Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

samedi 26 février 2011

vendredi 25 février 2011

Composition de la Chambre: les mots pour le dire...


Au détour des pages politiques de l’internet,  on découvre parfois de petites perles, même dans les sites censés être les plus subtilement rédigés.

On est tombé ainsi l’autre jour, en voulant vérifier une donnée, sur la fiche de présentation des groupes politiques à la Chambre.

C’est amusant.

- On y lit ainsi :

- Que le Vlaams Belang est un "parti nationaliste flamand de droite".

- Tandis que la N-VA est simplement un "parti nationaliste".

- Que le LDD est un “parti de droite flamand fondé par Jean- Marie Dedecker, ancien sénateur VLD. “ (là, on a le sens du détail et de la précision)

- Et in fine que le PP est un "parti fédéral" (là, faudra actualiser, le PP étant devenu confédéral avant que son unique représentant ne fonde son propre parti-chocheté, le MLD…

mercredi 23 février 2011

Le non à la dissolution-élections: le germe d'un grand clash Nord-Sud ?

Photo Sergio Bianchini ©
Di Rupo ne fait pas grand chose par hasard.
Hier,  il a envoyé un message à Bart De Wever, pour qui des élections seraient in petto la meilleure étape post-Reynders. Et il a encore donné un sursis de plus au CD&V, toujours dans l'optique de la fixette francophone qui voudrait qu'il suffise de laisser le temps aux divisions internes pour faire évoluer ce parti. Qui, pourtant, faudrait s'en rendre mieux compte, n'a plus rien de commun avec le CVP d'antan.
Mais, mine de rien, c’est le cas de le dire, c’est une petite bombe à  retardement qu’Elio di Rupo a lâché en annonçant que le PS ne voterait pas la “dissolution des chambres” qui seule autoriserait de nouvelles élections.
Puisque cette dissolution- dont on sait qu'elle répond actuellement aux espoirs  de Bart De Wever (qui- dans la logique "vite des élections", donc la mission Reynders doit capoter- n'a pas fait grand chose pour aider l'informateur), ne pourrait se faire que sans le vote du plus grand parti francophone (26 sièges sur 150).
A première vue, un positionnement clair (et assez populaire) quant à un éventuel retour aux urnes. C'est  donc non.
Cela ne mange pas de pain car si élections, in fine, devaient se tenir, Di Rupo est assuré de pouvoir marteler en campagne: "Nous avions dit et juré que nous n'en voulions pas". Bref, Ponce & Pilate gagnants sur toute la ligne.
Ou cela se compliquerait psychologiquement, c’est s’il s’avérait, comme cela se dit, que les partis francophones (à  tout le moins ceux de l’Olivier), déjà assez bien unis sur l'institutionnel, auraient conclu une sorte de pacte implicite allant dans le même sens: refuser, de concert, le jour éventuellement venu, toute dissolution des Chambres. 
Alors que celle-ci pourrait, au Nord, pour des raisons différentes, s’avérer largement considérée comme l’étape “reboot” nécessaire. Surtout pour la N-VA, premier parti d'une Flandre souvent exaspérée par le poids du " Roi du PS" dans la crise actuelle. Le raisonnement  est que des élections sont la seule option démocratique s'il n'y a vraiment aucun gouvernement qui puisse être formé. Et que les rallonges de Leterme, cela en devient vraiment pervers et malsain, les rapports de force nés de l'avis exprimé par la population en... juin 2010 n'étant pas ceux qui se prolongent indéfiniment au 16 rue de la Loi.
Bref, il y a là d’évidence, faute de consensus annoncé sur l'option des élections, la source d’un formidable clivage, le germe d'un grand, d'un énorme clash Nord-Sud, qui pourrait virer à une exaspération sans précédent. Une partie du pays voudrait des élections et l'autre pas, ça ressemble un peu au fameux vote en commission BHV: de quoi  en tout cas dresser un peu plus l'acte de décès d'un pays.
D’autant plus que le refus de dissolution revient à dire aussi quelque part  aux partis flamands que c’est à eux à faire des concessions et que, sinon, ils n’emprunteront pas facilement la porte de sortie que serait des élections-bis…

lundi 21 février 2011

Comment peut-on être belge ou de l’influence psy d’une panoplie de petit plombier …

