Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 25 décembre 2013

DE QUOI MAGGIE DE BLOCK EST-ELLE LE NOM ? (paru dans Marianne Belgique du 15/12/2013)

 Vrai produit politique en devenir ou phénomène passager…

DE QUOI MAGGIE DE BLOCK EST-ELLE LE NOM ?

A sa nomination, ce modèle pour Botero fut injustement la risée de la rue de la Loi. Aujourd’hui, sans correspondre à aucun copié-collé des normes du marketing électoral classique, elle est l’arme massive des libéraux flamands. Puisque l’OpenVLD, “c’est, ah oui, le parti de Maggie De Block”. Celle avec qui la politique ressemble à une téléréalité régionale: avec un beau retour aux valeurs du Nord  (“Werken, niet babbelen”*) et de bons personnages bien carrés.
Question: de quoi Maggie De Block est-elle donc le nom?

La fausse débutante.

1) A coups de formules désarçonnantes (“Ce qui est gai en politique, c’est qu’on peut dire n’importe quoi”, “Je fais mon petit possible”), Maggie De Block aime cultiver un côté néophyte en politique. “Je suis sortie de nulle part”, aime-t-elle répéter. Rien n’est plus faux: lorsqu’elle coupe un ruban inaugural à Merchtem, au Nord de Bruxelles, le bourgmestre n’est autre que son pointu frère Eddy. Et la présidente du CPAS local n’est autre que sa fille Julie. Qui y succèda à son papa, le mari de Maggie, par deux fois échevin. Membre du parti depuis ses 16 ans, c’est du sang politique familial rhésus PVV-VLD qui coule dans les veines bleues du Dr De Block. Et les couloirs complexes du Parlement, elle les connaît comme sa poche depuis 2003 (elle fut Secrétaire de la Chambre), bien avant d’être élue en juin 1999. Sans grande concurrence dans sa circonscription, Mme Tout le Monde y récoltera assurément, en mai 2014, un joli score dans son panier de ménagère revenant du marché. C’est beaucoup moins sûr, ailleurs, pour l’OpenVLD, de moins en moins flamand, toujours si influencé par Guy Verhofstadt, le thatchérien devenu libéral de gauche anti-nationaliste…
De même, lorsque le dandy Alexander De Croo la branche, en 2011, sur la prise de l'Asile, de l'Immigration et de l'Intégration sociale, Maggie fait un peu trop mine d’ignorer tout de ces dossiers. S’il est vrai que, simple parlementaire, elle s’intéressait plutôt au prix des couronnes dentaires ou à l’absentéisme à la Poste, elle n’en posait pas moins nombre de questions tantôt sur la disparition des mineurs des Centres d’Asile ouverts ou tantôt sur le “critère de l’orientation sexuelle pour ce qui est des réfugiés politiques”… Sans assurément connaître tout des arcanes subtiles du secteur, elle ne débarquait pas non plus en terre inconnue. Et, pour la première fois, non controversée , de la droite au centre-gauche au pouvoir.
Elio Di Rupo, interrogé il y a peu sur les renvois de réfugiés, a laissé échapper l’aveu:Ce sont des politiques que la coalition mène pour faire en sorte de ne pas faire éclater le pays.”
Entendez qu’il s’agit avant tout de renforcer l’OpenVLD et autres flamands face à la N-VA. Maggie De Block s’est donc retrouvée servie par des circonstances exceptionnelles: l’autorisation politique d’agir sans être contestée. Elle n’est pas ligotée comme le fut Annemie Turtelboom sous Leterme et Van Rompuy.

La porte fermée aux émotions.

2) Maggie De Block est-elle une personnalité à la volonté aussi réelle que son physique de femme forte? Assurément pas pour elle-même: si elle assume et use de son physique affectif et  “maternellement” freudien , la contradiction entre son métier de médecin et son obésité est la question qu’elle fuit toujours obstinément à l’aide de l’une ou l’autre pirouette. Tactique de fuite qui chasse aussi apparemment, dans son métier, toutes les émotions qui pourraient flouter sa grande mission politique. Comme si elle avait décidé de fermer sa porte aux sentiments en ne se raccrochant qu’à des textes administratifs arides: ceux de la législation belge, de l’Europe ou de l’ONU. Ainsi, pour ce qui est de son dossier le plus délicat (les réfugiés afghans et leurs enfants, scolarisés et parfois nés en Belgique) de son refus obstiné de se rendre perso en Afghanistan. Surtout ne pas se retrouver à “voir”, de ses yeux voir, la réalité d’un terrain promis au retour des lois talibanes. Toujours se retrancher derrière les avis incontestés et incontestables de ses administrations et n’user point trop de son pouvoir discrétionnaire, comme si elle était Secrétaire générale d’administration, pas de ces ministres fous de politiques qui, au delà de leurs défauts, ont une flamme dans le regard.
On peut donc lire tout à la fois Gabriel Garcia Màrquez et adopter l’attitude d’un célèbre préfet de Judée.
La jovialité de Maggie De Block est un piège, un roc, allez, disons-le, un bloc sur lequel se fracassent toute question exprimant un doute. Tous ceux qui croisent le fer avec elle, qui contestent ou cherchent simplement à mieux établir le bilan réel de ses actions, se rejoignent assez: Maggie-la-libérale-sociale se veut sourde. Elle refuse le débat, elle ponce-pilate, fuit la discussion, déteste la contradiction, n’aime guère qu’on soulève des questions dérangeantes, répugne régulièrement à fournir des chiffres et statistiques précises, préférant qu’on lui “fasse confiance”. Car la réalité du terrain, fait de milliers de réfugiés aussi clandestins que discrets, diffère pour le moins de ses statistiques tellement en baisse. Qui lui ont permis -coup de maître en com’ pour démontrer àla Flandre qu’elle était vraiment la “bonne gestionnaire”- de se permettre de reverser 90 millions d’€ à l’Etat. Quitte à rogner aussi au passage des budgets sur une autre de ses attributions: l’aide aux SDF. Alors que les infrastructures d’accueil pleurent chroniquement, manque de moyens.
Une sympathisante de la cause des afghans, pas du genre militante excitée à propager portnawak, se dit toujours estomaquée par la réponse que lui aurait faite Maggie lorsqu’elle a essayé de dialoguer. Ça aurait donné à peu près ceci :
- Mais vous savez, ils ont froid dans cette église du Béguinage ! (le lieu ou les afghans ont trouvé refuge à Bruxelles)
- C'est la faute du prêtre, il n'avait qu'à pas les accueillir…
Humour made in Merchtem. D’autant plus troublant que De Block ne veut pas non plus être vue comme une “Dame de Fer” qu’elle n’est pas. 

Le frère bourgmestre et flamingant

3) Il est d’autres sujets que Maggie déteste: ceux qu’elle maîtrise mal. Car- et c’est ici qu’il faut relativiser sa popularité toute récente- Maggie n’est pas, comme on dit, un “animal politique”. Elle doit précisément son succès du moment à n’apparaître qu’efficace et peu politicienne.
C’est le piège qui peut se refermer sur elle. Si elle est populaire, l’OpenVLD ne l’est guère. Et les départs vers la N-VA (le dernier en date étant carrément celui de l’ancien colistier de Gwendolyn Rutten à Louvain) n’arrangent pas le tableau. D’où la tentation de la mettre fortement en avant d’ici mai 2014.  
Tiens, avez-vous jamais entendu Maggie De Block, qui habite pourtant dans la périphérie de Bruxelles, s’exprimer sur le communautaire?
Or, sur le sujet, son frère Eddy, son bourgmestre, est plutôt du genre agité. C’est Eddie De Block qui refusait d’organiser des élections si BHV n’était pas scindé. C’est Eddie le frérot qui  avait essayé de faire interdire l’usage de toute autre langue que le néerlandais dans les écoles de la commune: autant d’ailleurs entre parents et enseignants qu’entre enfants. C’est encore Eddy De Block qui avait décrété l’interdiction des panneaux et affichages des marchands ambulants du marché local en d'autres langues que le néerlandais (ce fut cassé par le Gouvernement flamand)
Avez-vous ouï Maggie De Block causer fiscalité, économique, budget? Après avoir présidé le dernier congrès des libéraux flamands –celui ou Gwendolyn Rutten s’est excusée pour les mesures fiscales adoptées par les libéraux- Maggie fit sourire toute la Flandre en n’arrivant à formuler aucune réponse à la question toute bête d’un journaliste: “Combien ça coûte?”. (2) Euh. Et interrogée l’autre week-end par Pascal Vrebos sur le fameux “Bonus de liquidation des entreprises” (qui passera de 10% à …25%, cauchemar de nombreux indépendants en fin de carrière) disons pudiquement que sa réponse flottante, constellée d’hésitations, n’était guère convaincante.
Bref, dans un débat face à un Kris Peeters où à un Bart De Wever- dont les assises de popularité sont toutes autres- on demande à voir.
Les femmes en politique sont toujours soupconnées du péché de séduction. Tout le battage médiatique qui a inventé, amplifié le personnage hors-normes de Maggie, créé le hype, a ses évidentes limites. Le marketing de la “nouvelle modestie”, le mythe de la “femme normale” venue s’asseoir quasi par hasard rue de la Loi retombera aussi. Dura lex sed lex, aussi en médiapolitique.

