Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mardi 27 décembre 2011

13 lignes, la compil papier: le grand retour de l’art perdu du “billetiste”.

Le “billet” de presse, c’est un peu comme les étrennes du facteur: une tradition qui se perd. (ceci est ma ligne N° 1, intro)
Jadis, tous les journaux se devaient d’avoir un billetiste. Exercice drôlement ardu. (ligne 2 en hommage à Escarpit, Sarraute, Frossard…)
Ca doit être drôle, moqueur, aigu, brillant, meurtrier parfois. Court surtout. (ligne 3, cahier des charges)
Un jour, sur Twitter, j’ai redécouvert un remake nouvômédia du genre. (ligne 4 pour geek)
C’était signé @13lignes, soit onze de plus que le recordman (Hervé Le Tellier, du Monde, se limitait carrément à deux phrases) (ligne 5 pour Guinness Book) )
J’avoue: j’ai pensé, un brin sceptique,“Allez, bonne chance, l’ami !” tant c’est la distance qui est toujours la plus dure à tenir dans ce métier là. (ligne 6, carrément pédante, genre teintée  à l’encre d’expérience)
Et puis, Hugo Poliart (c’est le pilote de lignes) m’a dézingué, épaté. (ligne 7 élogieuse à souhait, et je ne le connais pas, c’est dire…)
C’est que sa ligne de départ, celle qui s’est formée dans son esprit curieux, est toujours décalée, pic et pic et colégrammée. (ligne 8, l’oeil en flash)
Freud aurait considéré @13lignes comme  comme un "Witzeur", (ça le fait, ça, non ?) jouant de l'effet de surprise sur l'Autre (ligne 9 assez psy)
Aveu: il m’est arrivé d’envier un peu cette tournure d’esprit, ces cellules grises qui font la colle magique qui vous scotche. (ligne 10, jalouse)
Aveu bis: cette étrange alchimie artisanale m’a  parfois fait vraiment pleurer de rire (et c’est rare) en lisant l’Hugo (ligne 10 bis, pensée pour Victor)
Oh, bien sûr, certains jours, ça sent un peu le mec dans le Lustucru de nos 24 heures chrono à tous et qui doit satisfaire coûte que coûte ses followers, mais jamais la ligne n’est sous la flottaison (ligne 11, positiviste).
En tout cas, les Editions Caira viennent de joliment (bravo au graphiste) publier une compil-papier de 3263 lignes (13 x 251 pour les Nuls et pour 15€) (ligne  12, info-service à souhait)
Dans le fond, oui, 13 lignes c’est bien suffisant pour résumer la situation: un très bon bouquin.



mardi 29 novembre 2011

Bart De Wever prend le ton Michael Collins (indépendantiste irlandais): " Je suis un homme avec une mission"


C’est curieux. Alors que l’on va vers un scrutin communal (octobre 2012) qui, en Flandre, pourrait bouleverser spectaculairement pas mal de donnes; alors que la N-VA est toujours le premier parti du pays, on dirait que Bart De Wever ne suscite plus guère l’intérêt.
Pourtant, la longue interview de fond qu’il vient de donner à Doorbraak (mouvement flamand) est loin d’être inintéressante. Ne fut-ce que parce que De Wever y emploie un ton très Michael Collins…
Extraits choisis:
--"J'ai de la patience pour capitaliser. Je suis un homme avec une mission.Cela peut paraître solennel, mais je veux le dire"

--"Rien n'est aussi fort qu'une idée. Je suis optimiste. Les seuls qui peuvent tout bousiller, c'est nous-mêmes..."
-"Je ne peux pas offrir l'indépendance: c'est irréaliste. Je ne crois pas à l'indépendance immédiate."

-"Pouvez-vous imaginer ici, comme en Ecosse, un magasin Lidl qui proclamerait: "Fier de servir la Flandre"? Il devrait vite fermer! "

-Il n’y aura pas de coalitions communales avec le Belang, ce serait "aller à l'abîme". Leur "coeur de métier", c'est le "show anti-Islam", l’anti-immigrés…

-"J'ai d’ailleurs l'impression que le discours anti-immigrés du Belang est devenu pour eux bien plus important que l'indépendance"

-"Je me demande si N-VA et Belang ne feraient pas mieux de se centrer et de maximaliser sur leur propre base, au lieu de s'en prendre l'un à l'autre. Moi, j'essaie de ne plus mener d'action offensive à leur égard.(...) J'essaie juste de parer à leurs attaques" (...) " Vous ne pouvez pas dire que le Belang est un parti comme les autres, ce n'est pas le cas. Sa perception, c'est aussi la réalité.(...) Le Belang avait laissé présager un virage à 180°: en fait il se durcit et s'aigrit".

-"Je parle aussi peu que possible devant le mouvement flamand, c'est prêcher aux fidèles. J'aime à parler au Rotary, Club 51, les Lions, Davidsfonds, les clubs philanthropiques, les clubs d'affaires...Si vous pouvez convaincre les intellectuels, l'élite, vous avez fait 90% de votre chemin."

-"Je passe plein de temps avec des diplomates étrangers, j'en ai reçu vraiment beaucoup: nous sommes le plus grand parti du pays"

Sondage Libre-RTBF du 2/12: éloquent...

mercredi 23 novembre 2011

Google Milquet View

Cest-y-pas-possible ! En flânant sur Google Street View Belgique (en ligne depuis ce 23/11) je découvre que Google a immortalisé la... Renault-bureau ambulant de Joëlle Milquet ! Quelle com !

lundi 21 novembre 2011

Lorsque les symboles extérieurs priment, en communication, sur le discours des politiques (de l’incongruité de la bagnole haut de gamme en arrière-plan des discours d’austérité)

