Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

vendredi 26 novembre 2010

Hypothèse de moins en moins hérétique: les avantages d'un reboot électoral (à la Saint-Valentin ou à la Saint-Glinglin)


Petit exercice mental. Prenez 30' pour imaginer: si on revotait, quels seraient diable les slogans, les thèmes de cette campagne électorale-bis totalement inédite?
Et quel serait cette fois le réel positionnement des partis?
Qui ne pourraient plus biaiser sinon duper, se complaire dans des contes de semi-fées ou racoler en évitant, comme en juin dernier, les vrais sujets de fond.
Allez, vous imaginez  Joëlle Milquet recoller encore son belgicain “L’Union fait la force ?” Ou Paul Magnette y aller de son argument décisif: que “Tomates-Crevettes” se dit itou “ Tomates-Crevettes” au Nord  et que donc ou-qu’il-est-le-problème ?
Pensée hérétique à l’encontre de l’hypocrisie ambiante de ceux qui pourtant n’en pensent pas moins et s’y préparent: et si un nouveau scrutin changeait vraiment la donne ? Dont celle de la N-VA.
Qu’importe que Bart De Wever soit ou non un madré aventurier politique. Que son projet secret ait été, péripétie après péripétie, de  surtout s'adjuger, avant de revoter, des concessions francophones illico gravées comme quasi acquises dans le marbre noir de Flandre. Et pas qu’un peu: on en est rue de la Loi, même avec le théoriquement sympathique mais pas moins flamand Vande Lanotte, à débattre des subtilités, sinon des pièges du “splead rate”. Un terme qui rapproche d’évidence les enjeux politiques du citoyen lambda ! Et est accessoirement un des mécanismes techniques de l’autonomie et donc de la concurrence fiscale. Le truc qui était encore totalement tabou pour Di Rupo il y a un siècle, entendez en septembre.
Et si de nouvelles élections, diabolisées apocalyptiques, avaient aussi quelque avantage ?  A commencer par gommer déjà les ambiguïtés de la N-VA.
Le pari électoral va-tout de Bart De Wever, ce serait de s’adjuger –directement ou indirectement- 50% des sièges flamands en écrémant tout ce qui traîne de mal en point à droite: le Belang est encore un joli réservoir (491.000 voix) et ce qui reste des libertaires de la Liste De Decker une jolie gourde pour soif électorale (130.000 voix).
 Mais puisque cette crise est désormais déjà assurée de devenir sous peu la plus longue de l’histoire de Belgique, un nouveau vote pour la N-VA serait moins impulsif que lorsqu’il s’agissait simplement pour les flamands de punir l’inaction de leurs leaders. Ou les promesses jaune et noires de Leterme et de ses cinq-minutes-de-courage-politique jamais chronométrées.
On avait vu ainsi, en juin, des délégués syndicaux gauchisants s’enflammer bizarrement pour le parti politique le plus proche... du patronat flamand; et des sondeurs conclure que 180.000 électeurs du parti indépendantiste avaient voté N-VA pour...un retour à la Belgique brabançonnienne du Roi, la Loi, la Liberté sans un poil de fédéralisme. Si Bart refaisait un triomphe, on peut penser que ce  serait alors en meilleure connaissance de cause de l’électeur flamand.
 Hormis le biais que Bart sera de nouveau, dès le 6 décembre (avec ...la socialiste Caroline Gennez) la star de l' "Allerslimste Mens" , le jeu à folle audience de la télé flamande. Le scrutin après la popularité dopée par la télé: y'a pas à dire, le plan marketing est presque parfait.
 Quant au CD&V qui sera alors officiellement présidé par Wouter Beke, dont on ne sait s’il surprendra ou ne dérangera personne, il lui faudrait choisir. Et peut-être évoluer. Entre ceux qui n’entrevoient leur sauvetage qu’en supergluant à la N-VA, jusqu’à imaginer encore pour quelques uns un cartel à l’envers. Et ceux qui remontent le courant pour affirmer leur spécificité comme au bon vieux temps du CVP, tablant sur un tassement de la N-VA. De toute façon pas en moins bon flamand: la descente en flammes de l’initiative Vande Lanotte par Kris Peeters a frappé fort, ces dernières heures, pour remettre illico de l' ordre flamand. Le CD&V a, cette fois, dans la course au meilleur confédéraliste, surpris la N-VA ....Une seule évidence: Beke et Peeters sont déjà en campagne.
Côté francophone, on comprend que l’idée d’un reboot électoral fasse frémir Ecolo ou le CDH, pour qui juin 2010 fut déjà un revers.
 Pour le MR, c’est un pari. La Présidence étant remise en jeu, mais dans un calendrier chèvrechoutiste douteux ( Reynders mènerait toujours toute éventuelle campagne jusqu'au 12 février...) , on peut, si l'opinion oublie le "déjeûner chez Bruneau", y escompter un effet d’aubaine avec un double espoir. Celui de se “refaire” quelque peu en sièges et peut-être d’être suffisamment fort pour jouer dans la coalition rêvée de Bart De Wever: celle davantage colorée libérale.
 Celle qui fait que, chaque matin, Elio Di Rupo se rappelle qu’il compte 26 députés; et que ce n’est qu’à ce poids seul que le PS doit d’être incontournable. Et peut-être là aussi préfèrera-t-on un jour (sans évidemment jamais le dire) des élections (dont le PS aura de bonnes chances de sortir encore dopé) plutôt que d'accepter des textes dangereux.

