iMagnette. C’est le surnom
moqueur du nouveau bourgmestre carolo depuis que celui-ci défend, à coups
d’arguments pas toujours adroits (“L’iPhone n’est pas le plus cher” (1) ”C’est
une haine des classes vis à vis de Charleroi”, l’achat contesté de smartphones
pommés pour les cadres de la Métropole.
Dans le même style, à
Andenne, le bourgmestre Eerdekens avait lâché, pour un même objet du désir,
“qu’il ne ne fallait pas avoir le comportement d’un SDF” tandis qu’ à
Schaerbeek, le bourgmestre Clerfayt avait argué qu’il avait déjà disposé -à la
préhistoire- d’un “Palm” et que, somme toute, il n’avait pas de voiture de
fonction comme les privilégiés de la Ville de Bruxelles. Na.
De fait, ce genre de
polémique naît des édiles eux-mêmes, qui, de par leur méconnaissance du monde
numérique, construisent le soupçon .
C’est que ces politiques
soudain tenants des nouveaux outils mobiles, ne semblent alors les désirer que
pour leur seul confort personnel et s’en désintéresser dès lors qu’il s’agit de
ce qu’ils pourraient apporter à leurs concitoyens.
On compte toujours sur les
mains les trop rares villes qui ont investi dans une Application pour smartphone,
histoire d’informer et conseiller habitants du cru ou voyageurs de passage.
On ne capte toujours pas
qu’on peut, toujours en développant une simple “app”, résoudre bien des
demandes administratives, faire diminuer les files devant les guichets…
Car si on entend surtout les
contradicteurs se jeter des prix d’ Iphone à la tête (de fait, ça se discute :
des smartphones à 150€ permettent aussi bien “de consulter, selon la formule de
Magnette, ses mails à distance”), on regrette de ne pas entendre davantage ces
bourgmestres là défendre sans faiblesse un projet moderne, notamment l’achat de
tablettes numériques. Et pas qu’avec le seul propos qu’en doter tout un conseil
communal permet d’évidence des économies folles en photocopies désuettes.
Argument juste mais qui passe au bleu le fait majeur que, demain, la tablette
numérique devra investir les écoles dont ils ont la responsabilité.
Si contents à l’idée de jeter
un oeil sur leur ego-Facebook mobile, nos élus semblent encore ignorer que
c’est tout l’enseignement qui va
vivre une révolution. Que le savoir est devenu collectif et connecté. Et que le
monde de l’enseignement actuel – ces salles de classe, ces bibliothèques, ces
campus coûteux- forment un monde qui sera bientôt tout autre. Demain, la
tablette sera le manuel scolaire universel remplissant les cartables de tout le
savoir du monde. Seuls quelques trop rares responsables s’en sont aperçus: à
Bruxelles-Ville (120 tablettes dans les écoles), à Blegny, à Bressoux, à Ans, à
Ciney et quelques autres à avoir compris qu’il fallait un peu sortir de l’âge
de la pierre…
Au lieu de se justifier,
d’être gênés, de ne voir dans leur joli matériel design qu’un ixième avantage
en nature, nos responsables politiques feraient bien de prendre conscience
qu’après le passage de l’oral à l’écrit, de l’écrit à Gutenberg, la mutation
des nouvelles technologies du savoir est un enjeu vital. Et enthousiasmant,
s’ils le comprenaient mieux.
Michel HENRION.
(699 €)