Trop de divisions de fond, trop de divisions stratégiques qui les font toujours jouer en défense, devant clairement- dans le dossier BHV avorté- grapiller une par une les compensations. Logique puisque du point de vue du Nord, il n’y avait pas grand chose à négocier, sauf permettre aux francophones de sauver les apparences…
Evidemment, avec la campagne, on est déjà en plein dans la communication politique ésotérique, avec des partis lançant de mâles promesses souvent intenables censées doper leurs résultats du 13 juin prochain. Mais qui ont, sauf training de body-building, bien des chances de terminer au sobre et émouvant cimetière champêtre des promesses de campagne abandonnées. Ce qui contribue au discrédit des politiques.
A la place du MR (qui fait sa com en rappelant les événements de 2007, comme si l’électeur avait fidèlement en mémoire le PV des péripéties de l’Orange Bleue…) et surtout d’Olivier Maingain, on découperait donc soigneusement l’assez étonnante interview de Joelle Milquet au” Vif”. (07-05)
Car pourquoi le président du FDF se faisait-il gronder par le CDH et les autres ténors francophones lorsqu’il rappelait, dans son style de communication certes un brin particulier, que la position copyright définie par le front était “que la seule réponse à la scission était l’élargissement de Bruxelles…”
Car aujourd’hui, on lit Joelle Milquet, la vraie, celle qui est candidate à Bruxelles, (et pas son usurpateur-gag sur Twitter qu’elle a décidé de poursuivre en justice…) se profiler très pointue . On cite fidèlement :
“ Je défends totalement l'élargissement de Bruxelles. C'est nécessaire. Pour une raison sociologique et pour une raison géopolitique. Il est logique que la Région bruxelloise s'étende vers Kraainem ou Wezembeek-Oppem, à 85 % francophones. Ces communes-là font sociologiquement partie de Bruxelles.”
Et plus fort encore , la présidente du CDH poursuit:
“Mais l'enjeu, c'est aussi que la Wallonie ait une frontière commune avec Bruxelles. C'est stratégique, ça. L'espace francophone existe sur le plan culturel et économique, mais il est malheureusement scindé sur le plan territorial. C'est l'erreur majeure que les francophones ont commise en 1962-1963, lors de la fixation de la frontière linguistique. A cause de ça, Bruxelles se retrouve aujourd'hui enclavée. Il faut réparer cette erreur et joindre les territoires wallon et bruxellois. Il faut créer un espace territorial francophone dans l'Etat belge, tout comme il existe déjà un espace néerlandophone. Et puis, en termes d'équilibre, ce n'est pas normal que la capitale de la Belgique possède une bordure avec une des deux grandes régions du pays, mais pas avec l'autre. “
“ On a 40 000 possibilités dans nos cartons, je peux vous le dire “ communique in fine la présidente du CDH, qui promet donc , dans sa profession de foi électorale, de faire tomber le fameux “rideau de betteraves”. Alors que les partis du Nord ont même rejeté jusqu’au ” principe du pédoncule” qui consisterait à relier Bruxelles à la Wallonie par un couloir, éventuellement par la forêt de Soignes ou la berme centrale de l’autoroute E411 ou E40.
On ne demande qu’à croire au dessein de la présidente du CDH qui, pourtant, il y a peu, tenait un langage houdinien faisant presque disparaître le même élargissement…
Le sénateur CDH Francis Delperée, qui cause doctement mais qui est toujours un brin juste à côté de la plaque, avait lancé récemment en réponse à Bart De Wever qui disait vouloir bien donner une “cuillère de sucre” aux francophones pour scinder BHV, cette forte formule :
`” Je ne veux pas une cuillère de sucre, mais un camion de sucre…”.
En haussant la tonalité francophone de sa communication, cette fois, Joelle Milquet vise clairement la raffinerie.