Un anarchiste est un homme qui traverse scrupuleusement entre les clous, parce qu'il a horreur de discuter avec les agents, disait Brassens. Bien que Charles Bricman préfère Charles Trenet, la phrase de l’ami Georges lui va comme un gant.
Comment diable peut-on être Charles Bricman ?, a-t-on envie d’écrire. Sous ses dehors flegmatiques et sérieux, mon compère de “Sans Langue de Bois” (RTL-TVI) est insaisissable pour beaucoup.
Il fut d’ailleurs longtemps le cauchemar de nombre d’attachés de presse ou de politiques persuadés qu’un déjeuner suffirait, comme souvent, à leur décrocher un “bon papier” allant dans le sens de leur soupe plus ou moins populaire. Et donc un brin énervés de découvrir souvent en retour un article rédigé à l’acidulé ou a l’encre de zizanie. Teintée en plus à la provo lorsque le concerné est connu pour réagir par emportements ou susceptibilité.
Il est de ces petits plaisirs que Charles Bricman ne rate jamais, souriant assurément in petto de sa dernière ficelle.
Insaississable aussi pour les listes électorales qui l’ont vu, au fil des années –l’homme n’en fait nul mystère- zapper son vote selon des critères hautement mystérieux, mais dans lesquels les plans sur la comète institutionnelle tiennent assurément souvent le haut du pavé.
On ne voit à cela qu’une explication: Charles, enfant, dût assurément recevoir, pour sa Saint Nicolas, ou la Noël, ou la Saint Houben, une panoplie du petit plombier.
De ces petits détails psy qui, mine de rien, vous doltotent toute une vie.
Et qui ont fait que les seuls politiques à qui le p’tit Bricman devenu grand ne fit pas de l’arcade souricière sont généralement eux-mêmes des passionnés de tuyauterie institutionnelle.
En ouvrant donc son “ Comment peut-on être belge?”, si malignement et joliment publié dans la collection “ Café Voltaire” de Flammarion, (1) on avait donc un peu la crainte de découvrir un ouvrage un chouia par trop docte.
Eh bien non, point du tout.
Cela sent plutôt le salivage de matière grise, les vestiaires de la gymnastique d’écriture, le tabac de pipe froide-fume-c’est-encore-du-belge, la phrase cent fois relue et douze fois élaguée avant d’être encore élimée, l’obsession de la conciliation du style et du politique, l’homme qui se glisse sous les draps à pas d’ heure du mat’ et qui ne s’endort que parce qu’il peut encore rêver BHV…
D’ou 122 pages marquées par ce truc rare en littérature politique belche: une plume claire.
De la plume bien tournée au service d’un grand didactisme. Ou le peuplier transgénique rejoint assez logiquement les allumettiers de Grammont. (L’Union fait la Match ☺)
Ce bouquin, qui vous relate en zigzags, en fast-backs, toute l’histoire de la “guerre des belges”, est ainsi: parfumé, plein de musiques, de fanfares, d’accents, de garde-barrière de frontières linguistiques et de couleurs baroques.
C’est certes une certaine histoire d’une nation cahin-cahotante hautement artificielle en pleine sarabande mais c’est avant tout un climat.
A humer pour mieux piger, capter, peut-être jusqu’à comprendre un bout de la vérité de ce pays. Bien mieux que ce truc pour les Nuls, inodore et insipide.
Un bémol pour ne pas virer hagiographe: si le francophone bruxellois Charles Bricman est un des rares avec qui il est difficile de se mesurer au Sud dans la connaissance du Mouvement flamand (encore que je ne suis pas sûr, na, qu’il ait déjà lu les remarquables pages de Bart De Wever sur le Verdinaso…), on ne trouve qu’à peu près pouic dans son book sur l’influence du Mouvement wallon; même si le piètre cocoricausé à la mode ces dernières années est  qu’« il faut sauver la Wallonie pour sauver la
Belgique ».
Comme disait aussi Talleyrand, un homme qui avait décidément la tchatche, pour être agréable en société, il faut expliquer bien des choses que l'on sait déjà. Et cela Bricman le fait en très agréable compagnon de lecture.