L’asile et l’immigration, problématiques sensibles

4) C’est la première fois que les dossiers de l’asile et de l’immigration sont, dans ce pays, quelque peu traités dans l’esprit du “Bastion Européen” qui se constitue peu à peu et où la Méditerranée devient, dramatiquement, un cimetière. 
Maggie profite grandement de cette magie du commencement. Qui fait appliquer des règles, dans un domaine ou c’était, à tort où à raison, rarement le cas. En version plus sociale, “open mind”, elle répond ainsi à cette même angoisse migratoire qu’ un Sarkozy a tant utilisée pendant son quinquennat. Cette problématique là est très sensible en Flandre, après un passé jugé “bien trop laxiste”. Lorsque ce contexte s’affaiblira, l’effet s’estompera.
Et ne pas s’y tromper: lorsqu’elle se proclame sans cesse“Sévère mais juste”, De Block n’est pas loin de recycler les campagnes électorales qui, jadis, firent gagner les socialistes flamands de Louis Tobback. Qui proclamait itou la nécessité d’attitudes très fermes pour sauver la Sécurité Sociale.
Dans le fond, c’est sans doute ce côté strict, efficace, cette énergie à se montrer “bonne gestionnaire”, parfois jusqu’à l’absurde ou l’injuste, qui sera la meilleure carte pour l’avenir de Maggie De Block, future ministre qui sera toujours plus technocrate que généraliste de la politique.
Reste à voir si, responsable par exemple de la SNCB, elle pourrait être aussi populaire en faisant en sorte que les trains arrivent enfin à l’heure. C’est qu’un CEO public, ça se croit désormais supérieur à un(e) ministre. C’est qu’un cheminot en colère, dans l’histoire sociale belge, ça ne se laisse pas reconduire aussi facilement qu’un réfugié.


Michel HENRION.

(1)“Travailler, ne pas bavarder”
(2) Le flop de Maggie, qui a fait sourire toute la Flandre, en vidéo : http://deredactie.be/cm/vrtnieuws/videozone/Gezien%2Bop%2Btv%253F/1.1771845


Le basket-ball, ça se joue en éthique: Johan Vande Lanotte et Electrawinds. (Chronique Marianne Belgique du 15/12/13)

 
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Au Parlement, on a vu souvent des entrepreneurs se muer en politiques. Désormais, on y croise aussi des politiques qui mutent entrepreneurs. Pour le goût du pouvoir. Ou celui de l’argent. C’est que les rémunérations hyperboliques des CEO publics ou des cadres de la finance ont fait naturellement saliver d’aucuns, n’ayant pour vivre que leurs indemnités d’élus. Dont on découvre, aux hasards de l’actu, que certains ont constitué par exemple une mini-société de “conseil”: qui n’a généralement qu’un ou deux clients, genre intercommunale ou société publique. Tout comme d’autres- fréquemment des avocats élus- monnaient leur entregent et leurs carnets d’adresse. Or, si le pouvoir a ses délices, il a aussi ses poisons. Et les “affaires”, en politique, c’est un mal fulgurant. Il frappe ces temps-ci, comme un ouragan, le Vice-Premier Ministre Johan Vande Lanotte, l’homme fort du SPa, celui qu’on a surnommé “l’Empereur d’Ostende”. Bruno Tobback, le président des socialistes flamands, a beau dire sans rire “que Vande Lanotte avait fait plus pour cette ville que Léopold 2”, le coup est rude. Il s’y occupe, il est vrai, de tout, le passionné de basket-ball: de son club (sponsorisé par Telindus, d’où deux ans d’enquête du Parquet), du port (qu’il présida), de la mer (l’homme s’est fait désigner aussi Ministre de la Mer du Nord) et même du vent qui court. Ce vent qu’Electrawinds a capté dans ses filets de société d’énergie verte (éolien, biomasse, solaire), ceux-ci pêchant au fil des années des dizaines de millions d’euros publics. Et peu importe que Vande Lanotte en fut encore ou non le Président en titre: son nom suffisait à décrocher les lignes de crédit jusqu’au jour ou le système pyramidal Electrawinds a forcément chaviré.
Vous souvenez-vous, au moment de la fermeture de Ford-Genk, du discours de niveau 9 sur l’échelle de l’émotion, de la députée flamande Meyrame Kitir (issue du site limbourgeois) suppliant que l’on fasse quelque chose pour sauver l’usine historique? On fit peu: mais Electrawinds engrangea, elle, encore plein de millions d’euros: 152 au total.
Mal pris, car ce qui n’est pas illégal n’est pas forcément acceptable, car borderline du conflit d’intérêts, l’homme a lancé sa défense: ce n’est évidemment pas un hasard sir Freya Vanden Bossche a proposé soudain de média-clinquantes mesures anti-cumul auxquelles Vande Lanotte souscrit illico presto. Alors que ce qu’on reproche à Vande Lanotte n’a rien à voir avec les cumuls. C’est la vieille technique du contrefeu: “ If you can’t convince them, confuse them”.
On vous passe les péripéties du dossier: car ça n’ira pas beaucoup plus loin. D’autant plus que tous les rouages publics, pour le moins très politisés, qui ont alimenté l’entreprise foireuse en argent frais impliquent tous les autres partis, y compris la N-VA.(via le fondateur d’Electrawinds)
La Reine Fabiola a finalement eu moins de chance, avec sa Fondation, que Johan Vande Lanotte:
Fons Pereos, non plus, n’avait rien d’illégal. Cela manquait juste d’éthique élémentaire, comme les habitudes prises par  ce drogué de pouvoir qu’est Vande Lanotte qui vient de faire nommer, comme CEO surprise de la SNCB, son propre successeur à la Présidence d’Electrawinds, M. Jo Cornu.
Tiens, tout juste avant la débâcle publique. Tout comme juste avant le désastre de la Sabena, lorsque Vande Lanotte, déjà un brin léger, s’était fait rouler dans la farine par Swissair.
Johan Vande Lanotte, ce fou de basket, nous ferait plutôt penser à Lance Armstrong. Là aussi, tout le monde savait plus ou moins ce qui se passait mais nul ne voulait vraiment le voir. Parce qu’on intimidait (Vande Lanotte menace de procès, se fâche sur une journaliste de Terzake-VRT), parce qu’on rassurait. Ainsi la belle image de Johan Vande Lanotte se détricote-t-elle en Flandre à coups d’accrocs douteux, mais l’Empereur d’Ostende n’est pas encore nu.
C’est le destin de nombre de politiques. Qui se croient intouchables jusqu’au détail de trop, au tour de passe-passe de trop. Et il n’est dès lors d’autre issue que la retraite. Et la présidence du club de basket local. Ou là, on joue en éthique.

Michel HENRION


vendredi 13 décembre 2013

L’Open N-VA (chronique parue dans Marianne Belgique du 30/11/13)



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C’est un passage à la N-VA qui n’a guère fait parler de lui au Sud du pays, hormis dans le microcosme. Celui de Johan Van Overtveldt, économiste réputé et plume emblématique de l’hebdo financier Trends, version flamande traditionnellement pointue.
C’est un autre passage à la N-VA qui n’a pas plus fait causer de lui versus francophone: celui de la députée OpenVLD Annick De Ridder, qui, “en conscience”,  ne se reconnaît plus dans le libéralisme-marketing des “leading ladies” libérales (le trio Rutten-De Block-Turtelboom).
Ce sont pourtant là deux épisodes significatifs d’une très bonne question: où se trouvent désormais les libéraux en Flandre?
Le Grand Baromètre l’a montré: en jetant sur papier son Confédéralisme radical (soutenu par 41% des flamands, chiffre vraiment interpellant), Bart De Wever a lancé une sacrée “balle magique” qui n’a pas fini de rebondir d’ici le 25 mai 2014. Un projet qui a cependant son handicap: un certain manque de crédibilité du volet socio-économique, ressenti souvent comme pas trop arrimé.
Du coup, Bart sort de son chapeau le “lapin blanc” Johan Van Overtveldt, sans doute le plus joli animal du genre de toute l’histoire politique flamande. Parce que l’homme, nimbé de sa réputation d’expert vedette,  valide et donne, par son ralliement,  du crédit à tout ce que la N-VA dit sur un socio-économique qui se communautarise vitesse VV prime. Parce que médiatique, bon débatteur- aussi futur ministre en puissance- l’ex-rédac chef de Trends incarne pile poil l’électorat que De Wever entend précisément capter. Ces entrepreneurs flamands qui ne sont pas forcément nationalistes mais qui ralbolent des “solutions à la belge”. Qui enragent devant les blocages –aux allures de “mini BHV”- de l’équipe Di Rupo pour ce qui est du coût salarial et de la compétitivité. La N-VA, dans sa quête confédéraliste, recherche l’appui des milieux économiques et financiers. (53% des indépendants de Flandre souhaiteraient déjà la N-VA au pouvoir, loin devant l’Open VLD à un maigre 19%)
Le “lapin blanc” Van Overtveldlt pourrait donc inciter, d’autres acteurs économiques à rejoindre le terrier N-VA.
Le pragmatique professeur Van Overtveltd eût pu choisir de s’engager au sein de l’Open VLD.
Surprise: son libéralisme économique le conduit à la N-VA, dont il bonifie illico l’image.
C’est donc le moment ou jamais pour De Wever de convaincre les libéraux de virer N-VA. Et son grand congrès de fin janvier 2014 pourrait, qui sait, se comparer demain au bigbang qui transforma jadis le PVV en VLD triomphant.  Il est vrai que, à l’instar d’un De Wever, Verhofstadt était idéologue.
Aujourd’hui, Gwendolyn Rutten fait plutôt dans la forme, le marketing et l’optimisme Dr Coué : pas de vrai renouveau idéologique. On y fait plutôt le pari d’attirer par son discours de moins en moins flamand, de moins en moins libéral au sens doctrinal du terme, de nouveaux électeurs. Cela ne va pas donc sans remous entre la base et le top OpenVLD.  A son élection à la présidence, quoique soutenue par tous les apparatchiks bleus, Gwendolyn Rutten avait déjà dû encaisser le score contestataire (40%) de son challenger, le peu connu Egbert Lachaert. Cette fois, c’est un déluge de “lettres ouvertes” et autres réactions cinglantes (les Jong VLD ont été les fers de lance de la contestation interne, aussi bien maîtrisée par Maggie qu’un rétif afghan) qui montrent qu’un certain nombre de libéraux flamands ne flonflonnent plus avec ces éternelles promesses, utopiques dans le contexte belge.
Gwendolyn Rutten peut certes compter sur tous ceux qui sont OpenVLD avant d’être libéraux, sur tous ceux qui ont une réelle aversion pour le nationalisme, sur tous ceux qui ont trop ou trop peu d’ambitions. Mais bien d’autres feront comme Van Overtveldt ou la députée Annick De Ridder. Et opteront pour le libéralisme sauce N-VA.
Avec Mega Maggie, Annemie et Gwendolyn, les libéraux flamands ne sont plus les seuls à pouvoir se targuer de l’ ”étiquette libérale”: surtout pour ce qui est du socio-économique. 
Leur cauchemar de demain, c’est l’Open N-VA.