En communication, cette interminable crise ne va pas sans conséquence. Qui croit encore que le téléspectateur prête vraiment attention aux discours répétitifs- et souvent machos-roulement des épaules- des négociateurs mille fois filmés dans une séquence immuablement répétitive où les vrais acteurs sont presque des sacs à dos ou des mallettes bourrées de textes inconciliables.
Mercedes 400 : mieux en hybride écolo...
Ce qui retient encore l’attention de l’homme de la rue, c’est juste les signes extérieurs: les gestes, les images, les objets (le curieux lapin géant offert par le formateur au nouveau-né de Beke…), les modes de comportement.
Le loustic au nez rouge qui a perturbé l'autre soir le direct de la rue de la Loi au JT de RTL-TVI  est sans doute apparu ainsi comme, finalement, très significatif d’une situation politico-politicienne au bord du clownesque.
Bref, tous les signes extérieurs prennent de plus en plus d’importance dès lors que le monde politique n’arrive plus à affirmer sa compétence à décider.
On communique toujours par des symboles et, rue de la Loi, tout signe extérieur est désormais un symbole très fort.
A-t-on assez épinglé cette incongruité de com' qui consistait à voir les ténors des partis balancer leur point de vue sur le devenir plus austère des voitures de société ou, pire, marteler la nécessité de la rigueur (mot poli pour l’austérité). Et ce  tandis qu’à l’arrière plan, se parquaient, se narguaient Audi A8, Lexus haut de gamme et autres BMW, accessoires sur quatre roues du pouvoir. 
Dont le prix vertigineux est parfois masqué par l’alibi de la supposée vertitude d’un moteur hybride supposé écologique mais  qui fait surtout encore blêmir la facture.
Tout symbole est un préalable à la relation sociale: et la forte symbolique sociale de la voiture est hyper-connue, sauf apparemment des politiques. (A l’exception de l’un ou l’autre, comme le président du MR, l’ami-à-Walter-de-la-C5, qui laisse généralement sa BMW en un autre lieu et s’en vient malignement pedibus cum jambis…
Oh, bien sûr, on expliquera que les marques affectionnent de voir leurs volants de prestige tenus par des politiques; qu’il est des ficelles administratives et diplomatiques;  qu’il est des conditions d’achat et des leasings exceptionnels qui vous ramènent presque, à les entendre, la Mercédès haut de gamme au prix d’une Logan. L’argument ne tient pas une milliseconde:  c’est faire fi de la “puissance symbolique” de tels véhicules. Cela nous rappelle ce dirigeant d’une société de logements sociaux qui visitait la faune et la flore de ses bâtiments à bord d’une ahurissante voiture de prestige dont l’insolence, l’incongruité sociale lui échappait puisqu’il l’avait décrochée à 45.000€, soit à moitié prix…”Une affaire”, avait plaidé pour sa défense l’inconscient, qui avait managé sa carrière ”à gauche”.
Les intérêts notionnels, le “spread”, ça, l’homme de la rue a bien du mal à en intégrer les subtils enjeux. La symbolique de la bagnole, encore pour tant et tant signe extérieur de réussite sociale (dans les classes plus jeunes, le smartphone devient  plutôt le “signal” de remplacement) est tout sauf innocente.
Il ne s’agit pas ici d’écrire à l’encre facile de la démagogie: il s’agit de rappeler la “valeur de l’exemple”, si nécessaire lorsque la dramaturgie politique ne cause plus qu’efforts douloureux et restrictions drastiques. L'élection est un contrat de confiance entre l'électeur et son élu. Et cette confiance est un sentiment fragile si M. Tout le Monde  ressent injustice et inégalité.
Faut-il rappeler que, un peu plus au Nord, il n’y a pas que le “modèle allemand” mais aussi le “modèle politique des pays scandinaves”. Ou les ministres roulent dans des véhicules bien plus raisonnables, ou leurs bureaux ont tout du catalogue Ikea et ou ils se doivent de rentrer leurs justificatifs fin de mois. Regardez ce vidéo-reportage: tout est dit.
C’est comme si un certain monde politique belge, si prompt à prêcher les économies, avait tant de mal à s’auto-appliquer cette ligne de conduite, si nécessaire pourtant pour faire adhérer, pour persuader le citoyen.
C’est pour le moins incohérent de voir le niveau fédéral (note Di Rupo) s’engager- allez, c’est déjà mollement- à diminuer de 5% les salaires ministériels tandis que, dans la foulée, les ministres du Gouvernement wallon décident, eux,  assez discretos de se réévaluer de +2,5%.
Une “indexation” à laquelle, pris la main dans le sac des médias  (L’Avenir a eu le mauvais goût de dévoiler la ficelle), le ministre wallon du Budget a décidé -un peu beaucoup poussé dans le dos par son parti- de renoncer pour son compte, comme si c’était là le comble du sacrifice en “fonction de ses ressources”, a-t-il dit à Controverse.
Il n’y a qu’un hic:  André Antoine, ministre CDH et wallon du Budget, roule en Mercédès 400 Hybrid.
Qui s’affiche au catalogue à 97.000 €.

dimanche 20 novembre 2011

Les"Francs Tireurs" du 20/11: le silence des pantoufles est parfois plus dangereux que le bruit des bottes; la pub Benetton, symbole d'une époque frileuse

Porté aux nues après BHV, le formateur vire tête de Turc des médias flamands...

  

Gregory Goethals m'interrogeait, ce dimanche(20/11), dans les "Francs Tireurs" (RTL-TVI) sur la "méthode Di Rupo". Lequel est formateur depuis...une demie-année, ce qui laisse pour le moins le temps d'observer.
C'est finalement assez simple: sur fond de dramaturgie, le formateur déploie une stratégie aussi vieille que la politique.
Cela s'appelle "jouer la montre", laisser transpirer ses rivaux politiques jusqu'à ce qu'ils cèdent.... Avec de temps en temps une grande théâtralisation.
Cela a fonctionné pour BHV: Di Rupo a somme toute attendu que le CD&V laisse tomber la N-VA, attendu que le MR laisse tomber le FDF et que les Verts soient laissés tombés.
Maintenant, laisser mijoter, ça ne fonctionne plus. La dramaturgie a tourné vinaigre. Il est vrai que faire des réunions toute la nuit, ça fonctionne si ça réussit: si ça rate, soir après soir, les m
édias soulignent l’échec.(et même si l'on réussit à ficeler le tout plus tard, ça n'a plus le même impact dans l'opinion)
Et les choses vont parfois très vite en politique: porté aux nues après BHV, Di Rupo est aujourd'hui la tête de Turc des médias flamands, suscitant des critiques même chez les socialistes flamands, le formateur étant accusé de vouloir "faire payer le bon travailleur flamand".
Tout cela s'explique par un problème de fond: vouloir, 37 ans après Leburton, devenir Premier Ministre en étant wallon, francophone et socialiste est tout sauf évident. 
Le formateur, pour la Flandre, doit clairement payer le 16 rue de la Loi par deux fois: le prix d'une réforme de l’Etat voulue par la Flandre et, maintenant des concessions socio-économiques fortes difficiles à avaler par les syndicats.
Etre le deuxième parti, dans un gouvernement, c’est toujours, de fait, plus facile.
Le PS, lorsqu’il était dans un gouvernement comme ceux de De Haene Leterme ou Verhofstadt, demandait traditionnellement que ses exigences soient mieux prises en compte. Aujourd'hui, ce sont les libéraux qui reprennent ce rôle.