Le risque d'une fracture entre wallons et bruxellois...

 C’est un phénomène neuf  qui vient de débouler en politique belge : tout ce dossier de l’IPP (prélevé ou non sur le lieu du travail, calcul par navetteurs, etc... ) est porteur en soi d’un sérieux risque de fracture entre francophones: les tensions entre Bruxellois et Wallons pourraient s’aviver. Et pas que d’un peu: les premiers signes de grincements de dents stridents sont là.
Ensuite, la soupe, après amendements du Nord ("exigences" dit la N-VA), pourrait se révéler vraiment imbuvable. Avec ses conséquences à long terme: prestations sociales diminuées, subsides en berne, impôts ou taxes à la hausse pour les Wallons . Là aussi, après tout, il vaudrait peut-être mieux des élections pour contourner ce piège là.
Essayez d'imaginer encore un instant le climax: la N-VA oserait-elle afficher, cette fois, son indépendantisme ? Les francophones basculeraient-ils davantage vers le "plan B" ?
Il reste juste un hic : c’est que nul ne veut prendre la responsabilité de les déclencher, lesdites élections. Par trop impopulaires, oh ça oui. Cela devra donc être de la responsabilité de l’autre. De ce maudit Bart De Wever pour les francophones. De ces entêtés de Wallons et de francophones dans la version sous-titrée Nord.
D’où cette perpétuelle volonté de continuer à négocier affichée de part et d’autre, alors que peu se passe, comme un trompe l’oeil de Bollywood: l'heure est au leurre.
On en est là: l’engouement pour la crise bat de l’aile. Le belge s’est adapté à la situation. Avec une sorte de blues général, de fatalisme, de morosité. Noël approche et tout le monde est occupé ou désabusé, doutant de la capacité des politiques à encore vraiment emballer un accord. Les partis, y compris la N-VA, si donneuse de leçons en la matière, s'installent dans la non-gouvernance permanente. Avec le risque que les marchés financiers décotent méchamment la Belgique sur les places boursières, provoquant une panique tellement forte dans la population qu'un gouvernement naîtra, bon gré mal gré, en quelques jours.
Donc, à part une attaque des spéculateurs sur un pays s'affichant affaibli- la réalité surgit toujours pour rattraper les grands discours- on ne voit, hélas, guère que des élections-reboot pour sauter plus loin.
Car, même si les soldes approchent, ne comptez pas sur Bart pour un discount de ses positions.









mardi 16 novembre 2010

Inondations: la communication stagnante des politiques se noie jusqu’à en oublier l’émotion…


