Las, la popularité, c’est un
peu comme les parfums: il en est qui tiennent, d’autres bien plus légers, faits
de senteurs de saisons…
C’est l’évidence: avec Maggie
De Block, on est à mille lieux du culte de la personnalité suscité par un De
Wever. On est plutôt dans l’histoire singulière d’une médecin entrée en
politique et subitement très appréciée parce qu’elle soigne, sans prétention ni
émotions apparentes, la santé électorale des libéraux du Nord. En faisant le
ménage dans le secteur ô combien hypersensible en Flandre de l’asile et de l’immigration.
L’homme de la rue flamand, N-VA ou Belang aidant, n’y voyait que du laxisme:
l’atypique “Maggie” y fait donc son “petit possible” puisqu’elle a les mains
libres. Elle n’a d’yeux que pour ses propres dossiers, ne se répand pas sans
cesse dans les médias et, surtout, expulse régulièrement tout en fermant quasi
toutes les portes,
Et lorsqu’Alexandre De Croo
lui abandonne le crachoir au Conseil des Ministres, c’est curieusement un
personnage enjoué qui fait jovialement passer, quasi gaiement, des dossiers
inflexibles qui, souvent, cachent les pires des drames humains. Sur lesquels
l’équipe Di Rupo ferme plutôt les yeux puisque- cynisme politique oblige- la
raison d’Etat convient d’aider les partis flamands de la majorité à contrer la
N-VA. Et ce même s’il est plus que douteux que l’Open VLD puisse, en 2014,
transformer en voix la popularité de Maggie. Dont la force de conviction est d’ailleurs plutôt
unilatérale. Ne pas trop compter sur Maggie Coeur de Bouillon pour convaincre
la Flandre du bien-fondé de certaines complexités- afghanes ou lampedusiennes-
qui ne plairaient guère à l’électeur de son coin.
C’est, en com’ politique,
l’exemple-type du marketing du pseudo bon sens.
“Je ne puis tout de même pas
aller enquêter moi-même en Afghanistan” a-t-elle ainsi lâché l’autre jour après
le décès du jeune Aref. Bref, pas trop de raisonnements ni de considérations
compliquées: vive le sens commun du flamand lambda. Le “bon sens” -celui qui
est supposé naturel ou pragmatique- c’est la force de l’évidence pour Maggie,
cette “ménagère qui revient du marché avec des dossiers dans son cabas”. Pour
nombre de belges, “les politiques pensent trop alors qu’ils feraient mieux
d’agir”: c’est là tout le secret du bouillon politique de Maggie. Même si le
recours martelé au bon sens est souvent aussi un total renoncement à la pensée.
Ne pas s’illusionner: Maggie
De Block n’est en rien l’impératrice de Flandre capable de succéder à un De
Wever bien vivant.
Son succès, ce n’est pas une
irrésistible ascension voulue: c’est une conjonction entre une politique forte
d’attributions sensibles et une vraie force de travail. Que De Block se
retrouve demain dans un département plus traditionnel et on prend le pari que
cette popularité ne sera plus aussi hype. Oh, peut-être sera-t-elle un jour
hissée à la présidence de l’OpenVLD: mais, autre phénomène, on sait aussi
combien les présidents de parti flamands ne sont plus vraiment désormais ceux
qui pèsent et comptent…
Michel HENRION