Michel Henrion.

(Charles Bricman. Comment peut-on être belge ? Flammarion (Collection Café Voltaire) (12 euros)

Charles Bricman (à droite) et votre serviteur à Sans Langue de Bois

mardi 15 février 2011

Record du monde de la crise: VTM starifie Bart De Wever

La référence vaut ce qu'elle vaut (avec les gouvernements régionaux et communautaires qui gèrent souvent bien, parfois un peu moins, une large part des anciennes compétences fédérales...) et sera donc surtout symbolique. Ce jeudi, la Belgique égalera le "record du monde" de la crise" (détenu théoriquement jusqu'ici- comme si c'était le moins du monde comparable !- par l'Irak) Cela donnera lieu évidemment, en com', à plein de bilans plus ou moins sérieux ou émotionnels. C'est en tout cas ce terrain là qu'a choisi la chaîne télé privée du Nord, VTM offrant, ce mercredi soir, une tribune à Bart De Wever superstar.  ( à tarif bradé: 0,5 cents le SMS) Le texte du teasing est saisissant: Le pays doit-il se splitser ?  La Flandre doit-elle gérer son propre argent ? (avec l'image de plein de pièces de monnaie)  Comment De Wever peut-il résoudre la crise ? Regardez  (si elle n'est pas retirée, vu les remous) cette bande-annonce (avec de la scission, des sous flamands et un échantillon de Di Rupo). Révélateur.

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lundi 14 février 2011

Le tsunami Morel: douze photos posthumes dans "Dag Allemaal".

Après l'édition spéciale de l'hebdo people "Story', c'est l'hebdo " Dag Allemaal" (groupe Laatste Nieuws) qui y  va au canon, anticipant, pour la première fois, de 24 heures sa sortie de presse habituelle.
Une démonstration de plus du fait que Marie-Rose Morel avait tout préparé.
Ici, dans "Dag Allemaal", douze photos sélectionnées par elle et prises lors de son mariage, alors qu'elle était déjà en phase terminale, avec Frank Vanhecke, l'ex-président du Belang.
Documents qui ne pouvaient être publiés qu'après sa mort, tout comme des photos de ses dernières vacances.
Ca, c'est pour la semaine prochaine.

Affaire Morel: à la VRT, la RTBF fait justifier son reportage controversé par un contractuel...français.

Dans l'affaire de la séquence controversée  (" Le cancer a sans doute aussi servi à renforcer médiatiquement les idées d'extrême-droite") du JT-RTBF, qui remue-buzz la Flandre, la VRT aligne une nouvelle perle, sinon une nouvelle gaffe de com' du service public: était-ce bien à un des nombreux français qui se succèdent pour faire désormais la télévision de la Communauté française (à croire qu'il n'y a plus de talent chez nous...) de justifier le reportage d'Alexandre Mitea jugé si déplacé au Nord ?
 Si l'incompréhension entre journalistes du Nord et du Sud est déjà souvent grande, (cfr l'interview de Johanne Montay qui a affronté très crânement lundi matin les questions de la VRT radio)  comment Christian Dauriac venu tout récemment de France-Télévision, et pour une durée contractuelle de 6 mois, comme adjoint au directeur de l'info télé RTBF, peut-il déjà, "avec les yeux qui sont les siens", trancher les subtilités du monde politique flamand ?
Bien sûr, j'ai connu perso bien des journalistes français (Albert Du Roy, José-Alain Fralon et d'autres encore) qui avaient un formidable "oeil belge".  Mais ici , ce qui frappe, c'est que Dauriac, qui vient de débarquer et qui n'y peut sans doute, s'est fait refiler une mission où il se mélange les pinceaux. Regardez son interview à la VRT ou il défend dans un français exquis "un reportage non-tendancieux" mais se dit "désolé d'avoir choqué une partie de l'opinion"et agite la "limite du temps imparti "au reportage . Bref, un peu de tout et de quoi démontrer a contrario que les nationalistes ont raison et qu'il y a désormais deux pays?
Bonus: la RTBF en a d'ailleurs convenu avec quelque retard via son Directeur de l'Info: Dauriac ne comprend pas toutes les subtilités de la Flandre...