lundi 14 novembre 2011

L’inertie politique creuse le fossé Nord-Sud: ou comment la N-VA agite la peur au ventre de la Flandre de basculer vers la “Zone Ouzo”…

Théodore Dalrymple, le gourou de Bart De Wever.
 “Pourquoi devrais-je me sentir solidaire de l’Afrique ? Je ne me sens pas non plus solidaire de la Grèce…” déclarait ce week-end l’écrivain Theodore Dalrymple au Laatste Nieuws, dans une fort intéressante interview.
Un point de vue qu’on se contenterait d’enregistrer sans plus si le conservateur et sceptique Dalrymple (de son vrai nom Anthony Daniels) n’était le “gourou” philosophique affiché de Bart De Wever.
Dont il n’aurait, ceci soit en passant, d’ailleurs pas trop apprécié qu’il pleure si publiquement à l’enterrement de Marie-Rose Morel (ex-Belang) puisque son dernier opus s’en prend précisément tout entier au “sentimentalisme excessif de nos sociétés”
Dénonçant cette “abondance d’émotions fausses et surévaluées”, cette époque ou chacun “doit démontrer publiquement qu'il est un homme sensible”. 
Bref, ce “ culte du sentiment” qui fait que la Monarchie britannique s’en est retrouvée ébranlée à la mort de Diana, la Reine Elisabeth n’y allant pas d’une larme en public. 
"Quarante millions d'ours en peluche ne peuvent  pas se tromper », écrit ironiquement Dalrymple pour qui l’époque doit revenir à la “sobriété”.
“Dans le passé, écrit-il, la classe ouvrière, si elle ne pouvait se permettre quelque chose, ne l’achetait pas. Nos politiques sont les premiers coupables d’avoir permis de vivre à crédit…”
On vous raconte ça parce que, au 520ème jour d’attente lugubrée d’un gouvernement, on voit bien combien cette philosophie là plait de plus en plus à une certaine Flandre.
Au delà des péripéties des diverses haltes politiques du train de l’inertie, c’est un fait marquant: l’interminable formation accentue encore, mine de rien, la  fracture Nord-Sud. 
Bien embêté lorsque l’accord communautaire fut noué, Bart De Wever ne peut que jouer de voir les négociations budgétaires ainsi s’empêtrer jusqu’à l’absurde  (deux budgets)
Alors que la N-VA, censée être l’obstacle à tout, a quitté la table depuis quasi… 130 jours.
Ce n’est un secret pour personne rue de la Loi: le risque est grand, sinon déjà assuré, de se réveiller brutalement un matin de toutes ces dodomontades politiques avec une coûteuse dégradation de la cote belge (AA+ sous surveillance) par les agences de notation.
Ce n’est un secret pour aucun citoyen, l’opinion fut-elle atone n’étant tout de même pas dupe: c’est une cascade de mesures et de taxes rétroactives qui l’attend. Malgré les veloutés de regard des politiques pendant les JT, ceux-ci vont lui présenter  la facture de ces mêmes 520 jours et de l’amorphisme depuis 2007 .
 Cela recoupe ce que dit Dalrymple, le caustique loustic philosophe de droite:
“ Comment se prémunir contre les conséquences économiques de l’imprudence, de l’immature, de l’enfantin, de l’idiot, de ce qui vire carrément à un comportement criminel. "
Donc, Bart De Wever pousse sa goualante désormais devant chaque micro: « Si l’on suit Di Rupo, on se jette dans la tempête de l’euro, dans la “zône Ouzo” .
Le  boss de la N-VA sait mieux que quiconque combien la Flandre craint, au ventre, tant et tant pour sa prospérité.
Et de creuser, par un discours très tranché, le vrai fossé Nord-Sud, les derniers chiffres  (le spread à un niveau record) démontrant combien les marchés se méfient:
 « Avec l’économie de la Flandre, nous aurions pu aisément suivre l’Allemagne, mais dans le contexte belge, nous nous retrouvons au rang de la Grèce, de l’Italie et de l’Espagne », dit De Wever.
Sous-entendu dans sa machinerie pensatoire : la Belgique est, pour nous les flamands, un boulet inefficace. Sous-entendu, marre des transferts financiers vers Bruxelles et la Wallonie, vers “Athènes-sur-Meuse”,  tout comme l’athéiste Dalrymple ne voit pas de raison évidente d’aider les grecs ou les africains…
L’enjeu a de quoi faire frissonner dans les foyers: la Belgique va-t-elle basculer vers le “Sud décadent” ou le “Nord si responsable” ? (à cela près que salaires de merde et pauvreté explosent en Allemagne: le nombre de pauvres vient d’y passer de 8 millions à 15 millions…)
Cela fait 180 jours que le formateur semble endosser son même pull gris pour une négociation grise dans un paysage politique gris à l’avenir plus noir que gris. 
Avec des libéraux flamands qui, croyant se refaire, renaudent sans cesse sans craindre de  préparer sans doute leurs propres grises funérailles. Avec un futur Premier ministre contesté dans ses méthodes avant même d’être en place. Avec cette évidence que si cette formation aboutit enfin, on va vers un gouvernement fragile, certains négociateurs ne lui donnant pas six mois.
Fragile parce que les marmelades tripartites, dans l’histoire de ce pays, ça n’a jamais vraiment plu. Fragile parce qu'un Premier Ministre francophone doit d'évidence payer le prix de son accession au 16 rue de la Loi. Fragile parce que, malgré les concessions obligées, le Nord du pays supportera difficilement un Premier wallon, francophone, socialiste et surtout- ah, le sac à irritations- imparfaitement bilingue pour nombre de flamands. Fragile parce qu’il risque d’être, par les mesures à prendre, aussi socialement contesté qu’impopulaire. Fragile parce que la N-VA attendra patiemment l’heure de rebattre les cartes: les élections de 2014, c’est déjà dans 930 jours.
Et que les graines de l’autonomie, sur un terreau aussi enrichi aux dissensions, au compost des peurs et au fumier d’égoismes organiques, ça peut germer vite.



mercredi 26 octobre 2011

L'affiche très bucolique du CD&V pour s'attribuer les lauriers BHV.

