de soi”, le “dévoilement du soi”, plutôt bien orchestré. Ce gaillard là, qui adore jouer parfois à l’ahuri, sait pertinemment bien qu’Ecolo, pour grandir, avait besoin d’une certaine personnalisation du pouvoir.
Jean-Michel Javaux est un utilisateur subtil de la nouvelle langue de bois politique, celle du naturel fabriqué, de la répartie ironique ou de l'autodérision soigneusement élaborée...
La “pipolitique”, qui se répand à chaque élection davantage, répond, qu’on l’apprécie ou non, à une demande de renouvellement des symboles de l’action politique… Car la "peopolisation", c’est aussi, mine de rien, expliquer plus en détails que d’habitude qui sont les candidats pour lesquels on vote.
Car l’homme politique est ressenti comme bien plus proche si on le découvre au travers de ses défauts, de ses habitudes domestiques ou de sa vie familiale avec “ mon amoureuse” (C’est le gimmick sans cesse ressassé de Javaux . “ J’ai dû louer une chambre d’hôtel loin de mon amoureuse”, plaçait-il encore un poil lourdement lors des négociations BHV)
Mais le jeu est sur le fil : il n'y a que peu de place, pour l’homme de la rue, entre le sentiment de proximité et celui d'oisiveté. Surtout si l’on avoue se mettre en pyjama à quatre heures de l’après-midi…