dimanche 13 février 2011

Le destin de Marie-Rose Morel: pourquoi les francophones ne comprennent pas que les flamands ne comprennent pas leur incompréhension. (et inversément)


Vous verrez: en médiapolitique, le décès de Marie-Rose Morel restera longtemps un événement. Aux retombées plus conséquentes qu’il n’y paraît. Parce que cette fois, le marqueur de l’inconciliable à concilier est émotionnel.
Edition spéciale de l'hebdo "Story".
Oh, on sait bien que ce que l'homme appelle vérité, c'est toujours sa vérité, c'est-à-dire l'aspect sous lequel les choses lui apparaissent, disait à peu près je ne sais plus quel penseur. Mais ici, ce qui frappe, c’est une incompréhension totale entre Nord et Sud.
Regardez: lorsque Marie-Rose Morel a succombé, mardi soir, à son cancer, le système médiatique du Nord a embrayé sans grand inattendu. Du moins pour tout qui, depuis des mois, la découvrait omniprésente en cover des hebdos people pour “bekende Vlamingen” ou elle détaillait son combat contre le crabe dans d’innombrables interviews. Bref, les médias en firent aussitôt des tonnes: près de trois pages chaque jour pour “Het Laatste Nieuws” pour ne citer qu’une référence, mais le tout était à l’avenant. Jusqu’à cette chaîne musicale de Belgacom TV du Nord qui interrompit ses programmes, mais oui, pour une édition spéciale préparée depuis lurette. Un mystère que cette folie médiatique, même pour de nombreux flamands.
Au Sud, les premiers temps, quelques lignes, quelques rares images. Ou parfois rien. Parce que Marie-Rose Morel, c’est peu connu, chez les francophones. Ou alors c’est juste une image diffuse et surtout confuse d’une jolie blonde qui fut dauphine de Miss Belgique et même Miss Flandre avant de devenir une redoutable égérie du Belang. Donc, de fait, extrême-droite où, à tout le moins, droite extrême. Donc “cordon sanitaire”. Donc, chut avec ça, même si c’est sujet à controverse.
Le hic, c’est que Morel, si elle fut du Parti N-VA des débuts balbutiants de Bart, si elle vira inoportunément au Parti Belang, fut sans doute, aussi et surtout, depuis sa maladie, du Parti du Cancer.
Toute la Flandre a suivi longtemps, presque au jour le jour, ses chimiothérapies, sa quête des médecines alternatives, son mariage en phase terminale, histoire de protéger ses enfants et de consacrer un amour sulfureux si longtemps nié.(avec Franck Vanhecke, ancien président du Belang).
Une médiatisation certes non sans ego, mais voulue et construite pour déclencher cette empathie que le peuple a toujours pour ceux qui sont en difficulté. Avec des ressorts simples autant qu’évidents: qui n’a pas eu peur du cancer ? Quelle maman ou papa ne se demande pas ce que deviendraient alors ses enfants ?
Cela tourna donc à l’ahurissement francophone lorsque le déluge médiatique tsunama de partout. 
  “ J’ai beau chercher, a dit assez justement Frank Thevissen, consultant en communication, je ne trouve aucun exemple aussi abouti d’exhibitionnisme médiatique”.
On s’empara donc du sujet, avec retard. En se mélangeant les cordons sanitaires, le politique et le médiatique. (le politique, fut-il parfois un peu mou en certaines communes, a été maintenu jusqu’à faire du Belang un parti en crise demeuré totalement stérile) Avec de telles méconnaissances de ce qui se passe réellement au Nord, que la VRT a diffusé le JT de la RTBF dans “De zevende dag” comme un symbole- oui, presque ressenti insult
ant - de l’incapacité des francophones à comprendre un tant soit peu la société flamande. Une séquence malhabile, imprégnée de clichés anciens, ignorant jusqu'aux faits (les dirigeants du Belang écartés de la cérémonie), comme si un ton politique de tambour devait presque excuser la simple diffusion des images de l'événement.
Ce fut ressenti au Nord comme si la Flandre triste s'identifiait au Belang. Comme si, au Sud, on ne pouvait comprendre et  intégrer que le combat pour la Flandre, que le mouvement flamand aux diverses facettes fait parfois se cotoyer des tendances très diverses, que ces funérailles avaient un peu plus à voir avec l’humanité qu’avec les convictions partisanes.  Et que nombre de ceux qui étaient venus saluer le cercueil (dont Siegfried Bracke, franc-maçon notoire à des années-lumière des thèses fascisantes de l’extrême-droite) l’ont fait  sans sympathie aucune pour le Belang.