Cette étrange affiche est signée du CD&V. Et encartée ce mercredi (26/10) dans les journaux flamands. Faites attention: regardez comme elle nous montre un paysage excessivement bucolique: comme si la notion même de ville faisait un peu peur à ses initiateurs ... 
C'est mitterrandien en diable, avec l'inévitable église dans le paysage. (et un "AUB" pas très lisible graphiquement.)
Le but est simplissime: montrer  en Flandre que le parti de Wouter Beke a réalisé le très ancien objectif du Mouvement flamand.
"Il a fallu du temps et du courage, dit le CD&V. Le courage de ne pas rester à côté, car il est difficile d'oser négocier. Mais le résultat est là ", gna, gna.  Bref, BHV, c'est grâce à nous".
Le hic, c'est que ça manque un peu de force. On voit bien l'idée de l'agence de pub: " On va associer BHV à AUB" (Alstublieft). Ce qui veut dire "voici" (ce qu'on dit quand on offre quelque chose à une personne sur un plateau d'argent...) mais  signifie aussi "s'il vous plait "en néerlandais . ("Stop met roken aub", arrêtez de fumer svp.)
Bref, pas très couillu. Bref, très CD&V.

Les miscellanées de crise de Bart De Wever (“Elio Di Rupo nous avait proposé de laisser tomber le CD&V “)


Les médias francophones n'ont relayé qu'une faible partie de la très longue interview commune accordée cette semaine par Bart De Wever et Liesbeth Homans (proche sénatrice N-VA) à l'hebdo "Humo".
L'interview est pourtant fort intéressante, De Wever y donnant longuement (6 pages) sa version de la crise en sautant d’un sujet à l’autre, comme s’il s’agissait de rédiger des “Miscellanées de la crise”, et ce depuis sa toute première rencontre avec Elio Di Rupo à Vollezele.
( Payottenland)
Citations synthétisées (je les ai d’abord diffusées sous forme de tweets):

- "Il faut savoir qu'après le rejet par Beke de la note de Vande Lanotte, Elio Di Rupo nous a proposé de laisser tomber le CD&V".
-"Il y a de flagrants mensonges. (d'Alexander De Croo) J'étais malade dans le lit qu'on m'a aménagé à la N-VA mais j'avais bien envoyé un SMS négatif à De Croo et Beke."
"On amène A. De Croo à bord et la première chose qu’il fait, c’est nous débarquer ». Et d’ajouter : « Dans le cas du CD&V, cela me laisse un goût encore un peu plus amer. Vous devez vous rendre compte du nombre de fois que le PS nous a mis sous pression pour laisser tomber le CD&V ». 
-"Di Rupo est un "seigneur" et un "marchandeur de charme". A notre toute première rencontre, il m'a dit: "Bart, il y aura des choses énormes!"
-“ Di Rupo, lorsque je l’ai vu pour le première fois, m’avait apporté un cadeau: un livre sur Mons. J’étais embêté, je n’avais rien, moi… La fois suivante, je lui ai  donc apporté quelque chose ayant trait à Constantin Meunier, un artiste du Hainaut…”
-"La vision de la réforme de l’Etat de Bart expliquée à Elio à Vollezele. « J’avais l’impression que chaque mot était comme un coup de tonnerre pour Di Rupo. Après un quart d’heure, il était comme abasourdi. C’est une image que je ne suis pas près d’oublier »

LE NEERLANDAIS D'ELIO

-"Le faible néerlandais de Di Rupo conduit parfois à des situations absurdes. J’ai un jour demandé à Elio si un texte envoyé n'était pas sous l’influence de Joëlle Milquet.
Un SMS d’Elio m’a répondu:"Joëlle is hier buitenlands aan", voulant traduire en fait: "Elle est étrangère à cela"…
-"Ma femme de ménage est nigériane. Elle est en Belgique depuis deux ans mais elle parle mieux le néerlandais qu'Elio ."
-"On ne peut pas vendre une sacoche avenue Louise sans être bilingue, mais on peut devenir Premier Ministre sans bien parler le néerlandais !".
" Ce sont ceux qui veulent garder la Belgique qui sont à peine audibles en néerlandais. Onkelinx, Milquet et Di Rupo n'y arrivent pas" (ne le peuvent pas)
-"Quid lorsque la future génération de politiques flamands ne parlera plus le français ? Tout le monde un Assimil pour l'anglais ? A un moment, on va se réveiller dans un film de la Panthère Rose…
-"Moi, en 2007, pour mes cours de français à Limont, j'ai eu un exercice où je devais appeler l'Office du tourisme à Liège. Et j'ai dit: " Bonjour ! c’est Bart De Wever à l’appareil Je voudrais venir pour une croisade" (au lieu de.. croisière). (…) "Je serai le dernier à sourire donc d’un francophone qui fait fait une faute en néerlandais. “

Et, enfin, De Wever,  sibyllin, sur l'avenir de son parti et indirectement le sien:
"Il y a peu de choses plus importantes qu'Anvers sauf cette question, plus importante qu'Anvers..." Comme quoi Bart De Wever, bourgmestre d'Anvers, ce n'est pas encore fait: parce que, sans son homme providentiel, que deviendrait le "parti De Wever" ?
- Et, finale sûre d'elle de De Wever : "Les partis traditionnels sont tombés de 80% à 45%. L'histoire ne changera pas de direction. "Our day will come".

