
Les recherches de Pascal Delwit débouchent sur cette conclusion assez imparable "qu'une double ligne est désormais opératoire au PTB : la ligne interne -la "cuisine"- où, dans l'entre-soi, l'avenir du marxisme-léninisme est débattu et rêvé, et une ligne externe -la "salle de restaurant"- ou le PTB se donne à voir comme "un gentil parti social-démocrate réformateur" lors des élections. Peu de Marx, Engels ou Lénine dans le propos, encore moins de Staline ou de Mao. Il s'agit de s'adapter à la presse, de nouer même certains partenariats informels". Pour le PTB, constate Delwit, l'enjeu est de ne parler que de "sa salle de restaurant".
Sur les principes, son appartenance au mouvement communiste international, le PTB est inébranlable mais, au jour le jour, le mot d'ordre est à la souplesse.
Il y a le "quartier général révolutionnaire" en cercle clos, ("Cuba est sans doute devenu le principal référent du PTB") mais, en externe, il convient d'être beaucoup "plus souple" et ouvert. Certes, Lénine prônait déjà "la fermeté dans les principes et la souplesse dans la tactique" mais cette double facette est devenue aujourd'hui, relève Delwit, une donnée presque identitaire du PTB. Avec notamment une check-list de 30 points ("mener une politique médiatique avantageuse", mettre en avant des "personnalités reconnaissables et des porte-paroles", etc...) dont on constate en effet clairement l'application et les effets médiatiques.
Le PTB, un parti nouveau? "Le PTB , en communication, est parfois plus performant que certains partis classiques", relève Delwit. " Le parti fait un immense travail pour gommer ou effacer, notamment sur le Net, ce qui affecterait l'image de "gentil parti protestataire et anti-etablishment". Mais tout n'est pas effaçable, notamment les interrogations sur le fameux livre "Le parti de la révolution" toujours au programme de formation des cadres qui fonctionnent selon les règles d'un strict "centralisme démocratique" avec peu de goût pour le parlementarisme et la démocratie représentative.
"Le PTB, relève le politologue est d'ailleurs la seule formation politique en Belgique dont il n'est pas possible de télécharger les statuts".
"Mais si la référence à Staline et à Mao en est effectivement absente, c'est, écrit Delwit, parce que cela fait désormais partie de l'identité du parti d'avoir deux lignes et de ne pas tout mentionner à l'externe. En interne, le PTB ne cache nullement son essence marxiste-léniniste et la proclame fièrement à l'étranger et dans les séminaires communistes internationaux".
Un ouvrage décapant -et documenté- qui va assurément déclencher bien des réactions (le PTB demande à ses membres de militer abondamment sur Facebook et Twitter) mais assurément passionnant pour tout qui s'intéresse aux idéologies politiques et à la communication...
( "PTB, nouvelle gauche, vieille recette"- 382 pages- Editions Luc Pire)