Michel HENRION

Le suicide des Télétubbies (la faiblesse de la gauche en Flandre) (Chronique de Marianne Belgique)



C’est une photo qui tourne sur les réseaux sociaux: celle de Bruno Tobback, président des socialistes flamands (SP.a), posant people et relax sur le ponton de son joli voilier. Erreur médiapolitique évidente. Qui renforce son image de “fils à papa”  (Louis Tobback, lui-même président des années nonante) et fait penser, sinon à la gauche caviar, à tout le moins à la gauche babord-sardine-à-l’huile
Pas malin. Pas bon pour un parti qui, malgré un vague relooking idéologique s’ouvrant à la liberté économique, aurait –si l’on croit les sondages- perdu encore bien des plumes électorales. A tel point que toutes les “gauches” confondues (SP.a, Groen, PVDA+) ne pèseraient plus qu’un bon 21%  au Nord du pays.
“Avec la N-VA, la Flandre a viré à droite” entend-on souvent comme antienne, versus francophone.
Vite dit. Car l’électeur qui affectionne aujourd’hui Bart De Wever est souvent celui-là même qui, il y a dix ans, votait pour « Steve Stunt » (« Steve tour de force »), entendez Steve Stevaert (qui s’adjugeait 600.000 voix de préference) Avant que ce président du SP.a n’abandonne la politique pour se lancer dans les affaires et tuer son image dans des épisodes foireux, avec ou sans sextape.
Vite dit. Car il est des nationalistes flamands au coeur à gauche qui votent momentanément N-VA, parce qu’elle leur apparaît comme le véhicule politique le plus direct pour conduire la Flandre à l’autonomie. L’exemple le plus connu est celui de Jef Turfs, ancien président du défunt Parti Communiste belge.
Vite dit: car la curiosité anatomique de la Flandre actuelle, c’est que la main qu’elle affectionne désormais, ce n’est ni la gauche, ni la droite, c’est plutôt tout simplement celle qui lui montre le chemin de l’efficacité.
Ce n’est pas la Flandre qui a tant changé: c’est l’environnement. L’effondrement de “l’Etat CVP” et surtout l’éclatement de la bulle économique qui permettait à Steve Stevaert de faire pousser les arbres jusqu’au ciel et d’offrir les transports en commun gratos…
Aujourd’hui, le storystelling qui plait en Flandre, c’est l’adaptation à la nouvelle donne de l’économie de crise. Il convient de “responsabiliser”, de “réformer”, de “restructurer” la Belgique, quasi à l’instar d’une entreprise. C’est pour ça que le discours d’un Bart De Wever fonctionne si bien en Flandre: c’est souvent ressenti comme assez peu idéologique et plutôt comme de la bonne gestion de temps de crise. C’est cela, la crise de la gauche en Flandre.
Pour les socialistes flamands, il est loin le temps ou triomphaient ceux qu’on appelait les “4 Télétubbies”, du nom de cette série pour très jeunes enfants mettant en scène les aventures de quatre personnages très colorés. A savoir  le quatuor Steve Stevaert, Patrick Janssens, Frank Vandenbroucke et Johan Vande Lanotte. Tous médiatiques, populaires, proches des flamands qui, richesse économique aidant, leur faisaient confiance.
L’emblématique Steve Stevaert évaporé, Vande Lanotte n’a cessé d’user son parti. Battu par Leterme et Verhofstadt, il propulsera une incertaine Caroline Gennez, quasi inconnue, comme successeur. Laquelle laissera comme seul souvenir d’avoir eu la riche idée d’écarter Frank Vandenbroucke, et de le renvoyer à l’Université. Quant à Patrick Janssens, son seul titre est d’être désormais l’ex-bourgmestre d’Anvers, celui battu par De Wever.
Aujourd’hui, le SP.a, sous l’influence du dernier des Télétubbies, Johan Vande Lanotte, ne donne plus que l’image d’un parti juste accro au pouvoir. Sans même prendre encore la peine de camoufler ça derrière l’un ou l’autre récit idéologique.
L’incroyable feuilleton de la nomination du CEO de la SNCB en est le témoin: Vande Lanotte, le “ministre des nominations” n’entendait y nommer qu’amie proche ou, en désespoir de cause, proche ami.
C’est le système belge qui est la police d’assurance du SP.a. Tant que le PS est fort en Wallonie, il est presque sûr de boire le pouvoir rose. Jusqu’à devenir aussi paresseux et maladroit que Tinky Winky. Ce n’est pas tant la Flandre qui a viré à droite: juste les Télétubbies qui se sont suicidés. Avec une grande efficacité.

Michel HENRION.

Le transformisme en politique: quand Elio Di Rupo était confédéraliste (chronique de Marianne Belgique du 16/11/13)


 “ Le confédéralisme, c’est un mot-valise”, lâchait il y a peu
Paul Magnette, président ff du PS,  à RTL-TVI. De fait, puisque dans la grande consigne empoussiérée où l’on remise les mots politiques d’opportunité, on peut archéologiser et dénicher un orateur qui, dans une session extraordinaire de la Chambre, l’après-midi du 14 mai 1988, se référait à l’auteur de la célèbre “Lettre au Roi” de 1912 .
“ Comme l’affirmait Jules Destrée, nous devons faire face à une grande réalité: il n’y a pas de Belge, c’est à dire que la Belgique est un Etat politique, qu’elle n’est pas une nationalité“
“La fusion des Flamands et des Wallons, artificiellement opérée en 1831, s’est avérée, au fil du temps un mélange hétérogène, parfois explosif. Et il est vain de souhaiter son maintien”.
En revanche,  poursuivait l’orateur- un certain Elio Di Rupo- l’avènement d’une Belgique fédérale ou confédérale à édifier de façon équilibrée et stable répondrait aux aspirations des deux Communautés, et chacune pourrait y tirer profit efficacement de sa différence culturelle et économique”. Vous avez bien lu: “fédérale ou confédérale”. Mais le Premier Ministre d’aujourd’hui se profilait déjà puisqu’il ajoutait cette phrase qu’il pourra tout aussi bien placer à l’envi dans la campagne électorale du printemps prochain: “ L’accord de gouvernement constitue une des dernières chances de ne pas diviser notre pays de manière anarchique”.
Qu’un politique endosse des rôles différents au fil de sa carrière, défende des opinions évolutives, rien que de plus normal.  En 1988, c’était encore l’époque du carrousel fouronnais et la Région de Bruxelles-Capitale n’avait même pas mis en place ses organes législatif et exécutif. C’est dire.
Non, le phénomène intéressant en marketing politique, c’est la rapidité avec lequel l’élu d’aujourd’hui se doit d’être flexible, adaptable. Comme l’a si bien relevé l’analyste français Christian Salmon,  “la versatilité n’est plus un défaut, ni une preuve d’opportunisme. Bien au contraire, elle est  exigée de l’homme politique qui doit se reconfigurer sans cesse pour capter l’attention”.
C’est au Nord, ou tout tourne autour du mot “confédéralisme”, que le phénomène est le plus frappant. La N-VA a mis brutalement au clair ce que ça signifiait pour elle (scindons tout, sauf ce qui est trop complexe) mais, transformisme immédiat, le discours que De Wever fait percoler est d’un engagement un brin mollasson pour ce qui est de sa concrétisation…
C’est, mine de rien, la main tendue au CD&V de Kris Peeters et à son “confédéralisme positif”, entendez surtout flou. Adaptation encore: on ne se distancie nullement du confédéralisme: on le met juste un temps dans le bon vieux frigo ronronnant trouble qui a si souvent servi à Martens, Dehaene ou Leterme. On y va, mais à un rythme moins rapide. A ce petit jeu du caméléon, c’est l’OpenVLD de Gwendolyn Rutten qui  fait le plus fort en jouant carrément l’amnésie collective. Pour un peu, on y attribuerait désormais ce point (adopté en 2002 par 128 voix contre 122) aux seuls méfaits de l’attirance d’un bar de congrès.  On y votera bientôt pour essayer de gommer le mot confédéralisme du programme bleu et y mettre en avant le “fédéralisme de coopération”. Un concept tellement coopérant qu’il postule aussi de légers détails comme la fin de la parité au gouvernement fédéral ou l’étouffoir de la sonnette d’alarme si chère aux francophones.
Mine de rien, le transformisme en  politique, tient souvent du fildeférisme. Il faudra décidément bien du talent au CD&V pour expliquer le subtil distingo entre son confédéralisme positif et celui de DeWever. Il faudra carrément du génie à l’OpenVLD  pour faire comprendre pourquoi le confédéralisme dont il ne veut plus était, au fond, bien meilleur que le confédéralisme de la N-VA.
Les conseils d’Arturo Brachetti sont les bienvenus.