C’est compliqué, en communication, de réagir à une catastrophe.
Ce n’est pas une raison pour jouer les absents, ni pour faire ou dire n’importe quoi.
Ce n’est pas que ces inondations aient été techniquement mal gérées: les gouverneurs de province, dont c’est la première responsabilité, gèrent plutôt bien les désolations du Sud ou du Nord du pays.(que la météo des prochains jours pourraient bien relancer)
Le hic, la carence, ce fut une sorte d’indifférence stagnante de par l’absence de la présence politique symbolique.
En dehors des responsables très directement concernés par leur ville (Raymond Langendries à Tubize, Charles Michel à Wavre…) et  des obligés comme la Ministre OpenVLD de l’Intérieur, Annemie Turtelboom, on n’a vu aucun grand responsable politique - mais ou étaient disparus Yves Leterme et ses Vice-Premiers ? -  enfiler les bottes de la simple compassion. En ces temps d'éternelles affaires courantes, le pouvoir fédéral n'est même pas celui des affaires coulantes. Certes, on est à des années-lumière de Katrina. Mais d’aucuns sont morts, noyés. Et ceux-là qui hantent tant et tant les marchés et les abords des gares en période électorale s’étaient pourtant soudainement évaporés, bien plus vite que l’eau des rigoles saturées.
Oubliant que même s’ils sont impuissants, que même s’ils n’ont aucun pouvoir magique face à des intempéries subitement exacerbées, que même s’ils n’y connaissent que dalle en hydrologie, il leur restait à porter – en communication, pas forcément les pieds dans l'eau- l’intervention, la parole de l’émotion.
 Bref, laisser parler leur coeur. Avec sincérité ou un grain d’hypocrisie ou d’opportunisme, c’est selon: mais prendre en charge en quelque sorte un certain rôle d’assistanat social.
L’exercice n’est pas simple, d’ailleurs: le Prince Philippe, qui est dans le fond le seul à s’y être mouillé avec retard, reprenant un rôle traditionnellement dévolu, ( fourgué, aurait-on tendance à dire aujourd’hui) à la monarchie, s’est fait quelque peu allumer en Flandre, jugé par trop cérémonieusement entouré, par trop souriant face à la détresse, manquant de réelle compassion…( le prince Laurent frappe humainement plus fort de la raclette...)
Il ne suffit pas seulement de tenir un discours devant un micro: le ministre du Climat Paul Magnette a beau balancer des généralités sur le réchauffement climatique, le ministre-Président wallon Rudy Demotte polémiquer avec le Nord sur les vannes des écluses de la frontière linguistique, il manque juste ce que l’homme de la rue attend, à tort ou à raison: de l’émotion dans le discours politique.
 Dans le fond, l’opinion sait bien que ses représentants n’ont  que peu de prise sur ce réel là. Et lorsque le CDH se laisse aller à un communiqué-bateau (c’est presque le cas de le dire) réclamant un curage idyllique des ruisseaux wallons, il fait évidemment pire que bien: d’abord parce que son impro est démentie vertement illico par les hydrologues et ensuite parce qu’il met dangereusement en avant des auto-soupçons d’inaction politique…
A notre époque de “démocratie technique”, l’idéologie de la sécurité vient, bien sûr, de se réveiller.
Les habitants de Bruxelles ont soudain découvert qu’ils étaient vulnérables. Et si Kris Peeters a, lui, enfilé des bottes en caoutchouc pour visiter des sinistrés de Flandre, ce n’en est pas moins déjà la fête à son gouvernement. Qui, dans sa monomanie d’équilibre budgétaire à tout prix, n’a plus tiré toutes les leçons des inondations de 2003. On y a  donc retardé plein de plans de gestion des bassins. Pire: le ministre Muyters (N-VA) , responsable du Budget et des Finances mais aussi de l'Aménagement du territoire flamand, a freiné une flopée de mesures de gestion de l’eau, des intérêts privés l’emportant souvent-comme partout- sur l’intérêt général; comme si l’administration flamande, tout simplement parce qu’elle est flamande, était toujours dans le juste. En fait, la Flandre découvre que sa politique de l'eau est nulle. Et, pour avoir dit àla télé "qu'il faudrait apprendre à vivre avec les inondations", la ministre  Joke Schauvliege est fustigée pour son incompétence.
On connaissait déja, selon la formule de Schnitzler, trois sortes d'hommes politiques : ceux qui troublent l'eau ; ceux qui pêchent en eau trouble ; et ceux, plus doués, qui troublent l'eau pour pêcher en eau trouble. Désormais, il convient d’en ajouter une quatrième: ceux qui répugnent à se mouiller. Car, ces dernières heures, question communication, les politiques ont été vraiment plutôt à côté de la plaque (de caniveau). Méconnaissant qu’au travers de ces intempéries, c’était une très forte sensibilité environnementale qui revenait soudain à l’avant-plan. Jusqu’à Bart De Wever  s’est laissé prendre au piège de l’indifférence.
Lui qui a pourtant lu Cicero et Quintilien qui, tous deux, chacun dans leur style, pensaient déjà, non sans raison, que l’émotion jouait un rôle essentiel dans l’éloquence politique…