dimanche 23 octobre 2011

Les "Francs Tireurs" (RTL-TVI) du 23/10: les histrions d'une sotte pipolisation ( Louis Michel, Melchior Wathelet, Philippe Courard; Jean-Marc Nollet)

 Je suis de ceux qui, ceux qui me font le plaisir de me lire sur ce blog le savent, n'ont aucun préjugé vis à vis d'une certaine dose de "pipolisation".
En 2011, l'électeur a envie et a le droit de connaître un peu mieux l'homme politique pour lequel il vote...
Tout est évidemment question, en communication réfléchie, de mesure et de climat ambiant de la société qu'on est censé représenter.
Donc lorsqu'on a découvert les vidéos de "Sud-Presse" (joli coup média) où certains de nos politiques  acceptaient de se mélanger à des personnalités diverses (Jacques Mercier, Kroll, Scoriels, etc...) pour se déguiser en... personnages de Tintin, on s'est pincé au sang.
`On s'est dit: "Mais dans quel monde clos vivent-ils, nos politiques?" ( Melchior Wathelet, censé être en première ligne pour les dix milliards à trouver pour le budget 2012; Philippe Courard; Jean-Marc Nollet...) (cliquez sur les noms pour voir les vidéos)
Comment ne pas se rendre compte que, loin de servir leur image (au nom de l'argument ressassé : "faut bien être sympathique"), c'est totalement désastreux cata en communication.
On croit rêver: Dexia est un drame financier qui risque de plomber la prospérité relative de la Belgique; Arcelor-Metal, SNCB et plein d'entreprises moins en vue liquident des milliers d'emplois; les prix de l'électricité et du gaz électrocutent le pouvoir d'achat; le problème des demandeurs d'asile n'est qu'un immense boxon hautement exploité (à juste titre) par la N-VA (huit ministres concernés) et voici que des élus trouvent le moment opportun pour se comporter comme des histrions.
Carrément imbéciles autant que sots.
Imaginez-vous Alain Juppé se déguisant en Obelix ?
Croyez-vous que Bart De Wever se laisserait aller, lui, à une telle, oui il n'est pas d'autre mot, indignité politique?
Le ridicule ne tue pas:  mais il est des moments où l'on désespère vraiment des hommes politiques.

(mon coup de gueule de Franc-Tireur sur la vidéo bachibouzouk de Louis Michel en Capitaine Haddock est vers la 23ème minute de la séquence...)

 
Une vidéo à découvrir sur www.rtl.be



mercredi 19 octobre 2011

Lobby Awards 2011 de la com’: l’étrange pudeur des politiques à admettre leurs stratégies de séduction


C’est assez étonnant : la séduction est inhérente à la politique. 
Et pourtant rares sont ceux qui, rue de la Loi, sont prêts à admettre, à avouer que c’est pour eux, tantôt une stratégie, tantôt carrément un état d’aguet permanent.
C’est que séduire- c’est à dire aujourd’hui recourir à la communication politique- ça vous a toujours un côté péjoratif, de dégradation de la chose publique. Qui s’opposerait à la supposée “noblesse de la politique”. Laquelle ne passerait forcément que par la force des convictions, de la raison, des arguments hélas parfois soporifiques.
La réalité est que l’un ne va pas sans l’autre, et ce depuis la nuit des temps.
En ces temps ou l’image est reine (la métamorphose de François Hollande en étant le témoin du moment), il faut sans cesse répéter que le succès politique relève de divers mécanismes complexes, souvent mystérieux, sinon miraculeux.
D’un étrange cocktail qui fait que communiquer avec toutes les ficelles des esbrouffeurs de la com’ ne suffit aucunement à garantir quelque succès politique (ils font d’ailleurs souvent pire que mieux, tuant l’authenticité-atout de leur victime…).
Et qu’à l’inverse, l’homme aux convictions fortes ne peut non plus, désormais, se passer des stratégies de la séduction.
On y pensait en découvrant le “cru 2011” des “Lobby Awards” de la communication politique (on lira le palmarès ci-dessous) qui, mine de rien, fait somme toute très vite et très bien le “tri” pour ce qui est de la faune de notre microcosme politique (généralement inconnue au delà de 150 km à vol d’oiseau).
D’un côté les grands fauves  (le matois Di Rupo cette fois devant le rugissant De Wever; Reynders, Javaux, Vande Lanotte, Onkelinx), de l’autre les espoirs peu ou prou convaincants ou encore parfois par trop sous-estimés (Ch. Michel, Benoît Lutgen, Paul Magnette, Wouter Beke) .
Et les plus grands ne sont pas à l’abri d’une erreur de “markétisation” aux ficelles par trop ficelées. Oh, ce n’est qu’un détail mais –selon la formule agaçante en vogue à la rue de la Loi- “le diable se cache dans les détails”.
Tiens, au passage, a-t-on ainsi assez perçu, du côté francophone, qu’Elio Di Rupo (Numero Uno au classement général, premier pour la “compétence”, deuxième en “talent médiatique”), avait été assez mal perçu au Nord avec son cadeau ( l’énorme lapin Noukie) “plus que ringard”, “un cadeau-cauchemar comme on en faisait en Flandre il y a 20 ans”, à Nette Beke.
(zavez remarqué: Alexander et Wouter ont donc conçu leur progéniture entre les deux démissions de Johan Vande Lanotte, en janvier dernier)
Didier Reynders, en remontée (3ème) (photo Stanley David de Lossy)
Une chose est de se débrouiller honnêtement en néerlandais; autre chose est de percevoir les moeurs, les sensibilités de l’époque en Flandre.
Observons aussi un instant Bart De Wever (n°1 l’an dernier au classement général de ces “Lobby” et toujours, en 2011, en tête pour ce qui est de la “cohérence” et du “talent médiatique”).
Voici le type même du politique qui joue, en communication, sur l’identification à l’électeur, sur l’adaptation momentanée à chaque catégorie sociale de la Flandre. 
Bart a bien lu Cicéron et a fichtrement bien adapté l’antique formule magique: puisqu’il est comme le bon flamand, le bon flamand croira en lui. (d’autant plus que le nationalisme séduit en promettant toujours un avenir meilleur mais forcément lointain).
Je n’arrête pas de lire ou d’entendre, ces dernières semaines, moult savants commentaires m’expliquant à l’envi “que Bart De Wever et la N-VA ne seraient plus très bons”, que “Bart a loupé le coche de l’histoire” et autres prédictions catastrophiques pour le grand gagnant des "Lobby Awards" d' il y a un an.
Las, c’est oublier un peu vite une règle politique qui veut qu’un parti (ici, la N-VA) peut aussi bénéficier des jugements négatifs portés sur les autres. 
Et que le CD&V de Wouter Beke (qui ne peut prendre une décision ferme sans devoir en référer à Kris Peeters) et que l’OpenVLD d’Alexander De Croo (au caractère léger autant qu’imprévisible) sont à tout le moins en méforme, sinon en voie d’être lâchés ou punis par une partie de leur électorat qui n’avale plus forcément ce que lui vendent les élites.
Dans ce climat bizarre, comme si la Flandre était émotionnellement déchirée, on ne peut constater qu’une chose: c’est que, jusqu’à nouvel ordre, sondage après sondage, ça plane toujours pour De Wever et que le “Bartland” se porte bien. Dernier coup de sonde en date à Anvers, fief il est vrai de De Wever, où la N-VA se voit carrément pronostiquée d’une trentaine de pour cent aux prochaines communales tandis que le CD&V s’effondrerait à… 4%.
Ce qui ramène toujours à une très bonne question:
dans l’optique de son seul intérêt de parti, l’erreur du CD&V n’a-t-elle pas été, non pas d’inventer le cartel CD&V-N-VA, mais bien de le défaire ?

