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Il n’est qu’une réalité brutale: les caisses sont vides. Nos
élus sont les premiers à le savoir mais n’en continuent pas moins à nous
bombarder de plans et promesses par milliards de milliards. Comme au bon vieux
temps, lorsque l’Europe n’imposait pas ses controversées trajectoires
budgétaires. On peut apprécier ou non Laurette Onkelinx mais force est de
constater qu’elle est jusqu’ici la seule
à avoir mis les pieds dans le plat. A savoir que le prochain
gouvernement- et ce quel qu’il soit- devra, selon les impératifs européens,
encore d’abord nous pomper pour pas moins d’au moins…14 millards d’€ d’ici
2019. Et ce alors que pas mal de mesures prises par l’équipée Di Rupo
impliquent déjà -outre les lourds
effets à retardement de la 6ème réforme de l’Etat- de solides factures
(notamment les paquets de millions censés huiler les rouages du statut unique
ouvrier-employés)
Ca n’empêche pas nombre de partis de multiplier les
feintes-à-Jules et les cadeaux
fiscaux, très tendance ces temps-ci pour l’emballage électoral. Mais lorsque
vous posez la question qui tue (“dites, puisqu’il faudra raper 14 mia d’€ qui
vont faire mal, ou allez-vous dénicher les sous pour réaliser toutes ces belles
promesses?”) vous n’avez droit qu’à des réponses vagues causant d’ “effet
retour”, de lutte contre la fraude fiscale
(sur 2000 mia de fraude débusquée, on n’en récupère en fait jamais que 10%) ou
de “chasse aux gaspi”, vous savez
le truc si efficace qu’il prive juste les commissariats de papier-toilette pour
amuser le bon peuple...
Dommage que le droit romain ne soit plus d’application. Car
celui-ci prévoyait des pénalités financières pour l’élu récalcitrant à la tenue
de ses promesses, que même ses héritiers étaient tenus d’honorer. Aujourd’hui,
c’est le règne de la détestable formule cynique selon laquelle “les
promesses n’engagent que ceux qui y croient”.
Avec comme effet pervers que l’électeur se méfie, prend de plus en plus son
autonomie, se laissant tenter par le vote de rejet, celui qui vient des tripes.
C’est bien connu: les électeurs veulent soit du changement, soit exprimer une opinion. C’est à dire, de nos jours, souvent du
mécontentement.
Comment y voir clair?
L’autre jour, le président du MR proposait de faire factchecker les
chiffres des programmes des partis par la brave Cour des Comptes. Un peu court
comme comptes: car le risque
évident est alors de déboucher sur une “gestionnarisation” du débat politique. Tout ne se vaut pas et la
formule la plus “low cost” n’est
pas forcément la meilleure pour le citoyen.
La formule hollandaise, une des rares du genre au monde, est
bien plus intelligente. Puisque la politique, c’est surtout faire de bons choix
, un organisme vraiment indépendant (si,si) y calcule tous les impacts réels
(économique, environnemental, etc) des idées de la dizaine de partis en lice. Qui ont évidemment tendance à
sous-estimer les coûts et à
surestimer les avantages à court terme. Ainsi, au Pays Bas, a-t-on
vertement épinglé, entre les lignes, le projet fermenté de la calbombe d’un
parti de réduire, mine de rien, de
50% la pension de retraités vivant
avec trois autres adultes…
Une information vraiment fouillée et indépendante sur les
programmes électoraux est de plus en plus une nécessité démocratique. A
condition de dépasser la fausse logique selon laquelle tout se vaudrait. Et
qu’on pourrait donc, en cette période d’austérité, couper dans tout jusqu’à,
parfois, l’essentiel. Entendez cette Sécurité Sociale, qui est somme toute le
dernier lien entre les belges.
Miche HENRION