vendredi 12 novembre 2010

Comment “communiquer” pour faire comprendre le 11 novembre ? Et si on adoptait le formidable symbole du “poppie” rouge ? ( le coquelicot qui poussait sur les tombes de Flandres)

J’arborais un coquelicot rouge en papier, ce dimanche, pour le “Sans langue de bois-télé”  de Frédéric Cauderlier, au revers de mon veston. Cela a quelque peu surpris d’aucuns car c’est une coutume peu connue en Belgique
 En ce week-end-pont de l’armistice, on se dit d'ailleurs que c’est décidément un fameux challenge de communication que d’encore réussir ces commémorations du 11 novembre…
Soyons francs: allez, quel est le pourcentage de la population à connaître encore vraiment la  signification du 11 novembre 1918 ?
Qui marque pourtant la fin de la Première Guerre mondiale, laquelle fit plus de 18 millions de morts et des millions d'invalides ou de mutilés. 
Les controversées Assises de l’Interculturalité ont beau avoir maintenu cette date comme jour férié,
(le 8 mai, armistice de la Seconde Guerre 40-45, ne l’a jamais été en Belgique) la vérité cruelle a ses droits.  Sauf chez les plus anciens, le sens de ce jour a presque disparu: c’est juste un jour de congé, point presque à la ligne.
Dans mon patelin du Brabant Wallon, le spectacle était d’une morosité extrême. Une brève sonnerie de clairon sous l’averse, une ou deux gerbes molles , quelques obligés ou égarés entre les talus de sable et les engins de travaux. Cérémonie-express en plein chantier du tout aussi express futur RER. Tristounet.
Et les médias en sont réduits, pour ce “marronnier” médiatique annuel, à quelques thèmes convenus: dénicher l’un ou l’autre émouvant - et si possible pittoresque- survivant des tranchées, dévoiler la saga du “soldat inconnu”, filmer les personnalités royales et politiques de corvée dans le vent et le froid…
Seul, Pieter De Crem, le ministre très flamand de la Défense Nationale, dénotait cette année, dans le tableau, par une inédite touche de couleur rouge à son revers. (à ne pas confondre avec l’écharpe rouge perpétuellement greffée au cou de son prédécesseur André Flahaut...)
Une fleur de coquelicot en papier portée près du coeur. Dont le concept poétique, s’il a curieusement été inventé en nos régions, n’y a jamais été importé, alors qu’il triomphe au Canada ou en Grande-Bretagne.
Si vous vous promenez, comme je viens de le faire, dans une quelconque ville britannique tout au long de ce mois de novembre, ou si vous zyeutez juste la BBC sur votre télé, vous ne pouvez y échapper. Chaque britannique (ou presque) se doit d’arborer un coquelicot de papier à sa boutonnière. Ils sont partout, les “poppies”: aux caisses des supermarchés, des snacks, des pubs… On donne ce que l’on veut et on arbore illico un de ces millions de “poppies”(qui financent les oeuvres de la “Légion”)
Un geste simple, poétique autant que sympathique, qui me touche bien plus que toutes les commémorations empoussiérées du 11 novembre. 
C’est vraiment étonnant de voir, partout, tant de gens arborer le coquelicot de papier rouge et exprimer ainsi que s’ils vivent dans un pays libre, c’est grâce au sacrifice de bien des hommes de bien. (au Canada, le coquelicot fait même se souvenir des combattants des deux guerres mondiales).
Allez, un peu d’histoire…
C’est au cours des guerres napoléoniennes que l’on commença à remarquer que le coquelicot poussait bizarrement sur les tombes des soldats morts au combat. Mais le coquelicot, nous précisent les spécialistes guerriers, fit une réapparition remarquée après la Première Guerre Mondiale. Les 18 millions de morts firent que les sols de  France et de Belgique furent cruellement enrichis en calcaire de par les ossements des combattants tombés au combat. Les petites fleurs rouges fleurirent donc par milliers et milliers autour des tombes des soldats comme elles l’avaient fait un siècle  auparavant…
 En 1915, John McCrae, un médecin des Forces canadiennes immortalisa ce phénomène dans son poème “ In Flanders Fields” (Au champ d’honneur, adaptation de Jean Pariseau).
 
