Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 19 mai 2010

LES TROUBLES DE L'ELECTION (16)/ CE QU'IL NE FAUT JAMAIS CROIRE DANS LES PROPOS D'UN POLITIQUE (Grand Débat Di Rupo-Reynders RTL-TVI à 19H40)


A quelques heures du grand débat Didier Reynders-Elio Di Rupo, à 19h40 sur RTL-TVI  http://w1p.fr/2459 et dès 19 H sur Bel-RTL (”Sans langue de bois” http://w1p.fr/2460), ça fébrile sec. Perso, on ne croit guère au ton baston Mortal Kombat ni à un remake des duels peints à l’hémoglobine des précédents scrutins. Ce sera plutôt, parions-nous, un grand moment du jeu du chat et de la souris, chacun cherchant plutôt à miauler maxi.
D’abord, parce que le président du MR est tenu par le slogan dont on l’a doté. “ La garantie du respect”, ça ne permet plus vraiment l’attaque sous la ceinture.
Ensuite parce que rien n’est plus pareil : en 2009, on votait régional et Reynders, auréolé par son incontestablement  historique mais momentané exploit de 2007 ( être devenu le premier parti wallon) rêvait de virer sec sans ménagement Di Rupo tant en Wallonie qu’à Bruxelles. En 2010, il s’agit d’élections fédérales découlant de la chute d’un gouvernement ou les deux partis rivaux ont, bon gré mal gré, travaillé côte à côte. Donc, leurs leaders sont à minima tenus d’en défendre un bilan, comme on dit en com’ dans ces cas-là, “globalement positif”.
Elio di Rupo, sauvé d’extrême justesse par sa baraka, a fait taire les ambitieux, prépare Magnette à sa succession et se rêve à nouveau parfois Premier Ministre. Didier Reynders, lui, est désormais considéré par une bonne part de ses “amis” du MR comme une catastrophe de communication, surtout de par son agressivité souvent inutile. Et Reynders, qui quittera  donc sous peu la présidence du MR avec une popularité plutôt en capilotade, a donc sans doute un sérieux besoin de se ménager des appuis pour sa reconversion dans un climat politique incertain. On se souviendra d’un autre ancien Ministre des Finances, Philippe Maystadt qui, bien que le parti qu’il avait présidé ait été renvoyé dans l’opposition, fut nommé et évacué en 2000 vers la Banque Européenne d’Investissement (BEI) avec l’appui de la coalition Arc-en-Ciel de l’époque.…
Et , à lire les déclarations apéritives de ce grand débat, on se dit que décrypter la langue de bois impose vraiment de rappeler deux règles absolues :
1) ne jamais croire les ténors politiques qui, comme Di Rupo lorsqu’on évoque l’hypothèse du 16 rue de la Loi, réfutent toute ambition et refusent de parler de leur futur…
La formule  de modestie, jetée en pâture aux medias, genre “ Je ne suis candidat à rien “ dissimule souvent une vive impatience…
2) ne jamais croire non plus les ténors politiques qui, comme Reynders, parlent de leur désir de “faire autre chose”…
La stratégie de la tentation d’une autre vie est  une vieille ficelle employée systématiquement par tous les grands formats politiques. Le désintéressement, genre “le pouvoir n’est pas une fin en soi”, est une posture on ne peut plus huile de parlotes.
 Car c’est bien connu : l’homme politique, de gauche ou de droite, se bat toujours pour des “convictions”, pour “l’intérêt général”  et “contre les dogmatismes”.
Ceux de son opposant d’un soir, sous les caméras de la télé, évidemment.