Laurette Onkelinx avec Paul Grosjean (Lobby)(photo Stanley David de Lossy)





TOP 10






Pts
1
Elio Di Rupo
155
2
Bart De Wever
134
3
Didier Reynders
66
4
Olivier Maingain
61
5
Jean-Michel Javaux
48
         6
Johan Vande Lanotte
42
7
Paul Magnette
34
8
Laurette Onkelinx
29
9
Karl-Heinz Lambertz
27
10
Charles Michel
14

Melchior Wathelet
14
TOP 3 par dimension


Pts

Compétence


Elio Di Rupo
45

Didier Reynders
30

Johan Vande Lanotte
24

Cohérence


Bart De Wever
38

Elio Di Rupo
26

Olivier Maingain
25

Réactivité


Olivier Maingain
26

Elio Di Rupo
20

Bart De Wever
14

Talent médiatique


Bart De Wever
49

Elio Di Rupo
32

Paul Magnette
14

Forme


Elio Di Rupo
32

Bart De Wever
28

Jean-Michel Javaux
23





jeudi 29 septembre 2011

Pourquoi, grâce à un tic psy, Milquet est devenue la star involontaire d’un Twitter moqueur…(#cestjoelle)


C’est un paradoxe: en juin 2010, Joëlle Milquet vexait grave les férus des réseaux sociaux en balançant: “ Moi, je ne fais pas de la politique sur Twitter comme une teenager…
 Quinze mois plus tard, sans être un poil davantage sur Twitter (ou elle ne dispose même pas d’un compte) l’ex-présidente du CDH en est subitement la star involontaire au travers d’un #hashtag (le mot clé indiquant un thème de discussion et précédé du symbole dièse) surréalisto-impertinent: le désormais homérique #cestjoelle.
Soudain, le virage médiatique vers une consécration populaire...
Ce sera assurément éphémère mais se rend-on assez compte que le phénomène est en passe d’assurer à Joëlle Milquet, mine de rien, une notoriété virale "à la Daerden" d’autant plus exceptionnelle qu‘elle se mêle, elle, de familiarité et d’ironie très sympathique…
Petit détour pour mieux comprendre: les politiques s’imaginent souvent qu’avec Facebook et Twitter, ce qu’on appelle les “réseaux sociaux”, ils peuvent échapper aux journalistes dérangeants (la chazalisation de l’info n’est pas encore la norme) et ainsi communiquer sans intermédiaires gêneurs avec leurs électeurs. Le pied.
Las, tout le monde n’a pas les moyens ni les équipes d’Obama, l’exemple usé jusqu’à corde.
Donc, à de rares exceptions, les politiques émettent pour la plupart des messages si inintéressants que, comme disait l’autre, “les pixels hésitent à s’aligner pour former des mots…” Ou alors, comme Bart De Wever, ils additionnent des milliers de followers mais en restent à zéro tweet.
Conséquence: c’est plutôt en sens inverse que ça fonctionne. 
Avec une force de frappe d’influence d’une rapidité hallucinante, Twitter s’affirme, sinon comme un contre-pouvoir, à tout le moins comme un formidable oeil démocratique.  Surlignant instantanément les inepties et autres dérapages de nos représentants politiques, de tous ceux que nous avons élus...
C’est parfois gentillet (au hasard, les aberrations de Fadila Laanan et de son nounours), c’est parfois plus hard (au hasard, les SMS et autres comportements de Leterme), c’est souvent salutaire (au hasard, les dérives du Belang, du Parti Populaire ou du MLD).
C’est, dans ce cas-ci, au delà du côté blagueur,  une liberté d’expression critique .
Le chansonnier du temps, c’est le Tweet moqueur.
Dans son genre, Joëlle Milquet est d’ailleurs, depuis toujours, une “bonne cliente” pour Twitter. A chaque fois que, perso, je tweete parfois une p’tite phrase déclarative de Joëlle, même de bon sens, c’est le retweet massif assuré: par acrimonie ou par moquerie, je ne sais, mais ça ne laisse jamais indifférent…
Pourquoi ? Parce que chacune de ses interviews- et le Dieu de l’ancien PSC sait qu’elles sont multiples- est marquée au sceau-comment dire ?– d’une légère hypertrophie du “moi”.
Qu’un contradicteur évoque n’importe quelle idée et #cestjoelle vous répliquera que c’est évidemment “son” idée-qu’elle-avait-déjà-eue ou que celle-ci figurait déjà dans le programme du CDH d’avant Gutenberg, son “enfant de parti” ayant tout vu, visu, prévu, prédu avant tout le monde.