Au champ d'honneur, les coquelicots
            Sont parsemés de lot en lot
            Auprès des croix; et dans l'espace
            ...Les alouettes devenues lasses
            Mêlent leurs chants au sifflement
            Des obusiers.

            Nous sommes morts,
            Nous qui songions la veille encor'
            À nos parents, à nos amis,
            C'est nous qui reposons ici,
            Au champ d'honneur.

            À vous jeunes désabusés,
            À vous de porter l'oriflamme
            Et de garder au fond de l'âme
            Le goût de vivre en liberté.
            Acceptez le défi, sinon
            Les coquelicots se faneront
            Au champ d'honneur.”

Une française, Mme Guérin ainsi que Moina Michael, une  dirigeante de l’American Overseas YMCA, lurent ce poème et en furent si touchées qu'elle prirent toutes deux l'engagement de toujours porter un coquelicot rouge des champs de Flandre comme symbole du Souvenir .
Et le coquelicot envahit le Canada, la Grande Bretagne, l’Australie et un peu du Nord de la France.
Aujourd'hui, ils sont des millions, à travers le monde, à porter en novembre l'emblème rouge vif afin de se souvenir et d'honorer les milliers de combattants morts jadis dans une guerre aux motifs presque oubliés.
 Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve que ce coquelicot rouge, ce “poppie”, ca parle vachement plus au coeur et à l’âme, en communication du souvenir, que toutes ces commémorations convenues, pompeuses et un peu trop naphtaline, non, non, rien n'a changé, tout, tout va continuer... ( les autres"Poppies")…






jeudi 11 novembre 2010

Un an après sa création, le "Parti Populaire" a perdu deux de ses trois fondateurs...


Le site internet du Parti Populaire n’est, à nouveau, plus à jour… Il nous est revenu (et l’intéressé nous l’a confirmé) que Chemsi Chéref-Khan , l’un des trois fondateurs du parti, avait à son tour récemment et discrètement démissionné du Bureau Politique du PP.
Des trois initiateurs, qui avaient annoncé ensemble la création de leur nouveau mouvement, ( Mischaël Modrikamen, Rudy Aernoudt et Chemsi Chéref-Khan) il ne reste donc plus, moins d’un an après sa création, le 24 novembre 2009, que son seul Président.
La présence de Chemsi Cheref-Khan au PP, un homme  bien connu dans les milieux politiques, laïques et de l'interculturalité, avait quelque peu étonné d'aucuns à l’époque. Surtout les personnalités progressistes qui s'étaient engagées, peu de temps auparavant, dans le soutien de sa candidature manquée à la Présidence du CAL (Centre d'Action Laïque). Il s'efforce aujourd'hui de trouver un financement public ou privé pour sa présidence de l’Institut européen d’humanisme musulman en formation.

mercredi 10 novembre 2010

Milquet au coeur de la polémique : et voici la troublante interview (audio) de "Joëlle au Congo" vulgarisant l’immigration-asile vers la Belgique …


