Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mardi 6 septembre 2011

Bart De Wever mis sur la sellette par des enfants: “ Parfois, je m’imagine être le Grand Schtroumpf “…(Dag Allemaal)


“Si jamais nous nous séparons, nous resterons tous en Europe, donc on ne sera jamais réellement séparés. Chez nous, ça s’appellera la Flandre, c’est pas difficile, hé ! Quant aux wallons, ils devront eux-mêmes décider la dénomination de leur pays…”
Une interview de rentrée qui vise l'affectif.
-“Ou habitera le Roi ? Franchement, ils feront ce qu’ils veulent !  D’ailleurs, si les gens veulent garder un Roi, ils peuvent le garder ! Comme Roi de Flandre et de Wallonie, pourquoi pas ?”
Ces nouveaux propos-choc de Bart De Wever, le président de la N-VA les a tenus à... Ine (13 ans), Hanne (12), Hannelore (14), Arthur, et, surtout à Daan (12), le plus pitbull de la bande des cinq “ kinderburgemeesters” (une tradition forte au Nord du pays que ces ambassadeurs locaux de la jeunesse…) conviés par “ Dag Allemaal” (6/9) à interviewer le grand homme de la N-VA qui en décroche la “Une” de l’hebdo. Un De Wever qui joue donc plus que jamais sur tous les terrains de la communication, sautant d’une interview de haute volée au “Standaard” (avec pour sujet la philosophie politique du tchèque Miroslav Hroch ) à cette rencontre  (une "interview de rentrée" pour le moins différente ) avec des ados pour le magazine le plus popu de Flandre (1.250.000 lecteurs).
Un joli coup de com' médiasympa pas forcément facile: on devine vite que la rencontre  n’est tout de même pas un exercice des plus faciles pour Bart, lui-même un papa fort absent de son propre aveu. 
Face à cinq juvéniles bourgmestre...
On sent, entre les lignes, qu’il peine un peu à trouver le juste ton, ni trop adulte, ni trop enfantin, ni trop instrumentalisant. Pas du gâteau comme exercice pour le boss N-VA, dont le propre papa militant flamand l’emmenait tout petit dans les manifestations sans lui avoir évidemment jamais demandé son avis...  
On n’est pas sûr que parler à des jeunes ados des menaces anonymes qu’il reçoit (“Je vais tuer vos enfants”) soit d'ailleurs vraiment, euh, le plus habile sujet de conversation. 
Et on devine que l’homme, assez conservateur sur certains thèmes, (on connaît sa critique récurrente de la société facile de consommation…) est parfois décontenancé. Notamment lorsqu’il découvre que ce “club des cinq juvéniles bourgmestres ” joue uniment et abondamment du GSM.
Je suis un monstre préhistorique”, doit-il bien concéder en tentant, un brin tâtonnant, de nouer le débat . 
J’ai eu mon premier GSM à 26 ans. Mon Hendrik (le fils de Bart, 10 ans) m’a demandé récemment à recevoir un GSM.” Et, pas vraiment persuadé : “Maintenant que je vous vois tous avec un portable en mains, je ne pourrai sans doute rien faire d’autre que de céder…”
Et les questions-réponses de se succéder, dans un climat intéressant car parfois déconcertant pour De Wever:
- Non, c’est son épouse Veerle qui conduit sa progéniture à l’école. C’est que Bart est par trop souvent interpellé en rue. “Je ne peux pas me promener, même dans un bois, sans tomber sur un flamand qui s’exclame “ Regardez qui nous avons là ! “(...). Ils veulent tous bavarder 5’ mais parfois ça m’arrive vingt fois par jour. Je vais en vacances en Autriche pour donner de l’attention à mes mômes, pas pour babbeler une fois de plus avec des flamands…”
- Oui, bien sûr que les enfants de Bart peuvent écouter les chanteurs flamands Milow ou Daan, qui l'ont tant contesté…”Si on ne peut pas supporter la critique, alors il ne faut pas faire de politique.”
- Bart a d'ailleurs d’évidence l’habitude de ne pas plaire à tout le monde.
A l’école, raconte-t-il, j’étais déjà une exception: le seul à ne pas jouer au football. On m’avait donné un surnom : j’étais “ Le Philosophe”. Les gosses peuvent être très durs entre eux…”
-“ Oui, mes enfants sont souvent abordés à propos de leur papa. D’abord à cause du “Slimste Mens” (le quizz de la VRT) et ensuite de l’émission parodique “ Tegen de Sterren op” (ou Bart est souvent imité). Mon fils m’a demandé un jour : “ Papa, est-ce que je peux rire de ça ? “ Donc, il regarde et montre à tout le monde les extraits video sur  “You Tube”… 
Daan: "M. De Wever, je veux une vraie réponse"
A cette question de Daan, De Wever tentera vainement de se dérober, avant de finalement lâcher cette confidence très politique:
“ Oui, il y a quelqu’un en qui on peut avoir une confiance aveugle et c’est Jo Vandeurzen, du CD&V. Si Jo me dit quelque chose, je sais que c’est juste”.

Etonnante question du jeune Daan (12) encore qui demande à Bart De Wever si, “pour se rendre en France, il ne préfère pas passer par l’Allemagne plutôt que par la Wallonie”...
Ce serait un sérieux détour ! répond-il, amusé. Non, les problèmes politiques n’ont rien à voir avec les gens. Et je vais bien entendu passer par chez les wallons… L’état des routes en Wallonie ?  En Flandre non plus, on n’a pas toujours fait au mieux. En Wallonie, on n’a assurément pas assez investi dans les routes. C’est le ministre Daerden qui est responsable de cela.”
“ Vous le connaissez, Daerden ? demande-t-il aux cinq ados. Et de mimer , pour qu’ils comprennent, le gag d’ un homme qui porte un verre à ses lèvres , ce qui provoque le déclic de compréhension immédiat.
Et comme ces ados veulent décidément tout savoir , on apprend encore (traduction résumée) que Bart De Wever : 
-      a connu son premier amour à 18 ans .
-       que son premier baiser lui fait dire que “tout début est difficile, hé”.
-      qu’il n’a aucun “personnel de maison”  et “qu’il tond lui-même sa pelouse sur une tondeuse à siège. " (avec un emplacement pour  boisson)
     - que sa devise latine préférée est finalement : “ Fugit irreparabile tempus”.(“ Le temps fuit     
        irréparablement “, disait Virgile)
       - qu'il hésiterait encore, à l'en croire, à être candidat bourgmestre d'Anvers en 2012 (et qu'un poste de Ministre-Président flamand n'est pas à rejeter.)
     -qu' Albert II est un homme "très sympathique, spontané, qui a un grand sens de l'humour " mais 
      qui n'est pas "happy" des idées de la N-VA...
      -qu’il n’a plus la possibilité d’aller voir les films qu’il affectionne mais va parfois au cinéma pour 
        faire plaisir à ses enfants. Une fois pour regarder “Cars 2”, l’autre pour les “Schtroumpfs”.
 
On en retiendra peut-être cette phrase, plus psy qu’on ne croit:
“ Parfois, je suis le Schtroumpf grincheux. Parfois je suis le Schtroumpf à lunettes. Et parfois je m’imagine que suis le Grand Schroumpf, mais bon, pour diverses raisons, ce n’est pas le cas…”