Un tic psychologique qui, depuis lurette,fait sourire- ou grimper aux rideaux c’est selon- toute la classe médiapolitique.
Joëlle- a-toujours-raison balance ainsi depuis des années ses affirmations avec tant de foi que, sur le coup, on ne remet pas en cause ce qu’elle dit. Et le temps que l’on réfléchisse, elle a déjà zappé sur un autre thème, assénant d’autres certitudes; qui, sans doute, l’auto-rassurent, elle qui doit tant et tant se battre dans un monde toujours si macho. (un argument qui lui sert aussi souvent à clouer le bec à ses adversaires)
Le hic, c’est que dès qu’on sort des sentiers battus, une personnalité qui-a-toujours-raison, à l’instar de l’ex-présidente du CDH, en arrive à sortir…euh…des perles nacrées vernies à l’ assurance culottée.
Joelle Milquet a des variations politiques étonnantes (le fameux couloir entre Bruxelles et la Wallonie, spectaculairement exigé par elle, en est un exemple bhvéblouissant) mais ça n’a pas d’importance.
Lorsqu’elle parle, y’a comme un côté  incantation visant à s’auto-convaincre. De ce qu’elle a tout prévu, tout inspiré, toujours eu la “bonne idée”.
Alors, bien sûr, ce côté “j’ai-toujours-raison”,  je ne fais pas d’erreur, mon avis est forcément meilleur, c'est moi qui l'ai pensé le premier, ça fait rire ou ça agace.
Jusqu’à la perle de fin de collier: cette interview nombrilisante au micro de Fabrice Grosfilley ou elle s’exposait une fois de plus à la moquerie en laissant entendre en substance: "Yves Leterme à l’OCDE? C’est grâce à moi!"
Le sourire, le rire, quand il est partagé, devient créateur de communauté.
Le truc humoristique en lui-même n’est pas neuf, (la dérision par non sense, le répétitif ou les aphorismes absurdes) mais, adapté par les “Daymakers” de Twitter, le gimmick moqueur #cestjoelle  vire soudain culture populaire.
Via @NicolasBecquet
Les twittos belges n’ont pas vraiment inventé quelque chose: c’est juste une mystérieuse sauce médiapolitique qui, soudainement, a pris.
C’est en fait une “adaptation à la belge” d’une déjà classique démarche-dérision propre à l’outil Twitter. Mais le liégeois @Hugues ne s’attendait pas à un tel buzzz  (tous les tweets sont ici) lorsqu’il posta son premier twwet-hameçon:” "Les schtroumpfs à New york? C'est grâce à Joëlle!"
Le comble de la célébrité, c'est de donner naissance à un hashtag : l'inmaîtrisable #cestjoelle est donc un grand pas pour l'humanité du tweet.
Un phénomène qu’on avait pourtant déjà vu se développer dans bien des pays, qu’il s’agisse de l’Egypte de la chute de Moubarak. ( le hashtag #ReasonsMubarakIlate donnait des tweets comme:
“ Vous croyez que c’estfacile de faire rentrer des lingots d’or dans des Vuitton ? “) ou, bien plus proche de nous, en France. Ou l’ambitieux et juvénile fiston à Sarkozy déclencha une vague absurde similaire avec le hashtag #jeansarkozypartout. (à lire sur ce site dédié)
A la différence que la vague d’humour qui balaya Jean Sarkozy était grinçante: ici, le #cestjoelle est bien plus sympathique, presque affectif. 
C’est qu’en abandonnant son si critiqué cumul Vice Première Ministre-Présidente de parti, “Madame Non” (à l’instar de ce qui s’était produit au départ de Didier Reynders du MR) bénéficie soudain d’un regain de sympathie dans l’opinion. 
Et Twitter est, mine de rien, en train de lui apporter la consécration populaire tant rêvée.
Donc, si elle ne colle pas le slogan  “C’est Joëlle” sous ses prochaines affiches électorales, c’est qu’alors “Madame Non”, ne comprendrait décidément rien à la com…


Une vidéo à découvrir sur video.belrtl.be




mardi 27 septembre 2011

Le “Logo” rigolo de la Fédération Wallonie-Bruxelles: où on a clairement oublié qu’un changement d’identité, ça ne se bricole pas…