S’il est un échec du CDH, c’est bien celui de l’ouverture pluraliste qu’il était censée offrir à sa création. Ce que le MR a relativement réussi, le CDH  l’a loupé, le PSC – parti  de la religion catholique- devenant le CDH, c’est à dire un peu le parti de toutes les religions. D’où le recrutement de l’islamiste Mahinur Ozdemir, seule parlementaire voilée d’Europe. D’où la proximité avec les évangélistes et une communauté africaine très croyante. D’où, pour faire court, une ligne politique très imprégnée par le multiculturalisme mais néanmoins très en zigzag. Parce que l’électeur CDH wallon traditionnel n’est pas toujours enthousiasmé par l’interculturalité chère à Joelle Milquet, élue à Bruxelles. Notamment en région rurale, ce qui explique sans aucun  doute le big bigntz intervenu au gouvernement sur l’asile, la Vice-Première ministre Milquet énervant  Laurette Onkelinx et Yves Leterme par son (on cite) “double langage”. C’est que le futur président en viager du CDH, Benoît Lutgen, candidat au maïorat à Bastogne en 2012, est moins enthousiaste localement pour la politique d’asile dès lors qu’elle arrive jusqu’aux casernes vides de Bastogne. (lire à ce sujet l’article de Martin Buxant dans “ La Libre”) Et qu'elle risque de donner, dans la campagne communale, des arguments anti-CDH à l'actuel bourgmestre MR...
On le sait: si les négociations De Wever-Di Rupo & associés en arrivent un jour au point du dossier de l’asile et de l’immigration, ce sera un gros point d’achoppement.
Tout simplement parce qu’il n’existe aucune politique de l’immigration concertée et que ce qui existe est, tout simplement, largement inefficace.
Achoppement en vue parce que c’est un clivage non seulement Nord-Sud ( l’immigration est un sujet bien plus sensible politiquement au Nord) mais bien entendu gauche-droite. Avec d’ailleurs une gauche souvent mal à l’aise et divisée sur le sujet: on vient de le voir avec  les propositions parfois opportunes, parfois délirantes – et faisant souvent la part belle aux revendications religieuses- des Assises de l’Interculturalité et de son Comité de pilotage. (quel jargon…) Un texte qui sera sans doute vite mis dans un tiroir , du moins au Nord du pays, ou on y voit par trop la “patte” électoraliste du CDH et de sa présidente, responsable de ces caucus riches en rebondissements autant qu’en démissions plutôt laïques.
La N-VA de Bart De Wever s’en est d’ailleurs, non sans biscuits, déja prise à plusieurs reprises à Melchior Wathelet , ministre responsable accusé de tolérer sciemment des fraudes dans les dossiers des demandeurs d’asile ou d’avoir, parfois, par trop  bien expliqué les serrures de nos frontières. Quant à Joëlle Milquet, elle est vertement critiquée par Bart De Wever, celui-ci la soupçonnant de cajoler les Congolais de Belgique, qui ne sont d’ailleurs pas pour rien dans certains succès du CDH. (Le pittoresque Berkin Mambaka a contribué en 2006 avec Joëlle Milquet à la progression époustouflante de 300% de la liste CDH à la Ville de Bruxelles. Le cdH y est passé de 3 élus à 11 conseillers communaux…)
A l’heure où la polémique sur l’asile bat donc son plein autour de Joëlle Milquet, on verse donc ici au dossier un élément inédit et quelque peu étonnant. A savoir  l’interview que la  Vice-Première Ministre CDH a donné, le 3 mars dernier, lors de son voyage au Congo, à  la station  "Radio Okapi" créée par la Monusco. En oubliant peut-être que, au jour d’aujourd’hui, l’internet a gommé les distances: et que les discours à géométrie variable y trainent longtemps dans les tuyaux . Où on a déniché cette perle médiatique pour les lecteurs (de plus en plus nombreux, merci! ) de ce blog.
 Interrogée d’abord au micro de la journaliste Thérèse Basubi sur le fait de savoir si c’est réellement difficile d’émigrer du Congo vers notre pays, Joëlle Milquet se transforme limite en prospectus touristique. On cite, mot pour mot :
 “C’est évidemment tout à fait possible d’immigrer en Belgique ! Et d’ailleurs, il y en a beaucoup (de congolais) qui le font dans le cadre légal et c’est évidemment dans ce cadre là qu’il faut organiser l’immigration. On a, par exemple pour 2009, eu 12.000 demandes de visa et, en fait,  75% des demandes ont été acceptées.
Il y a des conditions évidemment qui sont demandées: d’avoir par exemple une prise en charge,
d’avoir par exemple la démonstration par exemple de revenus réguliers...Mais on peut aussi le faire dans le cadre du regroupement famililial: c’est d’ailleurs une des plus grandes possibilités pour un grand nombre de personnes congolaises puisque  nombre de membres de la diaspora sont établis en Belgique . On a quand même, allez, globalement 40.000 congolais qui vivent en Belgique et les regroupements familiaux sont un des éléments souvent les plus importants pour venir. Il y a aussi pas mal d’étudiants qui viennent s’ils ont leur diplôme et qu’ils démontrent qu’il y a une capacité d’inscription et qu’ils peuvent assurer leur subsistance. Donc c’est évidemment possible ! “ ( ndlr : le “par exemple” est ici un tic de langage de la présidente du CDH…)
 Et comme la journaliste  congolaise fait état des difficultés rencontrées par les congolais à l’arrivée en Belgique, Milquet se veut très rassurante :
 “C’est vrai qu’ici, (au Congo), le service répond positivement. Pour une première demande, c’est vrai  qu’ils doivent rendre un avis et que c’est l’Office des Etrangers en Belgique qui donne la décision définitive. Mais, à plus de nonante pour cent des cas, on suit l’avis qui est fait  par le service à Kinshasa…”
 Mais, point plus délicat, que doit faire une ressortissante congolaise qui espère être demandeur d’asile mais doute d’entrer vraiment dans les critères ? 
Joelle Milquet a d’évidence une vision assez ouverte:
 “Imaginons, dit-elle à "Radio Okapi",  une personne (du Congo) : soit elle rentre dans les conditions pour avoir l’asile et elle obtient l’asile. Imaginons qu’elle ne rentre pas dans les conditions pour avoir l’asile, parce que sa vie n’est pas vraiment en danger pour des raisons politiques.Ou parce ce qu’elle vient d’une communauté qui n’est pas, allez, menacée en terme de vie…
Mais, par contre, elle a  peut-être des raisons réelles autres- liées peut-être au fait qu’elle est une femme- de craindre qu’il lui arrive peut-être quelque chose  pour un retour au pays….
Donc, dans ce cas là, on considère que le retour est dangereux et on donne un “statut alternatif.” Qui n’est pas un statut d’asile , précise Milquet, mais qui est un statut où on permet de rester légalement dans le pays (en Belgique) parce qu’on considère que pendant une certaine période le retour au pays est trop dangereux…”
 Information poussée ou racolage pour plaire à l'électorat congolais du CDH ? Pour ceux qui, comme nous, aiment se forger par eux-mêmes une opinion, cliquez ici pour écouter la version audio intégrale de “Zoëlle au Congo”.
Dans le climax actuel, cela plaira beaucoup à Laurette Onkelinx et Yves Leterme, ça, c’est déjà sûr.

