A force de ne mettre plus en avant que quelques figures saillantes,
les partis n’en sont-ils pas arrivés à compromettre leur propre succès?
C’est
l’exemple le plus frappant: Kris Peeters, non content d’escalader à ses
heures l’Himalaya, atteint aussi désormais des sommets de popularité en
Flandre. Mieux: selon un sondage VRT-Standaard, il dépasserait même
désormais de carrément 7 points un dénommé Bart De Wever. Le hic, c’est
que le CD&V, qui en a fait son arme secrète électorale, n’en retire,
lui, que pouic. Les sociaux-chrétiens flamands piétinent, sans
reprendre de voix àla N-VA. Le CD&V pèse toujours à peine…la moitié
d’une N-VA qui ne décline donc nullement, puisque tous les rapports de
force demeurent.
Tenez, regardez Maggie De Block, la trouvaille
inattendue d’Alexander De Croo, désormais quatrième au Nord, et sans
doute bientôt dans l’envié Tiercé de tête. Le flamand l’adore, tout
comme Annemie Turtelboom(7ème) mais leur aura ne sert en rien les
libéraux flamands, l’OpenVLD se weightwatcherisant juste au dessus de
la barre des 10%.
Au Sud, relevez les bons scores personnels du
maître deGaillard et Maggie (ses deux racés Parson Russell), entendez
Benoît Lutgen. On était dans la politique-fiction, certes, mais 43% des
wallons souhaitaient tout de même l’autre jour sa présence dans le
prochain gouvernement wallon. Et, en popularité pure, le bastognard
s’adjuge désormais la quatrième place en Wallonie, devant Milquet.
Las,
même phénomène, le CDH qu’il incarne ne s’en brillantine pas pour
autant, flottant apparemment entre 12% et 13% en Wallonie(encore 16,44 %
en 2009)
Allez, une dernière du genre: pour la première fois
dans l’histoire des “Baromètres politiques”, un même parti truste les
trois marches du podium (Di Rupo, Magnette, Demotte) de la popularité en
Wallonie. Mais, pour la troisième foisdepuis 80 ans, les socialistes
wallons se tapent le rouge de descendre sous labarre des 30%.
Il
fut un temps ou la personnalisation des politiques confortait toujours
leur parti, ou cela s’emboitait harmonieusement pour se renforcer
mutuellement. Cela vaut toujours pour un Bart De Wever: ce n’est plus
forcément une règle évidente.
La pipolisation, la
personnification de l’action politique ont fait que les médias
privilégient un petit nombre de personnalités: le ghottamédiapolitique.
Résultat:
bien d’autres, pourtant à des postes d’influence électorale certaine,
ne jouent plus que les utilités pour les formations. Un sondage
Sud-Presse était cruel l’autre matin pour les “Inconnus”: 46% des
wallons ne connaissent même pas Eliane Tillieux, ministre PS ; 37%
ignorent tout de Carlo Di Antonio, ministre CDH; 31% ne savent que nada
de Philippe Henry, ministre Ecolo; 34% n’ont jamais entendu causer de
Paul Furlan, ministre PS . Et même un Marcourt, qui privilégie les jeux
de coulisses, est inconnu au bataillon pour 17% des wallons.
Or,
ces personnalités là sont censées aussi incarner leur formation. Tout
comme les parlementaires devenus si disciplinés, si prévisibles,si
insipides parfois “dans l’intérêt du parti” et de leur carrière perso.
A
force de pipoliser, de ne jouer à la “bourse des valeurs”que les
actions des seuls grands pro de la rue de la Loi, les partis ne sont-ils
pas en train de risquer le krach de la politique?
La vraie.
Michel HENRION.
(cet
article était basé sur le Baromètre Politique Libre-RTBF du 24/05: il
vaut tout autant, avec quelques variations de pourcentages, pour le
Grand baromètre RTL-TVI-Le Soir-Ipsos)