Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 2 mars 2011

Le “ Woutergate” (ce que nous masque le perpétuel défilé des entremetteurs royaux)

L’opinion n’a pas fini d’hésiter entre résignation ou indignation.
C’est le développement de l’inextricablement durable.
Et la file d’attente après Wouter Beke est presque déjà une évidence.
Wouter Beke, avant ses lunettes qui font vieillir...
C’est que le Nord conditionne toujours tout gouvernement à une grande réforme de l’Etat dont chaque facette imbroglio prend automatiquement des plombes. C’est que, conséquence de la dureté de l’offensive confédéraliste flamande, les enjeux sont de plus en plus cruciaux, ben oui, pour le niveau de vie futur des wallons et des bruxellois.
Bien sûr, des lignes bougent. D’aucuns rêvent très fort de coaliser le centre droit: d'y recoller notamment les 130.000 voix de Jean-Marie Dedecker. D’autres – les intellectuels flamands ou l’ombre de Verhofstadt- grondent contre la N-VA alors que la vieille Fête du Chant Flamand devient étonnamment tendance. D’autres encore font que le Parlement a des majorités d’opportunité sable mouvantes, qu’il s’agisse du regroupement familial, du quota des femmes ou de la levée du secret bancaire qui vexe la N-VA.
Et Didier Reynders a beau nier le soleil en plein midi- surtout celui de BHV qu’on n’a jamais vu poindre à l’horizon- sa mission se résume dans sa propre phrase finalement très non-sense : "J’ai très complètement informé le Souverain sur tous les dossiers". Comme si Albert II avait passé plus de 260 jours à regarder les intégrales DVD de toutes les séries télé US.
Reynders, Roi-Soleil du zéro, selon Gazet van Antwerpen.
Après Di Rupo, De Wever, Vande Lanotte et Reynders, c’est donc au tour du CD&V Wouter Beke, l’autre rejeton politique -avec Bart De Wever- de feu le grand flamand Hugo Schiltz (VU) , d’aller au casse-pipe.
Drôle de zig d’ailleurs, le Wouter.
A qui l’on prête l'art de gondoler des neurones et du frontal mais encore trop peu de carrure. Qui préfère embaucher le théologien Jürgen Mettepeningen – vous vous souvenez, l’ex porte-parole de Mgr Léonard- au centre d’études du CD&V plutôt qu’un conseiller en marketing. De là à appliquer l’éthique de la doctrine sociale-chrétienne , pour rappel la réalisation du “bien commun”, y’a de la marge.
Beke in Actie renvoie déjà prudemment son piétinement vers PS et N-VA, avec qui il va travailler en "cercles concentriques". Parce qu’il doit faire gaffe au chant du cygne électoral qui le menace, aux multiples mouvements centrifuges qui traversent méchamment le CD&V jusqu’à le fissurer entre son aile de centre-gauche ( le syndicat chrétien flamand a toujours ses relais) et son aile droite, celle qui se sent si tant à l’aise avec Bart.
Et puisque Wouter (36) est quasi un inconnu , la médiapolitique s’occupera un temps avec sa personnalité, son goût pour le basket, ses sempiternelles formules à répétition (“Je ne suis pas un flamand émotif”): un visage neuf, ça ne mange pas de pain par ces temps fatigués.
Cela laissera l’opinion juste résignée avec le risque d’une avanie de rupture de confiance avec ses élus politiques.
Qui n’ont, à ses yeux, plus apparemment le goût de s’intéresser à ce qui les touche, à ce qui les frappe même au coeur de leur vie de tous les jours : la chute- celle-là immédiate avec les conséquences énergétiques de la Révolution arabe- de leur pouvoir d’achat.
Caroline Gennez, la cheftaine des socialistes du Nord, a bien humé cela.
En posant une bête question: “ Pourquoi les oranges vendues en Belgique sont-elles bien plus chères que celles vendues en Hollande, alors que c’est quasi le même camion qui les apporte d’Espagne ?”
Avec un baril de pétrole qui remonte, avec une inflation de 3,4% en février ( bien moins que les  carnets d’épargne désormais verrouillés à la hausse concurrentielle), avec le prix des produits alimentaires qui gonflent, avec les prix de l’électricité, du gaz et même de l’eau qui s’envolent, le monde virtuel du gouvernement à la petite semaine ne plaira plus vraiment. (tiens, juste un relevé parmi tant d’autres: entre 2005 et septembre 2010, le prix de l’eau en Belgique a augmenté de 26,9 % contre seulement de 11,0 % en moyenne dans les trois pays voisins.)
Bref, il faut se chauffer, se nourrir, se déplacer, communiquer et cela coûte désormais vachement bien plus cher que chez nos voisins européens. Et l’Observatoire des Prix mis, vaille que vaille, en place en son temps a beau publier de gentils rapports bien plus percutants que le dernier bigoudis  institutionnel en date, cela ne semble encore déranger pas grand monde dans le "no man's land" du 16 rue de la Loi. Ou le contrôle des prix semble être une notion inconnue de Leterme 2 ou 3, on ne sait plus tant il se rallonge.
Ce que le défilé infini des entremetteurs au Palais nous masque désormais de moins en moins, c’est l'annapurnesque hausse des prix.
Allez, pour un peu on pourrait presque appeler ça le “Woutergate”.