Les “Baromètres politiques”,
ces sondages d’opinion si chers aux médias, sont assez d’accord sur un point.
Avec une cote de bulletin variant peu ou prou autour des cinq points sur dix,
c’est une constante: le gouvernement Di Rupo n’est ni vraiment impopulaire, ni
franchement populaire.
Ce qui postule un
comportement quasi automatique: sans forte popularité, de grands changements
politiques sont toujours improbables. Logique: les partis de toute coalition
sans popularité forte ont tendance à prêter plus d’attention aux groupes de
pression dont ils sont proches. D’autant plus à l’approche d’élections.
L’update budgétaire, sans mesures très marquantes, en est le témoin: des
semaines de conclave pour une panoplie sans risques. Jusqu’au prochain épisode
puisque, à part des budgets, que font-ils d’autre au fédéral ?
C’est qu’Elio Di Rupo, en bon
politique non sans charisme empathique, applique aussi à la lettre une règle
absolue de la com’ de tout Premier Ministre hypra-rodé. Lorsqu’il y a risque
d’impopularité, ne jamais donner l’impression de l’action personnelle. D’où son
usage si fréquent du mot “Nous”.
Qui, selon que les circonstances soient positives ou négatives, est parfois
tout bénéfice sans postuler pour
autant, dans le cas inverse, un risque d’impopularité sur sa seule pomme de
chef de file d’une sexipartite aux idéologies si contradictoires.
“Nous veillons à un équilibre entre économies à réaliser et
recettes qui n'entrave pas le fragile redressement” a-t-il ainsi lancé pour
résumer l’ajustement budgétaire.
“Nous règlons les problèmes”, “Nous restaurons la confiance”, “Nous faisons mieux qu’ailleurs” sont le sirop de trompe d’Eustache de cette
ligne qui applique les directives de la Commission Européenne tout en affirmant
se mettre à la place des gens. Avec le hic que, plus on gratte des milliards, plus il faut puiser dans le
stock des mots-écrans pour relativiser des réalités souvent cruelles dans la
vraie vie.
La com’ du Premier Ministre
se veut de fait au dessus de la
mêlée. Avec, hormis l’assez confidentiel rituel parlementaire du jeudi, un
minimum de risques de confrontation. Juste de temps à autre, si les
circonstances s’y prêtent, un “road trip” réglé au millimètre des plateaux télé de toutes les chaînes. Une sorte
de “communication gouvernementale” ambulante puisque les questions,
fussent-elles très journalistiques et incisives, ne déclenchent jamais que de
mêmes réponses nourries aux invariables éléments de langage OGM. Bref, une
gestion d’image obsédée par l’évitement du risque politique (la “bombe ACW”) ou
médiatique. Cela fonctionne plutôt bien d’ailleurs, sauf lors de cette récente tentative de
dribbler les médias traditionnels en skypant avec des citoyens lambda baptisés
“cobayes de la nouvelle technologie” (sic) et en diffusant les réponses d’
“appelez-moi-Elio” sur You Tube. Résultat vérifié après un mois de mise en
ligne: rikiki. Quelques centaines de visions s’additionnant pour totaliser
moins qu’un court-métrage finlandoche sur la Trois. T’as des vidéos de
proximité supposée, mais t’as pas de spectateurs. Pour faire le buzzz, on a vu
mieux, n’est-ce pas Nabilla ?
Michel Henrion.