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C’est un passage à la N-VA
qui n’a guère fait parler de lui au Sud du pays, hormis dans le microcosme.
Celui de Johan Van Overtveldt, économiste réputé et plume emblématique de
l’hebdo financier Trends, version flamande traditionnellement pointue.
C’est un autre passage à la
N-VA qui n’a pas plus fait causer de lui versus francophone: celui de la
députée OpenVLD Annick De Ridder, qui, “en conscience”, ne se reconnaît plus dans le
libéralisme-marketing des “leading ladies” libérales (le trio Rutten-De Block-Turtelboom).
Ce sont pourtant là deux
épisodes significatifs d’une très bonne question: où se trouvent désormais les
libéraux en Flandre?
Le Grand Baromètre l’a montré: en jetant sur papier son Confédéralisme
radical (soutenu par 41% des flamands, chiffre vraiment interpellant), Bart De
Wever a lancé une sacrée “balle magique” qui n’a pas fini de rebondir d’ici le
25 mai 2014. Un projet qui a cependant son handicap: un certain manque de
crédibilité du volet socio-économique, ressenti souvent comme pas trop arrimé.
Du coup, Bart sort de son
chapeau le “lapin blanc” Johan Van Overtveldt, sans doute le plus joli animal
du genre de toute l’histoire politique flamande. Parce que l’homme, nimbé de sa
réputation d’expert vedette,
valide et donne, par son ralliement, du crédit à tout ce que la N-VA dit sur un socio-économique
qui se communautarise vitesse VV prime. Parce que médiatique, bon débatteur-
aussi futur ministre en puissance- l’ex-rédac chef de Trends incarne pile poil l’électorat que De Wever entend
précisément capter. Ces entrepreneurs flamands qui ne sont pas forcément
nationalistes mais qui ralbolent des “solutions à la belge”. Qui enragent
devant les blocages –aux allures de “mini BHV”- de l’équipe Di Rupo pour ce qui est du coût salarial
et de la compétitivité. La N-VA, dans sa quête confédéraliste, recherche
l’appui des milieux économiques et financiers. (53% des indépendants de Flandre
souhaiteraient déjà la N-VA au pouvoir, loin devant l’Open VLD à un maigre 19%)
Le “lapin blanc” Van
Overtveldlt pourrait donc inciter, d’autres acteurs économiques à rejoindre le
terrier N-VA.
Le pragmatique professeur Van
Overtveltd eût pu choisir de s’engager au sein de l’Open VLD.
Surprise: son libéralisme
économique le conduit à la N-VA, dont il bonifie illico l’image.
C’est donc le moment ou
jamais pour De Wever de convaincre les libéraux de virer N-VA. Et son grand
congrès de fin janvier 2014 pourrait, qui sait, se comparer demain au bigbang
qui transforma jadis le PVV en VLD triomphant. Il est vrai que, à l’instar d’un De Wever, Verhofstadt était
idéologue.
Aujourd’hui, Gwendolyn Rutten
fait plutôt dans la forme, le marketing et l’optimisme Dr Coué : pas de vrai
renouveau idéologique. On y fait plutôt le pari d’attirer par son discours de
moins en moins flamand, de moins en moins libéral au sens doctrinal du terme,
de nouveaux électeurs. Cela ne va pas donc sans remous entre la base et le top
OpenVLD. A son élection à la
présidence, quoique soutenue par tous les apparatchiks bleus, Gwendolyn Rutten
avait déjà dû encaisser le score contestataire (40%) de son challenger, le peu
connu Egbert Lachaert. Cette fois, c’est un déluge de “lettres ouvertes” et
autres réactions cinglantes (les Jong VLD ont été les fers de lance de la
contestation interne, aussi bien maîtrisée par Maggie qu’un rétif afghan) qui
montrent qu’un certain nombre de libéraux flamands ne flonflonnent plus avec
ces éternelles promesses, utopiques dans le contexte belge.
Gwendolyn Rutten peut certes
compter sur tous ceux qui sont OpenVLD avant d’être libéraux, sur tous ceux qui
ont une réelle aversion pour le nationalisme, sur tous ceux qui ont trop ou
trop peu d’ambitions. Mais bien d’autres feront comme Van Overtveldt ou la
députée Annick De Ridder. Et opteront pour le libéralisme sauce N-VA.
Avec Mega Maggie, Annemie et
Gwendolyn, les libéraux flamands ne sont plus les seuls à pouvoir se targuer de
l’ ”étiquette libérale”: surtout pour ce qui est du socio-économique.
Leur cauchemar de demain, c’est
l’Open N-VA.
Michel HENRION