Michel HENRION

Le pavois trompeur de Maggie De Block (chronique dans Marianne Belgique du 2/11/13)



La rue de la Loi a sa légende urbaine: après Tindemans, Steve Stevaert, Guy Verhofstadt, Yves Leterme, toutes ces idoles à date de péremption politique rapide, voici que serait venu le tour d’idolâtrer Maggie De Block, celle qui démoderait Bart De Wever. Ce président d’une N-VA déjà si secouée par le revirement irrité des médias flamands à son endroit, de ces rédacs chefs désormais à la recherche de la Nouvelle Star, d’un nouveau storytelling politique à vendre. A preuve, nous serine-t-on, l’irrésistible ascension de Maggie De Block, jusqu’à se glisser récemment en deuxième place sur la pavois des sondages en Flandre, juste entre Kris Peeters et Bart.
Las, la popularité, c’est un peu comme les parfums: il en est qui tiennent, d’autres bien plus légers, faits de senteurs de saisons…
C’est l’évidence: avec Maggie De Block, on est à mille lieux du culte de la personnalité suscité par un De Wever. On est plutôt dans l’histoire singulière d’une médecin entrée en politique et subitement très appréciée parce qu’elle soigne, sans prétention ni émotions apparentes, la santé électorale des libéraux du Nord. En faisant le ménage dans le secteur ô combien hypersensible en Flandre de l’asile et de l’immigration. L’homme de la rue flamand, N-VA ou Belang aidant, n’y voyait que du laxisme: l’atypique “Maggie” y fait donc son “petit possible” puisqu’elle a les mains libres. Elle n’a d’yeux que pour ses propres dossiers, ne se répand pas sans cesse dans les médias et, surtout, expulse régulièrement tout en fermant quasi toutes les portes, 
Et lorsqu’Alexandre De Croo lui abandonne le crachoir au Conseil des Ministres, c’est curieusement un personnage enjoué qui fait jovialement passer, quasi gaiement, des dossiers inflexibles qui, souvent, cachent les pires des drames humains. Sur lesquels l’équipe Di Rupo ferme plutôt les yeux puisque- cynisme politique oblige- la raison d’Etat convient d’aider les partis flamands de la majorité à contrer la N-VA. Et ce même s’il est plus que douteux que l’Open VLD puisse, en 2014, transformer en voix la popularité de Maggie.  Dont la force de conviction est d’ailleurs plutôt unilatérale. Ne pas trop compter sur Maggie Coeur de Bouillon pour convaincre la Flandre du bien-fondé de certaines complexités- afghanes ou lampedusiennes- qui ne plairaient guère à l’électeur de son coin.
C’est, en com’ politique, l’exemple-type du marketing du pseudo bon sens.
“Je ne puis tout de même pas aller enquêter moi-même en Afghanistan” a-t-elle ainsi lâché l’autre jour après le décès du jeune Aref. Bref, pas trop de raisonnements ni de considérations compliquées: vive le sens commun du flamand lambda. Le “bon sens” -celui qui est supposé naturel ou pragmatique- c’est la force de l’évidence pour Maggie, cette “ménagère qui revient du marché avec des dossiers dans son cabas”. Pour nombre de belges, “les politiques pensent trop alors qu’ils feraient mieux d’agir”: c’est là tout le secret du bouillon politique de Maggie. Même si le recours martelé au bon sens est souvent aussi un total renoncement à la pensée.
Ne pas s’illusionner: Maggie De Block n’est en rien l’impératrice de Flandre capable de succéder à un De Wever bien vivant.
Son succès, ce n’est pas une irrésistible ascension voulue: c’est une conjonction entre une politique forte d’attributions sensibles et une vraie force de travail. Que De Block se retrouve demain dans un département plus traditionnel et on prend le pari que cette popularité ne sera plus aussi hype. Oh, peut-être sera-t-elle un jour hissée à la présidence de l’OpenVLD: mais, autre phénomène, on sait aussi combien les présidents de parti flamands ne sont plus vraiment désormais ceux qui pèsent et comptent…

Michel HENRION

La “Nouvelle Belgitude”, pensée magique. (chronique dans Marianne Belgique du 19/10/13)


Aujourd’hui, la com’ politique n’a plus pour but de pondre de jolis slogans, ni même de narrer de belles histoires. Les illusionnistes du métier visent désormais, mine de rien, à “envoûter” les esprits. Il convient donc, plus que jamais, de se méfier des incantations abracadramédiatiquement assommées comme autant de vérités. Ainsi du climat de pensée magique autour de la “Nouvelle Belgitude”.
Cinq éléments de réflexion:
1) Une des clés fortes de compréhension de ce pays est qu’il n’a guère de mémoire collective commune. La Flandre, fut-elle prospère, se vit  toujours avec un historique sentiment collectif de frustration vis à vis des francophones, même si ceux-ci sont vus plus comme gaspilleurs-profiteurs que dominants. Les francophones, eux, vivent encore avec l’image subliminale de la riche Wallonie d’antan, si généreuse pour le Nord, et réclamant dès lors le maintien de la solidarité interpersonnelle si chère à Di Rupo. (1)
2)  Ce sont ces mémoires collectives si différentes qui  nous ont donné une identité commune si vague, presque proche de l’indifférence. Fait récurrent: seul le sport éveille aléatoirement un sentiment émotionnel d’appartenance nationale. Il en fut ainsi, jadis, pour Eddy Merckx. Plus récemment quand Justine Henin et Clijsters raquetaient le tennis mondial, quand Tia Hellebaut et Kim Gevaert trustaient des médailles d’or aux JO, quand les frères Borlée couraient presque aussi vite que ne roulait Philippe Gilbert…A chaque fois, les drapeaux se dépoussiéraient. A chaque fois, le “sentiment belche” était momentanément plus prononcé.
3) La belgitude, c’est un peu comme le soleil en Belgique: ça va, ça vient mais on ne peut le capturer guère plus qu’un moment.
Le football, par sa force rayonnante parfois délirante, photosynthèse encore bien davantage les esprits. D’autant plus que des agences de com’ veillent à viralement assurer le “hype”. Sans parler de ceux pour qui cette belgitude est souvent fond de commerce: médias, sponsors, politiques, artistes (Daan, Arno, Axelle Red, Stromae…)
4)En bon historien nationaliste féru de Tijl Uylenspiegel, De Wever connaît toute la force de ce passé traumatique. Qui influe toujours le flamand lambda bien plus qu’un résultat de match. Pour parler clair, même s’il assure le service minimum, De Wever se fout du foot.
N’aimant pas trop le sport (hormis le badminton, ou il excella) sa stratégie n’accorde guère d’importance au Mundial. Car il sait, à l’instar de Kris Peeters, que la N-VA a plus à gagner avec la compétitivité de l’industrie de Flandre qu’avec celle des Diables.
5)On fait grand cas en com’, au 16 rue de la Loi, du sondage selon lequel le Premier Ministre serait bien vu de 6 flamands sur 10. Le léger hic, c’est qu’à l’analyse détaillée, ce soutien ne se traduit en aucun bonus pour les partis flamands de l’équipe Di Rupo, qui restent kif à leur niveau de 2010. Si la N-VA connaît un recul psychologique grave -qui va forcer De Wever à délaisser Anvers pour redevenir davantage Président de parti - c’est Groen et PVDA+ qui en bénéficient.
L’explication est que, longtemps perçu au Nord comme un quasi personnage de bande dessinée sans grande crédibilité -son néerlandais hésitant rappelant en outre que la classe dominante de jadis ne parlait que le français- Di Rupo a réussi, peu à peu, à changer cette image en Flandre.
Le Nord s’est habitué au personnage d’opéra, à ce style si déconcertant pour un flamand. Après l’avoir longtemps toléré, il l’a accepté. Di Rupo n’apparait plus comme un politique différent jusqu’à l’étrange. 
Pour pas mal de flamands, c’est devenu simplement “Elio”. Un Premier Ministre qui s’est un peu transformé en mascotte. Comme celles qu’on crée -à Rio, ce sera le tatou Fuleco- pour populariser un Mundial de foot.


Michel HENRION.

