Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

dimanche 18 septembre 2011

DSK: une communication sans âme, sans émotion, sans vérité à force d’avoir été calculée au millimètre…

Ni décoration, ni détails.

On ne se rend pas assez compte, en Belgique francophone, des énormes moyens de marketing politique mis en oeuvre par les grands fauves de la politique française: sondages qualitatifs par flopées pour tout doute, médiatrainings obsessionnel des gestes, tests du choix du moindre mot.
Donc, il ne faut avoir aucune illusion: ressources financières illimitées aidant, la “sincérité” de Dominique Strauss-Kahn dans son opération de “reconstruction médiatique” aura été calculée, gérée au millimètre par son armada de communicants.
Ce ne fut donc pas une réelle interview. Juste une opération de communication au but très évident: améliorer son image, voire la restaurer en essayant de faire oublier ce qu’il a soigneusement veillé à qualifier de “faute morale”.
Le hic, c’est qu’à force de tout contrôler,  de tout avoir répété des heures durant, on a eu droit à un numéro d’acteur mélodramatique surfait, souvent surjoué, sans âme, sans émotion et -surtout- sans plus de vérité. Sans connaître finalement sa version sur les événements la chambre 2806 du Sofitel.(pas d’“acte délictueux”) On n’a rien appris, on n’a nada compris de plus sur les faits eux-mêmes. Les zones d’ombre n’ont pas vu la moindre phrase ampoule, juste de l’ampoulé.
Cela sonnait par trop l’offensive médiapolitique de haut niveau. Cela sentait le fabriqué, cela respirait la pièce tant répétée et tant récitée, avec les blancs de respiration, les expressions de visage par trop allongées, les mots censés faire authentique (la “légèreté” remplace l’agression sexuelle). De la confesse-photoshop.
Pas besoin de prompteur: cela sonnait le scénario, non pas du coeur, mais de l’appris par coeur.
Avec un lancement volontairement inexpressif, aux allures de chien battu: le temps d’exprimer des regrets, d’avouer une “relation inapropriée”, de se réfugier derrière le paravent biaisé du rapport du Procureur US, de s’estimer, à l’écouter, quasi blanchi. Omettant, dans sa démarche clairement offensive, que le procureur de New York ne met pas en doute ce qui s’est passé entre 12h06 et 12h26. Gommant le risque réel, potentiel, d’un procès au civil qu’il refuse d’ailleurs –élément neuf- de négocier…Ce qui l’obligera, alors, à venir s’expliquer enfin réellement dans un procès.
Agitant à nouveau, étonnamment, la théorie “du piège possible”, hypothèse grave qui sera assurément épluchée par les avocats de Nafissatou.
Cela sentait fort le copié-collé de la fameuse confession de Bill Clinton après l’affaire Monica Lewinsky. Mais en service minimum de mea-culpa, avec des émotions préfabriquées plaquées sur des mots.
On sent que l’homme qui se voyait président et qui n’est plus rien rêve de purger l’affaire. Subitement bien plus à l’aise pour causer surréalistement euro ou crise économique, la compétence que lui laissent encore, dans la mort par sondage, 64% des français.
Lucide pour l’heure, veillant d'évidence à ne pas embarrasser le PS français tout en donnant le "baiser de la mort" à Martine Aubry, DSK ne renonce d’évidence à rien à terme (“être utile au bien public”). Et le feuilleton médiatique ne fait assurément que commencer: le “plan médias”, après la télé, basculera logiquement vers la presse papier la plus “amicale. ( L'Express, attaqué, avait déjà révélé en 2008 l'addiction sexuelle de DSK). Avant que l’homme n’entame ce grand classique du genre qu’est l’obligatoire traversée du désert.
Trop de communication, surtout avec les vieilles ficelles éculées d'avant la démocratie instantanée des médias sociaux,  peut tuer le politique.
On l’avait déjà constaté au retour gonflé de DSK en France: comme si rien ne s’était passé, genre otage libéré, sourire quasi vacancier aux lèvres.
DSK, sur TF1, a tenté de classer sa propre affaire, en oubliant que la sincérité, ça ne se met pas à ce point en scène. Et que la chorégraphie par trop bidonnée, ça se remarque désormais instantanément sur le fleuve Twitter, démocratie instantanée.
Car, de toute façon, il n’y a que les “amis” pour vous comprendre alors que les ennemis, les décus, les hostiles, les écoeurés ne vous croient pas. Et parmi les incrédules, bien des femmes qui, sur ces ressentis là,  n’ont pas la mémoire courte. Surtout lorsqu’on ne leur présente pas d’excuses, mot jamais prononcé, comme si DSK ne voulait pas voir la mesure du rejet.
En fait DSK a un problo: il n’a finalement jamais les mots qu’il faut.

Même dans une tribune de connivence. Le voici donc un peu plus mort.


DSK sur TF1 : c'était aussi en direct sur Twitter par Europe1fr