Comme le dirait un amateur de non-sense:  les francophones ne comprennent pas que les flamands ne comprennent pas leur incompréhension. Et inversément.
Deux mondes, Messieurs, Dames, oui. Et une certaine inculture de l’autre. Qui fait que, dès que ce sujet décidément délicat qu’est le tragique destin de la controversée  Marie-Rose Morel est abordé, les opinions tranchées souvent à l’insulte pleuvent. Souvent sans libre-examen. Souvent sans savoir.
Les francophones  s’y perdent entre la femme aux idées noires et les noires métastases du cancer, entre l'aspect politique et l'aspect humain.
Morel et Mieke Vogels: bien étrange pour les francophones.
Pour essayer de  ressentir un chouia de ce qui s’est passé au Nord, je vous conseille donc de zyeuter cette video-ci.
On y voit Marie-Rose Morel, déjà frappée par la maladie, deviser, à la VRT, avec Mieke Vogels, ex Ministre et à l'époque Présidente des Verts flamands de Groen.
Cela parle de politique de soins de santé, de maladie, du “monde de différences” qui les sépare, mais c’est empreint, chez cette femme de gauche qu’est Vogels, d’une bienveillante compassion pour une “femme très vive et très énergique “.
Marie-Rose Morel, c’est clair, réunissait bien des conditions médiatiques : une jolie femme ambitieuse et battante (35% des voix jadis dans son fief de Schoten), proche de Bart De Wever mais fâchée puis réconciliée avec le grand homme, bien sûr plus extrêmiste que la N-VA mais de cet extrême “acceptable” qui - qu’on le veuille ou non- est une notion qui existe en Flandre, et surtout une simple femme flamande persécutée par le destin et à laquelle chacun pourrait s’identifier.
De là à dépolitiser l’événement, il y a évidemment plus que de la marge.
Bart et Morel, en 2004
En arrière-fond politique, certains médias du Nord ont vu une double opportunité: mettre M-R Morel en avant c’était, d’une part, booster leurs ventes, leurs revenus, leur audience et, d’autre part,  lancer une bombe humaine contre le Belang et ses leaders actuels.
C'était l'application, mine de rien, du bon vieux principe selon lequel les ennemis de mes ennemis sont mes amis.
Il faut rappeler ici que Morel, plus "flamande" de choc que raciste, qui appartenait au “courant modéré” du parti ( comme l'a confirmé opportunément Manuel Abramowicz) avait pour projet politique de changer le Belang pour le rendre moins extrémiste: ce qui a déclenché la guerre avec l’actuel sommet du Belang, Dewinter et Annemans, dont elle a d’ailleurs révélé les magouilles internes. (ces derniers mois, elle n’était plus membre actif)
Et Morel, qui avait tant tout médiatisé, a aussi politisé  jusqu’à ses funérailles.
Bien sûr que l’émotion de Bart De Wever était évidemment authentique. Mais ce faisant, il ne faut pas être dupe, Morel a permis à Bart De Wever d’accéder et de frapper au coeur du système du Belang. Dont de nombreux “cadres” ont déjà avoué avoir voté N-VA en juin dernier.
Quelque part Marie-Rose Morel a laissé un testament: regardez cet homme qui vient pleurer devant mon cercueil, cet ami revenu aux mauvais jours et qui étreint ma maman devant la Flandre entière. 
Eh bien, cette cause de l’identité flamande qui m’a tenu tant à coeur, c’est un certain Bart de Wever, mon ancien condisciple, qui la défend désormais le mieux…
La mort de Marie-Rose Morel, c’est peut-être aussi le faire-part politique du Belang.



mercredi 2 février 2011

L’accueil des partis à l’électeur inquiet: la N-VA charmante et limite belgicaine, le chargé d’agenda de Milquet énervé sur son électrice et, au SPa, Maingain jugé “ encore pire que De Wever…”