(1) Lire à ce propos “Un Etat, deux mémoires collectives” (Editions Mardaga)

dimanche 6 octobre 2013

Emotion de défiance (chronique parue dans Marianne Belgique du 31/09/2013)

Test. On vous donne cinq minutes de courage psy: à choisir, entre un Yves Leterme, toursiveux, au double langage hypocrisé, et un  Bart De Wever- brutal et direct quant à ses objectifs affichés cartes sur table- vous opteriez pour qui? Duraille, hein?  Rajoutons donc un nom, celui de Koen Geens, notre actuel ministre des Finances. Ah, voila qui vous donne déjà une honorable porte de sortie du dilemne…Tout simplement parce que vous le connaissez moins, cet avocat d’affaires au physique de bon-papa descendant du Tornado. Qui, pourtant, fut de ceux à tirer bien des ficelles contestées dans le scandale ACW-Belfius-Dexia.
C’est que, se méfier, c’est savoir. La méfiance, c’est un certain degré de connaissance: et que Leterme on a déjà donné. Et que de Wever, on en sait plus qu’assez.
Le citoyen  échaudé peut d’ailleurs- le sondage Marianne Belgique-Dedicated le démontre- se méfier de plein de choses très différentes. En fait, de tout ce qui a fait débat ou scandale médiapolitique.
Qui achèterait encore quelque placement, fut-ce un coupon de chez Groupon, à Maurice Lippens, symbole de la rupture du contrat moral qui liait le belge à sa banque? Qui croit que Mgr Léonard mène vraiment la chasse aux pédophiles dans ses églises? Qui n’a pas été interloqué par l’asymétrie entre les gains fous des grands patrons et la rigueur de fer qu’ils entendent comme naturellement imposer aux autres?
Qui pense que les lobbies n‘influent pas la rue de la Loi?
A la différence près que le syndicaliste s’habille en sac-poubelle rouge, vert ou bleu pour porte-hurler dans les rues tandis que le syndicaliste du Voka, de l’Unizo ou de la FEB avance plutôt discret dans des salons feutrés.
“ C’est de la com!”, “C’est de la pub!” entend-on souvent dire, en réaction à l’une ou l’autre actualité. L’expression, à force, est devenue banale: mine de rien, elle est formidablement brutale. Traduite, elle suppose le mensonge démago, à tout le moins des arrière-pensées quasi inavouables.
Il y a donc comme une césure dans ce sondage: entre ceux dont tous les jeux troubles ont déjà été démasqués (Lobbyistes, politiques, banquiers, religieux de toutes obédiences, militant associatifs et souvent trop partisans, médias) et ceux qui y échappent encore (ça existe les médecins dominants, les scientifiques voleurs d’intérêt général…) mais dont le tour viendra en son temps, aux hasards de l’émotion d’autres scandales médiatisés.
Car la méfiance, ou plutôt la défiance, notion plus positive, c’est de l’intelligence.
On ne la fait plus au citoyen qui, de par la révolution du Net, a désormais les yeux bien ouverts, toute l’info du monde à portée de moteur de recherche.
Le “storystelling” des instances est désormais mis en doute, contredit, parfois ruiné. Parfois d’un seul tweet, d’un seul post.
C’est ce qui fait vaciller nombre d’institutions d’autorité amidonnée d’un âge qui n’est plus: le citoyen futé, informé, échappe peu à peu à leur système, les forçant même –on croit rêver- à rendre des comptes.
La défiance, c’est finalement de la liberté de pensée.

Michel HENRION

Pandas et Lapins Blancs (chronique parue dans Marianne Belgique du 21/09/2013)

En politique, tout est image. Et Haohao et Xinghui, les pandas de Pairi Daiza, viennent, mine de rien, de réenchanter quelque peu de leur minois la politique belge. Loin des discours raides ou complexes, ils ont, mine de rien, vulgarisé un truc pas anodin. A savoir la jalousie, à tout le moins l’amertume d’une certaine Flandre qui ne supporte d’évidence guère un succès wallon. Ceux pour qui un Panda, au poil luisant de retombées économiques, ne peut forcément débarquer qu’à Anvers, même si aucun dossier hautement étayé n’avait été déposé
“Querelles de paroisse” a lancé l’OpenVLD Alexander De Croo, comme si la minceur de la polémique des deux démocraties zoologiques pouvait cacher une jalousie qu’on retrouve sans cesse dans des enjeux bien plus sérieux. Ainsi de l’assez formidable réussite des aéroports wallons, qu’il s’agisse du fret de Bierset (bénéficiaire) ou des pistes de Charleroi, aéroport wallon en passe de devenir bientôt international avec 9 millions de passagers à l’horizon. A Zaventem ( théoriquement “Bruxelles-National”, à l’instar du futur “Grand Stade National” de Grimbergen), Ostende et Anvers, on ne digère clairement pas, glups, cet envol.
C’est tout le paradoxe du panda: que la Wallonie soit dans la mouise, une certaine Flandre la critique. Que la Wallonie se redresse, c’est kif. Jusqu’à mettre des traverses dans tous les investissements SNCB dont la Wallonie a tant le besoin…
Faute d’ursidés, la Flandre au Pays des Merveilles N-VA se console donc soudain à coups de Lapins Blancs.
Pas du lapin blanc d’élevage comme tous ces présidents de la FEF (Fédération des Etudiants Francophones) devenus Ecolos (Nollet, Henry, Hoyos), socialistes (Bucella ou Chapelle) ou pétébistes. (Michaël Verbauwhede)
Pas du lapin blanc de clapier audiovisuel pour liste MR.
Pas du lapin sportif comme Bea Diallo pour le PS.
Pas du lapin blanc de compagnie, type Jean-Denis Lejeune pour le CDH.
Non, ici on vous parle de lapin blanc de race, au pedigree de concours, au poil tellement angora ou de renard, qu’il pourrait occuper carrément la cage dorée de Premier Ministre.
C’est que, malgré l’insuccès fréquent des techniciens censés être plus compétents que les politiques- la dernière démonstration en date étant celle d’un Mario Monti en Italie- l’air du temps se veut toujours accueillant aux technocrates et autres supposés grands gestionnaires de génie.
Candidate au pouvoir fédéral et pour le moins nerveuse à l’approche des élections, la N-VA vient soudain de constater que -faute d’un Bart De Wever coincé à Anvers-
ça faisait tâche de n’avoir aucun challenger crédible face à Di Rupo ou au candidat du CD&V. Lequel , puisque toute la rue de la Loi vit désormais dans la spéculation, pourrait d’ailleurs être un lapin semi-blanc, à savoir le très ambitieux Koen Geens. Lequel n’arrête pas, dans ses multiples interventions médiatiques, de répéter sa disponibilité pour le CD&V et son meilleur ami Kris Peeters…
Bref, l’historien De Wever, qui a ses petits côtés gaulliens, a dû se souvenir que Pompidou était passé sans crier gare des affaires de la banque Rotschild à la direction du gouvernement français. Ou, plus récemment, que Kris Peeters est devenu ministre flamand et ensuite carrément Ministre-Président flamand sans jamais avoir été élu.
Et comme l’onction d’un De Wever vaut toutes les légitimités, tous les seconds couteaux de la N-VA, trop profilés communautaires pour un rôle de Premier belge, passent leurs journées à compulser le who ‘s who des grands CEO ou des leaders des organisations patronales (VOKA) de Flandre, tous “lapins blancs” potentiels.
Du vrai Lewis Carroll, on vous dit.

Michel HENRION

Les illusions de l’hypercommunication: si Di Rupo a changé de chemise, c’était pour se tailler un costume d’homme d’Etat…

 

La communication, c’est d’abord un regar
Pour le francophone, l’image d’un Di Rupo torse nu, c’est avant tout celle d’un Premier Ministre. Qui, pour d’aucuns, rompt par trop les codes protocolaires de ses hautes responsabilités.
Pour le flamand, habitué depuis lurette à pénétrer dans l’intimité de ses politiques, c’est juste celle d’un homme qui change banalement de chemise.
La com’, c’est aussi parfois une collision.
Adepte de l’hypercommunication, Di Rupo recycle en fait sans cesse les mêmes propos formatés, mesurés; exhume toujours les mêmes reliques familiales quasi muséales. Ca donne un ersatz d’intimité, mais ce n’est en rien de l’intime. Les anecdotes, les récits -même les plus graves, comme le complot Trusnach- sont dûment contrôlés, le discours aseptisé, sans jamais vraiment rien révéler de l’”être” Di Rupo. Comme si l’homme était devenu prisonnier d’un personnage qui pipoliserait constamment sur une ligne de crète en craignant tout faux pas.
Là est la clé: c’est sans doute pour donner l’illusion de cette intimité qui plait tant au Nord que Di Rupo a consenti à se laisser filmer torse nu. Ca n’a évidemment aucun intérêt (les images du maillot rouge de l’inauguration de la piscine de Mons sont bien connues des télés flamandes) hormis de conforter paradoxalement son image de “Monsieur Belgique”.
Car le jour du tournage, le 21 juillet, non seulement faisait-il torride, mais encore intronisait-on le Roi Philippe. Di Rupo torse nu envoie ainsi l’image subliminale d’un homme qui se dévoue pour son pays, qui ne prend quasi pas le temps de se rafraîchir… Qui change juste fissa de chemise et repart, inspiré par son sens de l’Etat belge.
Là, on crée de l’empathie: regardez, ce Di Rupo là, ce wallon là,  ne vit que pour sa fonction, son devoir, à qui il sacrifie tout. (une image de com à laquelle Yves Leterme s’était maladroitement essayé, montrant sa chambre à coucher du Lambermont utilisée lorsque son emploi du temps –et ses passions, ont dit les mauvais langues- l’empêchaient de regagner Ypres).
Croire à une rivalité physique Di Rupo-De Wever tient un peu du phantasme. Même s’il n’est pas faux de relever que tout homme politique affectionne viscéralement de donner une image de “bonne forme” à tout le moins de “dynamisme”.
Il faut regarder attentivement le désormais célèbre “teasing” (1) de l’émission de la télé flamande Vier. On sent bien qu’Eric Goens (l’homme à qui l’on doit déjà l’interview télé de Sybille de Selys-Longchamps, la maman de Delphine)  n’est pas arrivé à obtenir de Di Rupo ce qu’il a décroché d’un Tom Boonen ou d’une Maggie De Block dans sa chambre à coucher: des tranches de vie inhabituelles. D’ou ces quelques millisecondes de Di Rupo qui donnent  juste à imaginer que le montois pourrait enfin se dévoiler. C’est un appât, du miel pour télespectateurs.
L’illusion qui convenait à Elio Di Rupo a croisé le besoin d’illusion d’une télévision du Nord.
Ainsi va, en 2014, le piège de l’hypercommunication.

