Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

samedi 6 août 2011

Crise financière déboulant, les vacances (prolongées) des politiques en passe de devenir intenables...


On ne le répétera jamais assez: la communication, c’est avant tout un regard. Un ressenti de l’opinion. Peu importe alors bonnes raisons, logique et autres rationalités: l’homme de la rue n’en a souvent cure.
En un autre mois d’août vacancier, celui de 1996, Jean-Luc Dehaene en fit déjà la cuisante expérience, commettant l’erreur de s’agripper psychologiquement à son parasol alors que Julie et Melissa bouleversaient, blanchissaient les âmes.
Cette fois, la tourmente qui s'abat est financière. Et nos leaders, pardon nos responsables politiques sont pour la plupart qui en Corse, qui en Turquie, qui en Espagne…
Jusqu’au Ministre des Finances qui, face à ce séisme et cette magnitude-là, doit se sentir pour le moins mal à l’aise, quelque peu culpabilisé d’être là, dans le Midi de la France, pendu à son portable.
Tweet de Didier Reynders, pas trop secoué...
Oh, bien sûr qu’il n’est pas seul au soleil : David Cameron dort et dore en Toscane, Sarko se fait paparazzer au Cap-Nègre et Angela Merkel est censée lire une passionnante bio de Staline sous les UV du Tyrol italien. C’est bien connu: la meilleure condition de travail, c'est les vacances.
 Oh, bien sûr, ce n’est évidemment pas le retour précipité de Wouter van Besien ou de Caroline Gennez qui bouleverseraient d’un neutron les avis des coteurs-notationeurs de Standard & Poor’s et autres Moody’s.
Il n’empêche qu’il y a là une erreur psychologique du monde politique qui, de mineure, vire progressivement majeure.
Ce n’était déjà pas simple de combattre un certain poujadisme pour lequel 420 jours de vacance de vrai gouvernement signifient presque 420 jours de vacances.
De Wever, avec tout son instinct, avait d’ailleurs aussitôt utilisé l’arme virale fin juillet, s’étonnant au nom du “bon sens” que la première conséquence de la dramatisation d’Albert 2 soit… une mise en repos jusqu’à la mi-août.
La N-VA venant d’être renvoyée au banc (pas solaire), l’argument de Bart en fut un peu terni. Cette fois, crash boursier et crise de la dette créant un climat anxyogène- le belge moyen paniquant pour ses économies et son avenir social- il prend indubitablement tout son sens.
Et la N-VA, qui a retrouvé l’aisance des habits d’opposition, d’ en remettre habilement une couche, demandant “le rapatriement d’urgence des négociateurs”.
Et, histoire de faire de l’image, les Jeunes N-VA mèneront une action très médiatique ce lundi à l’aéroport de Bruxelles-National (comprenez Zaventem).
Curiosité troublante: le discours des nationalistes flamands  (“ rester en vacances est un très mauvais signal “) recoupe ainsi soudain celui du gouverneur de la Banque Nationale, le très politique Luc Coene, jadis (entre autres) sénateur OpenVLD, pour qui “ avoir interrompu les négociations donne une impression de laisser-aller négative”.
Certes, Yves Leterme est au poste en stand-by à Ypres, prêt à répondre à tout SMS.
Certes, des experts relèvent que seule la Banque Centrale Européenne peut vraiment agir ces heures-ci.
Elio Di Rupo, au village familial des Abruzzes...(Sud-Presse)
Il n’empêche: ce qu’on a tacitement et tatitement surnommé rue de la Loi “ Les vacances de M. Elio”, ça passe de plus en plus mal dans l’opinion.
D’autant qu’on apprend que rien ne reprendrait vraiment le 15 août (hormis quelques contacts bilatéraux), cette figure-clé qu’est Wouter Beke ayant réservé en France les deuxième et troisième semaine d’août.
“ Je peux être vite de retour par le TGV”, s’est justifié tant bien que mal le président-porte-parole du CD&V. Et, sous la pression, de s’excuser: “ D’ailleurs, Di Rupo m’a informé qu’il ne m’attendait que pour le 22…”. Un malaise que les partis du Nord, davantage sous la pression de la N-VA, comptentquelque peu alléger par une rentrée anticipée du Parlement.
Les vacances, c'est la période qui permet théoriquement aux politiques de se souvenir que les affaires peuvent continuer sans eux.
En 2011, l’opinion publique ne rit plus vraiment toujours de la boutade.







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