mardi 9 novembre 2010

Elio Di Rupo au “Grand Direct"” (RTL-TVI): et si le positivisme-optimisme de rigueur laissait plutôt entrevoir un sombre réalisme ?


La posture de retenue est un des grands classiques de la com’ politique. On annonce, mais on n’insulte pas l’avenir. On délivre un message dont chaque mot a juste été prudemment soupesé.
C’est d’évidence la technique qu’avait adoptée  le “supercommunicateur” Elio Di Rupo face à Laurent Haulotte pour la première du “Grand Direct” politique de RTL-TVI. L’assortissant d’un chapelet dont tous les grains se voulaient immuablement positifs voire – et c’en était presque étrange dans le climax d’enchevêtrement totalement inédit dans lequel on se trouve- carrément optimiste. Si. 
L’homme n’avait d’ailleurs pas d’autre choix tactique, sinon à perturber la mission, qui est sans doute celle de la dernière chance, de Johan Vande Lanotte. Pas d’effet d’annonce spectaculaire donc: plutôt, comme on le prévoyait au micro de Fred Cauderlier dans ”Sans langue de bois-radio”, une séance de pédagogie. Histoire de vendre et vulgariser la position du PS dans la crise à une heure de très grande écoute. (bilan: 548.000 téléspectateurs.)