Michel Henrion

(1) http://www.vier.be/kroost/videos/kroost-nieuw-op-vier/105401

"Sans langue de Bois" (BelRTL) du 26/09/2013


"On refait le Monde" (RTL-TVI) du 22/09/2013


"Sans langue de Bois" du 19/09/2013


"Sans Langue de Bois" (BelRTL) du 12/09/2013


"On Refait le monde" télé du 15/09/2013


dimanche 8 septembre 2013

Ma "Balise médiapolitique" dans Marianne Belgique (31/07/2013) : La fable des Diables Rouges.



La fable des Diables Rouges



Elio Di Rupo a un point commun avec le Grand Jojo, alias Jules Vanobbergen: il table aussi beaucoup sur le Mundial pour se refaire. Dans le montage narratif de communication qu’on construit ces temps-ci au 16 rue de la Loi, l’engouement pour les Diables Rouges serait un chapitre-clé du conte populaire ou la vilaine sorcière N-VA perdrait toute magie. Ce qu’on appelle le Good News Show des partis de la majorité, ce chapelet d’arguments destiné à démontrer que De Wever a tout faux et que la Belgique fonctionne et resterait efficace.

De fait, c’est dans le sport que la pérennité de nations supposées en voie d’évanescence rebondit souvent avec de vuvulezants affects. Comme si, à l’heure de l’Europe, seul le sport pouvait encore rallumer un patriotisme terne. Mais c’est toujours là passion très momentanée. C’est, à l’analyse, un pur produit de l’émotion qui n’a guère à voir avec le pouvoir, donc avec la politique. C’est qu’il y a comme un nationalisme ordinaire, celui qui est omniprésent dans la vie quotidienne du belge. Celui-ci est attaché au paysage de sa Sécurité Sociale; il l’est, tout aussi banalement, aux Diables Rouges. Cela n’a guère à voir avec des choix politiques. Les Diables Rouges comme joker électoral, c’est une fable.

L’affection, en Flandre, pour les Diables, tient quasi exclusivement de la séduction d’une équipe talentueuse et, surtout, à leurs récents exploits sportifs. N’en déplaise à ceux qui tablent que onze joueurs courant derrière un ballon peuvent influencer diablement un résultat électoral.

La communication de la N-VA surgit souvent là où on ne l’attend pas. Subtile ou tordue selon les avis, mais souvent imparable, car jamais à la sauce aigrie.

Lors du délicat avènement du Roi Philippe, les républicains flamands avaient déjà veillé a prendre du recul,  ne critiquant que la fonction et jamais l’homme Philippe, malgré ses failles. Objectif: éviter l’extrémisme, une image qui serait paradoxalement par trop anti-belge.

Pour les Rode Duivels, les nationalistes ont opté kif pour une stratégie d’au-dessus de la mêlée.

“Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions applaudir une équipe nationale représentant les diverses communautés” a lâché l’autre jour Bart De Wever, définissant ainsi la doctrine et l’élément de langage à tenir par ses cadres.

Ce n’est donc pas demain la veille que la N-VA se fera les griffes sur ce symbole belge qu’est l’équipe de Vincent Kompany, au risque alors de lui donner un rôle quasi politique.

En mai 2014, ce sont davantage des personnages (Di Rupo vs De Wever) qui s’affronteront, bien plus que des partis. Et De Wever n’a nullement l’intention de se faire piéger dans une élection qui se transformerait en quasi référendum pour ou contre la Belgique, qu’il perdrait inévitablement.

De Wever marche sur des oeufs: il sait que la plus large part de son électorat composite, s’il est allergique au “système belge”, à “l’inefficacité du bric à brac “ du gouvernement Di Rupo, n’en rejette pas pour autant une incertaine Belgique.

Le flamand qui votera N-VA en mai 2014 sera pragmatique, comme d’habitude: pour une autre fiscalité, une autre immigration, pour un confédéralisme qui permettrait à la Flandre d’être plus prospère/ou égoïste, pour maîtriser elle-même sa compétivité (ben oui, l’industrie est en Flandre, le coût salarial est jugé comme laissant les wallons trop indifférents)… Bref, pour ses intérêts.

Or, De Wever se méfie- sauf lorsque ça l’arrange- de l’irrationnel, de l’émotionnel comme de la peste. Donc, on supportera là aussi, fut-ce mollement, les Diables Rouges, ce qui ne manque pas d’un certain sel par rapport à l’habituelle vision des “deux démocraties”…. Et le Grand Jojo pourra agiter en toute indifférence politique ses cariocas, et son “drapeau belge qui seul peut sauver la Belgique”. Samba!



Michel HENRION

"On Refait le Monde (RTL-TVI) du 8/09/13: la transparence totale et parfois dévalorisante de Sybille de Selys Longchamps.


'Sans Langue de Bois" Bel-RTL du 5/09/2013: la nervosité de la N-VA.


"On refait le Monde" télé (RTL-TVI) du 01/09/2013: Ryanair, la compagnie du crash social...


mercredi 21 août 2013

Après Joëlle, voici que Julien Milquet est annoncé au Parlement (bruxellois)

Le petit club, bien de chez nous, des dynasties politiques va encore s’agrandir. Après #cestjoelle (Milquet), voici venu le tour de #cestjulien (Milquet), le neveu de la ministre de l’Intérieur, qui, en mai 2014, aurait toutes les chances d’être propulsé député au Parlement bruxellois. C’est que les anges gardiens CDH semblent particulièrement veiller sur la carrière de ce tout jeune historien de 25 ans. Première étape: soutenu par l’ange gardien réquisitionné Julie De Groote, celui-ci est élu conseiller communal (un joli score de 334 voix sur son nom, véritable produit d’appel) d’Ixelles aux communales de 2012. Ou il a, y dit-on, assez vite “pris ses marques, assez sûr de lui”. Deuxième étape: jusqu’ici employé  rue des Deux Eglises par le bidule d’éducation permanente du CDH (le CPCP, appellation qui fait un brin soviétique mais cache en fait le “Centre Permanent pour la Citoyenneté et la Participation”), Julien Milquet devrait sous peu- sous la protection de Hamza Fassi-Fihri, président bruxellois d’un CDH de Bruxelles-Hal-Vilvorde (sic)- intégrer le cabinet de la nouvelle ministre Céline Fremault, qui n’en est pas à une unité près. Puisqu’on y recense déjà trente trois cabinettards, dont trois rien pour la com’ et les RP de la blonde Céline.
 Troisième  étape angélique: figurer sur la liste régionale CDH de mai 2014. Et pas à n’importe quelle place, puisqu’on évoquerait même, ce qui paraît pousser le bouchon fort loin, rien de moins que la… deuxième, derrière la tête de liste. De quoi faire grincer des dents aux députés bruxellois CDH actuels (Bertin Mampaka, Joel Riguelle, Pierre Migisha, Mahinur Ozdemir, Ahmed El Khanouss, Julie De Groote, André Du Bus dont certains mettent en doute la carrure du jeune prodige mais perdent un peu de vue que leur propre potentiel de voix est par trop faiblard). Bref, ambiance en vue, d’autant que d’autres noms de nouveaux candidats pressentis, eux aussi très proches de la Ministre de l’Intérieur- "la" présidente “politique”en région bruxelloise-
Julien Milquet, le neveu qui en veut.
circulent dans le ciel orangé et orageux du CDH bruxellois…Tout cela sera sans doute démenti ou nuancé, car l’itinéraire prévu pour le candidat gâté est encore discret, mais notre petit doigt nous assure de source sûre qu’il y aura bien, en 2014, un deuxième parlementaire répondant au nom de Milquet.



M.H.

mardi 20 août 2013

Les nouveaux revolvers médiatiques de Flandre. (Marianne Belgique du 10/08/13)

