Maggie De Block et le pape
François, ces apôtres de la nouvelle séduction.
Ah, que n’en a-t-on vu de ces
politiques qui, une fois devenus enfin ministres, ne cessent de se gonfler du
cou et de leur importance. Entouré de flatteurs et autres béni-oui-oui
–la ”Cour” des cabinets
ministériels- le pouvoir et ses attributs les font souvent s’éloigner vite fait
du petit peuple des électeurs. Pas en paroles cosmétiques, bien sûr: les
discours, les “petites phrases”, les tweets convenus, les passages télé soigneusement
préparés et autres jeux de scène sont là pour entretenir l’illusion de la
proximité. Et ce alors qu’ils sont souvent emportés déjà très loin par la
vanité de leur personnage d’homme d’Etat qui s’y croit.
Tous ceux-là, et d’autres
encore (on pense ici à notre Monarchie
qui fonctionne toujours selon un protocole aussi distant que suranné)
devraient s’attacher à bien zyeuter la communication du pape François, qui va
assurément incroyablement doper l’air du temps. Et démoder grave les techniques
devenues insupportables d’un marketing politique tellement cousu de fil vote
blanc que bien des citoyens ne croient plus guère en la parole politique.
C’est que la séduction ne
doit plus forcément s’organiser. Désormais, pour établir une relation forte
avec l’opinion publique, il faut surtout des gestes, un comportement, une
manière d’être, de l’authenticité, bref en un mot, de la simplicité.
Surtout sans distance, sans
éloignement.
On ne sait encore comment il
conviendra de jauger, de juger sur textes le pontificat de François: ce dont on
est sûr, c’est que sa com’ par le geste sans apprêt a déjà frappé très fort.
En fait, c’est Maggie De
Block qui, à cet égard, aurait sans doute dû été la plus en droit d’intégrer le
charter ministériel vers l’aéroport de la place Saint-Pierre.
C’est que celle dont on s’est
tant gaussé à sa nomination est devenue un phénomène médiatique. Précisément
parce qu’elle décline la même partition que le nouveau pape: avec les mêmes
notes de simplicité et d’authenticité. Mais davantage de naïveté que le Pape:
l’école des Jésuites ne conduit guère à déclarer ”que ce qu’on adore en
politique, c’est qu’on peut dire n’importe quoi”. Résultat: la voici qui
caracole dans les sondages de popularité, la voila Femme de l’Année, la voici
qui se retrouve consacrée seconde de l’OpenVLD.
Avec pour devise cette phrase
magique du temps: “ Je vais faire mon petit possible”. Un truc qu’a d’ailleurs
calqué il y a peu le tout nouveau ministre des Finances Koen Geens: lui aussi,
il a promis “de-faire-son-possible”.
Toujours en Flandre, Bart De
Wever navigue d’ailleurs aussi dans ces mêmes eaux, fussent elles plus
troubles. (le boss de la N-VA ne fonctionne qu’à coups de fiches, qui vont
jusqu’à préparer ce qu’il dira dans des moments informels). Le ton direct, sans
détours, de Bart de Wever est assurément une des clés de son succès.
Ce qui va compter en 2013 en médiapolitique,
c’est donc d’être (ou de paraître) plus vrai: l’egopolitique se meurt un peu.
Michel Henrion.
NB: Maggie
De Block est aussi populaire parce qu'elle est aussi quasiment la seule qui
fait (ou qu'on laisse faire) ce qu'on avait promis en 2010 aux électeurs
flamands.