A quelques heures du grand débat Didier Reynders-Elio Di Rupo, à 19h40 sur RTL-TVI http://w1p.fr/2459 et dès 19 H sur Bel-RTL (”Sans langue de bois” http://w1p.fr/2460), ça fébrile sec. Perso, on ne croit guère au ton baston Mortal Kombat ni à un remake des duels peints à l’hémoglobine des précédents scrutins. Ce sera plutôt, parions-nous, un grand moment du jeu du chat et de la souris, chacun cherchant plutôt à miauler maxi.
D’abord, parce que le président du MR est tenu par le slogan dont on l’a doté. “ La garantie du respect”, ça ne permet plus vraiment l’attaque sous la ceinture.
Ensuite parce que rien n’est plus pareil : en 2009, on votait régional et Reynders, auréolé par son incontestablement historique mais momentané exploit de 2007 ( être devenu le premier parti wallon) rêvait de virer sec sans ménagement Di Rupo tant en Wallonie qu’à Bruxelles. En 2010, il s’agit d’élections fédérales découlant de la chute d’un gouvernement ou les deux partis rivaux ont, bon gré mal gré, travaillé côte à côte. Donc, leurs leaders sont à minima tenus d’en défendre un bilan, comme on dit en com’ dans ces cas-là, “globalement positif”.
Elio di Rupo, sauvé d’extrême justesse par sa baraka, a fait taire les ambitieux, prépare Magnette à sa succession et se rêve à nouveau parfois Premier Ministre. Didier Reynders, lui, est désormais considéré par une bonne part de ses “amis” du MR comme une catastrophe de communication, surtout de par son agressivité souvent inutile. Et Reynders, qui quittera donc sous peu la présidence du MR avec une popularité plutôt en capilotade, a donc sans doute un sérieux besoin de se ménager des appuis pour sa reconversion dans un climat politique incertain. On se souviendra d’un autre ancien Ministre des Finances, Philippe Maystadt qui, bien que le parti qu’il avait présidé ait été renvoyé dans l’opposition, fut nommé et évacué en 2000 vers la Banque Européenne d’Investissement (BEI) avec l’appui de la coalition Arc-en-Ciel de l’époque.…
Et , à lire les déclarations apéritives de ce grand débat, on se dit que décrypter la langue de bois impose vraiment de rappeler deux règles absolues :
1) ne jamais croire les ténors politiques qui, comme Di Rupo lorsqu’on évoque l’hypothèse du 16 rue de la Loi, réfutent toute ambition et refusent de parler de leur futur…
La formule de modestie, jetée en pâture aux medias, genre “ Je ne suis candidat à rien “ dissimule souvent une vive impatience…
2) ne jamais croire non plus les ténors politiques qui, comme Reynders, parlent de leur désir de “faire autre chose”…
La stratégie de la tentation d’une autre vie est une vieille ficelle employée systématiquement par tous les grands formats politiques. Le désintéressement, genre “le pouvoir n’est pas une fin en soi”, est une posture on ne peut plus huile de parlotes.
Car c’est bien connu : l’homme politique, de gauche ou de droite, se bat toujours pour des “convictions”, pour “l’intérêt général” et “contre les dogmatismes”.
Ceux de son opposant d’un soir, sous les caméras de la télé, évidemment.