 
Balise Médiapolitique parue dans Marianne Belgique le 10/08/13


 Fut-il un brin en déshérence, le phénomène de la puissance politique des éditorialistes flamands se complète désormais, en Flandre, d’un nouvel axe médiapolitique. A savoir une déferlante, sur les plateaux télé ou dans les colonnes de la presse du Nord, de managers et d’économistes très médiatisés et aux avis souvent ravageurs. Leurs noms sont quasi inconnus des francophones: un Geert Noels (Gestion de patrimoine), un Marc Coucke (CEO d’Omega Pharma), un Jan De Nul (Dragage), pour qui “il y a 3 millions de fainéants en Belgique” ou encore un Jos Vaessen (Radiateurs) qui voit le pays virer “version light de la Grèce ou du Portugal avec un million de chômeurs dans les dix ans”. Tous contribuent au climax d’une Flandre obsédée par son déclin et ses handicaps de compétitivité dont le fédéral belge n’aurait que faire...
L’actuelle polémique sur le soutien ou non des médias flamands à la N-VA est somme toute absurde: en Flandre, tout ce qui se dit, se voit et s’écrit sur l’économique et le social recoupe, mine de rien, assez largement les mélodies de la N-VA. Un terrain tout bonus pour De Wever qui ne se privera pas de mettre en avant “toutes les réformes d’intérêt général dont le PS ne veut pas” et qui, habileté, sont justement aussi celles voulues par l’Europe.  Terrain qui convient aussi à Kris Peeters, le “numero uno” censé pouvoir limiter les dégâts du CD&V. Tellement bon manager des intérêts flamands que l’homme en apparaissait jusqu’ici intouchable et politiquement indestructible. Même si le bilan de son Gouvernement flamand, sans cesse en incandescence, n’est guère reluisant.
C’était compter sans un autre économiste controversé, Ivan Van de Cloot, dont les déclarations intrépides et les posts émotionnels ont secoué, ces temps ci, les médias sociaux du Nord.
Avec cette question pas triste: lors de sa toute récente mission à Houston, Kris Peeters a-t-il, oui ou non, dans un geste significatif, menacé d’un revolver imaginaire des journalistes portés à évoquer la déconfiture de Dexia, ce ruineux scandale d’Etat si joliment managé par quelques aventuriers au sein du CD&V et du sommet d’une ACW (Mouvement Ouvrier Chrétien flamand) soudain déconfite.
Bref, y a-t-il eu intimidation politique, histoire de protéger les intérêts du CD&V et de sa constellation de pouvoirs?
Et l’économiste de s’interroger sur ce pays d’Omerta et de connivences où on cache vite sous le tapis tout ce qui peut gêner. A nouveau tout bonus pour la N-VA, qui adore cultiver l’anti-système et rêve de flétrir le pilier social-chrétien. Indignez-vous! sera le message.
Le plus intéressant à observer, c’est que Bart De Wever et Kris Peeters, -qui ne parle pas de “confédéralisme positif” par hasard- se sont en fait toujours fort ménagés. Le président de la N-VA n’attaque jamais vraiment le Ministre-Président flamand: on s’en prend plus subtilement au CD&V en général. C’est kif la même tactique  de com’ subtile qu’à Anvers, sans attaque frontale contre l’ancien bourgmestre Patrick Janssens.
Ces deux hommes là ne s’affrontent jamais vraiment. De Wever a besoin de Peeters car une entente relative est cruciale pour l’après mai 2014, au risque de tout perdre. Et Kris Peeters sait pertinemment bien que ce que veut De Wever, c’est d’abord saquer et exclure les socialistes d’un front flamand (N-VA +CD&V et OpenVLD si besoin)
C’en est en tout cas fini, médiapolitiquement, du sirop de rêve pour Kris Peeters: l’homme aura à encaisser, à l’instar d’un De Wever, ses doses de critiques et d’attaques. Notamment pour ce qui est de l’impuissance visible de Peeters à bouger les meules pour ce qui apparaît vital et crucial au Nord: le coût salarial.
En son temps,  le CD&V de Jean-Luc Dehaene fut, soudain, électoralement surpris par la fameuse crise de la dioxine. Un ressac économique de plus au Nord, une fermeture symbolique spectaculaire avant le scrutin, et le CD&V pourrait bien connaître cette fois sa crise impromptue de la compétitivité.


Michel HENRION

“Fièvre de l’hermine” : ce que cache toute cette communication au lithium… (Marianne Belgique 27/07/13)

 
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Balise Médiapolitique parue dans Marianne Belgique du 27/07/2013


 Le  prochain 21 juillet, on en sera au 56ème jour d’après le grand rebattage de toutes les cartes électorales (on vote le 25/5/2014) Et donc, très probablement, de crise politique.
La Belgique étant le pays des grandes émotions particulièrement fugitives, que restera-t-il alors de l’actuelle “fièvre de l’hermine” (expression flamande très significative), de ce grand show de communication et d’auto-glorification? Qui a, notamment, vu ce phénomène singulier d’hommes politiques dans le déni même de leur propre représentation politique. Histoire de complaire à une opinion publique si mal informée qu’elle croit encore volontiers au roi-thaumaturge. Lequel, de nos jours, ne guérirait plus les fistules purulentes des écrouelles, mais ferait s’évaporer la dette publique et recréerait une mythique Belgique unie, entendez unitaire.
Le Premier Ministre, qui sait pertinemment que c’est tout le contraire (le pouvoir royal n’aura jamais été historiquement aussi symbolique) et qui a bien perçu que son leadership s’en trouvait automatiquement accru, en a fait des tonnes.
Ainsi va la com’ d’Elio Di Rupo, quasi objet  de consommation politique, quasi personnage pour série-télé.
Faute de forte opposition francophone au Parlement, le Di Rupisme en devient presque une croyance médiapolitique; le sage qui déciderait de ce qui existe ou non. “Nos citoyens vont retrouver de la confiance et vivrons heureux” a-t-il ainsi rassuré, gonflé, au Parc Royal. Comme s’il suffisait qu’un roi en remplace un autre.
Cest que l’homme connaît bien ces subtiles et anciennes clés de com’ que sont l’éthos (gagner la toujours éphémère confiance du citoyen, capter l’attention et la sympathie: idéal sur les réseaux sociaux) et surtout le pathos. Entendez les désirs, les émotions, les craintes et surtout ces peurs si utiles à agiter lorsque tout pouvoir se sent fragilisé.
Et ils sont deux aujourd’hui, le Palais et la coalition Di Rupo, à se soutenir mutuellement et à jouer ainsi à se faire peur en agitant l’ombre noire et confédéraliste de la N-VA.
Curieuse communication gouvernementale qui- climat monarchique aidant- s’appuie, en Wallonie et à Bruxelles, sur d’anciens réflexes unitaires et dissimule presque les fortes autonomies créées sa propre réforme de l’Etat 6.0.
Le Roi Philippe n’a strictement rien à dire, ni à l’Elysette, ni à la Place des Martyrs (siège du Gouvernement flamand): son avenir, et c’est ce qu’il semble avoir bien intégré, c’est d’être le symbolique “Roi des Deelstaten”, entendez des “Etats (entités) fédérés”, ces Régions et Communautés qui, demain, décideront librement de 70% des anciennes compétences fédérales, quand bien même transférées parfois sans grande cohérence.
L’actuelle vague de sentimentalisme n’est pas sans danger: en son temps, la “Mathildemania” eût pour ressac un lourd “effet boomerang”, y compris la révélation de Delphine.
Car tout excès de monarchie nuit à la monarchie. Tout comme ce qui est jugé bon pour et par Di Rupo accentue, mine de rien, le clivage Nord-Sud.
Cette communication au lithium n’est en rien une réponse à Bart De Wever. Lequel a préféré avancer bien plus loin, se projetant déjà dans une autre réalité politique. Celle de la Flandre qui, confrontée à la récession et  aux faillites, juge l’enjeu du coût salarial et de la compétitivité de la Flandre plus vitale que les jeux de Palais. Ou Frans Van Daele –le Chef de Cabinet déjà pensionné du nouveau Roi- est déjà considéré par d’aucuns comme un “flamand dépassé”, un ancien CD&Vdu temps du système Dehaene et des  mythiques “Toshiba boys”...
Cette génération de flamands qui pensait parfois: “Nous pourrions peut-être vivre mieux un peu plus seuls”.
Bart De Wever, lui, dit: “ Nous pourrions vivre mieux, mais ne nous ne sommes, hélas, pas encore seuls”.

Michel HENRION.

Le Roi Philippe et les dangers de l’effet-papillon… (Marianne-Belgique du 6/07/13 après abdication)

 Balise Médiapolitique du 06/07/2013 (après l'abdication d'Albert II)
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 La politique, ce sont des mots. Et des signes. Exercer le pouvoir, c’est s’emparer de ce double langage.
Ce n’est pas un hasard si Albert 2 a dit son abdication debout. Ne plus s’asseoir à son bureau, c’était le signe évident que là n’était déjà plus sa place.
Davantage dans le style commedia dell’ Arte, Elio Di Rupo est un personnage tout aussi construit de mythes et de signes, parfois jusqu’à l’excès. Dont ce fameux noeud-papillon dont il est désormais prisonnier comme un oiseau de sa volière.
Frans Van Daele.
Qui, pour cette folle journée d’abdication, secrètement concoctée entre Palais et Premier Ministre (un titre qu’Albert 1er n’autorisa pour la première fois qu’en 1918, pour le bien oublié Léon Delacroix), était redevenu rouge. Comme un retour au naturel pour ce qui  est devenu son symbolique attribut du pouvoir, aux couleurs désormais  variables selon les situations et les environnements. (le Premier Ministre adore le violet light qu’il croit le hausser un chouia au dessus des partis)
Oui, le noeud de l’abdication avait été choisi rouge rouche.
Tout comme, lors de sa prestation de serment, déjà au Palais, devant Albert 2.
Rouge comme si Di Rupo, qui a la stratégie de l’anticipation chevillée au corps, se disait que tout était quelque part à commencer, comme en 2011. Car le départ d’Albert 2 et l’arrivée du Roi Philippe cache un tellurisme politique: le départ de celui qu’on a appelé le Vice-Roi, à savoir Jacques Van Ypersele de Strihou. Ce fervent catholique charismatique et idéaliste qui, depuis 30 ans, de sa fine écriture, avec une base de données à nulle autre pareille, influe quasi sur tout.
Ce n’est guère un secret pour le microcosme de la rue de la Loi: le Roi Albert 2 a  largement usé de ce que les hommes politiques appellent entre eux la “méthode Bebert”, entendez l’avion militaire qui envoyait sans cesse au soleil les dossiers ou arrêtés à signer.
A Laeken, sous des cieux moins ensoleillés, c’est Van Yp’ qui s’y colle . Et décide qui le roi rencontre ou ne rencontre pas. Qui prépare les audiences, les visites, les discours royaux, les remarques aux projets de loi, jongle du jeu des nominations. Et, surtout, exerçait un rôle-clé d’influence auprès du roi, qu’il s’agisse de gérer Laurent ou Delphine. Ou de multiplier les tactiques pour freiner Bart De Wever et la montée séparatiste en Flandre. Pour Di Rupo, c’est tout un pan de ce paysage qui va basculer. Ainsi, le prochain chef de cabinet du Roi Philippe (Frans Van Daele) sera-t-il  flamand, histoire d’intégrer la monarchie dans les nouveaux rapports de force; et peut-être plus, si on entend rétablir quelque peu les équilibres philosophiques au sein du Palais.
Certes, le monde politique a déjà bien pris ses marques: le prince Philippe n’est plus l’ “accident monarchico-industriel “largement décrit par d’aucuns mais un roi soudainement paré de toutes les qualités. C’est d’un monarchiste militant, Armand De Decker, qu’est sans doute venu, involontairement, l’avertissement le plus angoissant pour Di Rupo : “Philippe devra apprendre à se restreindre pour respecter toutes les sensibilités".
Bien lire: "se restreindre". De quoi avoir assurément le noeud-pap rouge pâle.  Car l’effet-papillon insécurisant, Elio déteste ça.