C’est un vieux truc des médias. Mais qui est toujours aussi amusant qu’efficace. Le jeu consistant à se mettre dans la peau d’un citoyen lambda et à interpeller naïvement une quelconque autorité toujours très embarrassée face à des interrogations sortant de leurs normes usuelles.
On se souviendra ainsi de François Pirette (“Aïe Phone”- Bel RTL) campant un personnage de wallonne fan du programme électoral de Bart De Wever et appelant - en français- avant les élections de juin 2010 le siège de la N-VA pour demander “comment diable soutenir Bart en étant en Wallonie…” Et recevant, en français itou, plein d’aimables réponses d’un responsable nationaliste. (certains ont même cru reconnaître la voix de Bart himself…)
Cette fois, c’est une journaliste du groupe ”Sud Presse”, Céline Rase, qui s’y est habilement collée, empruntant parfaitement le personnage d’une électrice très inquiète de l’évolution politique et appelant donc les sept partis en négociations au bigophone (parfois en se présentant comme une électrice de celui-ci…) pour s’informer.
Résultat ? Eh bien, la N-VA est toujours aussi accueillante aux interrogations francophones. Et on est même un brin interloqué par le ton de la responsable lorsque celle-ci s’exclame: “ Elle est toujours là, la Belgique ! (…) Je crois encore que la Belgique restera entière (…) La séparation, c’est pas possible. Je crois que chaque parti a fait des erreurs et qu’on doit trouver une solution négociée (…) Une bonne solution pour tous les partis, aussi pour la Wallonie . Pas du tout la séparation ! “.
Un 9/10 en accueil téléphonique, c’est une réponse empathique et très pro.
A l’inverse, la “perle” de la cata revient au CDH ou la pseudo électrice à Joelle, après une musiquette africaine, se voit passer le “service politique”.
Un personnage un brin tendu et qui monte illico en sucette dès lors qu’on lui sort l’argument-Camping16 des politiques payés sans objectif de résultat .
“ “Ecoutez -ton énervé- ne commencez pas comme cela ! Je m’occupe de l’agenda de Mme Milquet et je puis vous dire qu’elle fait bien plus d’heures que moi ! (…) Que voulez-vous qu’elle fasse ? On ne sait rien faire !”.
Et le responsable CDH de se lâcher totalement sur le parti de Bart: “ Mais c’est la faute de la N-Va évidemment ! Eh bien voila, suffit de reprendre la première ligne de leurs statuts: ils veulent l’indépendance de la Belgique (sic)… Un mur ! Une séparation !! “
Et sur le devenir du CDH, c’est pas franchement non plus le moral : “ Ce qu’on espère, dit le bavard, c’est qu’on sera encore dans la suivante (de négociation) mais rien n’est moins sûr…”)
Si l’accueil chez Groen est bof, chez Ecolo ça ne va pas non plus de soi pour Céline Rase.
Il faut, y dit-on, envoyer un mail ou “prendre rendez-vous avec un conseiller politique”. Ce n’est qu’en insistant que la journaliste discutera in fine avec un Ecolo namurois qui, en cas de séparation du pays, ne voit “d’ailleurs pas très bien quel rôle pourrait encore jouer la Famille Royale…”
Accueil pas très chaud non plus au PS. Ou l’on explique, “ que, dommage, mais que tous les conseillers et attachés de presse essaient de trouver des solutions et des bonnes !(forte intonation) . Et qu’Elio Di Rupo “travaille d’arrache-pied comme un malade, sans congés, jour et nuit…”.
Au SPa, par contre, on est d’évidence tout content de papoter avec une francophone et on y redoute visiblement “une radicalisation des points de vue”.
“ On veut ajouter le MR, y constatera une enjouée interlocutrice qui a d’évidence tout son temps. Mais vous savez le M de MR, ça veut dire Maingain et ça, c’est vraiment l’extrême ! Maingain, c’est le pendant francophone de Bart De Wever mais encore pire que Bart, j’en suis sûre…". 


L'ensemble des amusantes vidéos des sept partis négociateurs (c'était avant le retour du MR) appelés est visible ici.
Ci-dessous CDH et N-VA.