Ce fut d’ailleurs médiapolitiquement très travaillé.
Di Rupo sait bien que l’opinion francophone est angoissée, qu’il règne, après 150 jours de crise, un climat quelque peu  anxyogène en Wallonie et à Bruxelles. D’ou ce ton volontairement rassurant, notamment sur la Sécu, le côté “bouclier protecteur” étant dans les gênes socialos depuis la nuit des temps.
Et puisque l’idée de l’échec (sa mission de préformation) est viscéralement insupportable à l’homme, ce “prime time politique” a surtout permis à Di Rupo de reprendre politiquement la main. Et pas qu’un peu puisque sa com’ au culot le faisait se positionner comme celui qui mènerait finalement le jeu, affichant presque une responsabilité de chef de l’Etat. ” On parle du pays, du pays !”, martela-t-il d’un ton qui se voulait un brin dramatique de la trémole.
De Wever ? ( avec qui le climat ne serait plus sibérien grâce aux dîners de Johan Van de Lanotte) Là aussi, le discours protège l’avenir: le dialogue avec Bart De Wever a été rétabli et, pour ce qui est du passé, la confiance, dit-il, a “juste” été effritée. (ici, on se pince un chouia quand même…) Et l’attitude de la N-VA est, dans le fond,  plutôt jugée sous l’angle du “nationalisme” et des “différences” que ce concept politique implique.
Et comme c’est du boulot de com’ travaillé, Di Rupo place, mine de rien, une petite mise en garde sur la rigueur budgétaire, y va d’un couplet d’humilité (“ oh,il faut parfois faire un pas en arrière. Ca ne sert à rien de se fracasser contre un obstacle….), place une formule de gros bon sens popu ( “ Le but des politiques n’est pas de se disputer”) et s’arrange surtout in fine pour  recoller au MR ce “sparadrap politique” de la trahison du déjeuner secret Reynders- De Wever chez “Bruneau”…
Bref, Di Rupo est le champion des discours d’opportunité du moment et des discours d’empathie. Ce n’est pas pour rien que sa popularité a une inhabituelle longévité. Elio Di Rupo, c'est beau comme du Houellebecq, genre "Extension du domaine médiatique".
Il n’y a qu’un hic. C’est qu’on n’a vu, dans tout ce discours soigné, aucun accent copernicien de plus que depuis feu sa mission de préformation. Mieux: comme s’il soupçonnait Bart De Wever et la N-VA de vouloir subtilement additionner les désordres (désordre au Palais, désordre au fédéral), histoire de prouver que le pays n’est plus gérable, Di Rupo balance, lui, toutes ses touches d’ordre .
Eloge du Palais à faire fondre d’émotion les férus de “Place Royale” ("J'ai toujours trouvé que le Roi avait une maitrise totale de la situation. C'est la personnalité qui connait le mieux la situation du pays. Il agit dans l'intérêt du pays. Celles et ceux qui pensent que le Roi peut être influencé se trompent”) et invitation martelée à “aimer notre pays”.
"On doit être Flamand, Wallon, Bruxellois et Belge en même temps. C'est notre richesse..." surenchérissait-il comme s’il venait de découvrir l’affiche du CDH de juin dernier.
On doute que cela ait  harmonisé le couscoussier dans les rangs du groupe “Stratego” de la N-VA. C’est d’ailleurs, comme ton, tout ce qui horripile généralement Bart De Wever.
On était donc pris d’un sacré doute mardi soir, justement devant l’optimisme par trop sans faille, par trop construit, du président du PS qui-ne-veut-à-aucun-prix-d’élections.
Chaque parti sait aujourd’hui que celui qui prendrait la responsabilité de retourner aux urnes  risquerait , peu ou prou, d’en payer le prix. Donc, il est assurément de bonne tactique prudente que de se présenter avec grande force devant l’opinion comme celui qui y est farouchement opposé. 
Mais qui devine peut-être déjà, très intimement, que ce destin là l’attend peut-être.