Michel HENRION

Ces partis qui préfèrent complaire aux “vraies gens” plutôt qu’écouter les Prix Nobel… (Marianne Belgique du 22/06)

 

Balise Médiapolitique parue dans Marianne Belgique (22/06/13)


Devinette: quel est donc le parti qui,  dans ses promesses électorales de 2010, s’engageait, rouge sur blanc, à …“dégonfler le mythe du corps parfait” ?
Christian De Duve.
Une promesse de bazar comme toutes les formations politiques ont pris le pli d’en compiler par containers lorsque s’approchent des élections. Car c’est là l’un des phénomènes de cette époque de paupérisation du discours politique: désormais les partis veillent à d’abord adapter leur offre aux demandes des électeurs, à ce qu’on a baptisé –sans rire- les “désirs citoyens”. Il s’agit de donner aux “vraies gens” ce qu’ils attendent. Pas de grand dessein politique, surtout pas une vision globale: juste des envolées lyriques pour faire illusion et des puzzles de réponses ad hoc à une foultitude de préoccupations sectorielles. D’ou ces programmes-catalogues insensés ou tout parti se doit de dire un mot sur la prévention du suicide, la revalorisation de l’infirmier, la nécessité (sic) de “garantir des voyages de qualité” ou de lutter “contre les troubles alimentaires”…C’est fou ce qu’une élection peut faire vendre de timbres postaux ou générer de mails: toute asbl, toute chocheté, tout groupe de pression se doit d’adresser ses fixettes, ses  mémorandums interpellateurs aux partis. Et là, en 2010,  “Elio” ou “Joëlle” (en politique, n’utiliser que le prénom atteste de leur proximité, de leur similitude avec ces “vraies gens”) signaient encore des centaines de réponses concoctées à la chaîne par des collaborateurs saturés.

Peu avant sa mort, feu notre Prix Nobel Christian de Duve avait tout dit: “Les politiques ne consultent pas les scientifiques. Je n’ai jamais eu mon mot à dire. M. Di Rupo n’a jamais demandé mon avis.”.

Le constat était on ne peut plus juste: les partis ne font plus que très marginalement appel aux intellectuels, aux savants, aux intelligences extérieures. Et pour cause: leurs programmes attrape-tout visent les “vraies gens”, avec un p’tit mot pour chacun. On racole large quand on gouverne le nez sur le guidon de sondages pourtant erratiques et contradictoires.

En 2013, évolution:  la tendance médiapolitique du moment, c’est le “retour aux sources”, “vers la base” ou “vers la gauche” pour ce qui est des socialos. Comme par hasard, voici  que les deux partis socialistes, le CD&V et les libéraux flamands de Gwendolyn Rutten y vont tous de leurs réunions de refondation. Et, souvent, de leur p’tit livre mis à disposition de tous les membres pour  en débattre. Le dernier du genre est celui de la présidente de l’OpenVLD.  Dont les références sont aussi multiples que surprenantes (ça va de l’agent Mac Gyver à l’Agence Tous Risques en passant par Apple , Google et un détour par Tomáš Sedláček, le brasseur d’idées de Václav Havel)

Tout ça pour quoi ? Pour, à l’instar de tous les autres partis (le CD&V a son “Iedereen Inbegrepen” (Tout le Monde inclus), ratisser encore et toujours au plus large.

Le hic, c’est que ce genre de bulles programmatiques (“réduire la fiscalité, “défendre les demandeurs d’emploi”) supposent de la crédibilité: et pas qu’elles s’évaporent comme bulles au soleil dès lors que le parti concerné est au pouvoir.

Ah oui, la promesse de “dégonfler le mythe du corps parfait”, c’était un texte PS de mai 2010.

Et ce qui n’est assurément nullement dégonflé depuis, c’est le poids immense de la N-VA. Qui, quoiqu’en en pense, a en tout cas assurément, elle, un grand dessein politique controversé: une vision claire pour la Flandre, fut-elle jugée brutale par d’aucuns. Et ceci explique peut-être finalement bien un peu de cela, non ?



Michel HENRION.

"On refait le monde" télé du 23/06/2013 (RTL-TVI)


"Sans Langue de Bois" du 27 juin 2013 (BelRTL)


'Sans Langue de Bois" du 20 juin 2013 (BelRTL)


lundi 17 juin 2013

"On Refait le Monde" télé (RTL16/06/2013): De Wever Le président de la N-VA a tout saisi de l'intérêt médiapolitique du dossier des jeunes belges en Syrie


La Radja River avec le CDH, le Tut Tuf Club avec Wathelet, l'Octopus avec Gwendolyn Rutten et la Calamity Mine de l'Open VLD, la Melody Road avec le prince Philippe et, bien sûr, le Buzzsaw avec Courard...



Le krach de la popularité politique? (chronique médiapolitique publiée dans Marianne Belgique le 08/06 )

A force de ne mettre plus en avant que quelques figures saillantes, les partis n’en sont-ils pas arrivés à compromettre leur propre succès?
C’est l’exemple le plus frappant: Kris Peeters, non content d’escalader à ses heures l’Himalaya, atteint aussi désormais des sommets de popularité en Flandre. Mieux: selon un sondage VRT-Standaard, il dépasserait même désormais de carrément 7 points un dénommé Bart De Wever. Le hic, c’est que le CD&V, qui en a fait son arme secrète électorale, n’en retire, lui, que pouic. Les sociaux-chrétiens flamands piétinent, sans reprendre de voix àla N-VA. Le CD&V pèse toujours à peine…la moitié d’une N-VA qui ne décline donc nullement, puisque tous les rapports de force demeurent.
Tenez, regardez Maggie De Block, la trouvaille inattendue d’Alexander De Croo, désormais quatrième au Nord, et sans doute bientôt dans l’envié Tiercé de tête. Le flamand l’adore, tout comme Annemie Turtelboom(7ème) mais leur aura ne sert en rien les libéraux flamands, l’OpenVLD  se weightwatcherisant juste au dessus de la barre des 10%.
Au Sud, relevez les bons scores personnels du maître deGaillard et Maggie (ses deux racés Parson Russell), entendez Benoît Lutgen. On était dans la politique-fiction, certes, mais 43% des wallons souhaitaient tout de même l’autre jour sa présence dans le prochain gouvernement wallon. Et, en popularité pure, le bastognard s’adjuge désormais la quatrième place en Wallonie, devant Milquet.
Las, même phénomène, le CDH qu’il incarne ne s’en brillantine pas pour autant, flottant apparemment entre 12% et 13% en Wallonie(encore 16,44 % en 2009)
Allez, une dernière du genre:  pour la première fois dans l’histoire des “Baromètres politiques”, un même parti truste les trois marches du podium (Di Rupo, Magnette, Demotte) de la popularité en Wallonie. Mais, pour la troisième foisdepuis 80 ans, les socialistes wallons se tapent le rouge de descendre sous labarre des 30%.
Il fut un temps ou la personnalisation des politiques confortait toujours leur parti, ou cela s’emboitait harmonieusement pour se renforcer mutuellement. Cela vaut toujours pour un Bart De Wever: ce n’est plus forcément une règle évidente.
La pipolisation, la personnification de l’action politique ont fait que les médias privilégient un petit nombre de personnalités: le ghottamédiapolitique.
Résultat: bien d’autres, pourtant à des postes d’influence électorale certaine, ne jouent plus que les utilités pour les formations. Un sondage Sud-Presse était cruel l’autre matin pour les “Inconnus”: 46% des wallons ne connaissent même pas Eliane Tillieux, ministre PS ; 37% ignorent tout de Carlo Di Antonio, ministre CDH; 31% ne savent que nada de Philippe Henry, ministre Ecolo; 34%  n’ont jamais entendu causer de Paul Furlan, ministre PS . Et même un Marcourt, qui privilégie les jeux de coulisses, est inconnu au bataillon pour 17% des wallons.
Or, ces personnalités là sont censées aussi incarner leur formation. Tout comme les parlementaires devenus si disciplinés, si prévisibles,si insipides parfois “dans l’intérêt du parti” et de leur carrière perso.
A force de pipoliser, de ne jouer à la “bourse des valeurs”que les actions des seuls grands pro de la rue de la Loi, les partis ne sont-ils pas en train de risquer le krach de la politique?
La vraie.

Michel HENRION.

(cet article était basé sur le Baromètre Politique Libre-RTBF du 24/05: il vaut tout autant, avec quelques variations de pourcentages, pour le Grand baromètre RTL-TVI-Le Soir-Ipsos)