Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

dimanche 5 juin 2011

Comment la bactérie de l’intolérance a rendu patraque l’image de la N-VA: le premier vrai faux pas de com’ de Bart De Wever …

La N-VA, patraque de la "bactérie de l'intolérance" ...


La toute nouvelle star médiatique de la N-VA peut replier son parachute: l’avocat Vic Van Aelst  ne figurera finalement pas sur la liste pour les élections communales d’Anvers de 2012. Sanction habillée autant subtilement que faire se peut.
Ce qui ne serait qu’une info passagère si elle n’était aussi le révélateur-revirement d’un premier sérieux faux pas, d’une solide erreur de jugement et de casting de Bart De Wever. Obligé de renoncer ainsi à une stratégie voulue et classique  de ratissage de tous les segments électoraux mais qui, subitement, lui échappait dangereusement. Jusqu’à choquer nombre de flamands, les diviser et porter même un préjudice d’image ternissant son propre parti.
Vic Van Aelst, c’est pourtant un peu l’ombre portée de De Wever.
On prend le pari que Bart pense largement- il l’a d’ailleurs exprimé- une grande partie du fond de la pensée de l’avocat, non parfois dénué d’un relatif parfum de vérité.
Logique: c’est en gros le même ADN dans la chaîne historique du nationalisme flamand.
Avec la différence pas mince que, roi de l’ambiguïté pesée et de la com’ calculée, De Wever soit n’en pipe mot, soit use d’autres formules nettement moins enragées.
Bart De Wever, en recrutant Van Aelst, savait évidemment pertinemment qui était l’oiseau-avocat, avec son discours terriblement vieux, terriblement antédiluvien, basé sur de vieillotes rancoeurs linguistiques à tout le moins à l’opposé du “nationalisme décomplexé” et “moderne” qui est la recette du succès de la N-VA.
Mais ça ne mangeait pas de pain, fut-il moisi ou rassis, dans la future grande bataille électorale historique d’Anvers (Bart De Wever espère détrôner en 2012 l’éternel maïorat socialiste) que d’afficher l’avocat-vedette de l’ “affaire Clottemans”, histoire aussi de séduire l’électorat tellement clé du Belang. ( pour rappel, 33,5% des voix en 2006 )
Las, si la stratégie fédérale de la N-VA est clairement désormais celle du “compost politicien”- entendez laisser pourrir les choses puisqu’on ne croit plus à un accord – Vic Van Aelst lui,  a dérapé en se laissant aller au ton fumier. La N-VA, face à la controverse incontrôlée, s’est d’abord tortillée jésuitiquement, oubliant que l’argument “ Van Aelst dit au fond ce que les flamands pensent” était dangereusement proche de ce slogan du Belang qui proclamait : “Nous disons ce que vous pensez “…
Puis, surprise, ça a remué non seulement dans les rangs de  la N-VA, mais ce sont les puissants éditorialistes flamands qui ont embrayé, dans leur propre approche moraline, rangeant assez clairement Van Aelst- il n’est pas d’autre résumé- dans la catégorie des cons. Bref, Van Aelst a réussi à diviser non seulement la Flandre, mais même la N-VA.
Or, Bart ne peut se permettre d’ avoir la presse flamande trop critique, ni pour ce qui est du devenir de la N-VA, ni pour ce qui est du très délicat combat électoral d’Anvers.
Après un revirement habile, déplaçant le jeu vers la notion d'injustice, mais pas très médiatisé de Bart De Wever , c’est donc la très influente chef de groupe au Sénat, Liesbeth Homans, qui a sifflé le hors-jeu médiatique pour Van Aelst. Désormais plus casserole qu’atout, désormais prié de plutôt la boucler, pour autant que ce membre pas ordinaire de la N-VA le puisse désormais…
Le  "damage control" a été enclenché rapidement. Mais jusqu’à quel point la bactérie de l’intolérance, qui écolique, qui infecte tous les propos de Vic Van Aelst, rendra-t-elle patraque l’image de la N-VA ?
Ce qui est sûr c’est que gaffe médiatique de Bart il y a eu, démontrant que le “grand écart”  n’est pas toujours facile et que continuer à assécher le Belang d’extrême droite en s’en tenant à une ligne droitère mais non-xénophobe (une exception pour un parti nationaliste en Europe) est un sérieux numéro de fildefériste. La gestion des transfuges du Belang, qui sont censés faire d’abord un “stage comme indépendant”  avant de rallier le parti de Bart, ne sera pas sans risque. Le mouvement est en route: ainsi l’ex-Belang, le parlementaire Karim Van Overmeire, “impressionné par la grande fermeté de la N-VA au niveau fédéral”, est-il déjà  officiellement en “collaboration” avec les leaders N-VA d’Alost…
Bart: un atterrissage difficile à Anvers ( GVA)
Comment Bart va-t-il s’y prendre pour, à Anvers, débaucher les électeurs du Belang ?
Il pourra certes leur vendre électoralement la perspective l’indépendance de la Flandre, mais les électeurs xénophobes  de Berchem ou Deurne resteront d’évidence au Belang…
Ce qui est sûr c’est qu’on n’a peut-être pas encore assez mesuré, au Sud, combien l’enjeu communal  de la Métropole (ou Van Aelst faisait partie du scénario) pèse de plus en plus sur la situation fédérale. Car y signer un accord avec le CD&V n’y serait pas neutre. 
Car aboutir à un accord fédéral avec un PS si diabolisé par le Belang, ce n’est assurément pas le meilleur des filets (d’Anvers) électoraux pour Bart.