Un style "Union Libre"...
C’est quasi automatique: tout nouveau logo déclenche souvent la polémique, faisant s’étonner (alors, c’est qu’il est sans doute bon), rire, ricaner ou protester (le bon vieux syndrome du “c’était mieux avant”). On l’a vu encore il y a peu avec le relookage de “Pure FM”.
Ce qui frappe, au delà du chapelet de moqueries et de plaisanteries plus ou moins farces déclenché par le logo de la nouvelle Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est la rapidité, le côté vite-fait-sur-le-gaz.
La rupture dans l’excitation de l’invention du bigntz sémantique inventé symboliquement en avril pour contrer, non sans logique, les volontés flamandes.
Cette même précipitation qui explique les lapsus de Rudi Demotte (la superbe perle de la “ Fédération Wallonie…Flandre”) et  autres orateurs* eux-mêmes auto-déconcertés de ne plus pouvoir prononcer les mots  “Communauté française”, soudain périmés , bannis, carrément hors-stock politique.
Cette même précipitation qui explicite le comique des micro-trottoirs télé ou le quidam, qui avait à peine  commencé à vaguement intégrer le rôle de feu la Communauté française, se retrouve évidemment bec dans l’eau lorsqu’on l’interroge sur la nouvelle appellation politiquement ripolinée.
C’est peut-être de la stratégie politique, mais ce à quoi l’on a assisté en ce 27 septembre, c’est en tout cas, médiapolitiquement, de l’impro totale de com’.
Petit rappel élémentaire connu de toute entreprise: un changement d’identité, c’est un fameux, un énorme défi. C’est souvent l’annonce d’un enjeu (ici, c’est l’évidence même), d’une ambition.
C’est donc délicat: il faut réaliser l’évolution sans renier ses origines, sans faire injure au passé. 
Le logo Fiszman: efficace mais viré.
 Donc, garder aussi des repères, quitte à les adapter au culot, car créer c’est oser.
Jusqu’ici, la Communauté française Wallonie-Bruxelles déclinait un triple logo dit “Fiszman” (du nom de son créateur, qui avait réalisé un joli travail graphique).
Le coq hardi, que l’esthétique de Pierre Paulus imposa jadis, était en fait - on l’ignore trop souvent- l’idée d’un… bruxellois. Un paradoxe puisque, aujourd’hui, il est évident que nombre de bruxellois ne se retrouvent pas tous dans ce symbole, jugé à leur estime par trop wallon. 
Ce qui n’empêche que le coq (qui sera donc désormais uniquement emblématique pour la Région wallonne) est un symbole riche et fort, associé mine de rien à de multiples mythologies très évocatrices…
Les sponsors de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont donc choisi de tordre le cou au coq (alors que le cahier des charges du concours laissait pourtant la possibilité d’une subtile adaptation mêlée à l’Iris bruxellois, histoire de se garder des références mémorielles…).
Ce n’est pas rien politiquement non plus, ce choix: cela pourrait aussi signifier mine de rien, mais oui,  que les régions montent en importance;  puisque Wallonie et Bruxelles n’auront donc plus de symbole très fort en commun, mais un logo qui mettra –c’est la loi du secteur du logotype- bien du temps à tenter de s’imposer.
L’Iris, symbole fort et intégré par la population de la capitale, fleurira donc plus que jamais en un  Bruxelles à la fibre de plus en plus régionale.
Et le Coq, symbole depuis lurette dans l'imaginaire wallon de Mouscron à Verviers, chantera plus que jamais en Wallonie. (ou certaines âmes militantes n’appréciaient d’ailleurs guère que leur volatile hardi serve aussi d’emblème à cette même Communauté jugée par trop dans la logique d’une centralisation belge …)
La Communauté française est un peu née jadis comme pendant francophone obligé d’une Communauté Flamande exigée haut et fort par la Flandre; dès lors que le "plan B " reste dans les cartons, la Fédération Wallonie-Bruxelles est un peu aujourd'hui un relookage pour faire face à une Flandre lorgnant sur Bruxelles; et ancrer ainsi le principe que celle-ci ne sera jamais aliénable à la Flandre.
Cette Fédération est encore tout sauf claire, pas forcément crédible pour les gens, n’y voyant souvent qu’un élément toujours aussi peu compréhensible dans un échafaudage institutionnel inextricable dans ses structures …
Cette Fédération flotte: ce qui explique peut-être que les éléments de son nouveau logo… flottent tout autant, comme en apesanteur graphique, sans beaucoup de connections entre eux.
Rejettez donc un oeil sur le logo- qui sera officialisé par décret- en haut de cette page.
Comme disait l’autre, c’est un logo prêchant plutôt pour l’union libre entre les partenaires. Sans connexion entre les éléments graphiques.
Ca n’a rien de costaud.
C’est mou.
Cela ne pèse, ne saute pas aux yeux.
Cela hésite graphiquement entre l’importance des mots (c’est quoi le  plus vital, le mot “fédération” ?)
Oui, bien sûr, soyons de bon compte: il y a un “signe” tricolore, assez original et sans doute suffisamment intemporel que pour durer .
Mais, et c'est crucial pour un logotype, ce symbole suscite-t-il la moindre émotion ?
(au choix, les internautes s’en moquent joyeusement en le comparant à des piments, un test de Rorsrach, une frite, une baleine, des caractères arabes ou hébraïques, etc…mais jamais à un sentiment)
Déclenchera-t-il, ce logo, la moindre mémorisation ? Genre: mais c’est bien sûr, on est des francophones fédérés…
Sera-t-il –comme il convient en communication – perçu avant d’être vu ?
J’avoue avoir moi-même (QI pas terrible) mis du temps à capter , à deviner le W et le B. Ben oui,  puisqu’on n’a pas jugé bon de faire tout simple en donnant de la force aux trois lettres qui, fichtre, s’imposaient: FWB)
Certes, tout jugement est subjectif.  Mais un logo, une nouvelle identité, ça ne se bâcle pas comme ça. Il ne suffit pas de mettre du gel dans les cheveux à la typo ( le style Letraset- ces lettres qu’on collait sur des feuilles dans les seventies- c’est un peu la mode graphique…)
Non point que je mette en doute  la talent des nominés ni le niveau des projets enregistrés à ce "marché de services" ("il a été jugé préférable de ne pas recourir au concours au vu des courts délais" peut-on lire dans le document de juillet). Ce qui m'énerve un chouia c’est que ce soit un jury de mandarins  qui ait, tout seul, décidé en totale précipitation. ("Il n'y aura pas de professionnels du secteur dans le jury " précise froidement le document officiel, "mais un représentant du Cabinet du Ministre-Président; un représentant de chacun des Cabinets composant le Kern wallon; un représentant de chaque parti politique composant le bureau du Parlement;deux représentants du Parlement ;deux  représentants du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles). Bref, juste des politiques ou des para-politiques de la Fédéwalbru ou de la Fédébruwa, sans nul doute honorables mais qui n'ont pas forcément la compréhension ni le goût de la recherche d'adéquation entre le graphisme et le sens qu'il doit exprimer.
Résultat des courses: un Logo facturé pas trop cher mais sans adéquation entre signe et sens. A preuve le tsunami de dérision, le déluge de réactions rigolotes sur les réseaux sociaux, montrant d'évidence que le nouveau logo n’est guère lisible pour l’opinion, qui n'y adhère pas.
C’est, comme le dit un de mes amis publicitaires, le drame des réunions institutionnelles qui débouchent par nature sur des opérations sans grande réflexion sur la cohérence, des créations sans conviction et des consensus mous.
Pour explorer le champ des possibles politiques, le bricolage n’est pas la méthode la plus efficace.



* Le bourgmestre de Bruxelles, Freddy Thielemans, a présenté J-C Luperto comme ... président du Parlement Wallon. (en fait, il préside celui de la Communauté Française :-)


Un logo qui fait la joie des réseaux sociaux ...