Balise Médiapolitique parue dans Marianne Belgique (22/06/13)
Christian De Duve. |
Peu avant sa mort, feu notre
Prix Nobel Christian de Duve avait tout dit: “Les politiques ne consultent pas
les scientifiques. Je n’ai jamais eu mon mot à dire. M. Di Rupo n’a jamais
demandé mon avis.”.
Le constat était on ne peut
plus juste: les partis ne font plus que très marginalement appel aux
intellectuels, aux savants, aux intelligences extérieures. Et pour cause: leurs
programmes attrape-tout visent les “vraies gens”, avec un p’tit mot pour
chacun. On racole large quand on gouverne le nez sur le guidon de sondages
pourtant erratiques et contradictoires.
En 2013, évolution: la tendance médiapolitique du moment,
c’est le “retour aux sources”, “vers la base” ou “vers la gauche” pour ce qui est
des socialos. Comme par hasard, voici
que les deux partis socialistes, le CD&V et les libéraux flamands de
Gwendolyn Rutten y vont tous de leurs réunions de refondation. Et, souvent, de
leur p’tit livre mis à disposition de tous les membres pour en débattre. Le dernier du genre est
celui de la présidente de l’OpenVLD.
Dont les références sont aussi multiples que surprenantes (ça va de
l’agent Mac Gyver à l’Agence Tous Risques en passant par Apple , Google et un
détour par Tomáš Sedláček, le brasseur d’idées de Václav Havel)
Tout ça pour quoi ? Pour, à
l’instar de tous les autres partis (le CD&V a son “Iedereen Inbegrepen”
(Tout le Monde inclus), ratisser encore et toujours au plus large.
Le hic, c’est que ce genre de
bulles programmatiques (“réduire la fiscalité, “défendre les demandeurs
d’emploi”) supposent de la crédibilité: et pas qu’elles s’évaporent comme
bulles au soleil dès lors que le parti concerné est au pouvoir.
Ah oui, la promesse de
“dégonfler le mythe du corps parfait”, c’était un texte PS de mai 2010.
Et ce qui n’est assurément
nullement dégonflé depuis, c’est le poids immense de la N-VA. Qui, quoiqu’en en
pense, a en tout cas assurément, elle, un grand dessein politique controversé:
une vision claire pour la Flandre, fut-elle jugée brutale par d’aucuns. Et ceci
explique peut-être finalement bien un peu de cela, non ?
Michel HENRION.