Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 23 février 2011

Le non à la dissolution-élections: le germe d'un grand clash Nord-Sud ?

Photo Sergio Bianchini ©
Di Rupo ne fait pas grand chose par hasard.
Hier,  il a envoyé un message à Bart De Wever, pour qui des élections seraient in petto la meilleure étape post-Reynders. Et il a encore donné un sursis de plus au CD&V, toujours dans l'optique de la fixette francophone qui voudrait qu'il suffise de laisser le temps aux divisions internes pour faire évoluer ce parti. Qui, pourtant, faudrait s'en rendre mieux compte, n'a plus rien de commun avec le CVP d'antan.
Mais, mine de rien, c’est le cas de le dire, c’est une petite bombe à  retardement qu’Elio di Rupo a lâché en annonçant que le PS ne voterait pas la “dissolution des chambres” qui seule autoriserait de nouvelles élections.
Puisque cette dissolution- dont on sait qu'elle répond actuellement aux espoirs  de Bart De Wever (qui- dans la logique "vite des élections", donc la mission Reynders doit capoter- n'a pas fait grand chose pour aider l'informateur), ne pourrait se faire que sans le vote du plus grand parti francophone (26 sièges sur 150).
A première vue, un positionnement clair (et assez populaire) quant à un éventuel retour aux urnes. C'est  donc non.
Cela ne mange pas de pain car si élections, in fine, devaient se tenir, Di Rupo est assuré de pouvoir marteler en campagne: "Nous avions dit et juré que nous n'en voulions pas". Bref, Ponce & Pilate gagnants sur toute la ligne.
Ou cela se compliquerait psychologiquement, c’est s’il s’avérait, comme cela se dit, que les partis francophones (à  tout le moins ceux de l’Olivier), déjà assez bien unis sur l'institutionnel, auraient conclu une sorte de pacte implicite allant dans le même sens: refuser, de concert, le jour éventuellement venu, toute dissolution des Chambres. 
Alors que celle-ci pourrait, au Nord, pour des raisons différentes, s’avérer largement considérée comme l’étape “reboot” nécessaire. Surtout pour la N-VA, premier parti d'une Flandre souvent exaspérée par le poids du " Roi du PS" dans la crise actuelle. Le raisonnement  est que des élections sont la seule option démocratique s'il n'y a vraiment aucun gouvernement qui puisse être formé. Et que les rallonges de Leterme, cela en devient vraiment pervers et malsain, les rapports de force nés de l'avis exprimé par la population en... juin 2010 n'étant pas ceux qui se prolongent indéfiniment au 16 rue de la Loi.
Bref, il y a là d’évidence, faute de consensus annoncé sur l'option des élections, la source d’un formidable clivage, le germe d'un grand, d'un énorme clash Nord-Sud, qui pourrait virer à une exaspération sans précédent. Une partie du pays voudrait des élections et l'autre pas, ça ressemble un peu au fameux vote en commission BHV: de quoi  en tout cas dresser un peu plus l'acte de décès d'un pays.
D’autant plus que le refus de dissolution revient à dire aussi quelque part  aux partis flamands que c’est à eux à faire des concessions et que, sinon, ils n’emprunteront pas facilement la porte de sortie que serait des élections-bis…